JACKMAN, ARTHUR, capitaine de phoquier et navigateur des glaces, né en 1843 à Renews, Terre-Neuve, deuxième fils du capitaine Thomas Jackman ; il se maria et eut une fille ; décédé le 31 janvier 1907 à St John’s.

Arthur Jackman, tout comme son frère aîné le célèbre William Jackman*, héros du sauvetage de Spotted Islands au Labrador en 1867, apprit à naviguer avec son père. Petit gardon, il pêchait la morue dans les eaux de sa région. À l’âge de 22 ans, à l’époque de la voile, il commandait des goélettes qui faisaient la chasse au phoque. Il se hissa au rang des grands capitaines de phoquier grâce à la compétence avec laquelle il commanda le Fanny Bloomer et resta connu comme tel à l’époque de la navigation à vapeur dans les trois dernières décennies du xixe siècle et dans les premières années du xxe.

Marin aux multiples talents et navigateur hors pair, Jackman commanda en 1880 le Narwhal à partir de Dundee, en Écosse, puis, de 1881 à 1886, le Resolute, toujours à partir de Dundee. Les voyages qu’il faisait à leur bord avaient un double but : suivant les saisons, il pêchait la baleine dans les eaux du Groenland ou chassait le phoque sur la banquise située au large de Terre-Neuve et du Labrador. C’est ainsi, en naviguant dans les glaces flottantes, qu’il devint l’un des principaux capitaines et le surintendant de la flotte d’une maison de commerce de St John’s et Liverpool, la Bowring Brothers, qui dominait l’industrie terre-neuvienne de la chasse au phoque avec la Job Brothers and Company et la Baine, Johnston and Company. Jackman avait déjà commandé deux navires de la Bowring Brothers, le Hawk, de 1871 à 1876, et le Falcon, de 1877 à 1879 ; il commanda ensuite l’Eagle, de 1887 à 1893, l’Aurora, de 1894 à 1897, le Terra Nova, de 1898 à 1903, et l’Eagle II, de 1904 à 1906. Souvent, quand ce n’était pas la saison de la chasse au phoque, les bateaux de la Bowring Brothers servaient à d’autres activités, entre autres pour la pêche à la baleine ou des expéditions spéciales. En 1886, par exemple, Jackman fit d’une pierre deux coups : il emmena l’explorateur Robert Edwin Peary au Groenland et alla pêcher la baleine. Il lui arrivait aussi, pendant la saison morte, de commander des caboteurs qui transportaient du courrier et des passagers le long des côtes de Terre-Neuve. Cependant, il était avant tout capitaine de phoquier. La dernière fois qu’il rentra au port, battant pavillon comme toujours, il avait à son actif des prises qui dépassaient largement un demi-million de phoques, ce qui représentait plus d’un million de dollars. Il avait commandé 8 000 membres d’équipage et, même si des bateaux avaient coulé sous ses pieds au cours de voyages périlleux, il pouvait se vanter de n’avoir jamais perdu un homme.

Ceux qui naviguaient avec Arthur Jackman et avec son remarquable maître d’équipage Michael « Ruffian » Maddigan l’appelaient « Old Scorcher ». Il était réputé faire partie des meilleurs capitaines de phoquier de son temps. Encore aujourd’hui, on le surnomme « Viking Arthur », sobriquet qui ne manque pas d’évoquer le pirate. En 1906, dernière année où il navigua dans les glaces, un tribunal de magistrats de St John’s le trouva coupable d’avoir envoyé ses hommes prendre des phoques le jour du Seigneur (et lui imposa 2 000 $ d’amende pour cette infraction aux règlements de la chasse aux phoques à Terre-Neuve), même si, expliqua-t-on, il avait pris bien soin d’attendre que les prières du matin aient été récitées. En 1907, le mémorialiste Alexander James Whiteford McNeily* attribua la renommée de Jackman au fait qu’il avait des nerfs d’acier « dans les situations de crise » et qu’il possédait « cette étrange faculté que, faute d’un meilleur terme, on qualifie de « magnétique » : communiquer à autrui sa confiance en soi ». Ses dernières paroles résument bien quel genre d’homme il était. À son neveu William Jackman, prêtre catholique, qui venait de lui administrer l’extrême-onction et de le confesser, il dit : « Qu’on mette les voiles, Billy Boy, et qu’on appareille. » Puis il ajouta : « Donne mes vêtements à Mick Maddigan. »

G. M. Story

Une photographie d’Arthur Jackman est reproduite dans R. E. Peary, Northward over the « great ice » : a narrative of life and work along the shores and upon the interior icecap of northern Greenland in the years 1886 and 1891–1897 [...] (2 vol., New York, 1898), 1 : 34. La célèbre gravure de David Blackwood représentant Jackman, dans la série « The Icefields », apparaît en regard de la p. 148 dans Farley Mowat, Wake of the great sealers (Toronto, 1973), mais elle est mieux reproduite dans The art of David Blackwood, texte de William Gough (Toronto et Montréal, 1988), planche no 41.

B. C. Busch, The war against the seals : a history of the North American seal fishery (Kingston, Ontario, et Montréal, 1985), 85.— Peter Cashin, My life and times, 1890–1919 (Portugal Cove, T.-N., 1976), 44s.— L. G. Chafe, Chafe’s sealing book : a statistical record of the Newfoundland steamer seal fishery, 1863–1941 (4e éd., St John’s, 1989), 48s., 135.— M. E. Condon, The fisheries and resources of Newfoundland [...] (St John’s, 1925), 106–117, cet auteur de la côte sud a rédigé un bon compte rendu sur les Jackman ; il a réimprimé des poèmes et une chronique de McNeily qui avait déjà paru dans le Nfld Quarterly, 6 (1906–1907), no 4 : 8, 24  [g. m. s.].— W. H. Greene, The wooden walls among the ice floes : telling the romance of the Newfoundland seal fishery (Londres, 1933), 50s., 105.— David Keir, The Bowring story (Londres, 1962).— [A.] B. Lubbock, The Arctic whalers (Glasgow, 1937 ; réimpr., 1968), 410–453.— When was that ? (Mosdell).

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G. M. Story, « JACKMAN, ARTHUR », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/jackman_arthur_13F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
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