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Titre original :  ST PATRICK'S CONVENT SCHOOL: MOTHER BERNARD KIRWAN'S ANNIVERSARY

Provenance : Lien

KIRWAN (Kirwin, Kerwin, Kerwan), Mlle, dite sœur Mary Bernard, religieuse de l’Order of the Presentation of Our Blessed Lady, supérieure et institutrice, née en 1797 à Monivea, comté de Galway (république d’Irlande), fille de James Kirwan et d’une prénommée Ann ; décédée le 27 février 1857 et inhumée à Admiral’s Cove (Port Kirwan, Terre-Neuve).

On ne connaît rien des premières années de sœur Mary Bernard Kirwan, et ses noms de baptême n’apparaissent sur aucun registre. Elle entra en 1823 dans l’Order of the Presentation of our Blessed Lady, fondé en 1775 à Cork (république d’Irlande) par Honoria (Nano) Nagle, religieuse et éducatrice formée en France. La mission spéciale de cet ordre était d’éduquer et d’instruire les « jeunes filles, particulièrement les pauvres, dans les préceptes et les rudiments de la religion catholique ».

Le 29 juin 1833, l’évêque Michael Anthony Fleming* visita le Galway Presentation Convent afin de recruter des religieuses pour enseigner à Terre-Neuve. Son but, comme il le confia à Mgr John Spratt, de Dublin, était d’établir « un système d’éducation qui [...] réchaufferait le cœur des malades et adoucirait les rigueurs de l’hiver par la diffusion des véritables sentiments chrétiens ». Il était particulièrement soucieux de séparer les « filles pauvres » des garçons de même condition, parce que leur association « dans toute l’intimité familière de l’école » n’était « en aucune façon propice à assurer l’acquisition des vertus ou à renforcer la moralité des filles ».

Les écoles déjà établies à Terre-Neuve avaient également d’autres défauts. La St John’s Charity School, quoique soutenue partiellement par l’Église, n’avait jamais eu de directeur catholique, et l’école gérée par la North American School Society avait essayé de convertir les enfants des parents catholiques. Fait plus surprenant, l’école dirigée par la Benevolent Irish Society s’était opposée à l’enseignement des prêtres « même après les heures de classe », bien qu’il n’y ait eu pendant un certain nombre d’années aucun étudiant protestant. La divergence de vues entre Fleming et la Benevolent Irish Society ne constituait qu’une partie de la lutte, plus importante, dans laquelle l’évêque était engagé contre quelques catholiques de l’île, et qui portait sur la place de l’Église à Terre-Neuve et sur son développement. Fleming désirait une Église plus sélecte et plus puissante comme institution, et c’est dans ce contexte que doit être comprise sa mission de recrutement de 1833.

Quatre religieuses, dont sœur Mary Bernard Kirwan, se portèrent volontaires pour aller à Terre-Neuve. L’évêque accepta de fournir une somme forfaitaire de £1 500 pour le soutien des religieuses, une demeure confortable en attendant que soient construites une habitation convenable et une école « à leur usage et pour leur hébergement », et £100 par année pour les aider financièrement. La supérieure du Galway Presentation Convent, sœur Mary John Power, stipula également le droit de rappeler les religieuses après six ans. Ces dispositions furent approuvées par l’évêque de Galway le 8 août 1833, et sœur Mary Bernard Kirwan fut nommée supérieure du « futur couvent » de St John’s.

Les religieuses, accompagnées de Fleming, quittèrent l’Irlande le 11 août, arrivèrent à St John’s le 21 septembre et ouvrirent leur première école un mois plus tard. Elles logèrent dans une ancienne taverne, qui comptait deux chambres à coucher et un petit parloir servant, entre autres, « de chœur, de réfectoire, de salle de réunion » ; le reste de l’édifice et un abattoir désaffecté tout près étaient réservés à l’enseignement. Bien que Fleming ait apparemment loué ces locaux pour une année et dépensé près de £500 en rénovations, les sœurs emménagèrent le 8 décembre dans une maison dont le loyer s’élevait à £80 par année, somme que l’évêque jugeait « exorbitante ». L’une des religieuses décrivit ce nouveau couvent comme « passablement à l’écart de toute habitation », avec un jardin et « une vue magnifique sur le port ».

Fleming prit alors des dispositions pour faire construire une école qui coûta plus de £600. En 1844, il devait écrire que cet établissement avait été fréquenté quotidiennement pendant 11 ans par plus d’un millier d’enfants. Le Parlement avait voté en 1836 une subvention de £100 par année pour le soutien de l’école, ce qui vint sans doute à point soulager la situation financière de Fleming. Les dépenses qu’il avait dû faire pour amener les religieuses à Terre-Neuve et les installer l’obligèrent à se priver de nombreuses commodités auxquelles il était habitué ; il dut réduire le nombre de ses domestiques à « un serviteur à tout faire et à un jeune garçon » et accepter d’être accusé de « parcimonie » à la table. Il se départit également de sa voiture et réduisit son « écurie à un seul cheval ».

Les religieuses furent agréablement surprises par le paysage de Terre-Neuve. « Ce pays, écrivait sœur Mary Bernard dans sa première lettre à la maison, n’est en aucune façon aussi morne qu’on nous l’avait fait entendre. La baie est magnifique, de même que le pays aussi loin que nous puissions voir. » Une autre religieuse, Mary Magdalen O’Shaughnessy, fut frappée par l’évidente prospérité de St John’s et le goût des enfants de l’école pour « les vêtements, les colliers, les boucles d’oreille, les bagues ». « D’après leur apparence, écrivait-elle, on aurait du mal à croire qu’on enseigne dans une école pour les pauvres. Il n’y a pas ici d’enfants aux pieds nus ; comme la différence est grande par rapport aux pauvres d’Irlande ! » Les religieuses ne furent pas non plus désenchantées par leur premier hiver, bien que sœur Mary Xavier Lynch ait été étonnée de trouver les bas qu’elle avait mis dehors à sécher « raides comme des barres », « des glaçons y étant suspendus ». « Je suppose, écrivait-elle avec optimisme, qu’il n’y a pas de plus beau climat ailleurs. »

Les religieuses trouvèrent les prix très élevés dans l’île : la crème et le beurre étaient des denrées de luxe, et la viande fraîche « un aliment des plus rares en hiver ». Les pauvres étaient « d’une grande piété », mais sœur Mary Xavier Lynch confia à sa correspondante irlandaise que celle-ci serait étonnée par leur « simplicité et [leur] ignorance ». Ainsi, les prêtres de la région se virent demander si on enverrait les religieuses entendre les confessions dans les petits villages de pêcheurs et si elles célébraient la messe pour elles-mêmes. Certains croyaient apparemment que les religieuses vivraient sous la terre et se demandaient si elles parleraient ou riraient jamais.

La « méthode d’enseignement » utilisée par les religieuses était, au début en tout cas, semblable à celle qui était employée dans les couvents en Irlande. En 1848, elles dispensaient l’enseignement de l’orthographe, de la lecture, de l’écriture, de la grammaire anglaise, de l’histoire (sacrée et profane), de la géographie, de l’arithmétique, de l’histoire naturelle (enseignée à partir d’un manuel des écoles nationales irlandaises), du filage et des travaux d’aiguille. À titre de « maîtresse de dentelle », sœur Mary Bernard avait demandé en 1833 que son couvent lui envoie « tous les patrons de dentelle acquis depuis [leur] départ et les instructions nécessaires pour les fabriquer ». Fleming remarqua en 1837 que les religieuses avaient préparé 800 femmes de tous les âges à leur confirmation, célébrée le 25 avril 1836. Par la suite, les religieuses formèrent aussi des enseignantes.

Deux autres religieuses quittèrent Galway pour St John’s en 1842 et, en novembre de la même année, Fleming acheta un terrain pour y faire construire un nouveau couvent. Les religieuses s’installèrent le 31 août 1843 dans des logements temporaires situés dans une ancienne « salle de quilles » et y firent l’école jusqu’au 14 décembre 1844, avant d’aller s’installer dans leur nouveau couvent. Elles enseignèrent dans quelques pièces et dans le sous-sol du couvent pendant qu’étaient effectués les travaux de construction d’une école pouvant accommoder au moins 1 600 enfants. Le coût total du terrain, du couvent et de l’école se situait entre £4 000 et £5 000.

Le 9 juin 1846, ces bâtiments furent détruits par le grand incendie qui ravagea St John’s. Les religieuses trouvèrent refuge au couvent de l’Order of the Sisters of Mercy, fondé en 1842 [V. Marianne Creedon, dite mère Mary Francis], avant d’aller habiter ce soir-là une petite maison dans la ferme de Fleming en dehors de la ville. Dormant « sur le plancher, quatre dans une pièce », « enseignant [...] par beau temps en plein champ et par mauvais temps dans les écuries et les dépendances », elles y séjournèrent jusqu’en novembre 1846. Pendant ce temps, deux nouvelles recrues de Galway s’étaient jointes au groupe. Elles retournèrent ensuite au Mercy Convent, dont une partie avait été cloisonnée pour leur usage. Ce bâtiment, construit pour loger 4 religieuses, en abritait maintenant 15, situation que Fleming considérait comme « grandement dommageable pour la santé » de la communauté. En février 1847, il demanda de l’argent au secrétaire d’État aux Colonies, le comte Grey, pour compenser les pertes subies par l’ordre et aider les religieuses à poursuivre leur travail de manière efficace. Aucune aide financière n’arriva, mais, en février 1849, une pétition circulait à St John’s demandant au Parlement d’accorder une subvention à l’ordre. Les religieuses enseignaient alors dans un hangar temporaire près du Mercy Convent, mais leur clientèle avait « diminué, ne comprenant plus qu’une poignée d’enfants pauvres ». Sans doute, les problèmes de la communauté furent compliqués par la longue maladie de Fleming et sa mort, le 14 juillet 1850.

Des jours meilleurs allaient suivre. Le 23 août 1850, le successeur de Fleming, John Thomas Mullock*, posa la première pierre d’un nouveau couvent. La quête à l’église ce jour-là s’éleva à £300. Les prêtres présents donnèrent £50, bien que Denis Mackin et Charles Dalton, si l’on se réfère au journal de Mullock, « s’y soustrayèrent mesquinement ». Le 20 octobre 1851, les religieuses s’installèrent dans le nouveau couvent, qui était encore en construction, et en prirent officiellement possession le 2 juillet 1853. Le coût du nouveau couvent et de l’école était de £7 000 ; le Parlement accorda une subvention de £2 000. Pendant ce temps, la communauté avait étendu ses activités à d’autres parties de l’île ; des couvents ouvrirent leurs portes à Harbour Grace en 1851, à Carbonear en 1852 et à Harbour Main en 1853.

Sœur Mary Bernard Kirwan prit la tête d’un groupe qui quitta St John’s le 16 septembre 1853 ; avec quatre religieuses, elle partit fonder un couvent à Admiral’s Cuve sur la côte sud. Elles étaient accompagnées par Mullock et le prêtre de l’endroit, l’abbé James Murphy. Étant donné que leur couvent n’était pas encore fini, les religieuses demeurèrent tout d’abord dans la maison de Murphy. Sœur Mary Bernard fut nommée supérieure du couvent, et sa nomination fut entérinée par Mullock le 23 juin 1856. Elle mourut à ce poste moins d’un an plus tard. On souligne dans les annales de son dernier couvent qu’elle « était remarquable par la douceur particulière de son caractère, sa grande piété, sa charité sans borne et sa vive ardeur à servir la gloire de Dieu et le bien de son prochain ; sa mort fut à l’exemple de sa vie, empreinte de sainteté ».

Peter Neary

AASJ, Mullock papers, journals and diaries, 1850–1869.— Arch. of the Presentation Sisters in Nfld. (St John’s), Annals of the Presentation Convent, Fermeuse, T.-N. ; Annals of the Presentation Convent, St John’s ; Corr., sœur Mary Bernard Kirwan à mère Mary John Power, [22 sept. 1833] ; sœur Mary Magdalen O’Shaughnessy à mère Mary John Power, 22 sept. 1833 ; sœur Mary Magdalen O’Shaughnessy à sœur Mary Augustine, 21 nov. 1833 ; sœur Mary Xavier Lynch à sœur Ann, 6 janv. 1834 (copies dactylographiées) ; « Mother Mary Bernard Kirwan » (copie dactylographiée, s.d.).— MHGA, Paula Moore, « History of the coming and spread of the Presentation Sisters’ in Newfoundland education » (copie dactylographiée, 1971).— M. A. Fleming, « Bishop Fleming to the Very Rev. Mr. Spratt, of Dublin [...], Sept. 24, 1834 », Catholic Magazine and Rev. (Birmingham, Angl.), 6 (1835) : v–xii ; Relazione delta missione cattolica in Terranuova nell’America settentrionale [...] (Rome, 1837) ; « To the Very Rev. Mr. Spratt, Dublin [...], Oct. 8th, 1834 », Catholic Magazine and Rev., 6 (1835) : lxxii–lxxxi.— G.-B., Parl., House of Commons paper, 1851, 36, no 679 : 621–760, Copies or extracts of the correspondence between the governor of Newfoundland and the secretary of state for the colonies in reference to the appropriation of the subscriptions raised for the relief of the sufferers at St. John’s by the fire in 1846.— T.-N., Blue book, 1836 ; Legislative Council, Journals, 1848–1849.— Newfoundlander, 1833–1873.— Patriot (St John’s), 1853.— Royal Gazette and Newfoundland Advertiser, 1850.— Louis Burke, « Some Irish contributors and contributions to Newfoundland education in the last century » (thèse de m. litt., Univ. of Dublin, 1975).— Mary James Dinn, Foundation of the Presentation Congregation in Newfoundland (St John’s, 1975).— Gunn, Political hist. of Nfld.— Howley, Ecclesiastical hist. of Nfld ; « Operetta The Golden Jubilee of the Presentation Nuns at St. John’s Newfoundland », Poems and other verses (New York, 1903), 93–122.— William Hutch, Nano Nagle : her life, her labours, and their fruits (Dublin, 1875).— Presentation Convent, Gal way : sesquicentenary souvenir, 1965 (Galway, république d’Irlande, 1965).— M. M. Byrne, « From acorn to oak, 1775–1975 : the one thing necessary », Monitor (St John’s), 43 (1975), no 12 : 13.— M. F. Howley, The Presentation nuns in Newfoundland », Irish Monthly (Dublin et Londres), 12 (1884) : 487–499.— Paul O’Neill, « Around and about », Monitor, 43, no 12 : 6.

Bibliographie générale

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Peter Neary, « KIRWAN, Mlle, sœur Mary Bernard », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/kirwan_8F.html.

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Auteur de l'article:    Peter Neary
Titre de l'article:    KIRWAN, Mlle, sœur Mary Bernard
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
Date de consultation:    28 mars 2024