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KRIEGHOFF (Kreighoff), CORNELIUS, peintre, né à Amsterdam en 1815, fils de Johann Ernst Krieghoff, garçon de café, qui avait épousé en 1811, à Amsterdam, Isabella Ludivica Wauters, décédé à Chicago, le 9 mars 1872.

Troisième d’une famille de quatre enfants, Cornelius Krieghoff apprend de son père les rudiments de la musique et de la peinture. À 16 ans, il est envoyé chez des parents à Schweinfurt, en Bavière, afin d’étudier la peinture. Il revient deux ans plus tard à Düsseldorf, où ses parents avaient déménagé vers 1815–1820, et il y étudie sans doute les œuvres des artistes formés à l’académie. Sous la direction du professeur Wilhelm von Schadow, ces artistes s’adonnent à la peinture de genre et développent les mêmes thèmes : joueurs de cartes, ivrognes, tricheurs, promenades, fêtes d’enfants. Au début de l’année 1837, il s’embarque pour New York. Il s’y engage comme volontaire dans l’armée américaine au moment de la guerre contre les Séminoles de Floride. Le 5 mai 1840, après trois ans de service en tant qu’artiste, il est licencié à Burlington, au Vermont. Ses services lui avaient valu le titre de caporal. Les archives prouvent qu’il épousa, à Manhattan, Louise Gauthier, dit Saint-Germain, une Canadienne française. Voilà à peu près tout ce que nous connaissons de Krieghoff avant son arrivée au Canada.

Tout le reste se réduit à des hypothèses. Son père semble avoir exercé le métier de tapissier à Düsseldorf et à Schweinfurt. Les arts et la musique l’intéressent beaucoup. Le jeune Cornelius aurait appris le violon, la guitare, la flûte et le piano. Après la mort de son père, il part en voyage avec un ami, artiste lui aussi sans doute. Ses voyages demeurent assez peu connus. Il aurait habité deux ans à Rotterdam, chez les parents de sa mère, où il étudie la peinture. Il séjourne ensuite en Autriche, en Italie, en France et retourne en Hollande. Ses talents de musicien et de peintre ne semblent pas suffisants pour lui permettre de vivre en Allemagne. Il s’embarque pour New York. Pour quelles raisons ? Revoir son frère Ernst, installé à Toronto ? Tenter sa chance en Amérique ? Amour de l’aventure ? Sans doute tout cela à la fois. Malheureusement, les nombreux dessins – une centaine environ –, qu’il fit à la plume et au crayon pendant son service dans l’armée américaine, sont perdus. Par conséquent, il est impossible de juger de cette première production. Les circonstances qui entourent son départ de l’armée et son mariage demeurent assez obscures. Le jour même de son licenciement, il réintègre l’armée puis déserte. La rencontre de Louise Gauthier explique peut-être son comportement. Cette jeune personne, née à Longueuil, près de Montréal, travaillait comme servante à New York. On ignore la réaction de son père, fermier assez à l’aise, à l’annonce de ce mariage. Finalement, il manque un chaînon permettant de préciser l’influence possible de la peinture de genre américaine sur l’œuvre de Krieghoff.

Le jeune couple décide de quitter les États-Unis et de s’installer au Canada. Il se dirige vers Toronto. Les raisons de ce choix comme la durée du séjour à Toronto sont inconnues. Ernst Krieghoff conseillait sans doute à son frère de s’établir à Toronto en raison des activités artistiques de cette ville. Propriétaire d’un studio de photographie, il était probablement au fait des possibilités offertes à un jeune artiste. Cornelius travaille comme peintre professionnel, fait partie d’un cercle artistique, expose à la Toronto Society of Artists en 1847. Mais tout ne va pas selon ses désirs puisqu’à cette date il a déjà quitté Toronto pour Longueuil ; deux ans plus tard, il s’établit à Montréal. En cinq ans, il y occupe quatre logements différents.

Montréal, pas plus que Toronto et New York, ne lui apporte la fortune. La vente de ses tableaux ne va pas : il passe de porte en porte et offre ses œuvres pour $5 ou $10 chacune. Les marchands et les gros commerçants s’intéressent assez peu à la peinture, et qui plus est, les sujets de Krieghoff ne les tentent guère. Ils ne peuvent voir d’un très bon oeil ces scènes, ces costumes, ces habitations qui leur rappellent leurs origines paysannes. On lui demande plutôt de peindre des chevaux importés d’Angleterre et des enseignes pour les banques et les magasins. Au fait, Cornelius Krieghoff devient plus ou moins peintre en bâtiments afin d’assurer sa subsistance, celle de sa femme et de sa fille Emily, née en 1841.

La ville de Québec, cependant, possède une aristocratie formée de militaires importants et d’officiers qui attachent un certain intérêt aux choses de l’esprit. C’est le moment où dans les collèges et dans la société se forment de nombreux cercles littéraires, philosophiques et musicaux. Au petit séminaire de Québec seulement, plus de sept sociétés voient le jour. Les gens aiment se grouper pour discuter de littérature, écouter une pièce de théâtre et aussi, à l’occasion, s’entretenir de peinture [V. Octave Crémazie]. Mais il ne s’agit pas de critique d’art proprement dite ; les préoccupations esthétiques des centres artistiques européens se situent à un tout autre niveau. Les officiers anglais aiment envoyer à leur famille une toile où se trouve fixé un coin de la campagne ou une scène typique du Canada. Le bourgeois veut posséder son portrait, signe tangible de son importance.

En 1851, l’occasion s’offre à Krieghoff de prendre contact avec un représentant de cette société. John Budden, commissaire-priseur pour A. J. Maxham & Company, le rencontre à Montréal et lui achète des toiles. Budden fait-il des propositions à Krieghoff ? Le connaît-il déjà ou s’agit-il d’un premier contact ? Nous n’en savons rien. Mais les toiles ont certainement séduit les gens de Québec puisque, trois ans plus tard, Budden rencontre à nouveau Krieghoff à Montréal et l’amène à Québec avec sa famille. Cette nouvelle migration semble s’être faite sans grand enthousiasme. Il faut quitter une fois de plus un milieu auquel on s’était habitué et s’éloigner de la famille. En effet, Ernst était venu s’installer à Montréal avec sa femme et ses trois enfants. Cornelius, semble-t-il, aurait aimé que son frère le suive à Québec.

Cornelius Krieghoff se fixe à Québec pour une période de 11 ans : 11 ans de production intense, 11 ans de prospérité. Budden partage sa demeure avec la famille Krieghoff et fait connaître le peintre à son entourage. L’artiste rencontre les gens importants et reçoit même chez lui le gouverneur général, lord Elgin [Bruce*]. Sans attacher plus d’importance qu’il ne faut à cette visite, il faut convenir que de telles marques de considération consolident puissamment la popularité de Krieghoff. Avec Budden, il fait de nombreuses excursions autour de Québec afin de voir les gens, les paysages et de se familiariser avec les habitudes de vie. Deux écoles lui demandent de donner quelques heures d’enseignement, la Quebec School for Young Ladies et l’école de Mlle Plimsoll. Il semble que son enseignement se réduise à faire copier ses œuvres.

Au cours de l’année 1854, Krieghoff se rend en Europe pour une période de six ou huit mois. Ce voyage demeure très mal connu. Nous ignorons s’il y est allé seul, les raisons de son départ et les pays visités. Au désir de revoir les lieux de sa jeunesse, s’ajoutent probablement des raisons pratiques, comme celles de mousser sa popularité et de rencontrer les éditeurs anglais qui ont gravé ses œuvres. Il aurait séjourné deux mois à Paris où il vend une collection de plantes canadiennes assemblées à l’occasion de ses courses dans les bois. On ignore tout de son prétendu séjour en Allemagne. Il ne semble pas que ce voyage ait une grande importance au point de vue strictement artistique, car la manière de Krieghoff ne subit aucun changement au cours des années suivantes.

Il n’en va pas de même, semble-t-il, dans sa vie familiale. Sa femme disparaît mais on ne sait quand ni comment. Certains disent qu’elle quitte Krieghoff discrètement après leur arrivée à Québec ; d’autres affirment qu’elle meurt à Longueuil en 1858 après une courte maladie. Toutefois, les archives judiciaires de Québec et de Longueuil ne possèdent aucun acte de décès au nom de Louise Gauthier pour l’année 1858. Krieghoff aurait eu une seconde femme dont on ignore tout. Sa vie est donc très mal connue et les documents les plus importants que nous possédions pour la connaissance de Krieghoff demeurent sans contredit ses tableaux.

L’art de Krieghoff prend sa source dans la vie de tous les jours et dans la campagne entourant Québec. Aucune peinture mythologique n’est sortie de son atelier. Serait-ce par ignorance des littératures anciennes ? Il ne semble pas car il possède une riche bibliothèque et il a vu les œuvres européennes dans les musées. Pas de nus non plus ; celui qu’il peint vers 1844 est plutôt un objet de scandale dans son entourage. Les sujets religieux sont aussi très rares : pas de pietà, pas de madone à l’enfant, pas de vision. Il a fait cependant quelques peintures religieuses, mais ce sont plutôt des études de mœurs à prétexte religieux.

Cornelius Krieghoff est peintre de genre. Il s’intéresse non pas à ce qui est arrivé une fois à un endroit donné, mais à ce qui se passe tous les jours autour de lui. Ses personnages ne sont pas des individus importants en eux-mêmes ; ils offrent plutôt une image de telle profession, de tel groupe social ou des gens de tel âge. De plus, l’humour qui affleure dans la majorité de ses œuvres donne à sa production un air de gaieté qui fait penser à la grande époque de la peinture hollandaise de genre, au xviie siècle.

La peinture de genre au xixe siècle fait partie d’un phénomène plus vaste que René Jullian a appelé fort justement la « paysannerie ». Il est certain que le monde paysan occupait une certaine place dans la préoccupation des artistes et des écrivains avant cette époque, mais ce n’était pas là une préoccupation majeure. Même quand ils s’intéressent au monde paysan, les artistes entourent le détail exact d’un décor idéalisé comme c’est le cas dans les romans de George Sand. En peinture, Millet oriente exclusivement son art vers la paysannerie avec la Barateuse, le Vanneur et bien d’autres compositions. De même Courbet veut de « l’art vivant » avec ses Casseurs de pierre, sa Vendange à Ornans ou ses Paysans de Flagey revenant de la foire. Les romanciers, comme Max Buchon et Balzac, décrivent longuement les mœurs paysannes et opposent les divers groupes sociaux. En Espagne, l’admirable costumbrista qu’est Alenza s’attarde inlassablement à dessiner la maja, les casuchas, les pauvres et tout le petit peuple de Madrid. Krieghoff fait aussi de la paysannerie son thème principal. Sans chercher à idéaliser, il brosse de nombreuses scènes où se retrouvent les coutumes et les paysages d’une région donnée. Son régionalisme le relie ainsi à tout ce mouvement artistique du xixe siècle. De même que Max Buchon et Courbet illustrent la Franche-Comté, qu’Alenza dépeint les types madrilènes, Krieghoff prend pour thème le Québécois.

Krieghoff s’intéresse à la nature grandiose qui entoure la ville de Québec et en fait son thème de prédilection. De très nombreux tableaux ont pour sujet principal le paysage. Celui-ci est apparu tardivement dans la peinture canadienne avec les premiers essais de Joseph Légaré*. L’artiste semble bien le premier à s’être intéressé de façon constante au paysage. Il a peint inlassablement les riches couleurs de l’automne au moment où la forêt se pare des plus beaux vermillons, de jaunes éclatants et de verts assombris. On lui a beaucoup reproché des couleurs trop vives sans se rendre compte de l’éclat des forêts québécoises à l’automne quand, par exemple, une nappe d’eau en double l’image. Les blancs nacrés de l’hiver séduisent tout autant sa palette, et c’est une infinie variété de paysages où les sapins et les bouleaux se partagent les vastes étendues de neige. Les montagnes lui plaisent également et servent d’arrière-plan à un grand nombre de compositions dont le thème principal est la ferme canadienne. En général, une maison de chétive apparence retient son attention. Si on a reproché à Krieghoff de peindre les maisons délabrées plutôt que les riches demeures seigneuriales de la côte de Beaupré, et s’il faut convenir qu’il n’a pas laissé beaucoup de tableaux représentant l’aristocratie, il est bien inutile de lui en tenir grief. Ses fermes plaisent par leur caractère calme et réaliste. La petite maison au toit pointu, la remise où on voit le bois de chauffage et les outils, le hangar à quelque distance, le traîneau tiré par un lourd cheval, les enfants qui s’amusent dans la neige : tout cela était bien le tableau qui s’offrait à lui dans la campagne québécoise. Souvent un cours d’eau traverse ses toiles ou un lac occupe le centre de la composition. Le thème de la rivière revient très souvent et il a laissé de nombreuses images de la Montmorency ainsi que des lacs situés à proximité de Québec.

Krieghoff voit le travail des gens et en fixe l’aspect pittoresque sur sa toile. Il aime représenter le temps des sucres alors que toute la famille participe à la cueillette de l’eau d’érable et que la mère s’occupe de « faire bouillir » sous un abri de planches. Inlassablement il a répété les scènes de chasse dans les grandes forêts. Chaussés de raquettes et vêtus lourdement, les chasseurs poursuivent le chevreuil et l’épuisent dans la neige molle avant de l’abattre. Parfois, c’est leur proie vaincue qui occupe le centre de la composition. Il a aussi représenté les trappeurs à l’œuvre ou les ouvriers en train de faire les provisions de glace.

Mais le thème le plus attachant de Krieghoff est peut-être celui du divertissement. Les scènes à l’auberge groupent une société de gais lurons qui s’en donnent à cœur joie, dansent et boivent copieusement. La toile appelée Merrymaking constitue sans doute sa plus belle réussite du genre. De même les scènes de l’auberge Jolifou enchantent par leur spontanéité. On voit les hommes qui sont allés chercher les chevaux à l’étable et les attellent soit à un lourd traîneau soit à une élégante voiture. Pendant ce temps, les femmes prennent congé sur la galerie de l’auberge ou donnent à leur mari la couverture que l’on a pris soin de réchauffer afin de se protéger du froid en cours de route. D’autres ajustent leurs raquettes. Le « violonneux » est sorti, violon et bouteille à la main, et esquisse un pas de danse devant les gens amusés.

Il est bien connu qu’à cette époque les Canadiens français attachent beaucoup d’importance à leurs chevaux, à la beauté de l’animal, son habileté et sa rapidité. Krieghoff peint à maintes reprises les folles chevauchées sur la neige ou sur la glace et l’instant ou deux attelages entrent en compétition. Souvent il représente un traîneau bas sur lequel deux ou trois hommes se tiennent debout et parcourent la campagne. Les chutes de Montmorency attiraient alors les gens de tout rang à cause des attractions variées qu’on y trouvait. La grande plaine gelée se prêtait bien aux promenades, et les élégantes faisaient montre de leurs riches parures. Les hommes conduisaient avec fierté des attelages luxueux et vifs. L’énorme cône de glace au pied de la chute enchantait les glisseurs qui trouvaient là un site plus sauvage que devant la citadelle. On servait même des boissons dans une petite salle aménagée à même le cône. Le séminaire de Québec possède une admirable gravure de Krieghoff représentant cet endroit où des dizaines de petites figures se divertissent dans un décor de rêve. Même les jeux des enfants – ceux-ci sont nombreux dans l’œuvre de Krieghoff – captent son attention. Là où ils sont les plus vifs, c’est au sortir de l’école où on les voit se bousculer, organiser des combats de boules de neige ou glisser sur des luges aux couleurs brillantes.

Les voyageurs apparaissent souvent dans les toiles de l’artiste. Le canot glisse silencieusement sur les eaux ou passe entre des rives couvertes de végétation. Encore au xixe siècle, le canot demeurait un des principaux moyens de locomotion. Il faut faire du « portage » pour éviter les rapides et les endroits dangereux, prendre le risque de naviguer entre les glaces, de hisser le canot sur la surface glacée puis de le remettre à l’eau ; tout cela sous des températures glaciales. C’est ainsi que la poste est acheminée de Québec à Lévis et que des voyageurs osent se risquer à faire la traversée. Chaque année le carnaval de Québec fait revivre ces scènes périlleuses immortalisées par Krieghoff. Les autres genres de locomotion – cheval et raquette – offrent matière à d’intéressantes études.

La traite des fourrures avec les Indiens ou le transport des peaux, autres thèmes exploités par Krieghoff, nous donnent l’occasion d’observer un type d’hommes rudes et forts, très semblable aux bûcherons actuels. Le colporteur, le marchand de bois, le maquignon et même les clients du magasin général font leur apparition dans ce monde de gens rudes et âpres au gain.

Les scènes religieuses ne sont guère fréquentes dans son œuvre. L’aspect mystique de la vie des couvents, les activités des membres du clergé ou des religieuses ne l’intéressent guère. Quand il met en scène un membre du clergé, Krieghoff cherche plutôt à exprimer une tension entre deux groupes sociaux. On pense au Carême : le curé se présente à l’improviste dans une famille et constate que tous se régalent copieusement. C’est une grave offense aux préceptes religieux et au curé qui tenait à ce que son enseignement rigoureux fût pris au sérieux dans chaque foyer.

Les Indiens pour leur part constituent un thème très riche dans son œuvre. Il a sans doute pris contact avec eux aux États-Unis, lors de son expédition en Floride. À Montréal, il peint les Indiens de Caughnawaga, et à Québec, ceux de Lorette. La plupart de ces scènes se passent dans les Laurentides où les Indiens sont peints avec leur costume habituel et leurs manières de vivre si particulières. Il montre leurs traîneaux, leurs mocassins, leurs grands manteaux aux couleurs vives. Les femmes plaçent les enfants près du feu dans un panier fait de branches ou de lanières de cuir et préparent le repas pendant que les hommes fument leur longue pipe. Ou alors, nous voyons les Indiens avec les paniers qu’ils ont fabriqués pour la vente. Ce groupe social encore très individualisé à l’époque trouve en Krieghoff un interprète sympathique et prolifique.

Krieghoff, portraitiste, a eu un moment de véritable célébrité. « Il nous montre le vieux canadien, l’œil vif et clair, le nez légèrement busqué, le teint mât et les joues colorées, avivées par le froid d’hiver et les favoris grisonnants, qu’encadrent cette figure d’homme drapé et boutonné jusqu’au cou, dans son capeau d’étoffe du pays. » En plus de ces portraits où il fixe les traits des visages qu’il voit vivre autour de lui, il fait ceux de personnages importants : lord Elgin, par exemple. Le McCord Museum de Montréal possède un beau portrait de ce gouverneur. Krieghoff nous a laissé aussi un portrait intéressant de son ami John Budden. Le personnage, élégamment vêtu d’un pantalon à carreaux et d’une veste brun doré, se repose nonchalamment assis près d’une nappe d’eau. Derrière lui, il a placé son haut chapeau, son fusil et sa besace. Krieghoff ne manque pas l’occasion de rappeler les goûts de chasseur de son modèle. Cette scène se détache sur un fond de forêt et de lourds rochers.

Krieghoff a fait un très grand nombre de tableaux et il est actuellement impossible de mesurer exactement l’étendue de son œuvre. Des 500 tableaux catalogués par Charles-Marius Barbeau*, plusieurs doivent être retranchés. Par contre, il s’en est ajouté une grande quantité. Il semble avoir peint environ 700 tableaux. Neuf ont été détruits dans la salle de l’Assemblée législative, lors de l’incendie du parlement de Québec en 1881, d’autres ont été volés. Une réévaluation de l’art de Krieghoff nécessiterait un effort systématique afin de dresser un catalogue exact de ses œuvres. Tant que ce travail n’aura pas été fait, on peut apporter des détails nouveaux mais il demeure impossible de connaître l’œuvre de Krieghoff dans toute sa complexité.

Il ne semble pas que Krieghoff ait gravé lui-même mais il aurait fait lithographier ses œuvres au cours de l’année 1848, pendant son séjour à Montréal. Technique nouvelle, la lithographie avait été inventée en 1796 et était devenue populaire en Europe au cours des années 1820. En 1848, Krieghoff fait lithographier quatre de ses peintures par la firme Borum de Munich. Ces lithographies sont dédiées à lord Elgin et vendues par souscription. Puis une compagnie de Philadelphie publie deux estampes représentant des mendiants : Pour l’amour du bon Dieu ! et Va au diable ! En 1860, John Weals de Londres publie au moins deux gravures : Passagers et la poste traversant la rivière et Chef indien. Le séminaire de Québec possède une admirable gravure en couleur représentant le Cône de glace aux chutes Montmorency. Cette estampe fut exécutée aux ateliers lithographiques de Day and Son à Londres et publiée par Ackermann Co.

Krieghoff fut-il un dessinateur prolifique ? Il semble que non, car on ne lui connaît actuellement aucun dessin. Pendant quelques années on a cru posséder de lui un admirable carnet de 36 esquisses représentant plusieurs sites de Montréal. Mais il est maintenant prouvé que ces esquisses sont de la main de James Duncan*. Le tempérament impulsif de Krieghoff s’accommode sans doute assez mal des longues études ; il peint sur le vif et sans le secours d’esquisses préliminaires.

Krieghoff est peut-être l’un des artistes canadiens les plus controversés. Alors que certains le montent aux nues, d’autres ne trouvent pas d’expressions assez triviales pour qualifier son œuvre. Il semble qu’au xixe siècle, Krieghoff soit fort apprécié et qu’il vende facilement ses œuvres. À Québec, les officiers anglais aiment acheter des souvenirs pour leur famille et ses tableaux offerts à prix minime trouvent facilement acheteur. Cela nous est confirmé par les ventes à l’encan organisées par la compagnie Maxham dont Budden faisait partie.

Le 1er août 1861, le Journal de Québec annonce pour le 7 août une vente de gravures collectionnées par Krieghoff. Le 21 décembre, le même journal annonce une vente de 100 œuvres de Krieghoff en mentionnant le Divertissement [Merrymaking ?] et l’Alchimiste. Dans ce lot, se trouvent des copies d’après des maîtres anglais et autres. On mentionne que « c’est la dernière et la seule occasion de se pourvoir des œuvres dues au crayon de M. Krieghoff, attendu qu’il part bientôt pour l’Europe ». Mais cette vente n’a sans doute pas lieu car le 27 mars 1862, on trouve à peu près la même annonce. Cette fois, le lot s’est assez bien vendu puisque, le 13 décembre, la même compagnie annonce la vente de ce qui reste, soit 30 peintures à sujets canadiens et quelques gravures. Le 13 décembre aussi, le Journal de Québec fait part de la vente de sa collection d’oiseaux empaillés, de pièces de monnaie, de curiosités chinoises et surtout de sa bibliothèque formée de 1 200 volumes tant historiques et scientifiques que classiques. Celle-ci se classe donc parmi les bibliothèques privées importantes puisque, dans la première moitié du xixe siècle, la plupart contiennent moins de 500 volumes. Cette vente jette un jour nouveau sur la personnalité du peintre. Sa vaste curiosité et ses goûts de collectionneurs prouvent bien que Krieghoff ne fut pas le gai luron, ivrogne et bambochard que l’on s’est plu à présenter en l’identifiant trop légèrement à certains personnages de ses toiles.

Après son départ de Québec, des œuvres apparaissent encore sur le marché. Ainsi, le 18 octobre 1870, le Journal de Québec annonce une vente de peintures venues d’Europe et « quelques sujets canadiens, russes et anglais par Krieghoff ». Sauf erreur, il n’y eut pas de vente à l’encan des œuvres de Krieghoff avant 1862, alors que l’artiste désire liquider ses œuvres, ses collections et même ses meubles avant son départ. Il serait donc exagéré de dire que ce sont les commissaires-priseurs de la compagnie Maxham qui ont lancé Krieghoff en lui commandant des peintures qui se vendraient bien grâce à une habile publicité. La vérité semble plus simple. Krieghoff vendait régulièrement aux amateurs ses toiles plaisantes et vives. À la veille de son départ, son ami Budden l’aide à vendre ses collections et ses œuvres en les offrant aux enchères.

Annoncé en 1862, le départ de Québec soulève quelques problèmes. L’artiste ne semble pas s’être rendu en Europe. Il semble plus probable qu’il soit allé rejoindre sa fille Emily, dès cette date. Mariée une première fois à Québec avec le lieutenant Hamilton Burnett, celle-ci avait épousé en secondes noces le comte de Wendt, Russe émigré à Chicago. À la fin de sa vie, Krieghoff serait venu visiter Québec et Montréal. Le 9 mars 1872, il meurt subitement à Chicago.

Au xxe siècle, deux courants d’opinion se dessinent, cependant que la valeur commerciale de ses œuvres ne cesse de monter en flèche. En 1893, John George Bourinot* adresse une première louange à Krieghoff dans son volume Our intellectual strength and weakness. Il loue le peintre pour avoir attiré l’attention le premier sur la beauté des scènes canadiennes et George Moore Fairchild corrobore ce jugement en 1907. Henri-Arthur Scott allait exagérer tellement la valeur de cet artiste qu’il était facile de prévoir dès ce moment une réaction en sens contraire. Scott, éperdu d’admiration, s’écrie : « Nous avons vu des peintures de Krieghoff, des couchers de soleil d’un éclat qui vraiment rappelle les merveilleuses splendeurs du couchant et nous permet d’affirmer que la richesse de sa palette n’avait rien à envier à tout ce qu’on voit de plus beau en ce genre dans les musées européens. Mais alors pourquoi ce peintre n’est-il pas connu là-bas, placé au nombre des grands paysagistes, les Corot, les Courbet, les Ziem, les Théodore Rousseau ? Il peignait nos « quelques arpents de neige » et ce n’était pas assez pour réchauffer l’opinion en Europe. » En 1925, Newton McFaul MacTavish* compare Krieghoff à William Hogarth pour sa facilité à caricaturer les types qu’il rencontre.

Mais dès 1922, un autre courant d’opinion se dessine, créé et alimenté par les seuls Canadiens français. Pierre-Georges Roy* affirme que la peinture de Krieghoff ne peut être prisée en tant qu’œuvre d’art. Si ses tableaux se vendent bien c’est qu’il est étranger et qu’il est le seul à avoir fait des sujets de chez nous. Ces opinions se choquent et se contredisent surtout à partir de 1934, année de la parution de l’étude romancée de Marius Barbeau. De nombreuses critiques de Krieghoff paraissent dans les revues et les journaux ; quelques-unes sont franchement hostiles. Jean Chauvin lui reproche d’aimer « les gens du peuple, les beuveries, les kermesses et les grosses farces » et de loger les habitants « dans des cabanes qui ont plutôt l’air de porcheries ». Deux ans plus tard, Maurice Hébert se moque en termes violents des personnages de Krieghoff. « Quelles trognes prussiennes ils arborent, à moins que ce ne soient des groins bavarois ou hollandais ! L’un des hommes lève un verre d’alcool, se frotte l’estomac, se pourlèche les lèvres, et salive grossièrement stupide. » Gérard Morisset* reprend à son compte ces jugements et les amplifie. D’après lui, « ce peintre est un gai luron qui ne dédaigne point de chopiner avec ses clients cossus ; il produit, comme un usinier, une peinture accessible à tous par ses sujets de beuveries et par les trognes avinées de ses personnages, par le comique assez gros de ses scènes de genre, par ses paysages d’automne aux couleurs violentes et criardes ». Il est vrai que ses toiles plaisent. Depuis 1847, la plupart des expositions d’art canadien traditionnel comportent des toiles de Krieghoff. Les 163 peintures exposées en 1934 ont suscité un remou d’intérêt autour de Krieghoff et le prix de ses œuvres ne cesse de monter. Des toiles se vendent maintenant $8 000, $18 000, et même $45 000.

Des malentendus ont faussé beaucoup de jugements portés sur l’art de Krieghoff. Certains critiques, de goût aristocratique, veulent de grands sujets, nobles et dignes. Il aurait fallu que Krieghoff brosse un tableau complet de la vie canadienne-française du xixe siècle. S’il avait peint l’aristocratie, les riches manoirs et les cérémonies pompeuses de l’époque, on lui aurait pardonné de s’être parfois laissé aller à peindre des sujets moins relevés. Mais consacrer tout son art aux paysans et au décor humble où se déroule leur vie sans éclat, c’est inadmissible ! On lui reproche de plus de ne pas faire vraiment canadien et de s’inspirer trop étroitement des Hollandais du xviie siècle. Est-on si certain que Krieghoff voulait toujours faire « canadien » ? Ses clients n’aimaient-ils pas acheter des sujets « russes et anglais », comme on le voit dans le Journal de Québec du 18 octobre 1870 ? De nombreuses toiles rappellent certainement les Hollandais, mais les attitudes des personnages et les détails de la composition sont bien de Krieghoff. Déçus de ne pas retrouver chez lui tous les aspects qu’ils voudraient y voir, certains en sont venus à ne pas pouvoir apprécier son art.

Ses thèmes offrent un grand intérêt en eux-mêmes et pour leur valeur historique. Il est l’un des premiers artistes à s’inspirer du milieu canadien-français. Il fixe des coutumes et des traditions qu’il serait difficile de retrouver autrement. Krieghoff comme peintre de genre plaît incontestablement et son régionalisme, loin d’amoindrir la valeur de son art, permet d’ajouter une composante au vaste courant d’idée centré sur le paysan, à la fois en Europe et en Amérique. Ce n’est certes pas un grand maître, mais sa technique est bonne, ses compositions simples et fermes. Il peint avec finesse le visage d’un vieillard aux cheveux grisonnants mais se montre aussi habile à grouper plusieurs personnages sur la toile, comme le prouvent ses scènes de fête. Ainsi ramenée à des proportions plus exactes, l’œuvre de Cornelius Krieghoff occupe une place importante dans l’évolution des arts au Canada.

Raymond Vézina

AJQ, Registre d’état civil, mariage d’Emily Krieghoff.

      Le Journal de Québec, 1er août 1861 (annonce d’une vente de gravures de Krieghoff), 21 déc. 1861, 27 mars, 13 déc. 1862 (listes de tableaux vendus), 21 mai 1869 (liste de tableaux exposés).

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L’auteur remercie M. Luke Rombout, professeur à Mount Allison University (Sackville, N.-B.) pour les renseignements fournis  [r. v.].

Bibliographie générale

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Raymond Vézina, « KRIEGHOFF, CORNELIUS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/krieghoff_cornelius_10F.html.

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Auteur de l'article:    Raymond Vézina
Titre de l'article:    KRIEGHOFF, CORNELIUS
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
Date de consultation:    19 mars 2024