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BOURINOT, sir JOHN GEORGE, journaliste, historien, homme de lettres, fonctionnaire, expert en procédure parlementaire et en droit constitutionnel, né le 24 octobre 1836 à Sydney, Nouvelle-Écosse, fils de John Bourinot* et de Margaret Jane Marshall ; le 1er septembre 1858, il épousa à Toronto une veuve, Bridget Delia Houck (décédée en 1861), et ils eurent deux fils, puis le 3 octobre 1865, à Halifax, Emily Alden Pilsbury (décédée en 1887), et de ce mariage naquirent un fils et deux filles, et finalement le 3 juillet 1889, à Regina, Isabelle Cameron, et le couple eut deux fils, dont Arthur Stanley ; décédé le 13 octobre 1902 à Ottawa.

Le père de John George Bourinot était l’un des plus éminents citoyens de Sydney : député de la circonscription du Cap-Breton à la Chambre d’Assemblée de la Nouvelle-Écosse de 1859 à 1867, il siégea au Sénat de 1867 jusqu’à sa mort en 1884. Quant à sa mère, elle était la fille de John George Marshall*, juge à la Cour inférieure des plaids communs du Cap-Breton. Bourinot eut pour premier instituteur le révérend William Young Porter, qui fut ébahi par sa « rapidité de perception et [sa] capacité d’appréhension ». Encouragé par ce jugement, John Bourinot envoya son fils au Trinity College de Toronto en 1854. Le jeune homme se révéla un excellent élève, mais, probablement pour des raisons financières, il quitta l’établissement en 1856 sans avoir eu de diplôme. Néanmoins, il resterait attaché toute sa vie au collège : il deviendrait membre du conseil et, à l’occasion, donnerait des conférences et ferait passer des examens en droit constitutionnel et en science politique.

Au sortir du Trinity College, Bourinot fut un moment correspondant parlementaire du Leader de Toronto [V. James Beaty*]. Cependant, en octobre 1858, il était de retour à Sydney où, le 13, il signa un contrat de stage avec l’attorney James Charles McKeagney*. Le stage devait durer cinq ans, mais Bourinot ne le termina pas ; on dit que l’existence routinière des juristes lui faisait peur. Il passa peut-être une courte période aux Etats-Unis avant de s’installer à Halifax où, en 1860, avec Joseph C. Crosskill, il lança le Reporter, trihebdomadaire du soir qui s’appellerait par la suite l’Evening Reporter. Les deux associés en seraient copropriétaires et corédacteurs en chef durant sept ans. Peu après la fondation du Reporter, Bourinot s’entendit avec le secrétaire de la province, Joseph Howe*, pour rapporter les débats de la Chambre d’assemblée. Il fit ce travail jusqu’en mai 1867, date où il céda le journal à Crosskill. On ne sait pas exactement pourquoi il quitta l’Evening Reporter. Peut-être voulait-il tenter sa chance dans le journalisme à la pige ; peut-être avait-il des motifs d’escompter que, au lendemain de la création du dominion, il y aurait un poste pour lui parmi le personnel du Sénat (en fait, cet espoir ne se concrétiserait que deux ans plus tard). L’Evening Reporter avait appuyé la Confédération et trois des articles que Bourinot y avait publiés sur le sujet avaient reparu en 1866 à Halifax sous le titre de Confederation of the provinces of British North America.

Parmi les écrits que Bourinot produisit dans la période qui suivit immédiatement la formation du dominion, les plus importants pourraient bien être la série de lettres qu’il adressa en 1868 au Times d’Ottawa et qui parurent sous la rubrique « The state of affairs in Nova Scotia ». Ces lettres, écrites entre le 23 janvier et le 28 novembre, suivent l’évolution du mouvement qui, en Nouvelle-Écosse, réclamait l’abrogation de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique. On y voit Howe se dissocier de ce mouvement et, au moment de la dernière lettre, en train de négocier avec Ottawa en vue d’obtenir de « meilleures conditions » pour la province, tandis que d’autres députés, par exemple le procureur général Martin Isaac Wilkins*, semblaient prêts à proclamer une république néo-écossaise étant donné que l’abrogation n’était pas prononcée. Bien qu’il ait été un ardent fédéraliste, Bourinot faisait valoir que les griefs de la Nouvelle-Écosse étaient fondés, et pressait l’Ontario et le Québec de se montrer conciliants avec les habitants des provinces Maritimes. Un commentaire de la rédaction accompagnait parfois ces lettres ; le 7 mars, le journal décrivait Bourinot, comme « [son] correspondant attentif et bien informé ». Des articles parus dans la même période – par exemple « Notes of a ramble through Cape Breton », publié en mai 1868 dans le New Dominion Monthly de Montréal – révèlent qu’il s’intéressait à l’histoire et à la géographie de sa province natale.

Bourinot était retourné habiter à Sydney avant d’écrire ses lettres au Times. Puis, à la suite de sa nomination au « poste vacant de greffier anglais » du Sénat, en mai 1869, il s’installa à Hull, dans la province de Québec. En mai 1870, on adopta une recommandation qui voulait qu’il porte le titre de « sténographe » du Sénat et des comités du Sénat. À compter de la session de 1871, le Sénat décida de publier ses débats, et Bourinot assuma la tâche de les prendre en note.

Malgré ces nouvelles attributions, Bourinot continuait ses activités de pigiste. Il s’essaya à la fiction en écrivant un feuilleton qui parut de janvier à juin 1870 dans le New Dominion Monthly, « Marguerite : – a tale of forest life in the new dominion ». Le titre est trompeur, non seulement parce que Marguerite n’est qu’un personnage secondaire, mais aussi parce que l’histoire ne se passe pas après la création du nouveau dominion. Elle commence en effet en 1756, « à la veille du grand conflit entre la France et l’Angleterre mettant en cause la suprématie sur l’Amérique ». Ce feuilleton assez désordonné, « basé sur des faits », selon Bourinot, raconte la capture d’Osborne, officier britannique en garnison à Halifax, par des Micmacs, sa libération par un officier français, épisode dans lequel une belle Indienne, Winona, joue un rôle important, et son mariage avec Marguerite, rendue depuis peu à sa famille après une période de captivité chez les Indiens. L’histoire ne manque pas d’intérêt, mais l’élément romanesque est faible ; on n’apprend presque rien au sujet de Marguerite, et il aurait peut-être mieux valu assigner à Winona le rôle de l’héroïne. D’ailleurs, Bourinot reconnaît lui-même, dans la cinquième livraison de son feuilleton, que l’absence de « scènes d’amour » aura déçu bon nombre de ses lecteurs, « et surtout de [ses] lectrices ». « Marguerite » est le seul roman que Bourinot publia, mais il composa quelques nouvelles entre 1869 et 1877.

Une dizaine d’années après la parution de « Marguerite », Bourinot déclara, en parlant du Canada : « bien que l’on ait composé un bon nombre d’ouvrages de fiction, le bilan d’ensemble est extrêmement faible ». Son opinion n’avait pas changé en 1893 : « il y a un domaine, disait-il, dans lequel les Canadiens n’ont jamais vraiment réussi, et c’est le roman ou l’aventure romanesque ». Selon lui, l’histoire exacte et bien écrite avait une « fonction beaucoup plus profonde et plus utile » dans la culture et l’éducation que la fiction, mais on continuerait d’écrire des romans ou des aventures romanesques tant que la plupart des lecteurs chercheraient « à se distraire plutôt qu’à s’instruire ». Il est heureux que Bourinot ait délaissé la fiction pour pratiquer d’autres formes d’écriture, sans quoi il n’aurait probablement jamais eu beaucoup de succès.

Bourinot avait été nommé second greffier adjoint de la Chambre des communes en avril 1873, et c’est probablement à ce moment-là qu’il avait quitté Hull pour s’établir à Ottawa. Nommé premier greffier adjoint en février 1879, il devint greffier des Communes le 1er décembre 1880 et exerça cette fonction avec une grande compétence jusqu’à sa mort. En tant que principal fonctionnaire administratif et greffer des Communes, il prenait le procès-verbal des délibérations et certifiait les projets de loi et les ordonnances. Conseiller le président de la Chambre en matière de procédure constituait une partie importante de son travail. Avec le temps, il devint une véritable institution ; en 1894, un article de journal disait de lui qu’il était « apparemment la personne la plus occupée de la Chambre » et que, en toute circonstance, il gardait un « silence grave et digne ».

Bourinot produisit ses meilleurs écrits, et les plus importants, après être devenu greffier. Il continua de traiter de l’histoire de sa province natale et de commenter des événements d’actualité qui touchaient le Canada, mais il écrivit aussi, dans des ouvrages plus substantiels, sur une variété de sujets, dont l’histoire et le gouvernement du Canada. Il acquit une renommée internationale ; certains de ses textes parurent dans de grands périodiques britanniques tels le Blackwood’s Edinburgh Magazine et le London Quarterly and Holborn Review.

L’étude comparative des gouvernements était l’un des domaines favoris de Bourinot ; il aimait particulièrement comparer le régime du Canada et celui des États-Unis. La Confédération suisse l’intéressait aussi parce qu’elle ressemblait au régime canadien sous certains rapports et au régime américain sous d’autres. Même s’il préférait de toute évidence le système canadien à l’américain et critiquait souvent les visées annexionnistes des États-Unis, ses écrits étaient bien accueillis dans ce pays, et bon nombre de ses articles d’histoire parurent dans le Magazine of American History de New York. En outre, il donnait des conférences aux États-Unis, et faisait partie du conseil de l’American Historical Association et du conseil de l’American Academy of Political and Social Science.

Selon un article paru en 1984 dans la Revue parlementaire canadienne, « on peut considérer [Bourinot] comme le premier politicologue canadien ». Effectivement, il promut l’enseignement de la science politique dans les universités canadiennes ; en 1889, il affirma que « nul établissement d’enseignement ne devrait se tenir exclusivement dans les sentiers battus [que sont] les humanités et les mathématiques ». Idéalement, selon lui, un cours de science politique canadienne devait comprendre à la fois l’étude du gouvernement contemporain et l’étude de l’histoire politique et constitutionnelle du Canada, de la Grande-Bretagne et de la France.

Dans ses écrits sur l’histoire, Bourinot présente souvent l’évolution du Canada comme une séquence composée de trois phases bien définies de développement : le Régime français, la période allant de la Conquête à la Confédération et la période allant de la Confédération au moment où il écrit. Selon lui, le Régime français, même s’il présente des traits héroïques et pittoresques et a inspiré par la suite beaucoup d’œuvres littéraires, n’a pas été une période de progrès intellectuel parce que « l’absolutisme de la vieille France écrasait toute velléité d’indépendance de la pensée et d’action ». Toujours d’après lui, la caractéristique de la deuxième période est la lutte pour le gouvernement responsable. Le développement intellectuel commence alors, mais il se crée peu de littérature originale vraiment digne de mention. Après l’instauration du gouvernement responsable, et surtout à compter de la Confédération, le Canada entre dans une ère d’activité intellectuelle aussi bien que matérielle ; dans l’étude de cette période, il accorde à l’apport des Canadiens d’origine française une juste reconnaissance. « Le Canadien français, écrit-il, éprouve une profonde vénération pour le passé de sa patrie et est très résolu à garder intactes sa langue et ses institutions. Aussi existe-t-il dans la province de Québec un sentiment national qui a produit, dans le domaine intellectuel, des fruits dont on ne saurait mésestimer la valeur. »

Dans un ouvrage paru à Montréal en 1893, Our intellectual strength and weakness ; a short historical and critical review of literature, art and education in Canada, Bourinot mentionne des historiens, des poètes et des essayistes de mérite. Les poèmes d’Octave Crémazie*, de Pierre-Joseph-Olivier Chauveau*, de Joseph Howe et de Charles Sangster*, entre autres, lui semblent « animés d’un esprit authentiquement canadien ». Depuis l’époque de François-Xavier Garneau* et Jean-Baptiste-Antoine Ferland*, dit-il, l’historiographie a continué de « faire l’objet d’une étude sérieuse et attentive de la part des Canadiens ». Pour Bourinot, la littérature ne se résume pas à la fiction, à la poésie et à la critique ; elle englobe aussi les opuscules et monographies sur la science, les mathématiques, la géographie et d’autres matières. « Ce n’est pas tant le sujet, disait-il, que la forme et le style qui leur donnent droit à une place dans la littérature. »

Deux des ouvrages tardifs de Bourinot furent populaires de son vivant et pendant quelque temps après sa mort. Il s’agit de How Canada is governed, paru à Toronto en 1895, et de Canada under British rule, 1760–1900, publié en 1900 à Cambridge, en Angleterre. Au moment de son décès, How Canada is governed en était à sa cinquième édition et servait de manuel scolaire dans plusieurs provinces. Canada under British rule est un exposé équilibré et de lecture facile ; il contient un chapitre d’introduction sur le Régime français. Le dernier livre de Bourinot, Lord Elgin, parut à Toronto en 1903, donc après sa mort. Il traite surtout des années où Elgin [Bruce*] fut gouverneur général ; ce n’est pas une biographie complète.

Les ouvrages les plus célèbres de Bourinot, et de loin, sont Parliamentary procedure and practice [...] in the dominion of Canada, paru à Montréal en 1884, et A Canadian manual on the procedure at meetings [...], publié à Toronto en 1894. Encore aujourd’hui, c’est sur eux que repose surtout sa réputation. Parliamentary procedure relève les différences qui sont apparues graduellement entre les pratiques britanniques et canadiennes, et contient « un chapitre d’introduction sur l’origine et l’évolution des institutions parlementaires » du Canada. Bourinot révisa ce chapitre pour en faire A manual of the constitutional history of Canada [...], qui parut à Montréal en 1888.

         Parliamentary procedure fut comparé favorablement au classique britannique sur le sujet, à savoir le livre de sir Thomas Erskine May, greffier de la Chambre des communes de Grande-Bretagne. Selon Timothy Warren Anglin*, ancien président de la Chambre des communes du Canada, le plan de Parliamentary procedure était « plus scientifique que celui de l’ouvrage de May ». Toujours à propos de Parliamentary procedure, un critique australien disait : « pour ce qui est de la clarté de l’exposé, de la composition, des rappels de la tradition [...] nous escomptons que l’élève décernera la palme à l’auteur canadien ». Le successeur de May, sir Reginald Francis Douce Palgrave, tenait aussi l’ouvrage de Bourinot en haute estime. Une deuxième édition parut en 1892. La préparation d’une troisième édition était déjà en bonne voie lorsque Bourinot fut emporté par la maladie ; son successeur au greffe des Communes, Thomas Barnard Flint, paracheva son travail de révision.

Après la publication de Parliamentary procedure, Bourinot fut « constamment assailli de demandes sur toutes sortes de questions de procédure » qui s’étaient posées à des « assemblées municipales ou autres ». Ces demandes lui firent prendre conscience de la nécessité de composer un traité en fonction des « besoins particuliers des conseils municipaux, [...] des assemblées d’actionnaires et d’administrateurs, et des sociétés en général ». C’est pourquoi il rédigea A Canadian manual. Cependant, il devint vite évident que ce livre était trop long et trop coûteux pour certains des groupes qui voulaient s’en servir. Bourinot en fit donc une version abrégée. La page de titre disait qu’il s’agissait d’une version écourtée de « l’ouvrage plus long de l’auteur », et souvent, on tient pour acquis, à tort, que cet « ouvrage plus long » était Parliamentary procedure. La version originale de A Canadian manual est pratiquement inconnue aujourd’hui, mais la version abrégée a été réimprimée plusieurs fois, et elle a été révisée et remise à jour par d’autres.

Malgré sa popularité, Bourinot eut sa part de critiques. En 1882, Nicholas Flood Davin le qualifia de « faux écrivain » et l’accusa de « massacrer la langue anglaise ». Bourinot expliqua ainsi l’origine de cette attaque : « Davin croyait (à tort) que je l’avais empêché d’entrer à la Société royale » ; en fait, personne n’avait proposé son admission. On sait que les deux hommes finirent par se réconcilier. D’autre part, Henry James Morgan* louangea les écrits de Bourinot dans Bibliotheca canadensis en 1867, mais, pour des raisons inconnues, il changea d’avis à son sujet. Apparemment, il fit exprès de l’exclure de son Canadian men and women of the time en 1898. Enfin, certains journaux américains ne prisaient guère l’opposition de Bourinot à l’annexion ni sa préférence pour le régime britannique et canadien.

Bourinot fut secrétaire honoraire de la Société royale du Canada à compter de la fondation, en 1882, jusqu’à sa mort. Il fut élu vice-président en 1891 et président en 1892, pour des mandats de un an, comme c’était la coutume. En outre, il supervisa la publication de 19 volumes des Mémoires de la société et y signa bon nombre de textes importants. Un de ses biographes a écrit : « La Société lui doit une grande part de son succès. [...] On ne saurait surestimer l’attention qu’il portait aux affaires de la Société ni l’intérêt qu’il prenait aux travaux de celle-ci. » D’autres furent aussi louangeurs.

Fervent partisan de la fédération impériale, Bourinot fut, durant de nombreuses années, secrétaire correspondant honoraire du Royal Colonial Institute de Londres. De nos jours, les historiens du Canada ont tendance à mal juger les opinions des tenants de la fédération impériale, mais ces opinions étaient populaires et jugées raisonnables à l’époque, et elles étaient sincères. De même, on voit aujourd’hui du racisme dans l’admiration que Bourinot professait pour « le peuple teuton, branche la plus noble de la famille aryenne des nations » (auquel il attribuait le mérite d’avoir été à l’origine des institutions libres et du gouvernement parlementaire d’Angleterre), mais il faut la restituer dans son contexte. On peut en dire autant de la façon dont il a parlé des autochtones d’Amérique du Nord dans ses ouvrages de fiction et d’histoire.

Sous certains rapports, Bourinot était en avance sur son temps. Il constata dès 1881 la nécessité de créer une bibliothèque nationale ; or, le gouvernement ne décida d’en fonder une qu’en 1952. En son temps, on ne faisait que commencer à reconnaître le droit des femmes aux études supérieures ; il défendait ce droit en disant : « en soi, [c’est] un exemple du progrès intellectuel que nous connaissons actuellement ». En outre, il prônait la fondation d’une université nationale.

Parce que Bourinot était une autorité non seulement en matière de procédure parlementaire, mais aussi en droit et en histoire constitutionnels, de grands personnages publics le consultaient sur des questions qui, normalement, n’étaient pas du ressort du greffier des Communes. Ce fut le cas surtout dans les années d’incertitude qui suivirent la mort de sir John Alexander Macdonald* en 1891. Pendant que lord Aberdeen [Hamilton-Gordon*] fut gouverneur général, Bourinot lui donna souvent des avis sur des questions constitutionnelles ; il en donna également à lady Aberdeen [Marjoribanks*] sur la procédure à suivre dans les réunions des organismes auxquels elle était associée, par exemple le National Council of Women of Canada et le Victorian Order of Nurses. Il resta l’ami des Aberdeen jusqu’à sa mort.

Dans l’intimité, Bourinot était « un homme des plus aimables et des plus sympathiques ». Il était attaché à ses enfants et adorait jouer avec eux. Il aimait recevoir ; aux soirées littéraires qui réunissaient chez lui, entre autres, Horatio Gilbert Parker*, Martin Joseph Griffin, Archibald Lampman* et Emily Pauline Johnson*, on discutait des dernières parutions – romans, ouvrages d’histoire, recueils de poésie. Dans la conversation, il était, dit-on, « encore plus divertissant que sur les tribunes ou dans ses livres » parce que son « humour tranquille » pouvait se manifester.

Sir John George Bourinot fut fait compagnon de l’ordre de Saint-Michel et Saint-Georges en 1890 et chevalier commandeur du même ordre en 1898. Presque toutes les universités canadiennes lui décernèrent des diplômes honorifiques. Ces nombreux honneurs, reçus de son vivant, témoignaient de l’importance de ses travaux sur la procédure parlementaire et de son apport dans de nombreux autres domaines.

Margaret A. Banks

Il n’y a eu, malheureusement, aucune mise à jour de Parliamentary procedure depuis la parution de la quatrième édition, préparée par Thomas Barnard Flint, et publiée à Toronto en 1916. La première édition a été réimprimée à Shannon, république d’Irlande, en 1971, et cette réimpression, avec une pagination distincte, est enrichie d’une introduction de Charles Beverley Koester qui comprend, aux pages 5–12, un résumé de la vie de Bourinot. Un projet de recherche visant la publication d’un manuel complet sur la procédure parlementaire est en cours de réalisation à Ottawa. Ce projet est connu à juste titre sous le nom de Bourinot.

La deuxième et la troisième révision de A Canadian manual, J. G. Dubroy, édit. (Toronto, 1963), et G. H. Stanford, édit. (Toronto, 1977), ont paru sous le titre Bourinot’s rules of order, titre qui figurait sur la couverture dès 1918 et qui a probablement été adopté pour que le manuel fasse concurrence à Robert’s rules of order [...] (Chicago, 1876 ; et éditions subséquentes), l’ouvrage qui fait autorité aux États-Unis et qui est très utilisé au Canada. Ce changement de titre est source de confusion, car les deux livres servent à des fins différentes. Robert’s rules est un recueil complet de règles destinées aux organismes qui ne veulent pas en rédiger eux-mêmes ; quant au livre de Bourinot, il traite surtout des principes généraux et est davantage utile aux organismes qui ont adopté leurs propres règles et se réfèrent seulement à l’ouvrage pour des cas imprévus.

Il n’existe pas de bibliographie exhaustive des ouvrages de Bourinot. Une liste de ses travaux jusqu’en 1894 figure dans sa « Bibliography of the members of the Royal Society of Canada », SRC Trans., 1re sér., 12 (1894), proc. : 1–79, qui a été aussi publiée sous forme d’opuscule ([Ottawa], 1894). Les ouvrages de Bourinot publiés à partir de 1866 sont énumérés en ordre chronologique aux pages 16–18. Cette bibliographie est particulièrement utile parce qu’elle regroupe des ouvrages parus à plusieurs endroits différents avec la mention de la première date de publication, et indique si les réimpressions sont « complètes » ou « condensées ». Cette liste n’est cependant ni exhaustive ni précise : des données corrigées et plus complètes concernant les nouvelles, entre autres, figurent dans Carole Gerson, A purer taste : the writing and reading of fiction in English in nineteenth-century Canada (Toronto, 1989), 180, note 25. Une réimpression de Our intellectual strength and weakness, dont l’introduction a été rédigée par Clara [McCandless] Thomas, a paru à Toronto et Buffalo, N.Y., en 1973.

On compte cinq principales publications de Bourinot après 1894. La première, How Canada is governed [...] (Toronto, 1895), a été rééditée 12 fois, et la cinquième édition a paru en 1902, peu après la mort de l’auteur ; les éditions subséquentes ont été mises à jour par d’autres, dont son fils Arthur Stanley, qui a préparé la dernière (1928) ; une version américaine de la première édition a aussi été publiée à Boston en 1895. La deuxième, Canada (New York et Londres, 1896 ; et éditions subséquentes) a été publiée à New York, en 1896, sous le titre The story of Canada. La troisième publication porte le titre de Builders of Nova Scotia [...] ([Ottawa], 1899) ; (Toronto, 1900). La quatrième, Canada under British rule, 1760–1900 (Cambridge, Angleterre, 1900 ; nouv. éd., Toronto, 1901), dont on a publié une édition révisée, [...] 1760–1905, comportant un supplément rédigé par George MacKinnon Wrong*, a paru à Cambridge en 1909. Enfin, la dernière, Lord Elgin, a été publiée à titre posthume à Toronto, en 1903, et a fait l’objet de plusieurs réimpressions.

Les papiers Bourinot conservés aux AN, MG 27, I, I62, comportent surtout des lettres qui lui ont été adressées entre 1881 et 1902. Les albums, qui contiennent des coupures de journaux et des lettres, se trouvent aux PANS, MG 1, 145–149 (la série comprend plus de cinq volumes : deux volumes portent le numéro 145 et l’on trouve aussi les volumes 145A, 146A, et 147A ; le volume 145A, cependant, ne concerne pas Bourinot. La bibliothèque des PANS possède un volume intitulé « Opinions on questions of parliamentary and constitutional procédure », qui est surtout constitué de textes manuscrits et dactylographiés faisant état de ses opinions sur divers sujets. On conserve aussi à cette bibliothèque l’exemplaire que possédait Bourinot de la première édition de Parliamentary procedure, qui comporte de nombreuses annotations manuscrites, probablement faites pendant qu’il préparait la deuxième édition. Les papiers d’Arthur Stanley Bourinot conservés à la Bibliothèque nationale du Canada (Ottawa), C1, contiennent aussi des renseignements sur son père.  [m. a. b.]

Beaton Institute, University College of Cape Breton (Sydney, N.S.), MG 12, 16 (papiers Bourinot comprenant surtout des copies de documents conservés ailleurs) ; cette source de documentation a surtout été utilisée pour obtenir des copies des lettres de Bourinot adressées à sir John A. Macdonald, lettres provenant des papiers de ce dernier conservés aux AN, MG 26, A.

AN, RG 31, C1, 1881, Ottawa, Wellington Ward, dist. 105.— EEC, Diocese of Toronto Arch., Toronto, Trinity East (Little Trinity Church), reg. of marriages, 1er sept. 1858.— PANS, Churches, St Luke’s Anglican (Halifax), reg. of baptisms, 17 avril 1862 (mfm) ; RG 39, CB, M, 1, no 55.— St George’s (Anglican) Church (Sydney), Reg. of baptisms, 10 déc. 1836.

H. F. G[adsby], « A hard man to follow », Toronto Daily Star, 3 mars 1902.— Halifax Reporter, 1860–1864, et son successeur, Halifax Evening Reporter, 1864–1867.— Morning Chronicle (Halifax), 4 oct. 1865.

Appletons’ cyclopœdia of American biography, J. G. Wilson et al., édit. (10 vol., New York, 1887–1924), 1 : 330.— M. A. Banks, « New insights on Bourinot’s parliamentary publications », Canadian Parliamentary Rev. ([Ottawa]), 15 (1992–1993), no 1 : 19–25.— Paul Benoit, « The politics and ethics of John George Bourinot », Canadian Parliamentary Rev., 7 (1984–1985), no 3 : 6–10, contient une reproduction d’une photographie de Bourinot conservée aux AN, Div. de l’art documentaire et de la photographie, PA-25659 (reproduction de négatif).— Carl Berger, « Race and liberty : the historical ideas of Sir John George Bourinot », SHC Rapport, 1965 : 87–104.— Morgan, Bibliotheca canadensis.— Standard dict. of Canadian biog. (Roberts et Tunnell), 1.— George Stewart, « John George Bourinot », les Hommes du jour : galerie de portraits contemporains, L.-H. Taché, édit. (32 sér. en 16 vol., Montréal, 1890–[1894]), 26sér.

Bibliographie générale

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Margaret A. Banks, « BOURINOT, sir JOHN GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bourinot_john_george_13F.html.

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Auteur de l'article:    Margaret A. Banks
Titre de l'article:    BOURINOT, sir JOHN GEORGE
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
Date de consultation:    19 mars 2024