DCB/DBC Mobile beta
+

Dans le cadre de l’accord de financement entre le Dictionnaire biographique du Canada et le Musée canadien de l’histoire, nous vous invitons à participer à un court sondage.

Je veux participer maintenant.

Je participerai plus tard.

Je ne veux pas participer.

J’ai déjà répondu au sondage

Nouvelles du DBC/DCB

Nouvelles biographies

Biographies modifiées

Biographie du jour

ROBINSON, ELIZA ARDEN – Volume XIII (1901-1910)

décédée le 19 mars 1906 à Victoria

La Confédération

Le gouvernement responsable

Sir John Alexander Macdonald

De la colonie de la Rivière-Rouge au Manitoba (1812–1870)

Sir Wilfrid Laurier

Sir George-Étienne Cartier

Sports et sportifs

Les fenians

Les femmes dans le DBC/DCB

Les conférences de Charlottetown et de Québec en 1864

Les textes introductifs du DBC/DCB

Les Acadiens

Module éducatif

La guerre de 1812

Les premiers ministres du Canada en temps de guerre

La Première Guerre mondiale

MACTAVISH, WILLIAM, gouverneur de la Hudson’s Bay Company et gouverneur de l’Assiniboia, né le 29 mars 1815 à Édimbourg, en Écosse, fils aîné de l’avocat Dugald Mactavish et de Letitia Lockhart, décédé le 23 juillet 1870 à Liverpool, en Angleterre.

En 1792, Simon McTavish*, de la North West Company, se présenta au chef du clan Mactavish, Lachlan Mactavish, et noua avec lui une amitié qui amena le second fils de ce dernier, John George McTavish*, au commerce canadien des fourrures en 1798. Quand il fut devenu agent principal, John George McTavish, à son tour, plaça ses neveux, William et Dugald*, en apprentissage à la Hudson’s Bay Company, le 2 janvier 1833.

William Mactavish s’embarqua pour Rupert’s Land cet été-là, et fut assigné à Norway House (Manitoba), sous les ordres de Donald Ross. Une lettre de John George McTavish à James Hargrave, en décembre 1833, révèle à quel point les influences personnelles jouaient dans l’engagement des apprentis : William « a reçu une bonne instruction, écrit-il, mais il dépend beaucoup du premier maître qu’il a dans ce pays que cette instruction lui soit de quelque utilité dans l’avenir. Le gouverneur [George Simpson*] m’a promis spontanément que le garçon serait placé sous votre surveillance pendant son premier hiver, et qu’on n’ait pas donné suite à cette promesse m’inquiète. » Aussi bien, en 1834, sur les instances de son oncle, William fut muté à York Factory, sur la baie d’Hudson, pour y travailler sous les ordres de Hargrave.

Dès le commencement, l’application au travail de William Mactavish lui valut l’approbation des fonctionnaires de la compagnie. Ross le décrivait comme « prometteur », et Hargrave pensait que « ses mérites [étaient] certes de premier ordre ». À titre d’apprenti commis à York Factory, il fut initié à la comptabilité et employé à l’inventaire et à la préparation des marchandises expédiées de ce très important poste de ravitaillement. Sa sœur aînée, Letitia*, qui rejoignit William lors de son mariage à Hargrave en janvier 1840, disait qu’il « trimait à peu près comme s’il avait eu entièrement charge de la factorerie, et [qu’il était] dans le magasin de 4 h 30 du matin à 8 h du soir ». Apparemment, le surcroît de travail mit souvent en danger la santé du jeune comptable ; il passa au moins un hiver à refaire ses forces à la colonie de la Rivière-Rouge en 1836. Mais son ambition fut récompensée en 1841, alors qu’il fut promu comptable en chef pour le département de Northern et commandant en second de la factorerie.

Protégé par son oncle et son beau-frère dans la poursuite de sa carrière, Mactavish, grâce à ses efforts énergiques, monta rapidement dans la hiérarchie de la Hudson’s Bay Company. Hargrave s’intéressait particulièrement à préparer Mactavish à lui succéder à York. C’est pourquoi John George McTavish et Hargrave virent à ce que Mactavish fût continuellement rappelé à l’attention de Simpson, au point de s’arranger pour que Mactavish voyageât en compagnie de Simpson, à son retour de congé en Angleterre, en 1845. L’année suivante, Mactavish reçut sa commission de chef de poste et prit charge temporairement d’York Factory en l’absence de Hargrave. Il ne faisait pas de doute que vers cette époque Simpson avait commencé à apprécier les talents de Mactavish. En 1847, quand il apparut qu’il faudrait une nouvelle personne pour diriger le commerce à Upper Fort Garry (Winnipeg) lors du départ d’Alexander Christie*, Simpson se prépara à muter Mactavish à la Rivière-Rouge – mais pour des raisons restées obscures, ce projet n’eut pas de suite. Au lieu de cette affectation, Mactavish fut mis en charge de Sault-Sainte-Marie (Ontario) l’année suivante. Il retourna à York Factory en 1850 et, de 1851 à l’automne de 1856, il en fut le directeur ; il reçut sa commission d’agent principal en 1852. Remplacé par Hargrave, de retour à York en 1856, Mactavish passa un autre congé en Angleterre avant d’assumer ses nouvelles fonctions de directeur à Upper Fort Garry, la « charge la plus pénible et la plus compliquée » de Rupert’s Land.

Si l’homme qui arriva à la Rivière-Rouge en 1857 était un administrateur rigoureusement entraîné et efficace, il n’était pas que cela : on remarquait, chez cet « Anglais [...] racé », des qualités d’ « envergure intellectuelle », d’ « énergie » et de « détermination » tout autant que du « savoir-faire dans l’exécution ». Grand, les cheveux blonds tirant sur le roux, et exhibant « des favoris à la Palmerston et une épaisse moustache », il avait une voix et des manières agréables. Un portrait plus intime de Mactavish a été brossé par sa sœur Letitia, qui décrit son amour pour la pêche et la chasse et son sens de l’humour. Au premier chef, elle le voit comme un « rêveur », s’intéressant à des théories aussi courantes que la phrénologie. « William », écrit-elle à son père, « s’est initié aux théories de tous ceux qui ont eu des difficultés avec l’Église ou l’État pour être trop en avance sur leur temps ». Il tourna aussi sa curiosité intellectuelle vers l’étude de l’histoire naturelle de Rupert’s Land, échangeant des spécimens et des renseignements avec un ami, le docteur William Fraser Tolmie*, d’York Factory, et d’autres représentants de la Hudson’s Bay Company dans les territoires. En 1862, il fut le secrétaire de l’éphémère Institute of Rupert’s Land.

Peu après sa venue à la Rivière-Rouge, Mactavish mit un terme à sa vie de célibataire endurci en épousant Mary Sarah McDermot, la fille de sang mêlé et de religion catholique de l’homme d’affaires Andrew McDermot*. Bien que le testament de Mactavish comporte des provisions en faveur de trois « filles illégitimes » à Stromness, en Écosse, les quatre enfants « nés au pays » que nous connaissons sont de sa femme Mary Sarah.

La carrière de Mactavish subit un dramatique changement de direction quand, en 1857, il fut nommé pour succéder à Francis Godschall Johnson* comme gouverneur de l’Assiniboia. Il accepta la nomination à son corps défendant et affirma, 11 ans plus tard, qu’il eût préféré être « chauffeur en enfer ». Il croyait fermement que l’administration du commerce des fourrures et celle de la colonie ne devraient pas échoir à la même personne. De surcroît, il se sentait peu fait pour l’arène politique, surtout que le poste déjà difficile de gouverneur nommé par la compagnie le devenait plus encore à partir de 1858, par suite du nombre croissant des colons canadiens qui s’agitaient pour obtenir un gouvernement représentatif et l’annexion de la Rivière-Rouge au Canada. Si la Hudson’s Bay Company fut jamais un gouvernement impopulaire, ce fut bien durant le mandat de Mactavish. Conscient de la situation, il essaya en vain de s’assurer une force militaire britannique permanente ; il n’eut pas plus de succès dans sa tentative de rallier les éléments de la population qui auraient pu être favorables à son gouvernement. Mactavish n’innova pas ni ne prit une part active dans la création d’une nouvelle structure politique. Mais, quand vinrent, tant de la part du « parti canadien » que des Métis, des pressions pour la réorganisation de la Rivière-Rouge, il s’efforça d’agir dans le sens de ce qu’il estimait être les meilleurs intérêts de la colonie. Il n’en résulta que des critiques, qui lui parvinrent de toutes parts, même de ses propres supérieurs de la Hudson’s Bay Company.

La position de Mactavish fut rendue encore plus difficile par la multiplication de ses responsabilités dans les années 60. Pendant une courte période, en 1861–1862, il agit comme président des cours de la Rivière-Rouge et de Rupert’s Land, parce que la Hudson’s Bay Company n’arrivait pas à trouver un candidat convenable pour succéder, comme recorder, au docteur John Bunn. En outre, à la mort de sir George Simpson, en 1860, Mactavish, conformément aux vœux de Simpson, fut nommé gouverneur intérimaire de Rupert’s Land. Bien qu’il fût en charge d’un territoire beaucoup plus petit que l’empire de Simpson (les départements de Western et de Montréal étaient maintenant « indépendants » et sous une autorité distincte), Mactavish y recueillit une responsabilité administrative non négligeable. Bon administrateur de la traite des fourrures, il assuma cependant les devoirs de sa charge sans les réticences qu’il avait montrées pour ses fonctions politiques. Il fut relevé de son gouvernement intérimaire en 1862, à la suite de la nomination du gouverneur Alexander Grant Dallas* ; mais, quand ce dernier démissionna en 1864, Mactavish devint gouverneur de plein droit.

C’est donc en qualité de gouverneur de Rupert’s Land et de gouverneur de l’Assiniboia que Mactavish servit tout au long des troubles survenus à la Rivière-Rouge en 1869 et 1870. Disposant de pouvoirs en principe absolus, lui seul aurait peut-être pu court-circuiter l’insurrection des Métis de Louis Riel*, mettre fin aux discours séditieux de John Christian Schultz* et ménager à Rupert’s Land un transfert moins tempétueux de la juridiction de la Hudson’s Bay Company à celle du Canada en 1870. Le défaut d’une intervention efficace de sa part peut être perçu comme le signe à la fois de son dégoût pour la fonction politique et d’une santé en voie de détérioration rapide. Mais c’était aussi une conséquence de son évaluation personnelle de la situation existant à la Rivière-Rouge. Il croyait que la majorité des habitants, tant anglophones que francophones, y appuyaient, au moins passivement, le Conseil, alors en fonction, de l’Assiniboia. Les flambées sporadiques d’opposition, il les considérait tout au plus comme l’œuvre de quelques « démagogues intrigants ». Ses sympathies allaient apparemment aux anciens habitants de la Rivière-Rouge, à savoir les Métis, les hommes de la Hudson’s Bay Company et les descendants des colons de Selkirk [Douglas*], tous gens dont il aurait dû avoir le suffrage dans la question du transfert de Rupert’s Land.

Même si jamais il ne fit montre d’indulgence envers le gouvernement provisoire de Riel ni ne l’autorisa, et même s’il redoutait fortement que les Métis missent à exécution leur menace de s’emparer de la propriété de la Hudson’s Bay Company, Mactavish sentait que les Métis avaient le droit de réclamer une entente spécifique avec le Canada. En même temps qu’il tentait d’obtenir l’aide du clergé catholique pour persuader les Métis d’attendre qu’on en arrive à une entente en règle, il exposait à la Hudson’s Bay Company, à Londres, en 1868 et en 1869, ses objections aux revendications territoriales du Canada et aux arpentages qui précédaient le transfert officiel. Mactavish jetait surtout le blâme de l’agitation sur le parti canadien et, à un moindre degré, sur le gouvernement du Canada. Dans sa correspondance des années 60, il avait exprimé son inquiétude constante devant la manière dont le journal Nor’Wester et des hommes comme Schultz faisaient de l’agitation à la fois contre la compagnie et contre les Métis. En même temps il critiquait le gouvernement pour son refus de consulter les habitants de Rupert’s Land au sujet du transfert et sa tentative apparente de faire valoir son autorité avant que le transfert ait eu lieu. Il soupçonnait William McDougall*, nommé lieutenant-gouverneur de Rupert’s Land par le gouvernement fédéral, d’encourager, avec le consentement du gouvernement canadien, le désordre politique de façon à précipiter la chute du gouvernement de la Hudson’s Bay Company et d’affaiblir la position de cette dernière dans ses efforts pour obtenir la somme de £300 000 en échange de son territoire. Bien que le premier ministre du Canada, John Alexander Macdonald*, prétendît que Mactavish n’avait « jamais donné à entendre qu’il eût même soupçonné l’existence d’un sujet de mécontentement », Mactavish en avait certainement informé ses supérieurs de Londres ; quand il s’arrêta à Ottawa à son retour de Londres, en avril 1869, il eut de même l’occasion d’avertir le gouvernement canadien des difficultés, si toutefois Macdonald avait été disposé à lui porter attention.

Avec la prise par Riel d’Upper Fort Garry le 1er novembre 1869, prit fin, pratiquement, le gouvernement de Mactavish. Un des derniers gestes qu’il posa à contrecœur avant d’être emprisonné par Riel fut de proclamer, le 16 novembre, sur les instances de McDougall, le transfert de Rupert’s Land au Canada. Après cette proclamation, le statut juridique du gouvernement de Mactavish était incertain, mais, à toutes fins utiles, Riel avait la situation bien en main.

Néanmoins, Mactavish continua, jusqu’à son départ en mai 1870, à agir au meilleur de ses moyens en qualité de gouverneur de Rupert’s Land pour le compte de la Hudson’s Bay Company. Pendant qu’il était au pouvoir de Riel, et sous la pression de ce dernier, Mactavish autorisa des prêts en argent et en nature aux Métis, à même les magasins de la compagnie – lesquels fermèrent à la suite d’un nouvel itinéraire, pour les convois de fourrures et de marchandises, adopté de manière à éviter Upper Fort Garry. La compagnie perdit du terrain au profit de ses concurrents, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la colonie, et, devant la perspective de pertes financières, les agents principaux et les chefs de poste firent part de leur insatisfaction relativement à la manière dont Mactavish faisait face à la situation. C’est en trafiquant de fourrures plutôt qu’en homme politique que Mactavish fit remarquer à Joseph Howe*, le 14 mai 1870, que tout gouvernement qui chercherait à supprimer, aussi soudainement que le gouvernement canadien l’avait fait, les fondements économiques d’un arrière-pays causerait « une misère et une stagnation largement répandues [parmi les habitants qui en sont originaires], et en conséquence il en découlerait des désordres et un embarras pour le gouvernement ».

Aux difficultés que rencontrait Mactavish s’ajoutait le sentiment tragique qu’il allait mourir. De fait, il était rivé au lit depuis l’été de 1869, et c’est dans l’extrême affaiblissement d’une tuberculose avancée qu’il avait dirigé les affaires du gouvernement et de la traite des fourrures. Encore n’est-ce que le 15 janvier 1870 qu’il rédigea sa démission de la compagnie, se déclarant « faible au point d’être incapable de quelque affaire que ce soit ». Il fut relâché de prison par Riel en février et, le 17 mai, sa famille et lui partirent finalement pour l’Écosse. Passant par St Paul (Minnesota) et New York, il atteignit Liverpool le 21 juillet, pour y mourir deux jours après.

Ceux qui le connurent dans l’exercice de ses fonctions de gouverneur de Rupert’s Land ou de gouverneur de l’Assiniboia reconnaissent le bien-fondé de l’évaluation que Mactavish faisait de lui-même. Formé dans la traite des fourrures, il se sentait tout à fait à la hauteur de sa tâche quand il s’agissait d’administrer Rupert’s Land – et on le respectait à cet égard. De son propre aveu, toutefois, plusieurs de ses devoirs en tant que gouverneur de l’Assiniboia lui paraissaient « dégoûtants ». Une conduite décidée et plus énergique de la part du gouverneur aurait pu détourner la rébellion métisse, mais Mactavish, soit qu’il sous-estimât l’hostilité des différents groupes en présence à la Rivière-Rouge, soit par défaut d’une force militaire, ou encore par un manque d’énergie dû à la maladie, décida de ne pas agir. Dès lors, comme gouverneur de Rupert’s Land, il fut non point le maître, mais la victime de sa destinée.

N. Jaye Goossen

HBC Arch., A.11/96, 11 déc. 1858 ; A.12/42, f.94 ; A.12/44–45 ; A.33/4, 5 juill. 1852 ; B.154/a/24, f.32 ; B.239/a/13, 2 août 1850 ; B.239/a/148, 13 août 1834 ; B.239/a/154, f.58 ; B.239/a/168, 16 août 1848 ; B.239/a/176, 12 juill. 1851 ; D.9/1 ; D.10/1.-PAM, MG 1, D2 ; D8, E[wen] Macdonald to Robert Campbell, 16 mars 1870 ; D14, 1792 ; MG 3, D1, Pierre Poitras to Louis Riel, 13 févr. 1872 ; MG 7, B4, register of marriages, 1835–1860, 17 oct. 1836 ; MG 9, A76, file 93, Donald Ross to George Simpson, 19 févr. 1834 ; George Simpson to James Hargrave, 30 juin 1847.— Somerset House (Londres), PPR/334, will of William Mactavish (copie aux HBC Arch.).— Begg, Red River journal (Morton).— Hargrave correspondence (Glazebrook).— Mactavish, Letters of Letitia Hargrave (MacLeod).— Nor’Wester, 1861.-F. E. Bartlett, William Mactavish, the last governor of Assiniboia (thèse de m.a., University of Manitoba, Winnipeg, 1964).

Bibliographie générale

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

N. Jaye Goossen, « MACTAVISH, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mactavish_william_9F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique


Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/mactavish_william_9F.html
Auteur de l'article:    N. Jaye Goossen
Titre de l'article:    MACTAVISH, WILLIAM
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
Date de consultation:    19 mars 2024