McDONELL (Aberchalder), JOHN, officier dans l’armée et dans la milice, juge, fonctionnaire et homme politique, né vers 1758 à Aberchalder House, Écosse, fils aîné d’Alexander McDonell of Aberchalder ; il épousa Helen Yates, probablement au fort George (Niagara-on-the-Lake, Ontario), et ils eurent un fils et deux filles ; décédé le 21 novembre 1809 à Québec.

En 1773, Alexander McDonell et ses deux frères, John of Leek et Allan of Collachie, dirigèrent l’une des premières grandes migrations de Highlanders vers l’Amérique du Nord ; ils s’établirent dans le domaine de sir William Johnson*, situé dans la vallée de la Mohawk, New York. Quand éclata la Révolution américaine, le jeune John McDonell rentra de Montréal, où il travaillait dans un bureau de comptables. Le 14 juin 1775, il devint enseigne dans les Royal Highland Emigrants d’Allan Maclean*. Au mois d’octobre suivant, on l’envoya de Montréal, où il était en poste, pour arrêter le fameux sympathisant américain Thomas Walker* à L’Assomption ; au cours de l’échauffourée, il fut « blessé au bras ». En avril 1778, McDonell était lieutenant. Pendant son séjour à Montréal, il fit la connaissance de Walter Butler* et, las de tenir garnison, il se joignit aux rangers de John Butler* ; le 29 août, il devint capitaine.

McDonell et Walter Butler entreprirent de se joindre à l’expédition menée par William Caldwell* et Joseph Brant [Thayendanegea], en septembre 1778, contre German Flats (près de l’embouchure du ruisseau West Canada, New York), mais ils arrivèrent trop tard. Le 11 novembre, McDonell prit part à l’attaque infâme du jeune Walter Butler dans la vallée de la Cherry. N’ayant pas réussi à s’emparer du fort, l’expédition se retourna contre l’établissement. Le lendemain matin, Butler envoya McDonell, « accompagné de M. Brant [...], achever la destruction de l’endroit » ; il loua McDonell, « en particulier, dont l’action et le courage en toute occasion lui fai[scient] grandement honneur ». Le 28 juillet 1779, McDonell et un petit corps d’armée s’emparèrent du fort américain de Freeland, en Pennsylvanie ; le mois suivant, il était avec le parti formé des rangers de Butler et d’Indiens, qui connut la défaite à Newtown (près d’Elmira, New York). Les rangers se retirèrent ensuite à leur quartier général du fort Niagara (près de Youngstown), où McDonell remplit les fonctions d’officier payeur. En février 1780, il accompagna Walter Butler à Montréal, où ils ne firent « guère que festoyer et danser », se proposant pour se divertir de faire le tour de la montagne, « tous les deux jours, en raquettes ». En juin, McDonell dirigea un parti de rangers et d’Indiens, dans une tentative infructueuse pour amener les Onneiouts à Niagara. Souffrant de la fièvre, de tremblements et de « rhumatisme dans le cou », McDonell était si malade qu’il dut se faire attacher sur son cheval. Walter Butler écrivit qu’« ils tuèrent leurs chevaux et leurs chiens pour les manger ».

À cette époque, McDonell était le seul officier supérieur des rangers qui fût disponible pour le service actif. En septembre 1780, il commanda un important contingent de rangers, qui appuya l’attaque de sir John Johnson* dans la vallée de la Mohawk. Après avoir brûlé tout sur leur passage à travers la vallée de la Schoharie, McDonell et Brant, selon Johnson, « contribuèrent grandement [au] succès », en défaisant le 19 octobre un parti de guerre américain qui s’était mis en route à partir du fort Stanwix (Rome). Ce fut la dernière apparition de McDonell sur le champ de bataille. Pendant le reste de la guerre, il servit principalement comme officier payeur au fort Niagara. Le 1er juin 1782, John Butler écrivait à Haldimand : « le capitaine McDonell est l’officier le plus capable de ce corps [...] il est aussi celui que les Indiens aiment le plus ». Le régiment fut licencié en juin 1784, et McDonell mis à la demi-solde. Son nom apparaît sur une liste dressée le 20 juillet 1784, énumérant les personnes qui avaient l’intention de s’établir à Niagara, mais il figure aussi, le 25 septembre, sur un relevé de soldats licenciés résidant dans le canton no 3 (canton d’Osnabruck, Ontario), puis sur une liste semblable, datée du 16 octobre, relative au canton no 1 (canton de Charlottenburg). Même si la plupart des officiers de Butler s’établirent dans la presqu’île du Niagara, McDonell, apparemment, préféra vivre sur les bords du Saint-Laurent, parmi les Highlanders.

Le rang social de McDonell, ses états de service militaire et le fait qu’il connaissait Johnson lui donnèrent, au sein des établissements loyalistes isolés de l’après-guerre dans l’ouest de la province de Québec, une importance régionale et, plus tard, provinciale. Le 15 avril 1787, il était l’un des signataires de la pétition des « Loyalistes de l’Ouest » qui sollicitaient, entre autres choses, le bienfait de la constitution britannique, la tenure anglaise pour les terres, une aide à l’Église d’Écosse et à l’Église d’Angleterre, ainsi que la fondation d’écoles. Cette démarche aboutit, le 24 juillet 1788, à la création de quatre nouveaux districts administratifs, et McDonell fut l’un de ceux qui, à cette occasion, récoltèrent les postes dans la région. Il fut nommé au sein du conseil des terres du district de Luneburg, en même temps que John Munro* et Richard Duncan, entre autres, puis il fut fait membre, le 16 juillet 1792, du conseil des terres de Glengarry et Stormont, qui remplaçait celui de Luneburg. En 1790, McDonell avait succédé à son père à la Cour des plaids communs et fut présent aux 13 sessions tenues de 1790 à 1794. Il fit également partie du premier groupe de juges nommés à la Cour des sessions trimestrielles du district, mais il n’assista qu’à deux des neuf sessions qui eurent lieu entre 1789 et 1791. En 1791, le gouverneur sir Guy Carleton, devenu lord Dorchester, le recommanda, après consultation avec Johnson, comme membre du Conseil exécutif de la nouvelle province du Haut-Canada. S’il ne fut pas choisi, l’on reconnut sa notoriété sur le plan local en le nommant lieutenant du comté de Glengarry, le 2 novembre 1792 [V. Hazelton Spencer].

L’hégémonie presque constante des principales familles McDonell dans Glengarry s’étendit à la politique ; elle assura en 1792 l’élection de McDonell et de son frère Hugh* à la chambre d’Assemblée. Le 17 septembre, on fit choix de McDonell comme premier président de l’Assemblée dans le premier Parlement du Haut-Canada. Il fut réélu lors de la formation du deuxième Parlement en 1796, mais la maladie l’empêcha de siéger avant le 9 juin 1798. Il avait été remplacé comme président de la chambre par l’arpenteur général David William Smith* qui, le 11 juin, proposa avec le consentement unanime de l’Assemblée que l’on donnât à McDonell un fauteuil spécial, à la droite du président, pour « marquer le bon souvenir que [Smith] conserv[ait] de son rôle ». S’il assista régulièrement aux séances de la chambre, McDonell y prit rarement la vedette. Le 20 juin de la même année, il se joignit à la majorité et vota en faveur du projet de loi de Christopher Robinson*, qui libéralisait l’esclavage dans la province. Le 5 juin 1800, il s’opposa à la candidature de Samuel Street, qui réussit à remplacer Smith comme président de la chambre ; le 25 juin, il donna son appui au projet de loi du solliciteur général Robert Isaac Dey Gray visant à étendre l’application du droit criminel anglais dans la province.

McDonell continua d’être quelque peu mêlé aux affaires militaires après la Révolution américaine, à titre d’officier dans la milice locale. La sécurité militaire de la province était l’une des premières préoccupations du lieutenant-gouverneur Simcoe, qui voyait dans la société quasi militaire des Highlanders une ressource inutilisée. Aussi, en 1792 et 1793, appuya-t-il, comme étant « à la fois juste et de bonne politique », l’ancienne requête de McDonell, qui demandait des « sabres des Highlands » – arme traditionnelle du Highlander – pour la milice de Glengarry. Le 1er juillet 1794, Simcoe le recommanda au poste de major d’un régiment canadien, qui était encore à l’état de projet, comme « la personne la plus qualifiée [...] dans la province » pour y accéder. Le raisonnement de Simcoe n’était pas compliqué : McDonell avait apparemment de l’influence sur les Indiens de Saint-Régis (près de Cornwall), et son poste de chef de clan suppléant dans sa communauté impliquait que « les Highlanders le suivr[aient] en grand nombre ». Le 1er juin 1796, le Royal Canadian Volunteer Regiment fut divisé en deux bataillons : McDonell obtint le commandement du bataillon du Haut-Canada et fut promu lieutenant-colonel. Au mois de juin de l’année suivante, le plus gros du bataillon de McDonell quitta Kingston pour son nouveau quartier général du fort George, où il resta jusqu’à son licenciement, en 1802. McDonell fut mis à la demi-solde et se retira dans l’impressionnante résidence qu’il avait construite près de Cornwall. En 1803, le comte de Selkirk [Douglas] notait ce qui suit : « La vanité dont il a fait preuve en la nommant « Glengarry House » a porté ombrage, car il est loin d’être le chef éventuel des membres du clan qui sont au Canada. » Mais jusqu’à l’arrivée de l’abbé Alexander McDonell* en 1804, son autorité ne fut pas contestée parmi les Highlanders qui parlaient gaélique.

L’insécurité financière, résultat de prêts trop généreux à des parents, força John McDonell à retourner à la vie militaire après quelques années. Le 9 juillet 1806, il proposa de lever un bataillon de volontaires parmi les Highlanders. Malgré l’appui de Brock, la proposition resta sans suite jusqu’en 1811 [V. George Richard John Macdonell*]. En 1807, McDonell obtint d’être nommé au poste relativement inférieur d’officier payeur du 10th Royal Vétéran Battalion, en garnison à Québec. Il se peut que le climat de Québec ait été trop dur pour la santé déjà chancelante de McDonell. Il attrapa un mauvais rhume au début de novembre 1809 et mourut quelques semaines plus tard. Un biographe contemporain a brossé son portrait : « Il était d’une taille plutôt en dessous de la moyenne, avait bon teint, et était dans sa jeunesse d’une force et d’une activité peu communes. Depuis quelque temps, son apparence avait complètement changé [...] ceux qui ne l’avaient pas vu depuis bon nombre d’années ne pouvaient reconnaître en lui le vif et intrépide capitaine des rangers. »

Allan J. Macdonald

AO, MS 517.— APC, MG 9, D8, 21 (transcription ; mfm aux AO) ; RG 1, L4, 9–16 ; RG 5, A1 : 2188s. ; RG 8, 1 (C sér.), 251 ; 272 ; 283 ; 789 ; 791–794.— BL, Add. mss 21661–21892 (transcriptions aux APC).— Corr. of Lieut. Governor Simcoe (Cruikshank).— Douglas, Lord Selkirk’s diary (White).— Gwillim, Diary of Mrs. Simcoe (Robertson ; 1911).— « Journals of Legislative Assembly of U.C. », AO Report, 1909.— « Records of the early courts of justice of Upper Canada », AO Report, 1917.— Canadian Courant and Montreal Advertiser (Montréal), 28 janv. 1811.— Dooner, Catholic pioneers in U.C. J. G. Harkness, Stormont, Dundas and Glengarry : a history, 1784–1945 (Oshawa, Ontario, 1946).— E. A. Cruikshank, « A memoir of Lieutenant-Colonel John Macdonell, of Glengarry House, the first speaker of the Législative, Assembly of Upper Canada », OH, 22 (1925) : 20–59.— W. L. Scott, « Glengarry’s représentatives in the Législative Assembly of Upper Canada », SCHÉC Report, 6 (1938–1939) : 22–26 ; « The Macdonells of Leek, Collachie and Aberchalder », 2 (1934–1935) : 22–32.

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Allan J. Macdonald, « McDONELL (Aberchalder), JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 6 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mcdonell_john_5F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
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