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MONTOUR, NICHOLAS, trafiquant de fourrures, seigneur, homme politique et fonctionnaire, né en 1756 et baptisé le 31 octobre de la même année dans l’église hollandaise d’Albany (New York), fils d’Andrew (Henry) Montour et de Sarah Ainse* ; décédé le 6 août 1808 dans la seigneurie de Pointe-du-Lac et inhumé deux jours plus tard à Trois-Rivières, Bas-Canada.

Nicholas Montour descend de la famille de Pierre Couc, dit Lafleur, de Trois-Rivières, dont une branche s’était assimilée aux Indiens des régions de l’Ohio, de la Pennsylvanie et de la Virginie au xviiie siècle. Métis de langue anglaise et protestant, Montour est le petit-fils d’Elizabeth Couc*. Peu de temps avant sa naissance, ses parents s’étaient séparés, les enfants avaient été placés à Philadelphie, et sa mère, une Onneioute, à ce que l’on croit, était allée vivre parmi les siens près de la rivière Mohawk (New York). En 1780, elle acquerra des terres sur les bords de la rivière La Tranche (rivière Thames, Ontario) et en donnera une partie à Nicholas, le seul enfant qui lui reste.

En 1774, Montour agit à titre de commis pour les frères Joseph et Benjamin* Frobisher sur le fleuve Churchill (Manitoba). Trois ans plus tard, il séjourne au fort de la rivière Sturgeon (Saskatchewan) avec d’autres trafiquants de fourrures : Booty Graves, Charles McCormick, William Bruce, Peter Pangman, Peter Pond et Joseph-Barthélemy Blondeau. En mars 1779, il demeure au lac Pine Island (lac Cumberland, Saskatchewan) dans une maison appartenant à Blondeau, dont il était le fondé de pouvoir. Pendant que Montour fait ses années d’apprentissage dans la traite des fourrures, les Frobisher et d’autres traiteurs chevronnés concentrent leurs efforts à Grand Portage (près de Grand Portage, Minnesota) afin de mettre sur pied une société commerciale, la North West Company En août 1782, Montour, alors commis pour les frères Frobisher, prend pension à Montréal chez l’avocat Antoine Foucher qui l’accusera, quatre mois plus tard, d’avoir séduit et ravi sa fille de 26 ans, en lui promettant de l’épouser pour arriver à ses fins. Foucher demande au gouverneur Haldimand d’obliger Montour à épouser sa fille ou à lui fournir une pension viagère et à prendre soin « du fruit de sa fornication ».

Lors de la création de la North West Company à l’hiver de 1783–1784, Montour, George McBeath, Robert Grant et Patrick Small auraient reçu deux actions chacun ; Pond et William Holmes*, une action ; les Frobisher, trois actions ; et Simon McTavish, trois actions. À cette époque, Montour travaille la plupart du temps sur la rivière Saskatchewan. Après une période de concurrence ruineuse [V. John Gregory ; Simon McTavish], la North West Company fusionne avec la Gregory, MacLeod and Company en 1787. Des 20 actions qui constituent maintenant le capital de la North West Company, Montour, Grant et Small en détiennent deux chacun ; John Gregory, Pangman, Alexander Mackenzie, Normand MacLeod*, Pond, McBeath et Holmes, une chacun ; la McTavish, Frobisher and Company possède les sept autres.

Aux prises avec des coûts sans cesse croissants et une rivalité des plus âpres avec la Hudson’s Bay Company et les trafiquants indépendants, la North West Company vit une période difficile. En 1790, Montour reçoit 2 des 20 actions de la North West Company lorsque celle-ci est réorganisée. La même année, Montour et Pangman passent l’hiver au fort des Prairies (Fort-à-la-Corne, Saskatchewan) où ils représentent la compagnie. Vers 1792, Montour, pour des raisons inconnues, décide de se retirer et de s’installer à Montréal. Il fait partie du Beaver Club, groupe très sélect de marchands, où il avait été admis en 1790.

Contrairement à d’autres qui investissent leurs liquidités dans de nouvelles activités commerciales, Montour semble surtout vouloir jouir de la vie et placer sa fortune en sécurité. Il effectue deux voyages à Londres : l’un en 1792–1793, l’autre en 1794–1795. Le 16 octobre 1794, il achète d’Isaac Todd et de ses associés la Compagnie de la distillerie de Montréal, entreprise comprenant plusieurs édifices désaffectés, pour laquelle il débourse £1 166. Puis il opte en faveur de placements dans la propriété foncière. Le 2 juillet 1795, il achète, moyennant £550, une maison rue Notre-Dame à Montréal, qu’il revend en 1800. Lors d’une vente à l’encan, en octobre 1795, il verse £3 740 au shérif de Trois-Rivières, Antoine-Isidore Badeaux, pour acquérir les seigneuries de Pointe-du-Lac (ou Normanville, dite aussi Tonnancour) et de Gastineau, qui avaient appartenu jusque-là à Thomas Coffin*. Le 12 janvier 1797, Montour débourse £2 000 pour l’achat d’une maison en pierre de quatre étages, située rue Saint-Paul à Montréal. Le 15 mai de la même année, il acquiert, en copropriété avec David Alexander Grant et le marchand de Québec William Grant (1744–1805), la seigneurie de Pierreville, pour laquelle il prête foi et hommage en 1798. Le 2 décembre 1799, considérant que la seigneurie ne peut se partager facilement, il vend sa part à David Alexander Grant en retour d’une somme de £610. Le 25 juin 1798, il avait acheté pour £1 150 la seigneurie de Rivière-David (appelée aussi Deguire) qu’il revendra trois ans plus tard à William Grant, moyennant £1 271. Enfin, il obtient en août 1802, selon le système des chefs et associés de canton [V. James Caldwell], 11 500 acres de terre dans le canton de Wolfestown.

Le 17 février 1798, Montour avait épousé à Montréal, dans la Christ Church, une jeune fille de 21 ans, originaire de Québec, Geneviève Wills, fille de Meredith Wills, marchand, et de Geneviève Dunière. Le contrat de mariage reconnaît la séparation de biens des époux, accorde à l’épouse un douaire de 40 000 shillings et une rente viagère de 4 000 shillings par année au décès de l’époux. Par ce mariage, Montour s’allie à de grandes familles canadiennes : les Le Moyne de Longueuil, les Panet et les Dunière, qui comptent alors un conseiller législatif, un juge et trois députés.

Peu de temps après le baptême de leur fils Henry Isaac Horatio, le 7 février 1799 à Montréal, les Montour s’installent à Pointe-du-Lac. Dans son domaine appelé Woodlands, Montour mène une vie de grand seigneur. Il se fait construire un manoir, un moulin à farine et une scierie, puis fait préparer une piste de course pour les randonnées à cheval. Il se plaît dans cette vie de château où ses amis trouvent toujours le gîte et le couvert. En 1806, il forme une société pour l’exploitation du minerai de fer dans son domaine, mais ce projet semble avoir avorté.

Montour participe aussi à la vie publique. Élu député de la circonscription de Saint-Maurice à la chambre d’Assemblée du Bas-Canada le 20 juillet 1796, il siège jusqu’à la dissolution du Parlement, le 4 juin 1800. Il vote pour le candidat du parti des bureaucrates à la présidence, John Young, qui est défait par Jean-Antoine Panet. Il est nommé juge de paix du district de Trois-Rivières le 9 mai 1799, et sa commission sera périodiquement renouvelée. On connaît mal sa vie privée, si ce n’est qu’il a mauvaise réputation chez les historiens qui l’ont étudié. Le père Alexandre Dugré disait de lui : « C’était un triste individu, anglicisé, protestant, buveur et viveur. »

Montour meurt à son manoir après avoir séjourné quelque temps dans une maison de la rue du Fleuve à Trois-Rivières. Son testament, en date du 13 avril 1805, laissait à son épouse, exécutrice testamentaire, la jouissance et l’usufruit de ses biens qui iront par la suite à ses quatre enfants, Henry Isaac Horatio recevant les deux cinquièmes de l’héritage. Seuls les petits-enfants auront droit à la nue-propriété. Un codicille, daté du 10 juin 1808, autorisait son épouse à vendre des propriétés qui lui appartenaient à Montréal pour éponger les dettes de sa succession, lesquelles s’élevaient à £2 771. Pour les acquitter, Geneviève Wills doit vendre une maison de la rue Saint-Paul, à Montréal, et faire procéder à la vente par encan public les 28 et 29 novembre 1808, puis le 3 mai 1809, de la plus grande partie des biens mobiliers. La veuve Montour habite ensuite à Québec. Vers 1810, elle revient s’établir à Pointe-du-Lac où elle meurt le 2 mars 1832. La seigneurie devient alors la propriété de son gendre, Charles-Christophe Malhiot*.

À l’époque où Nicholas Montour travaillait dans l’Ouest, il avait eu un fils qui s’appelait également Nicholas Montour et qui passa toute sa vie dans cette région. En 1804, il était employé de la North West Company au fort des Prairies, puis il passa à la Hudson’s Bay Company après la fusion des deux compagnies en mars 1821.

François Béland

ANQ-M, CE1-63, 17 févr. 1798, 7 févr. 1799 ; CN1-29, 2 juill. 1795, 12 janv. 1797, 15 avril 1800 ; CN1-74, 29 mai 1801 ; CN1-184, 16 oct. 1794 ; CN1-313, 17 févr. 1798.— ANQ-MBF, CE1-50, 8 août 1808 ; CN1-6, 2 déc. 1799, 1er déc. 1801, 20 août 1802, 13 avril 1805, 10 juin 1808.— ANQ-Q, CN1-16, 1er juin 1810 ; CN1-256, 17 avril 1795 ; CN1-262, 25 juin 1798.— BL, Add. mss 21879 : ff.80–90 (copie aux APC).— Docs. relating to NWC (Wallace), 3.— La Gazette de Québec, 27 avril 1797, 19 févr. 1798 ; 22 mai 1806, 25 août 1808.— John McLoughlin, The letters of John McLoughlin from Fort Vancouver to the governor and committee, first series, 1825–38, E. E. Rich, édit., introd. de W. K. Lamb (Londres, 1941), 350s.— F.-J. Audet et Édouard Fabre Surveyer, Les députés de Saint-Maurice et de Buckinghamshire, 1792–1808 (Trois-Rivières, Québec, 1934), 19–25.— Desjardins, Guide parl.— P.-G. Roy, Inv. concessions, 2 : 48–50 ; 3 : 248s. ; 5 : 79, 254s.— Emmanuel Brissette, Pointe-du-Lac ; au pays des Tonnancour (s.l.n.d.).— F. C. Hamil, « Sally Ainse, fur trader », Algonquin Club, Hist. Bull. (Detroit), no 3 (1939).— C. A. Hanna, The wilderness trail ; or, the ventures and adventures of the Pennsylvania traders on the Allegheny path [...] (2 vol., New York et Londres, 1911 ; réimpr., Ann Arbor, Mich., 1967).— Innis, Fur trade in Canada (1956), 196, 198, 200, 256.— Rumilly, La compagnie du Nord-Ouest, 1 : 86, 88, 101s., 127s., 138s., 149, 152, 166, 181.— Sœur Marie du Rédempteur, « La Pointe-du-Lac au 19e et 18e siècles », BRH, 38 (1932) : 301–315.— Albert Tessier, « Deux enrichis : Aaron Hart et Nicolas Montour », Cahiers des Dix, 3 (1938) : 217–242.

Bibliographie générale

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François Béland, « MONTOUR, NICHOLAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/montour_nicholas_5F.html.

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Auteur de l'article:    François Béland
Titre de l'article:    MONTOUR, NICHOLAS
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
Date de consultation:    19 mars 2024