Titre original :  Graduation portrait of Edward Odlum, B.A. 1879. Image courtesy of Victoria University Archives (Toronto, Ont.)

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ODLUM, EDWARD, milicien, éducateur, géologue, ethnologue, homme d’affaires, conférencier, homme politique et prédicateur laïque, né le 27 novembre 1850 à Tullamore, Haut-Canada, fils de John Abraham Odlum et de Margaret Mackenzie ; le 3 juillet 1878, il épousa à Cobourg, Ontario, Mary Elvira Powell (décédée en 1888), et ils eurent quatre fils, dont le deuxième était Victor Wentworth Odlum*, et les troisième et quatrième moururent avant lui, puis le 12 avril 1905, à Toronto, Martha Matilda Thomas, et ils eurent deux fils, dont l’un mourut avant lui ; décédé le 4 mai 1935 à Vancouver.

Edward Odlum servait dans les rangs du 36th (Peel) Battalion quand on appela la milice à contrer la menace des fenians dans le Haut-Canada ; il avait alors 15 ans. Il garda toujours une fierté de cet épisode, comme de son héritage anglais et irlandais. Après ses études secondaires à Goderich, dans sa province natale, Odlum fréquenta le Victoria College à Cobourg, où il obtint une licence en 1879 et une maîtrise en 1883. Il enseigna au Cobourg Collegiate Institute, puis se vit nommé directeur de l’école secondaire de Pembroke.

En 1886, Odlum partit au Japon avec sa famille en tant que membre du groupe des missionnaires autonomes fondé par son coreligionnaire méthodiste Charles Samuel Eby*. Odlum enseigna au Tōyō Eiwa Gakkō [V. George Cochran*], école méthodiste destinée à former un clergé nippon ; il prit le titre de « professeur », qu’il utiliserait jusqu’à la fin de sa vie, même s’il n’occupa vraisemblablement pas d’autre emploi dans un établissement d’enseignement postsecondaire. Pendant son séjour au Japon, il s’adonna aussi à la géologie, domaine auquel il s’était intéressé en faisant de la prospection en Ontario pendant ses années de formation. Ses réalisations scientifiques, notamment son étude publiée sur les effets de l’éruption du mont Bandai en 1888, considérables pour l’époque, l’aideraient à obtenir une licence en sciences du Victoria College en 1892.

Après la mort de sa femme des suites de la malaria et d’une pneumonie, Odlum quitta le Japon et voyagea en Australie, en Nouvelle-Zélande et aux États-Unis, puis s’installa à Vancouver en 1889. Il y vivrait jusqu’à ses derniers jours, à l’exception de deux périodes, à la fin des années 1890, durant lesquelles il dirigea pendant quelque temps une mine d’or dans la région de Cariboo, en Colombie-Britannique, et parcourut la Grande-Bretagne pour le compte des gouvernements fédéral et britanno-colombien afin de promouvoir l’immigration au Canada. Ce dernier rôle semblait tout indiqué pour Odlum, dont l’optimisme quant à l’avenir de son pays et l’attachement à la Grande-Bretagne apparaissent clairement dans une brochure parue en 1896. Il y affirme qu’« il y a de la place au Canada pour 200 millions de personnes » et souligne les liens entre les Canadiens et les Britanniques :

Reconnaissant notre grand héritage, nous invitons nos parents et amis de l’autre côté de l’océan à se joindre à nous pour bâtir une grande et puissante nation – un rempart futur contre l’anarchie et un bastion de la liberté, de l’ordre et du progrès. Votre drapeau est notre drapeau ; votre esprit, notre esprit ; votre Bible, notre Bible ; votre empire, notre empire ; votre destinée, notre destinée ; votre reine, notre reine ; et votre Dieu, notre Dieu.

À Vancouver, qui connaissait un boum immobilier à l’époque où il s’y installa, Odlum gagna bien sa vie comme vendeur d’assurances et agent immobilier. (Il inventa le nom de son propre quartier dans l’est de la ville, Grandview.) Il participa aussi activement à la vie politique : il siégea au conseil municipal durant deux mandats (1892, 1904), et il se porta candidat, sans succès, à l’Assemblée provinciale en 1894 et à la mairie en 1909. Il exposa ses vues populistes dans le Western Call, journal à scandales publié par Henry Herbert Stevens*, et dans d’autres périodiques. Odlum défendit diverses causes, notamment les lois sur la tempérance, une fonction publique libre de toute interférence politique, la limitation de l’immigration chinoise et la propriété publique d’industries clés comme l’exploitation houillère. En 1908, il présida un conseil chargé d’arbitrer un conflit entre sir Thomas George Shaughnessy*, administrateur de la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique, et la Fraternité des wagonniers de chemins de fer. Le conseil trancha en faveur de ces derniers, approuvant la journée de travail de neuf heures et une légère augmentation de salaire.

Le christianisme était au cœur du populisme d’Odlum, qui restait membre actif de l’Église méthodiste : il assuma la fonction de secrétaire adjoint de la conférence provinciale, siégea au conseil de direction du Columbian Methodist College de New Westminster et œuvra comme prédicateur laïque. Il fut également vénérable maître de l’Imperial Loyal Orange Lodge No.1815 à Vancouver et prenait régulièrement la parole dans des rassemblements orangistes. Son engagement religieux ne l’empêcha pas de se livrer à des travaux savants. On le consultait à titre de président de l’Art, Historical and Scientific Association of Vancouver, sur des découvertes paléontologiques le long de la côte Ouest. Il utilisa sa chronique dans le Western Call pour promouvoir ses recherches géologiques dans l’affaire du tristement célèbre glissement rocheux survenu à Frank (Alberta) en 1903. Puisant dans ses souvenirs d’une tournée effectuée en 1895 sur la côte de la Colombie-Britannique avec le missionnaire méthodiste Thomas Crosby*, Odlum publia aussi plusieurs articles ethnographiques sur les Premières Nations de la côte nord-ouest du Pacifique.

La réconciliation de la science et de la religion devint une grande préoccupation pour Odlum. Au Victoria College, il avait fait la connaissance de Nathanael Burwash*, partisan d’une telle démarche, et leur relation dura des décennies. (Burwash célébra les deux mariages d’Odlum.) Contrairement à Burwash, cependant, Odlum rejeta la critique historique de la Bible et embrassa ce qu’il désignait comme la science théistique, selon laquelle on pouvait faire appel aux sciences naturelles pour confirmer la véracité littérale des Saintes Écritures. Ses intérêts religieux, géologiques et ethnographiques convergèrent dans son adhésion à l’israélisme britannique [V. Joseph Wild*], voulant que les peuples des îles Britanniques descendent des tribus perdues d’Israël. Odlum publia deux recueils de coutumes britanno-israélites, God’s covenant man : British-Israel en 1916 et Great Britain great en 1921, et donna de nombreuses conférences sur le sujet au Canada et en Grande-Bretagne. En 1917, il fonda la Vancouver British Israel Association qui, en 1921, devint la British Israel Association of Canada. Odlum aida à organiser une fédération nationale de groupes semblables qui, finalement, adopta le nom de British Israel Association of Greater Vancouver. En 1921, tandis qu’il assistait à un congrès de la British-Israel-World Federation à Londres, Odlum analysa la pierre de Scone à l’abbaye de Westminster (le haut-commissaire du Canada, sir George Halsey Perley*, lui en avait facilité l’accès). Lors d’un voyage en Palestine quelques mois plus tard, Odlum aurait trouvé des gisements de pierre similaire aux environs de Béthel (Beitin, en Jordanie), qui, selon lui, confirmaient l’ascendance biblique de la famille royale britannique. Il émit aussi l’hypothèse que des tremblements de terre en Terre sainte annonceraient l’Armageddon.

La contribution ethnologique d’Odlum à la pensée britanno-israélite fut sa plus créative. En se fondant sur des observations menées durant son séjour au Japon, il présuma que les Japonais constituaient l’une des tribus israélites perdues et, par conséquent, qu’ils avaient une parenté ethnique avec les peuples de souche britannique. Ses idées eurent des répercussions politiques : dans un discours provocant en 1927, Odlum s’opposa aux restrictions légales imposées aux Canadiens d’origine japonaise : « [L]es dirigeants du Japon sont aussi véritablement sémitiques que vous et moi, soutint-il, aussi véritablement saxons que vous et moi […] et Dieu ne permettra pas au Canada, que ce soit à Ottawa ou à Victoria, de faire appliquer une loi injuste qui exerce une discrimination contre des gens qui ont acquis la citoyenneté dans notre pays. » Odlum suggéra également que les membres des Premières Nations de la côte de la Colombie-Britannique descendaient de voyageurs japonais et, par extension, des anciens Israélites. À une conférence tenue vers 1906, apparemment devant un auditoire blanc, il exhorta les Britanno-Colombiens à « regarder [leurs] frères avec un émerveillement plein d’amour » !

Edward Odlum inspirait le respect à Vancouver. Lorsqu’il mourut, en 1935, le Vancouver Daily Province déplora la perte d’un « théologien, scientifique et éducateur de réputation internationale », et on reporta une réunion du conseil municipal pour permettre au maire d’être porteur honoraire à ses obsèques. Cependant, Odlum ne se doutait probablement pas qu’il laisserait un aussi sombre héritage. Même si son concept d’israélisme britannique était inclusif pour son époque, son ambivalence à l’égard des Juifs – dont il avait longtemps répété qu’ils ne constituaient pas le peuple biblique d’Israël – vira à l’antagonisme dans sa correspondance vers la fin de sa vie. Après la mort d’Odlum, la British Israel Association of Greater Vancouver devint de plus en plus antisémite et tissa des liens forts avec des groupes extrémistes de l’ouest des États-Unis, entre autres le Ku Klux Klan. Les théories des origines raciales proposées par une nouvelle génération de Britanno-Israélites inspirèrent le mouvement Identité chrétienne, dont les membres, encore actifs au début du xxie siècle, affirment que les Juifs sont les enfants de Satan. Compte tenu de son attitude bienveillante (quoique paternaliste) envers les Premières Nations et les Japonais, Odlum aurait peut-être appris avec surprise qu’il avait posé les assises institutionnelles d’une souche idéologique particulièrement virulente du suprémacisme blanc.

Forrest D. Pass

Les articles et discours d’Edward Odlum, écrivain et conférencier prolifique, ont paru dans divers journaux et revues de son époque. Ses plus importantes publications sur l’israélisme britannique sont God’s covenant man : British-Israel (Londres et Toronto, 1916) et Great Britain great (Vancouver, 1921). L’une de ses conférences a été publiée sous le titre Who are the Japanese ? ([Londres ?, 1932]). La Univ. of B.C. Library, Rare Books and Special Coll. (Vancouver), RBSC-ARC-1414 (Odlum family fonds), boîte 2, contient des copies de ses conférences dans les dossiers 6 (« The ethnological relationship of the ruling Japanese to the members of the British Columbia Legislature ») et 9 (« Ebb and flow of humanity »). Ses articles géologiques comprennent notamment : « The sand plains and changes of water-level of the Upper Ottawa », Ottawa Field-Naturalists’ Club, Trans., no 5 (1883–1884) : 38–54 ; « How were the cone-shaped holes on Bandaisan formed ? », Seismological Soc. of Japan, Trans. (Yokohama, Japan), 13, part. 1 (1889) : 21–40 ; et « Geologic and other changes in Palestine and Egypt », Beacon (Vancouver), octobre 1926 : 8–9. Ses descriptions ethnologiques de communautés autochtones figurent dans « The Tsimpseans of British Columbia and Klingets of Alaska », Chautauquan (Meadville, Pa), 25 (avril–septembre 1897) : 627–631 ; « The Indians of the Pacific coast », British Pacific (Cumberland, C.-B.), juin 1902 : 11–22 ; et « The Klingets of Alaska », British Pacific, juillet 1902 : 64–74. La Victoria Univ. à la Univ. of Toronto, Library & Arch., Digital Coll., conserve une photographie numérisée d’Odlum, datée de 1879, accessible à « E. Odlum, 1897 » : digitalcollections.vicu.utoronto.ca/RS/?r=706 (consulté le 11 janv. 2018).

BAC, R4925-0-5 (fonds Victor Wentworth Odlum).— City of Vancouver Arch., AM190 (Edward Odlum fonds).— Univ. of B.C. Library, Rare Books and Special Coll., RBSC-ARC-1414 (Odlum family fonds).— Abbotsford Post (Abbotsford, C.-B.), 23 févr. 1912.— British Columbian (New Westminster, C.-B.), 16 juill. 1912.— Daily Colonist (Victoria), 19 juill., 16 nov. 1890 ; 15 janv., 17 mars, 12 mai, 28 août 1892 ; 10, 14 avril 1896 ; 5 juill. 1899 ; 15 janv., 24 juill. 1904 ; 20 avril 1905 ; 26 mars, 28 août, 3, 19 déc. 1907 ; 15 janv. 1909.— Daily Mail and Empire, 6 mai 1935.— Ledge (New Denver, C.-B.), 6 mai 1897.— Vancouver Daily Province, 6 mai 1935.— Western Call (Vancouver), 10, 17 févr., 19 mai, 18 août 1911.— Michael Barkun, Religion and the racist right : the origins of the Christian Identity movement (Chapel Hill, N.C., 1994).— British Israel Assoc. of Greater Vancouver, Inc., Memorial historical statement ([Vancouver], 1935).— Thomas Crosby, Up and down the North Pacific coast by canoe and mission ship (Toronto, 1914).— R. E. Gosnell, A history o[f] British Columbia (s.l., 1906).— A. H. Ion, « Canadian missionaries in Meiji Japan : the Japan Mission of the Methodist Church of Canada (1873–1889) » (mémoire de m.a., McGill Univ., Montréal, 1972).— « Liste générale des géologues, minéralogistes et paléontologistes », Annuaire géologique universel et guide du géologue autour de la terre […] (Paris), 1886.— G. R. P. Norman et Howard Norman, « One hundred years in Japan, 1873–1973 » (2 vol., tapuscrit, [Toronto], 1981), 1.— Vancouver County Orange Lodges, Official special souvenir programme, Twelfth of July, 1913, Vancouver, B.C. ([Vancouver, 1913]).

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Forrest D. Pass, « ODLUM, EDWARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 déc. 2025, https://www.biographi.ca/fr/bio/odlum_edward_16F.html.

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Auteur de l'article:    Forrest D. Pass
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
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Date de consultation:    4 déc. 2025