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SPROULE, THOMAS SIMPSON, médecin, homme politique et orangiste, né le 25 octobre 1843 dans le canton de King, Haut-Canada, fils de James Sproule et de Jane Mitchell, fermiers ; le 7 septembre 1881, il épousa à Flesherton, Ontario, Mary Alice Flesher, et ils eurent une fille ; décédé le 10 novembre 1917 à Markdale, Ontario.

Originaires du comté de Tyrone (Irlande du Nord), les parents de Thomas Simpson Sproule immigrèrent dans le Haut-Canada en 1836. Vers 1852, la famille s’établit dans le canton d’Osprey, dans le comté de Grey. Au sortir de l’école publique, Sproule s’inscrivit à la University of Michigan. Il travailla ensuite deux ans dans le commerce avant d’entreprendre des études de médecine au Victoria College de Cobourg, dans le Haut-Canada. Il reçut son doctorat en médecine en 1868. L’année suivante, après de courtes périodes de pratique à Craighurst, en Ontario, et à Galesburg, dans le Michigan, il se fixa au village de Markdale, dans le comté de Grey ; jusqu’en 1880, il tint également une pharmacie-papeterie. Environ deux ans plus tard, il se lança aussi dans l’agriculture et se mit à élever des chevaux et des bovins shorthorns. Membre du conseil du canton de Glenelg en 1877 et conservateur convaincu, il avait remporté le siège de Grey East aux élections fédérales de 1878. Il le conserverait jusqu’en 1915.

Sproule se fit connaître dans sa circonscription en tant que médecin, homme politique et pilier de la société locale d’agriculture, mais ce fut en raison de ses liens avec l’ordre d’Orange qu’il finit par avoir une renommée nationale. Il avait adhéré à l’ordre en 1862 et s’était fait remarquer sur la colline parlementaire en défendant vigoureusement le point de vue orangiste. Adopté en 1888 par le gouvernement de la province de Québec, l’Acte relatif au règlement de la question des biens des jésuites, qui autorisait le pape à faire le partage de l’indemnité correspondant aux terres des jésuites dévolues à la couronne, scandalisa les orangistes. Selon eux, cette loi conférait des privilèges à l’Église catholique. En mars 1889, un certain nombre de députés conservateurs, dont Nathaniel Clarke Wallace*, grand maître de l’ordre, se dissocièrent de leur parti en appuyant une motion qui exigeait que le gouvernement fédéral refuse de la reconnaître. Sproule, lui, resta fidèle à son parti, qui battit la motion. Aux élections de 1891, ses électeurs lui manifestèrent leur mécontentement en réduisant sa majorité à 19 voix.

D’autres controverses religieuses donneraient à Sproule l’occasion de se réhabiliter auprès des orangistes et autres protestants militants. En mars 1895, le gouvernement conservateur émit un arrêté en conseil stipulant que le gouvernement du Manitoba devait restaurer le financement public des écoles catholiques, aboli en 1890. Cette décision créa de graves dissensions dans le caucus du parti [V. sir Mackenzie Bowell]. Sproule se vit offrir un poste au cabinet à la condition de soutenir le projet qui donnerait force de loi à l’arrêté en conseil. Placé encore une fois devant l’alternative de soutenir son parti ou de suivre ses principes orangistes, il déclina l’offre. À une grande assemblée de protestation tenue à Toronto en février 1896, il proclama son opposition au projet, avec Wallace, D’Alton McCarthy* et d’autres ténors du mouvement contre la loi réparatrice. En mars, quand le projet de loi parvint en deuxième lecture, Sproule et 17 autres conservateurs résolurent de voter contre le gouvernement. Au moment de la troisième lecture, le 1er avril, ces conservateurs dissidents et les libéraux opposés à la loi réparatrice entreprirent une obstruction systématique. À tour de rôle, plusieurs orateurs, dont Sproule, parlèrent de six à huit heures d’affilée, ce qui força le gouvernement à retirer le projet de loi et à convoquer des élections en juin. Sproule fit campagne en dénonçant le projet de loi réparatrice, comme près de la moitié des candidats conservateurs de l’Ontario, et fut réélu avec une majorité confortable.

Les conservateurs subirent la défaite, mais Sproule, lui, était en pleine ascension. Dès 1901, il était grand maître adjoint de la Grand Lodge. Après la mort subite de Nathaniel Clarke Wallace, en octobre de cette année-là, il devint grand maître à titre intérimaire ; l’année suivante, la Grand Lodge le confirma dans cette fonction, qu’il occuperait jusqu’en 1911. En qualité de député de l’opposition à la Chambre des communes, Sproule vilipendait régulièrement le gouvernement libéral de sir Wilfrid Laurier à propos de questions chères à l’ordre d’Orange. L’attachement à l’Empire britannique était la plus importante. Presque partout, Sproule voyait des signes d’infidélité de la part des libéraux. Par exemple, les libéraux décidèrent d’envoyer seulement des volontaires combattre les Boers en Afrique du Sud, rejetèrent le plan de Joseph Chamberlain en faveur d’une défense impériale sous autorité britannique et refusèrent de négocier une entente de préférence commerciale avec la Grande-Bretagne. Fermement convaincu que le gouvernement n’était pas suffisamment attaché à l’identité britannique du pays, Sproule allait jusqu’à dénoncer le recrutement d’immigrants en Europe continentale : cette politique libérale, disait-il, ouvrait la porte à la « racaille » et menaçait donc le caractère britannique du dominion.

De toutes les mesures présentées par les libéraux, ce furent les projets de loi d’autonomie de 1905, qui créaient les provinces de l’Alberta et de la Saskatchewan, qui alarmèrent le plus les orangistes. Ces projets prévoyaient la remise sur pied d’un système d’écoles séparées dans chacune des deux provinces. Pour les combattre, Sproule fit circuler parmi toutes les loges orangistes du pays une pétition protestant contre ces projets de loi et exigeant que les nouvelles provinces aient pleine autorité en matière d’éducation. En fait, au sein même du cabinet, les dissensions étaient telles que le gouvernement dut s’en tenir au statu quo : les minorités seraient autorisées à établir leurs propres écoles et l’instruction religieuse se donnerait après les heures de classe. Cependant, cette décision ne mit pas un terme à la controverse. Quand les journaux révélèrent que le délégué du Saint Siège au Canada, Donato Sbarretti y Tazza, avait cherché à obtenir des concessions en faveur de l’instruction catholique au Manitoba, la campagne de Sproule reprit de plus belle. Selon les orangistes, pareille intervention pontificale était un cas patent d’ingérence dans les affaires intérieures du Canada. Toujours en 1905, Sproule s’empressa de faire valoir que le pays ne pourrait se libérer de cette malédiction qu’en éliminant tout soutien public à l’instruction catholique.

Grâce à ses interventions aux Communes, Sproule reçut des félicitations à l’assemblée de la Grand Lodge en 1905. La même année, il devint l’un des administrateurs de l’influent périodique de l’ordre, le Sentinel and Orange and Protestant Advocate de Toronto. En 1906, autre preuve de son influence croissante, il accéda à la présidence du Triennial Grand Orange Council of the World pour un mandat de trois ans. Les attaques qu’il proféra contre le catholicisme pendant cette période traduisaient le caractère venimeux de l’orangisme. À l’assemblée annuelle de l’ordre à Vancouver en juin 1907, il alla jusqu’à proclamer qu’une prétendue visite de Laurier et de William Stevens Fielding* à Rome prouvait encore une fois l’ingérence pontificale dans les affaires du pays. Cette déclaration plut aux auditeurs, comme ses reproches au chef du Parti conservateur Robert Laird Borden*, coupable selon lui de ne pas s’être engagé à redonner le pouvoir en matière d’éducation aux nouvelles provinces de l’Ouest. Trois ans plus tard, il se joignit à ceux qui pressaient le gouvernement conservateur de sir James Pliny Whitney, en Ontario, d’abolir les écoles bilingues. « Là-bas, dans la province de Québec, proclama-t-il dans une rhétorique typiquement paranoïaque, la désolation et l’ignorance séviss[ent] à cause des agissements de l’Église romaine. Non contente d’agir au Québec, l’Église envahi[t] la grande province protestante de l’Ontario. »

Bien que Sproule se soit fait acclamer aux Communes et à l’extérieur en défendant les causes chères aux orangistes, ses excès compliquèrent sans nul doute la tâche de Borden, car celui-ci tentait de revitaliser le Parti conservateur, qui restait conscient de l’importance du soutien des orangistes. Au sein même de l’ordre, les projets de Sproule en vue d’éliminer des rites particuliers à la section canadienne se révélèrent extrêmement impopulaires. À l’été de 1911, il démissionna du poste de grand maître. James Henderson Scott, de Walkerton, en Ontario, le remplaça.

En septembre, les conservateurs remportèrent une victoire éclatante à Ottawa. Le 15 novembre, Sproule fut choisi comme président des Communes. Les orangistes accueillirent cette décision avec enthousiasme, comme le gouvernement le prévoyait sans doute. Sproule était reconnu pour sa maîtrise de la procédure et des précédents parlementaires, mais ses prises de position avaient toujours été trop vigoureuses. Le rôle de président exigeait d’autant plus de tact et d’habileté que la Chambre était souvent indisciplinée. Sproule n’avait pas le tempérament qu’il fallait pour occuper ce poste. Il fut mis à rude épreuve au printemps de 1913 : au cours du débat sur le financement de la marine britannique, les libéraux dénoncèrent les manœuvres de clôture et le ton monta. Comme le président du comité était dépassé par les événements, Sproule reprit son fauteuil, mais il fut bientôt débordé à son tour. Après avoir menacé un député d’expulsion, Sproule, « tremblant », laissa à Borden et à d’autres le soin de trouver un moyen de battre en retraite et de mettre un terme à ce débat qui se prolongeait malgré l’heure tardive. Selon la presse, ce fut « la bataille parlementaire la plus remarquable de l’histoire du Canada ». Des ennuis de santé empêchèrent Sproule de se présenter aux élections générales suivantes, qui furent reportées à 1915 à cause de la guerre. Le 3 décembre 1915, Borden le nomma au Sénat ; il avait alors 72 ans.

En mai 1917, Thomas Simpson Sproule fut opéré pour des douleurs intestinales ; il ne se remettrait jamais tout à fait de cette intervention. Il mourut chez lui en novembre. Il léguait à sa femme, Mary Alice Flesher, et à sa fille, Lillian Clarice Turner, ses propriétés de Markdale, dont une pharmacie, et ses lots agricoles. Ses obsèques eurent lieu à l’église méthodiste de Markdale, qu’il avait fréquentée ; la foule était si nombreuse qu’elle ne put toute y entrer. Il fut inhumé conformément au rituel orangiste. Peu après sa mort, une loge locale fut baptisée en son honneur, mais, au panthéon des héros orangistes décédés, il resterait dans l’ombre de Nathaniel Clarke Wallace, son prédécesseur au poste de grand maître. Néanmoins, sous l’administration de Sproule, l’ordre d’Orange avait prospéré, surtout dans l’Ouest, où il avait connu une expansion rapide à cause de son opposition aux écoles catholiques.

Brian P Clarke

AN, MG 26, H ; MG 29, D61 : 7671 ; RG 31, C1, 1901, Markdale, Ontario : 3 (mfm aux AO).— AO, RG 22-356, no 1452 ; RG 80-5-0-106, no 3420.— Daily Mail and Empire (Toronto), 24 févr. 1896, 17 mars 1913.— Evening Telegram (Toronto), 4 avril 1896.— Globe, 17 mars 1913, 12 nov. 1917.— Markdale Standard, 1er oct., 10 déc. 1880, 15 nov. 1917.— Sentinel and Orange and Protestant Advocate (Toronto), 18881918.— Toronto Daily Star, 17 mars 1913.— World (Toronto), 8 mars 1896.— Canada, Chambre des communes, Débats, 18781915 ; Sénat, Débats, 19161917.— Canadian annual rev. (Hopkins), 19051907.— CPG, 1915.— Encyclopaedia of Canadian biography [...] (3 vol., Montréal et Toronto, 19041907),: 91.— Gary Levy, les Présidents de la Chambre des communes (Ottawa, 1991).— E. L. Marsh, A history of the county of Grey (Owen Sound, Ontario, 1931).— F. A. Walker, Catholic education and politics in Ontario [...] (3 vol., Toronto, 19551987 ; vol. 12 réimpr., 1976), 2 : 254.

Bibliographie générale

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Brian P Clarke, « SPROULE, THOMAS SIMPSON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/sproule_thomas_simpson_14F.html.

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Auteur de l'article:    Brian P Clarke
Titre de l'article:    SPROULE, THOMAS SIMPSON
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
Date de consultation:    19 mars 2024