THAIN, THOMAS, trafiquant de fourrures, officier de milice, homme d’affaires, fonctionnaire et homme politique, né en Écosse ; décédé célibataire le 26 janvier 1832 à Aberdeen, Écosse.
On ne connaît pas trop bien l’ascendance familiale de Thomas Thain. On le dit neveu de John Richardson et de John Forsyth*, et, par conséquent, apparenté aux Phyn et aux Ellice. Ces liens familiaux lui ont sans doute ouvert les portes du commerce des fourrures. En 1803, Thain était commis de la New North West Company (appelée parfois la XY Company), pour laquelle la firme Forsyth, Richardson and Company, l’une de ses constituantes, servait d’agent. Le 5 novembre 1804, lors de la fusion de la North West Company et de la New North West Company, Thain devint pour une période de cinq ans agent de cette dernière – appelée désormais la Sir Alexander Mackenzie and Company –, puis, quatre jours plus tard, associé. À titre d’agent, il reçut alors une action dans la North West Company réorganisée ainsi qu’une compensation additionnelle de £200.
À chacune des cinq premières années qui suivirent la fusion, Thain, qui était en poste à Montréal, se rendit au « dépôt » sur les bords du lac Supérieur. Là, il rédigea même les procès-verbaux des assemblées annuelles de 1808 et de 1809. La North West Company se préoccupait à l’époque de réduire ses dépenses, et Thain contribua beaucoup à la mise en place de mesures visant à y parvenir. En 1808, son poste d’agent lui valut de faire partie d’un comité chargé d’étudier les moyens de diminuer certains coûts de la traite jugés excessifs comme les avances consenties aux Indiens. De 1810 à 1814, il ne paraît pas s’être rendu au fort William (Thunder Bay, Ontario).
Thain devint l’un des associés de la McTavish, McGillivrays and Company lors de la réorganisation de cette firme le 1er novembre 1814. Il se vit attribuer 2 des 19 actions et, « en considération des bénéfices que la firme espérait tirer des services et de l’expérience dudit Thomas Thain », on lui accorda une rémunération supplémentaire proportionnelle aux profits réalisés. Thain demeura même l’agent de la Sir Alexander Mackenzie and Company. À partir de 1818, il occupa une place encore plus importante au sein de la McTavish, McGillivrays and Company lorsqu’il remplaça John McTavish à la comptabilité et à la tenue des livres. Thain participa activement à la défense des intérêts de la North West Company. Colin Robertson*, agent de la Hudson’s Bay Company qui faisait l’objet de poursuites pour avoir attaqué le fort Gibraltar (Winnipeg, Manitoba), propriété de la North West Company, ne goûta guère l’intervention de Thain qui, en septembre 1817, tenta de le faire arrêter à Montréal, mais sans succès, et qui joua un rôle, pas toujours reluisant, au cours des procès occasionnés par les démêlés judiciaires de la North West Company et de la Hudson’s Bay Company.
La fusion des deux géants du commerce des fourrures signifia le commencement de la fin pour la McTavish, McGillivrays and Company. L’entente de 1821 faisait de cette dernière la représentante montréalaise de la Hudson’s Bay Company et lui laissait l’administration du département de Montréal, comprenant les postes du roi, jusqu’à l’expiration du bail, ainsi que les postes de l’Outaouais. Pour cette firme qui avait eu la haute main sur la part du commerce des fourrures qui relevait de la North West Company, c’était une perte évidente de pouvoir. En 1823, Thain dut en référer au gouverneur de la Hudson’s Bay Company afin de régler la vente au gouvernement d’édifices de la compagnie situés à Sault-Sainte-Marie (Sault Ste Marie, Ontario). Entre 1822 et 1824, Thain et sa société furent réprimandés à plusieurs reprises par le comité de Londres en raison des pertes subies dans l’exploitation des postes sous leur juridiction, de leur façon dispendieuse de résoudre le problème de la concurrence et de leur négligence à produire des rapports systématiques sur le commerce des postes.
Au moment de leur départ pour l’Angleterre, à l’automne de 1821, les frères William et Simon* McGillivray avaient placé Thain à la tête de la firme. En novembre 1822, à l’expiration de l’entente qui régissait la compagnie, tous les trois établirent, mais sans contrat d’association, la McGillivrays, Thain and Company dans le but de servir d’agent à la Hudson’s Bay Company et de liquider la McTavish, McGillivrays and Company. Henry McKenzie, qui contestait les décisions antérieures de ses associés et avait demandé en vain de consulter les livres de comptes, se laissa convaincre de confier à Thain la direction de la firme jusqu’en novembre 1825, moment où ce dernier devait rendre des comptes. Au cours de ces années, Thain régla quelques-unes des dettes de la société envers d’anciens associés et employés. La situation financière des deux firmes ne cessa de se détériorer, à tel point qu’en décembre 1825 Simon McGillivray dut suspendre les paiements et déclarer les compagnies insolvables, puis, en février 1826, confier leurs biens et les siens propres à des fiduciaires.
Thain semble avoir été le principal responsable de cette détérioration. Si l’on en croit Simon McGillivray, les nombreuses autres activités de Thain avaient nui à son travail principal. Thain avait, en effet, contribué à faire revivre le Beaver Club, dont il fut membre à partir de 1807. Il avait reçu une commission de lieutenant dans le 1er bataillon de milice de la ville de Montréal le 20 février 1811. En outre, il faisait partie du groupe des premiers actionnaires de la Banque de Montréal. Nommé directeur en 1819 ou 1820, il fut vice-président de cet établissement de 1822 à 1825. Il cumula d’autres postes, dont ceux de commissaire du canal de Lachine en 1819 et de député de la circonscription de Montréal-Est de 1820 à 1824. Il était aussi actionnaire de la Banque du Canada et, en mars 1824, il avait transféré 100 actions à Charles Grant. Il fut également un des promoteurs du Theatre Royal de Montréal, fondé en 1825.
Le 5 août 1825, Thain quitta Montréal pour l’Angleterre afin, selon ses propres termes, « d’obtenir un avis médical [...], de visiter [sa] famille en Écosse et de régler des comptes de l’ancienne firme Sir Alexander Mackenzie and Company ». Dans ses appartements, il laissait, dans un désordre total, ses livres et ses papiers avec ceux des firmes dont il avait la gestion. Il ne devait jamais revenir au Bas-Canada : terrassé par une attaque de fièvre cérébrale à son arrivée en Angleterre, il fut, du printemps de 1826 jusqu’à sa mort, confiné dans un asile d’aliénés en Écosse. Son oncle John Richardson fut nommé curateur de ses biens meubles et immeubles le 5 décembre 1826.
Thomas Thain demeure un personnage controversé. John McLean* le jugeait plutôt excentrique, mais doué d’un cœur débordant de sentiments humanitaires. John Siveright* vantait aussi sa bonté et sa générosité. Cependant, Simon McGillivray considérait qu’il avait une trop grande confiance en ses capacités, ce qui le poussait à trop entreprendre à la fois et à trop compter sur son propre travail. Henry McKenzie l’a, à toutes fins pratiques, accusé de malversation : l’actif de la firme McTavish, McGillivrays and Company aurait été utilisé pour liquider les dettes de la McGillivrays, Thain and Company, et la dette personnelle de Thain envers les diverses sociétés se serait élevée à quelque £96 000. Samuel Hull Wilcocke, ancien défenseur de la North West Company, le caricatura dans le Scribbler sous le sobriquet de Hurlo-thrumbo, lord Goddamnhim.
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Gratien Allaire, « THAIN, THOMAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/thain_thomas_6F.html.
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Auteur de l'article: | Gratien Allaire |
Titre de l'article: | THAIN, THOMAS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
Année de la révision: | 1987 |
Date de consultation: | 10 oct. 2024 |