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THEYANOGUIN (Teoniahigarawe, Tiyanoga, Tee Yee Neen Ho Ga Row ou plus correctement Deyohninhohhakarawenh, White Head, Hendrick, King Hendrick ou après 1750 Hendrick Peters), guerrier agnier, sachem, diplomate et orateur, né vers 1680 dans la tribu des Mohicans, probablement à Westfield dans le Massachusetts, ou dans les environs, décédé le 8 septembre 1755 au lac Saint-Sacrement (lac George).

À un âge encore tendre, Theyanoguin quitta la région de Westfield pour aller dans le pays agnier où il fut adopté par le clan des Loups. Aux environs de 1690, un pasteur hollandais, Godfrey Dellius, l’amena à se convertir au christianisme, et il se fit prédicateur auprès des autres Agniers.

Malgré un pacte d’amitié qui liait depuis de nombreuses années les Agniers et les Anglais de la colonie de New York, les missionnaires jésuites de la Nouvelle-France avaient, eux aussi, fait du ministère parmi les Iroquois, et un certain nombre d’Agniers étaient allés vivre près de Montréal à la mission de Sault-Saint-Louis (Caughnawaga). Theyanoguin se rendit en Nouvelle-France en 1697 mais, à titre de protestant, il dissuada d’autres chefs de s’y établir.

En 1698, Theyanoguin et un autre Agnier chrétien accusèrent Dellius et quatre associés, dont Peter Schuyler*, d’avoir, l’année précédente, obtenu frauduleusement leurs signatures au bas d’un contrat touchant des terres. Par la suite, le gouverneur de la colonie de New York déclara le contrat invalide et Dellius fut suspendu de ses fonctions de pasteur. Cette affaire est l’une des rares où les Iroquois eurent gain de cause en se défendant contre les spéculateurs.

Au nom de la confédération, Teganissorens* et d’autres chefs iroquois signèrent un traité avec la Nouvelle-France en 1701 ; ce traité garantissait la neutralité des Iroquois dans l’éventualité d’une guerre entre la France et l’Angleterre. Néanmoins, au cours de la guerre de la Succession d’Espagne (1701–1713), les Anglais exercèrent des pressions sur les Iroquois afin qu’ils se joignent à eux pour combattre les Français. On persuada Theyanoguin de recruter des guerriers en vue de l’attaque que le colonel Francis Nicholson* projetait contre le Canada pour 1709 ; toutefois l’invasion avorta.

En 1710, Nicholson et Peter Schuyler amenèrent à Londres Theyanoguin et trois autres sachems de moindre importance ; les deux hommes voulaient attirer l’attention sur l’importance de l’appui des Indiens au moment où ils tentaient de promouvoir un autre projet d’invasion. Les sachems furent présentés à la cour de la reine Anne et on les fêta comme des célébrités ; les « quatre Rois » firent appel à la reine afin d’obtenir de l’aide pour lutter contre les Français et demandèrent des missionnaires qui résideraient en permanence parmi eux pour les instruire de la religion. Cette dernière requête amena la reine à accorder son patronage aux missions d’Amérique, et une chapelle fut élevée au fort Hunter (près d’Amsterdam, N.Y.) en 1711. La Society for the Propagation of the Gospel envoya un missionnaire et Theyanoguin devint son principal collaborateur : il se fit prédicateur laïque pour l’Église d’Angleterre et se fixa près de la chapelle.

Theyanoguin se rendit de nouveau en Angleterre en 1740. À cette occasion, George II lui fit présent d’un costume de cour, composé d’une redingote bleue galonnée d’or et d’un tricorne. Quatre ans plus tard, Theyanoguin se trouvait à Boston arborant ce costume. Un témoin du temps parle de lui en l’appelant « Henrique, l’homme audacieux et intrépide » et mentionne ses remarquables dons d’orateur.

En 1744, lorsque la guerre de la Succession d’Autriche s’étendit à l’Amérique du Nord, l’attitude des Iroquois fut un objet d’inquiétude pour les Anglais aussi bien que pour les Français. La politique officielle de la confédération en était toujours une de neutralité, mais un grand nombre de ses membres, particulièrement chez les Agniers, voulaient faire la lutte aux Français. Theyanoguin se rendit à Montréal à l’automne de 1746 avec une délégation d’Agniers ; après avoir été comblés de présents par le gouverneur Charles de Beauharnois, ceux-ci attaquèrent, sur la voie du retour, des charpentiers français qui se trouvaient à l’île Lamothe (Isle La Motte) dans le lac Champlain. Aux yeux des Français, le chef agnier était maintenant un homme marqué. Le printemps suivant, ils envoyèrent un parti de guerriers pour le capturer. Toutefois, de son côté, Theyanoguin avait pris la tête d’une forte bande et s’était rendu attaquer divers points le long du Saint-Laurent aux environs de Montréal ; les troupes françaises, sous les ordres de Louis de La Corne et de Jacques Legardeur de Saint-Pierre, les ayant repérés, bloquèrent leur avance mais Theyanoguin et quelques-uns de ses compagnons réussirent à s’échapper et rentrèrent sains et saufs.

En 1749, les Français détachèrent quelques centaines d’hommes sous les ordres de Pierre-Joseph Céloron de Blainville afin d’affirmer leur juridiction sur la vallée de l’Ohio ; or, l’expédition empiéta sur le territoire que les Iroquois réclamaient comme le leur par droit de conquête. Theyanoguin chercha en vain à obtenir l’aide des Anglais pour punir cette usurpation de droits. Il leur fit également savoir qu’un agent français (un des frères Joncaire) répandait parmi les Iroquois la rumeur que les Anglais complotaient l’extermination des Indiens. Le fait que William Johnson*, en 1750, ait quitté son poste d’agent de la colonie de New York auprès des Indiens sembla donner plus de poids à la rumeur, car Johnson jouissait de la confiance des Agniers plus que tout autre fonctionnaire de la colonie. En juin 1753, une délégation de 17 Agniers, Theyanoguin en tête, se présenta devant le gouverneur George Clinton et lui annonça que les gens de sa tribu étaient si mécontents de la façon dont ils étaient traités par la colonie de New York qu’ils avaient décidé de mettre fin au pacte d’amitié qui unissait depuis longtemps les Agniers et la colonie. Clinton convainquit Johnson de reprendre son poste. Au congrès d’Albany, l’année suivante, des délégués venus de sept colonies anglaises tentèrent d’obtenir l’appui des Indiens ; Theyanoguin, à titre de porte-parole des quelque 200 Iroquois présents, dénonça l’empiétement des Anglais aussi bien que des Français sur le territoire indien. « Frères, leur dit-il, le gouverneur de Virginie et le gouverneur du Canada se disputent tous deux un territoire qui est nôtre et une querelle de cette nature peut signifier pour nous l’extermination ; ils se font la lutte pour déterminer qui aura le territoire. » Il envisageait comme solution de prendre fait et cause pour les Anglais mais il regrettait l’hésitation que ces derniers mettaient à attaquer les Français et il ajouta : « C’est votre faute, frères, si notre position n’est pas consolidée par des conquêtes, car nous serions allés nous emparer de Crown Point [fort Saint-Frédéric] si vous ne nous en aviez empêchés [...] Examinez votre pays et constatez, vous n’avez pas de fortifications pour vous protéger, rien, même pas autour de cette ville, il n’y a qu’un pas du Canada jusqu’ici et les Français peuvent facilement le franchir et venir vous déloger. »

Au moment de la tenue de la conférence, John H. Lÿdius*, pour le compte de spéculateurs du Connecticut, réussit à duper Theyanoguin, Karaghtadie, et d’autres Iroquois, et à les amener, un par un, à signer des contrats concernant des terres situées dans la vallée du Wyoming aujourd’hui dans la partie est de la Pennsylvanie). La Pennsylvanie, qui réclamait ces terres, fit appel à Johnson et celui-ci s’arrangea pour que Theyanoguin prenne la tête d’une délégation de 12 sachems et se rende à Philadelphie en janvier 1755. À cette occasion, Theyanoguin désavoua la vente et promit son appui pour l’annulation des contrats avec les spéculateurs. Toutefois, avant de pouvoir remplir sa promesse de porter la cause devant le conseil des Six-Nations, il fut pris par les préparatifs militaires de la saison qui venait.

Quoiqu’ils ne fussent pas officiellement en guerre contre la France, les Anglais préparaient pour 1755 des attaques dans les régions de l’Ohio, de Niagara et du lac Champlain. On désigna Johnson pour prendre la tête de l’expédition contre le fort Saint-Frédéric à cause de l’influence dont il jouissait auprès des Indiens ; ceux-ci constituaient un des éléments de base de la stratégie anglaise. Quelque 300 Indiens, pour la plupart des Agniers commandés par Theyanoguin, allèrent se joindre au corps expéditionnaire de Johnson au camp du lac Saint-Sacrement. À cet endroit, les alliés apprirent que des troupes françaises sous les ordres de Dieskau approchaient et qu’il y avait lieu de prévoir une attaque du fort Edward (Fort Edward, N.Y.) situé à l’extrémité sud du portage allant vers la rivière Hudson. Le conseil de guerre de Johnson proposa de confier à 500 hommes le soin de détruire les embarcations françaises qui avaient été ancrées à la rivière du Chicot (Wood Creek), au sud du lac Champlain, et d’envoyer 500 autres hommes prêter main-forte à la garnison du fort Edward. Toutefois, Theyanoguin et les siens refusèrent de participer aux opérations à moins que les 1 000 hommes au complet ne soient envoyés au fort Edward. On décida de modifier la stratégie pour se rendre aux désirs des Indiens et le détachement, auquel se joignirent Theyanoguin et un certain nombre d’Indiens, se mit en route ; toutefois, Dieskau avait changé ses plans et il prit les Anglais et les Indiens en embuscade sur la route du fort Edward. Theyanoguin lança un appel aux Indiens de Sault-Saint-Louis qui accompagnaient Dieskau, leur demandant de ne pas s’associer aux Français pour combattre des hommes de leur race, mais cet appel resta vain. Le cheval du chef agnier fut tué sous lui, position fort désavantageuse pour Theyanoguin qui était un vieil homme corpulent. D’après les premiers rapports, il aurait été tué à la baïonnette dès le début ; par la suite, les comptes rendus révélèrent qu’il ne fut pas tué sur-le-champ mais qu’un petit groupe le poursuivit, le poignarda puis le scalpa.

Les Indiens de sa nation pleurèrent amèrement la mort de Theyanoguin et les Anglais regrettèrent vivement sa perte car il leur avait été d’un grand secours. Johnson lui avait promis de prendre soin de sa famille et, pendant de nombreuses années, il versa une pension à la veuve de Theyanoguin.

Milton W. Hamilton

Il existe un certain nombre de portraits de Theyanoguin. Plusieurs furent exécutés lors de son séjour en Angleterre en 1710 : un portrait en pied intitulé « The Emperor of the Six Nations », peint par John Verelst, est conservé au British Museum, de même qu’une miniature sur ivoire par Bernard Lens (1682–1740) ; un troisième portrait, un buste dans un ovale, œuvre de John Faber, fut également peint au cours de ce même séjour. Lorsque Theyanoguin se rendit en Angleterre en 1740, un autre portrait fut exécuté ; un certain nombre de grandes gravures faites à partir de ce portrait existent encore de nos jours. Un profil ovale, à l’aquatinte, du vieux chef indien est la propriété du Williams College, Williamstown, Mass. Un portrait qu’on attribue à William Heine et qui est reproduit dans H. R. Schoolcraft, Notes on the Iroquois [...] (Albany, 1847), et dans Information respecting the history, condition and prospects of the Indian tribes of the United States (6 vol., Philadelphie, 1851–1857), VI, est vraisemblablement celui d’un autre Indien. Pour plus de renseignements sur les portraits et les gravures, on consultera : R. P. Bond, Queen Annes American kings (Oxford, 1952), et R. W. G. Vail, Portraits of « the four kings of Canada », a bibliographical footnote, To DrR: essays here collected and published in honor of [...] DrASWRosenbach [...] (Philadelphie, 1946), 218–226.  [m. w. h.]

Samuel Blodget, The battle near Lake George in 1755, a prospective plan [...] (Londres, 1756, réimpr. 1911). Daniel Claus’ narrative of his relations with Sir William Johnson and experiences in the Lake George fight, Publ. of the New York Soc. of Colonial Wars (New York), A (1896–1907).— Documentary history of New York (O’Callaghan).— Alexander Hamilton, Gentlemans progress : the itinerarium of DrAlexander Hamilton, 1744, Carl Bridenbaugh, édit. (Chapel Hill, C. N., 1948).— Johnson papers (Sullivan et al.).— NYCD (O’Callaghan et Fernow).— J. W. Lydekker, The faithful Mohawks [...] (Cambridge, Angl., 1938). G. C. Nammack, Fraud, politics and the dispossession of the Indians ; the Iroquois land frontier in the colonial period (Norman, Okla., 1969).— P. A. W. Wallace, Conrad Weiser, 1696–1760, friend of colonist and Mohawk (Philadelphie, Londres, 1945). Malvina Bolus, Four kings came to dinner with their honours, Beaver (Winnipeg), outfit 304 (automne 1973), 4–11.

Bibliographie générale

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Milton W. Hamilton, « THEYANOGUIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/theyanoguin_3F.html.

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Auteur de l'article:    Milton W. Hamilton
Titre de l'article:    THEYANOGUIN
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
Date de consultation:    19 mars 2024