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BYRON, FRANCES DALRYMPLE (Redmond), infirmière et administratrice d’hôpital, née en 1850 à Newry (Irlande du Nord), fille de John Byron ; le 26 décembre 1868, elle épousa à Alverstoke, Angleterre, William Charles Redmond (décédé en 1930), et ils eurent une fille, qui mourut en bas âge, et un fils, qui perdit la vie pendant la Première Guerre mondiale ; décédée le 14 avril 1932 à Vancouver.
On ne sait rien des premières années de Frances (Fanny) Dalrymple Byron, qui serait issue d’une famille dont les hommes avaient servi dans la marine royale. Dans l’acte attestant, en 1868, son mariage à William Charles Redmond, alors aide-chirurgien de marine, son père est décrit comme étant capitaine. En août 1881, son mari fut promu au grade de fleet surgeon (chirurgien de la flotte) et, en octobre, il prit sa retraite de la marine. Cinq ans plus tard, la famille immigra au Canada et s’installa à Winnipeg. Peu après, probablement en 1887, lorsque leur fils de 13 ans retourna en Angleterre pour y étudier, Frances Dalrymple et son mari décidèrent de vivre séparément. Elle voulait approfondir ses connaissances des soins infirmiers et, comme il n’y avait pas d’école d’infirmières à Winnipeg à l’époque, elle alla à Montréal.
Des sources affirment que Mme Redmond étudia les soins infirmiers et l’obstétrique à l’université Laval à Montréal ; toutefois, aucune femme ne fut admise dans cet établissement au xixe siècle. Gertrude Elizabeth (Nora) Livingston* ne fonderait une école d’infirmières au Montreal General Hospital qu’en 1890. Néanmoins, en 1876, une loi provinciale permit aux médecins affiliés à une maternité de former des sages-femmes et autorisa le Bureau provincial de médecine à délivrer des licences aux candidates qui réussissaient les examens prescrits. En mai 1887, le bureau nomma trois médecins « pour interroger Mme W. Redmond, candidate à la licence de sage-femme ». Le résultat ne fut pas consigné. Certaines sources soutiennent qu’elle étudia aussi pour devenir diaconesse dans l’Église d’Angleterre, mais on ne peut le confirmer, car une telle formation ne commença au Canada qu’en 1892.
Plus tard en 1887, Mme Redmond partit pour Vancouver à l’instigation de l’archidiacre de l’Église d’Angleterre Edwyn Sandys Wetmore Pentreath, ami de la famille à Winnipeg, qui connaissait le révérend Henry Glynne Fiennes-Clinton, deuxième rector de l’église St James à Vancouver, avec qui elle collaborerait étroitement au fil des ans. Ce déménagement influença peut-être la décision de son mari d’ouvrir un cabinet médical dans la ville voisine de Victoria à la même époque. Vancouver, qui comptait alors une population d’environ 8 500 personnes, était une ville frontalière et portuaire connue pour ses scieries. Dès son arrivée, sœur Frances (elle portait le titre de « sœur », comme c’était l’usage en Grande-Bretagne chez les infirmières principales) commença à soigner les malades à domicile, comme le faisaient les infirmières de district en Angleterre, se rendant, à la demande des quelques médecins de la ville, au chevet des parturientes et des personnes atteintes de maladies infectieuses (comme la fièvre typhoïde et la variole) et d’autres affections. Les services médicaux à Vancouver se développaient lentement. Un petit hôpital-tente de sept lits avait été mis sur pied en 1886 pour les employés de la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique. Il fut remplacé la même année par un bâtiment en bois, bientôt acquis par la ville. On construisit le Vancouver City Hospital, qui comptait 35 lits, en 1888.
Le 5 mars, sœur Frances et père Fiennes-Clinton ouvrirent le St Luke’s Home à côté de l’église St James, rue Oppenheimer (Cordova Est). Initialement conçu comme maternité, le St Luke’s Home se changea rapidement en hôpital général. On ajouta des lits aux sept premiers, ainsi qu’une salle d’opération. Dans l’annonce publicitaire que sœur Frances fit régulièrement paraître dans le Church Record, bulletin mensuel du diocèse de New Westminster, on décrivait le St Luke’s Home comme un hôpital privé et un foyer de soins infirmiers où l’on traitait des cas de médecine, de chirurgie et d’obstétrique. Des chambres individuelles étaient offertes à 15 $ la semaine ou des infirmières proposaient leurs services à domicile « au tarif habituel ».
L’ouverture du St Luke’s Home nécessita l’embauche d’infirmières recrutées en Angleterre et ailleurs. Une école d’infirmières fut créée en 1888, avec une seule étudiante. Sœur Frances et des médecins locaux donnaient les cours et la formation clinique. Le rapport annuel de l’établissement pour 1899 indique que sœur Frances était responsable de six infirmières et d’une stagiaire. Les infirmières rendaient visite à des patients habitant Vancouver et des districts avoisinants, comme ceux d’Eburne (Richmond) et de Marpole (Vancouver), mais elles desservaient également des communautés le long de la côte et à l’intérieur des terres, aussi loin que Vernon. Sœur Frances alla un jour jusqu’à Lytton en diligence, inconfortablement assise sur une pile de bagages. Elle occupa durant une brève période le poste d’infirmière en chef d’un hôpital pour Autochtones parrainé par l’Église, ouvert à Vernon en 1893, et elle aurait fondé des hôpitaux ailleurs dans la province.
Au cours d’une épidémie de variole, au début des années 1900, on demanda à sœur Frances, dont la compétence était reconnue par l’officier de santé municipal, de diriger le service des maladies infectieuses du Vancouver City Hospital. Sœur Frances et Margaret Clendenning, surintendante des infirmières de l’hôpital de 1899 à 1903, se connaissaient bien, et collaboraient au sein d’organismes professionnels et sociaux. En 1898, elles avaient toutes deux fait partie d’un comité visant à mettre sur pied la section locale du Victorian Order of Nurses for Canada [V. Ishbel Maria Marjoribanks]. Parmi les autres membres figuraient le Dr William Disbrow Brydone-Jack, l’archidiacre Pentreath, Mme Gavin du Local Council of Women et Mme Catherine Macaulay, philanthrope de Vancouver.
Le St Luke’s Home s’engagea dans le militantisme social et devint un chef de file dans le domaine des soins infirmiers. La pauvreté et le déplacement social dus au chômage, à l’alcoolisme ou à des blessures étaient particulièrement répandus dans cette partie de Vancouver. Sœur Frances ouvrit une soupe populaire dans le sous-sol du Market Hall, avenue Westminster (rue Main). Elle offrait gratuitement un lit d’hôpital aux indigents et fournissait des espaces au St Luke’s Home pour y tenir des réunions, des thés et des activités de bienfaisance, ainsi que des réceptions de mariage pour ses infirmières. Un cercle de couture s’y retrouvait chaque jeudi et un comité tricota 1 000 chaussettes pour des soldats pendant la guerre des Boers. Le père Fiennes-Clinton et elle possédaient de grandes compétences organisationnelles et défendaient avec vigueur la cause des plus démunis dans leur travail de développement communautaire.
En 1902, une colonie de vacances fut créée à Scarborough Beach, dans l’île Bowen, pour accueillir les jeunes choristes de St James et les pique-niques de l’école du dimanche de la paroisse. Sœur Frances et son mari firent l’acquisition d’une propriété sur l’île, qui devint une destination de vacances ou un lieu de retraite. Sœur Frances vendait des repas légers et offrait des emplacements de tente aux campeurs, parmi lesquels se trouvaient des infirmières et des filles de la région qui avaient besoin de se reposer de leur travail.
Au fil des ans, des orphelins amenés au St Luke’s Home pour cause de maladie y restèrent après leur guérison, lorsqu’ils n’avaient nulle part où aller. Sœur Frances éleva Luke Bowen et Mark Beach, tous deux nés au St Luke’s Home, et adopta légalement Jane Redmond.
De 1897 à environ 1906, sœur Frances publia, dans le Church Record, une brève rubrique où elle promouvait les thés et diverses activités de charité visant à recueillir des fonds pour l’hôpital et l’église, remerciait des bienfaiteurs et demandait aux paroissiens une contribution particulière, comme lorsqu’il fallut des draps pour le St Luke’s Home. Elle fonda la St Agatha’s Guild, dont les membres veillaient à l’entretien de l’autel de l’église St James. À l’instar d’autres laïques militantes, elle profitait d’occasions concrètes, comme la collecte de dons pour le Fonds patriotique canadien, qui venait en aide aux soldats malades ou blessés et à leur famille pendant la Première Guerre mondiale, pour donner des leçons spirituelles. Son fils, Charles Dalrymple Redmond, éleveur, s’enrôla à 39 ans et servit outre-mer dans le 16th Infantry Battalion [V. Roderick Ogle Bell-Irving*] ; il mourut au combat le 21 mai 1915.
Parmi les nombreuses personnes intéressées par le travail réalisé au St Luke’s Home figuraient des hommes d’affaires philanthropes, des évêques, des représentants de l’Église et des hommes politiques du Canada, de l’Angleterre, de la Corée, de l’Australie et du Japon. Des dignitaires visitèrent l’établissement : le gouverneur général lord Aberdeen [Hamilton-Gordon] et lady Aberdeen [Marjoribanks], le 16 novembre 1895, le gouverneur général lord Minto [Elliot*] et lady Minto [Grey], le 5 septembre 1900, et lady Mary Hepburn-Stuart-Forbes-Trefusis, née lady Mary Lygon, dame de la chambre de Mary, princesse de Galles, à la fin de l’automne de 1910.
Les réalisations de sœur Frances Dalrymple Redmond ne furent officiellement reconnues que vers la fin de sa vie. Le 13 juin 1929, devant une foule rassemblée au parc Stanley, elle reçut le prix Good Citizen of the Year de Vancouver en reconnaissance de ses 40 années de soins aux malades et aux nécessiteux de la ville. La même année, une partie de la rue Keefer fut renommée rue Frances en hommage aux contributions de la première infirmière de santé publique de Vancouver. Frances Dalrymple Redmond mourut en 1932 des suites d’une courte maladie.
BAC, Déclarations de recensement du Canada de 1911, C.-B., dist. Vancouver (12), sous-dist. 18 : 3 ; R233-37-6, C.-B., dist. Burrard (1), sous-dist. Vancouver (Cité) (D), div. 18 : 12.— BCA, GR-2951, no 1930-09-440760, no 1932-09-470244.— City of Vancouver Arch., AM54, Sister Frances ; AM1102, Sister Frances.— Collège des médecins du Québec (Montréal), Bureau provincial de médecine, Procès-verbaux, 1880–1890, 11 mai 1887.— Église anglicane du Canada, Diocese of New Westminster Arch. (Vancouver), St Luke’s Home (Vancouver, B.C.) fonds, 1894–1938.— GRO, Reg. of marriages, Alverstoke, 26 déc. 1868.— Mountain View Cemetery (Vancouver), Burial records.— National Arch. (G.-B.), RG 10, piece 1149, f.48, p.24 ; RG 11, piece 4757/9, p.12.— St James’ Anglican Church Arch. (Vancouver), Sister Frances papers.— London Gazette, 6 sept., 28 oct. 1881.— Vancouver Daily Province, 15 juin 1929, 15 avril 1932.— Church Record (New Westminster, C.-B.), 1897–1906.— History of public health in B.C., Mark Ewan et John Blatherwick, édit. ([Vancouver], 1980).— Phyllis Reeve, Every good gift : a history of S. James’, Vancouver 1881–1981 (Vancouver, 1981).
Bibliographie de la version modifiée :
Elizabeth Walker, Street names of Vancouver (Vancouver, 1999).
Helen L. Shore, « BYRON, FRANCES DALRYMPLE (Redmond) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 3 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/byron_frances_dalrymple_16F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/byron_frances_dalrymple_16F.html |
Auteur de l'article: | Helen L. Shore |
Titre de l'article: | BYRON, FRANCES DALRYMPLE (Redmond) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2017 |
Année de la révision: | 2021 |
Date de consultation: | 3 déc. 2024 |