BEDSON, SAMUEL LAWRENCE, soldat, fonctionnaire et officier de milice, né le 3 février 1842 à Betley, Angleterre, fils de Samuel A. Bedson, soldat ; le 25 décembre 1872, il épousa à Winnipeg Jemima Alexandrins Murray, fille de l’ancien chef de poste de la Hudson’s Bay Company Alexander Hunter Murray*, et ils eurent trois fils et deux filles, puis en juillet 1890, à Chicago, Florence A. Frankfort ; décédé le 17 juillet 1891 à Ottawa.

Samuel Lawrence Bedson naquit dans un camp militaire ; son père était alors sous-officier dans le 16th Foot. Venu au Bas-Canada comme simple soldat en 1861, lui aussi dans le 16th Foot, il décida d’y rester quand son régiment repartit pour l’Angleterre neuf ans plus tard. Le 1er mai 1870, il s’engagea dans le 2nd (Quebec) Battalion of Rifles, à titre de sergent quartier-maître de l’expédition qui devait se rendre à la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba) sous les ordres du colonel Garnet Joseph Wolseley*. L’année suivante, le 1er mai, on licencia son bataillon, posté à Lower Fort Garry, et Bedson devint directeur de la prison provinciale qu’on allait aménager dans les bâtiments de pierre abandonnés par les soldats. En 1874, après le transfert de la maison d’arrêt et de la prison provinciale dans le nouveau palais de justice de Winnipeg, Bedson assuma la direction du premier pénitencier fédéral du Manitoba, à Lower Fort Garry. Il occupa le même poste au nouveau pénitencier fédéral qu’on ouvrit à Stony Mountain le 2 février 1877. Malgré ses fréquentes protestations, cet établissement servit aussi d’asile d’aliénés jusqu’en 1885.

Bedson n’avait aucune formation en matière correctionnelle, mais il appliqua une stricte discipline militaire, qu’il sut tempérer de bon sens et d’humanité. Il insista pour que ses prisonniers soient convenablement nourris, logés et vêtus, qu’ils reçoivent les soins médicaux dont ils avaient besoin et qu’on leur confie des travaux utiles : construction ou réparation de bâtiments, jardinage, élevage, cordonnerie. Il ouvrit également une école pour les détenus analphabètes. Dans ses rapports annuels, l’inspecteur fédéral ne tarit pas d’éloges sur le travail de Bedson, l’état du pénitencier et des prisonniers. « La discipline est aussi parfaite que possible et suscite l’admiration de tous les visiteurs » pouvait-on y lire en 1881. Cependant, comme le coût moyen par prisonnier était plus élevé à Stony Mountain que partout ailleurs, on dut, de temps à autre, rappeler Bedson à ses responsabilités financières.

Bedson avait un talent reconnu pour l’organisation et la discipline. C’est pourquoi, lorsque « la discipline [...] fut devenue relâchée » au pénitencier de Saint-Vincent-de-Paul, près de Montréal, à l’automne de 1881, le gouvernement fédéral fit appel à lui pour rétablir l’ordre et « préparer la voie pour le directeur qu’on était sur le point de nommer ». Bedson n’y resta que cinq semaines mais, à l’entrée en fonction du nouveau directeur Godefroy Laviolette, le 21 novembre, les affaires de la prison étaient « en règle ». À la fin de mars 1885, un défi encore plus grand attendait Bedson : le major général Frederick Dobson Middleton, commandant des opérations militaires pendant la rébellion du Nord-Ouest, le nomma officier en chef du service des transports. Bien qu’officiellement non combattant, Bedson fut appelé en première ligne. On le chargea notamment de missions de reconnaissance et, sous son commandement, le vapeur Northcote parvint, malgré le harcèlement de l’ennemi, à transporter les vivres aux troupes en poste à Fish Creek et à Batoche (Saskatchewan). La contribution de Bedson aux succès de la milice lui valut maints éloges de Middleton et d’autres personnes en cause.

Un incident qui survint aux derniers jours de la campagne allait toutefois ternir la réputation de Bedson et de certains membres de l’état-major du quartier général, dont Middleton. Ces derniers avaient voulu se procurer des fourrures confisquées à un prisonnier, Charles Bremner, qui porta plainte par la suite, ce qui amena un comité spécial de la chambre des Communes à faire enquête. Quoique Bedson ne reçut jamais sa part de fourrures – elles avaient apparemment été volées pendant le transport – le comité estima qu’elles avaient été acquises illégalement.

Bedson et son épouse Jemima étaient renommés pour l’hospitalité qu’ils manifestaient envers leurs invités, du gouverneur général lord Dufferin [Blackwood*] et lady Dufferin, qui avaient présidé à l’ouverture du pénitencier de Stony Mountain, en août 1877, à d’autres visiteurs officiels, employés et amis. Dans ces moments-là, « Bedson était dans son élément, car il aimait les réunions mondaines ». Grand sportif, il forma un club de chasse et fit aménager pour ses visiteurs et amis un golf à six trous, une piste de curling, un champ de courses de même qu’un parc zoologique pour son troupeau de bisons. En 1888, lorsqu’il s’en défit, le troupeau comptait 110 bêtes dont certaines de race pure et d’autres issues de croisements avec des bovins domestiques.

Toujours intéressé aux affaires militaires, Samuel Lawrence Bedson resta dans la milice à titre de lieutenant-colonel du 91st Battalion. En 1890, on le nomma aide de camp extraordinaire du gouverneur général lord Stanley*. À la fin d’octobre de la même année, le Winnipeg Daily Free Press annonça qu’il était gravement malade et sur le point de mourir. On avait diagnostiqué le mal de Bright, mais Bedson se rétablit suffisamment pour reprendre son poste à la direction du pénitencier le 4 mars 1891. Affaibli par la maladie, il dut toutefois prendre sa retraite le 6 avril suivant. En voyage à Ottawa, il fut soudainement paralysé par une attaque d’apoplexie et mourut le 17 juillet à l’âge de 49 ans.

Lee Gibson

AN, RG 9, II, B4, 16 : 4.— PAM, MG 7, B 15, reg. of marriages, 1862–1917, no 45.— Stony Mountain Penitentiary (Stony Mountain, Manitoba), Letter-books, 1872–1892 ; Order-books, 1875–1884.— Canada, chambre des Communes, Journaux, 1890, app. 1 ; Parl., Doc. de la session, 1876–1893.— Daily Free Press (Winnipeg), août 1877, mars–juill. 1885, 1886–1887, 1889–1891.— Pioneers of Manitoba (Morley et al.).— Philip Goldring, The Manitoba Penitentiary and Asylum, 1871–1886 (Canada, Direction des parcs et lieux hist. nationaux, Travail inédit, no 28, Ottawa, 1970).— E. R. R. Mills, The story of Stony Mountain and district (Winnipeg, 1960).— Philip Goldring, « Lower Fort Garry », Beaver, outfit 301 (été 1970) : 34–36.— J. D. Griffin et Cyril Greenland, « The asylum at Lower Fort Garry, 1874–1886 », Beaver, outfit 310 (printemps 1980) : 18–23.— Steve Melnyk, « The fascinating history of the big house on the hill », Winnipeg Tribune, 24 juill. 1965, suppl. : 1.

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Lee Gibson, « BEDSON, SAMUEL LAWRENCE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/bedson_samuel_lawrence_12F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
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