Le seigneur René Godefroy de Tonnancour (1669–1738) a occupé à Trois-Rivières les charges de procureur du roi, comme son père avant lui, dès 1695, et de lieutenant général civil et criminel de la juridiction, à compter de 1714. En parallèle, il soutient les communautés religieuses de la ville, notamment en remplissant les fonctions de syndic apostolique des Récollets. Son fils Louis-Joseph assumera à son tour le poste de procureur du roi de Trois-Rivières.

GODEFROY DE TONNANCOUR, RENÉ, procureur du roi, lieutenant général de Trois-Rivières, seigneur de la Pointe-du-Lac, né le 9 mai 1669 et baptisé trois jours plus tard à Trois-Rivières, fils de Louis Godefroy de Normanville, procureur du roi, et de Marguerite Seigneuret, petit-fils de Jean Godefroy* de Lintot ; en 1693, il épousa Marguerite Ameau ; décédé le 20 septembre 1738 et inhumé le lendemain à Trois-Rivières.

René Godefroy de Tonnancour n’avait que dix ans à la mort de son père et ne put lui succéder immédiatement dans ses fonctions. Le 10 novembre 1679, en effet, l’intendant Jacques Duchesneau* écrit que « la charge de procureur du roi des Trois-Rivières est vacante par la mort du sieur de Normanville, qui a laissé un fils qui promet beaucoup ». Il suggérait de lui réserver cette charge, ce que le roi fit volontiers. Le poste demeura donc sans titulaire jusqu’en 1695, année où Tonnancour entra en fonction.

Il succéda, le 12 mai 1714, à Jean Lechasseur comme lieutenant général civil et criminel de la juridiction de Trois-Rivières. Il remplissait aussi les fonctions de syndic apostolique des Récollets dans la même ville ; à ce titre, il veillait aux intérêts temporels de la communauté : il s’occupa de la construction du monastère et de l’église des religieux. Les Ursulines, qui établirent un couvent et un hôpital dans la ville, trouvèrent également en lui un protecteur. Il céda enfin un terrain gratuitement aux frères Charon [V. François Charon de La Barre] pour l’établissement d’une école de garçons.

En 1718, il obtint pour sa famille la confirmation de l’anoblissement qui avait été accordé en 1668 mais qui n’avait jamais été enregistré. Il porta quelque attention, mais sans grand succès, à sa seigneurie de la Pointe-du-Lac, héritée de son père qui, par son mariage avec Marguerite Seigneuret, âgée de neuf ans seulement, avait ajouté à son domaine la terre voisine de son beau-père. Tonnancour, qui parlait lalgonquin, tenta d’y installer des membres de Premières Nations, dont certains vécurent péniblement à cet endroit dans des cabanes jusque vers la fin du Régime français.

Le 8 octobre 1731, le gouverneur Charles de Beauharnois* et l’intendant Gilles Hocquart* rendaient un beau témoignage au juriste : « Le sieur de Tonnancour termine sommairement presque tous les différends dans le gouvernement des Trois-Rivières, en qualité de subdélégué de l’intendant, intelligent et bon juge ».

Tonnancour fut inhumé, comme il l’avait demandé par humilité, dans le cimetière plutôt que dans l’église paroissiale. Les Ursulines écrivirent que le défunt avait toujours été « le conseiller, l’appui et le soutien de tous ceux qui avaient recours à sa protection ». L’acte de sépulture, dressé par le curé de Trois-Rivières, note les qualités morales du défunt, tant pendant sa vie que pendant sa maladie.

De son mariage en 1693 avec Marguerite Ameau, fille du notaire Séverin Ameau, il eut cinq fils et cinq filles. Deux de celles-ci se firent ursulines. L’aîné des fils, Charles-Antoine*, devint prêtre puis chanoine du chapitre de Québec. Le continuateur de la lignée fut Louis-Joseph*, baptisé le 27 mars 1712.

Hervé Biron

AJTR, Registre d’état civil de Trois-Rivières.— AN, Col., C11A, 4–6.— Jug. et délib., II, IV, V, VI, passim.— Lettres de noblesse (P.-G. Roy), I : 197s.— P.-G. Roy, Inv. concessions, I, II, III, passim. ; Inv. jug. et délib., I : 210, 266.— Alexandre Dugré, La Pointe-du-Lac (Trois-Rivières, 1943), 14–21.— Jouve, Les Franciscains et le Canada : aux Trois-Rivières, 58, 91, 152ss, 276.— P.-G. Roy, La famille Godefroy de Tonnancour (Lévis, 1904), 33–43.— Sulte, Mélanges historiques (Malchelosse), XIX : 12s., 16–18, 30–34.

Bibliographie de la version modifiée :
Bibliothèque et Arch. nationales du Québec, Centre d’arch. de la Mauricie et du Centre-du-Québec (Trois-Rivières, Québec), CE401-S48, 12 mai 1669, 21 sept. 1738.— Denys Delâge et Claude Hubert, « Fluidité des frontières ethniques en Nouvelle-France : descendance de Nicolas Pelletier et Jeanne Voisy », Cahiers des Dix (Québec), 75 (2021) : 257–309.

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Hervé Biron, « GODEFROY DE TONNANCOUR, RENÉ », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 15 mars 2025, https://www.biographi.ca/fr/bio/godefroy_de_tonnancour_rene_2F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    2025
Date de consultation:    15 mars 2025