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Titre original :  Hon. F. C. Alderdice. Montreal Gazette, 27 Feb. 1936.

Provenance : Lien

ALDERDICE, FREDERICK CHARLES MUNRO, homme d’affaires et homme politique, né le 10 novembre 1871 à Stranmillis (Belfast), fils de William Alderdice et de Rachael Kathleen Monroe ; le 25 octobre 1900, il épousa Harriet Carter, et ils eurent deux fils et deux filles ; décédé le 26 février 1936 à St John’s.

Formé au Methodist College de Belfast, Frederick Charles Munro Alderdice alla s’établir à St John’s en 1886 afin de travailler pour son oncle Moses Monroe* à la Colonial Cordage Company, qui fabriquait cordes, filets et câbles pour l’industrie de la pêche de Terre-Neuve. En 1890, il figurait dans l’annuaire municipal comme caissier de l’entreprise ; en 1898, il occupait le poste de comptable et, en 1904, il était directeur adjoint. Promu vice-président et administrateur délégué en 1922, après la mort de son oncle James Harvey Monroe, Alderdice dirigerait l’entreprise jusqu’à la fin de sa vie. Il siégea également aux conseils d’administration de l’Imperial Tobacco Company Limited, de la Newfoundland Manufacturers’ Mutual Insurance Company, de la Newfoundland Motor Mutual Insurance Association, de la Eastern Trust Company et de la Newfoundland Hotel Facilities.

Alderdice prenait part à toute une gamme d’activités publiques à St John’s. Il fréquentait l’église St Thomas, était délégué du synode de l’Église d’Angleterre et soutenait diverses œuvres au sein de celle-ci. Il avait été très sportif dans sa jeunesse, mais à la suite d’une blessure subie au cours d’un match de rugby, il avait contracté une septicémie qui, au fil des ans, lui avait fait perdre ses deux pieds et la majeure partie d’une jambe. Après de multiples interventions chirurgicales, il demeura forcé de marcher avec des béquilles. Il continua de s’intéresser au sport, lui qui était membre du Bally Haly Golf Club, du City Club et du Murray’s Pond Fishing Club ; il faisait aussi partie de la British Empire Society et du Overseas Club.

Alderdice avait manifesté de l’intérêt pour les affaires politiques dès les élections de 1908, où il avait appuyé publiquement sir Edward Patrick Morris. En 1924, il fut nommé au Conseil législatif de Terre-Neuve par son cousin et associé en affaires, le premier ministre libéral-conservateur Walter Stanley Monroe*. Trois ans plus tard, il devint chef du parti au pouvoir à la Chambre haute. En août 1928, lorsque Monroe donna sa démission, une délégation de son parti persuada Alderdice de lui succéder. Nommé premier ministre le 16 août, il changea le nom de sa formation politique pour celui de Parti conservateur. Il partageait les points de vue conservateurs de Monroe et ne s’éloigna pas de ce qu’avait réalisé son prédécesseur. En octobre, le gouvernement d’Alderdice fut défait aux élections par le populiste sir Richard Anderson Squires. Alderdice, lui, fut élu à la Chambre d’assemblée pour représenter la circonscription de St John’s City East. En 1931, les effets dévastateurs de la grande dépression ayant aggravé l’endettement du gouvernement, l’administration Squires dut faire face à une crise financière. Les banques canadiennes, après avoir obtenu l’approbation d’Alderdice (elles désiraient avoir son autorisation au cas où il y aurait changement de gouvernement), consentirent un crédit, mais sous de dures conditions. Des intrigues politiques et une émeute survenue au Colonial Building de St John’s le 5 avril 1932 précipitèrent la chute du gouvernement. Au milieu de cette agitation, Alderdice réclama la fin de la violence et promit de faire tout ce qui était possible pour obtenir la démission de Squires.

Dans les jours précédant les élections, fixées en juin, le désenchantement général par rapport à la politique partisane permit à Alderdice de miser sur sa force en tant qu’homme d’affaires. Après avoir regroupé ses partisans sous un nouveau nom, le United Newfoundland Party, il fit campagne en promettant de gouverner avec honnêteté, parcimonie et efficacité. En mai, il proposa également de nommer un comité pour déterminer si « une forme de gouvernement par commission » serait préférable pour servir le pays pendant un certain nombre d’années. Cependant, cette suggestion n’était pas, comme il le semblerait plus tard, le point principal du programme électoral d’Alderdice. Selon lui, un gouvernement non partisan et non élu serait libre de réduire les dépenses sans avoir à se soucier de sa réélection. L’idée que le pays devait être administré par un groupe de commissaires avait été évoquée par l’ancien ministre des Pêcheries, sir William Ford Coaker, durant le congrès de 1925 du Fishermen’s Protective Union of Newfoundland, et avait reçu un certain appui dans la population. Mais avant d’apporter quelque changement que ce soit à la constitution, Alderdice s’engageait à déclencher d’autres élections pour débattre la question. Compte tenu de sa réticence à s’attaquer à ce dossier avant que le gouvernement britannique ne le force à le faire, il n’était peut-être pas en faveur d’une commission de gouvernement à ce moment-là. Il devint premier ministre le 11 juin, remportant 24 des 27 sièges.

Alderdice occupait également le poste de ministre des Finances, si bien que le fardeau de la crise financière qui sévissait retombait sur lui. En dépit de ses opinions modérées, il lança certaines solutions radicales ; entre autres, il tenta en vain de louer à bail les ressources du Labrador à un consortium privé. Il diminua considérablement les dépenses du gouvernement. La subvention à l’enseignement, par exemple, fut réduite à 500 000 $ en 1932–1933, soit moins de la moitié de celle de l’année précédente. Alderdice accepta également le fait qu’une cessation de paiement partielle de la dette du dominion était inévitable. Il semblait croire que, si le gouvernement n’arrivait toujours pas à payer ses intérêts après avoir réduit radicalement ses dépenses, les détenteurs d’obligations comprendraient que Terre-Neuve avait tout essayé et accepteraient de rééchelonner la dette à des taux inférieurs.

En novembre 1932, Alderdice informa Whitehall qu’il prévoyait réduire unilatéralement le paiement des intérêts sur les obligations d’État. Pour les autorités britanniques, un tel geste était inacceptable. Elles le persuadèrent alors de contracter un prêt du Canada anglais en échange d’une enquête sur les finances de Terre-Neuve. Un comité fut donc constitué en février 1933, et appelé commission Amulree, du nom de son président, William Warrender Mackenzie, baron Amulree. Pour représenter Terre-Neuve, Alderdice désigna sir William Ewen Stavert, banquier canadien qui avait été conseiller financier du gouvernement et qui, dans l’esprit d’Alderdice, poserait un regard informé et favorable sur cette enquête sur la réduction des dépenses de son gouvernement.

Sans mettre Alderdice au courant dans l’immédiat, le gouvernement britannique avait décidé de n’accorder aucune cessation de paiement, de rééchelonner la dette et de faire accepter à Terre-Neuve une commission de gouvernement. Amulree y fut donc envoyé pour recueillir des arguments qui justifieraient la décision et pour obtenir la coopération d’Alderdice et du gouvernement canadien (étant donné son intérêt financier dans l’affaire). Durant son témoignage à huis clos devant la commission Amulree, Alderdice affirma que la constitution existante était satisfaisante si le gouvernement était honnête, mais qu’en réalité, elle n’imposait aucune restriction aux hommes politiques corrompus. Pour cette raison, il était en faveur d’une commission de gouvernement composée de Terre-Neuviens jusqu’à ce que revienne la prospérité.

Le Dominions Office de Londres pressa Alderdice de promulguer une suspension de la constitution sans d’abord déclencher des élections sur cette question. Il n’avait pas vraiment le choix : rejeter les conditions de rééchelonnement de la dette revenait à accepter la faillite, ce qui pouvait avoir des conséquences désastreuses sur le milieu des affaires de la colonie, qui dépendait du crédit. Les Britanniques, dont certains traitaient Alderdice avec condescendance, comptaient sur lui pour persuader les membres de son gouvernement de donner leur accord. Au cours de réunions secrètes à la résidence d’Alderdice, Amulree fit appel à la loyauté du premier ministre envers l’Empire. Bien qu’Alderdice ait subi une pression immense et qu’il lui ait été impossible de consulter ses collègues, il continua de réclamer une baisse des taux d’intérêts et tenta d’obtenir des postes au sein du gouvernement pour les membres de son cabinet dont le soutien lui serait essentiel pour que l’Assemblée vote la dissolution. Il déclara plus tard qu’Amulree avait donné son accord à de telles sinécures et assura un emploi à quatre de ses ministres. Il accepta finalement le plan des Britanniques.

Une fois certaine qu’Alderdice allait obtempérer, la commission Amulree recommanda une suspension d’une durée indéfinie du gouvernement démocratique de Terre-Neuve. Lorsque cette proposition fut rendue publique, la situation d’Alderdice s’allégea, car, selon le sentiment général, le rapport Amulree avait condamné à juste titre la politique partisane. La Chambre d’assemblée fut convoquée le 27 novembre 1933 et, le lendemain, le projet de loi permettant de modifier la constitution fut déposé et adopté. Une fois que l’Assemblée eut suspendu ses activités, la collaboration d’Alderdice n’était plus essentielle et les Britanniques refusèrent de remplir leurs promesses envers ses collègues. Toutefois, étant donné son statut, ils ne pouvaient l’ignorer au moment de former la nouvelle Commission de gouvernement, qui serait dirigée par le gouverneur de Terre-Neuve, sir David Murray Anderson.

Le 16 février 1934, au cours d’une cérémonie au Newfoundland Hotel de St John’s, Alderdice prêta serment en tant que commissaire des affaires intérieures et de l’éducation et vice-président de la commission. Des Britanniques obtinrent les trois grands portefeuilles, c’est-à-dire les ressources naturelles, les services publics et les finances. Les autres représentants terre-neuviens étaient d’anciens collègues de cabinet d’Alderdice : William Richard Howley, qui, en tant que procureur général, était responsable de la justice, de la police et de la réglementation des alcools, et John Charles Puddester*, qui devint commissaire de la santé et du bien-être publics, du travail et des pensions. Des problèmes de santé et la « rançon du pouvoir » obligèrent Alderdice à prendre immédiatement un congé de trois mois. Par la suite, son travail au sein de la commission fut une source de frustration personnelle. Lorsque les commissaires britanniques ambitieux hâtaient une réforme sociale, lui voulait procéder lentement, en tenant compte des souhaits des parties concernées. En 1934–1935, bien qu’il ait été responsable de l’éducation, il ne participa aux efforts de réorganisation du système scolaire confessionnel que lorsqu’il y fut forcé, et il n’accomplit que peu de progrès. Son approche prudente se trouva peut-être justifiée lorsque les artisans de la réforme reculèrent devant l’opposition commune des dirigeants de l’Église. Alderdice s’opposa aussi au programme de colonisation de la commission et, à un moment, il avertit John Hope Simpson que lui et ses collègues britanniques de la commission devaient abandonner leurs tentatives d’élever le niveau de vie de la population puisque toute amélioration n’engendrait que du mécontentement.

Frederick Charles Munro Alderdice demeura commissaire jusqu’à sa mort, survenue à la suite d’une hémorragie cérébrale en février 1936. Il eut droit à des funérailles nationales. Le gouvernement espérait en partager les coûts avec la famille, mais la succession d’Alderdice se révéla beaucoup moins importante que ce à quoi l’on s’attendait. Nombre d’historiens ont été déçus de ce qu’Alderdice n’ait pas su défendre la démocratie, et ne le voient guère plus que comme celui qui a mis au monde la Commission de gouvernement. Un tel point de vue ne tient pas tout à fait compte des autres programmes législatifs et administratifs mis sur pied par son gouvernement dans l’attente du rapport Amulree. Il ne présente pas non plus l’étendue des efforts déployés par Alderdice pour obtenir de la Grande-Bretagne une meilleure compensation malgré sa position de négociation désavantageuse. En dépit de ces efforts, son nom demeure le symbole de l’échec du gouvernement responsable avant que Terre-Neuve ne devienne une province du Canada en 1949.


Jeff A. Webb

GRO, Roscommon, Irlande, Reg. of births, Stranmillis (Belfast), 10 nov. 1871.— RPA, GN 2/5, file 768 ; GN 8, Frederick C. Alderdice sous fonds.— Daily News, 26–27 févr. 1936.— Evening Telegram, 26 févr. 1936.— Annuaire, St John’s, 1890, 1898, 1904.— W. J. Browne, Eighty-four years a Newfoundlander : memoirs of William J. Browne, p.c., q.c., ll.d. (2 vol., St John’s, 1981–1984), 1.— Gene Long, Suspended state : Newfoundland before Canada (St John’s, 1999).— Phillip McCann, « The educational policy of the Commission of Government », Newfoundland Studies (St John’s), 3 (1987) : 201–215.— P. [F.] Neary, Newfoundland in the North Atlantic world, 1929–1949 (Montréal et Kingston, Ontario, 1988).— S. J. R. Noel, Politics in Newfoundland (Toronto, 1971).— Patrick O’Flaherty, Lost country : the rise and fall of Newfoundland, 1843–1933 (St John’s, 2005).— White tie and decorations : Sir John and Lady Hope Simpson in Newfoundland, 1934–1936, P. [F.] Neary, édit. (Toronto, 1996).

Bibliographie générale

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Jeff A. Webb, « ALDERDICE, FREDERICK CHARLES MUNRO », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/alderdice_frederick_charles_munro_16F.html.

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Auteur de l'article:    Jeff A. Webb
Titre de l'article:    ALDERDICE, FREDERICK CHARLES MUNRO
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2014
Année de la révision:    2014
Date de consultation:    19 mars 2024