HOPE, HENRY, officier, administrateur colonial, né probablement après 1746, peut-être à Craigie Hall, Linlithgowshire, Écosse, fils de Charles Hope Weir et de lady Anne Vane, et petit-fils du 1er comte de Hopetown ; il épousa Sarah Jones, de Mullaghbrack (district d’Armagh, Irlande du Nord) ; décédé le 13 avril 1789 à Québec.

Henry Hope reçut, en 1764, sa commission de capitaine dans le 27e d’infanterie, alors au Canada. De 1767 à 1775, il servit vraisemblablement avec ce régiment en Irlande, où il aurait connu sa femme. En 1775, il suivit son régiment à Boston, mais fut aussitôt muté au 44e d’infanterie avec lequel il servait à Halifax le printemps suivant, quand il fut promu major. Il fit campagne pendant au moins trois ans dans les colonies de New York, du New Jersey et de Pennsylvanie, et, en 1777, il devint lieutenant-colonel. Il séjourna en Angleterre en 1779 et de 1780 à 1781. Il était de nouveau au Canada en 1782. Promu colonel, il visita Michillimakinac (Mackinac Island, Michigan) entant que membre d’un comité chargé d’enquêter sur les dépenses excessives de ce poste. Nommé quartier-maître général de la colonie en 1783, Hope devint aussi commandant de Québec en 1785, le commandant en chef, Barrimore Matthew St Leger, ayant établi ses quartiers à Montréal. En octobre 1785, il succéda à St Léger à titre de commandant en chef.

Hope s’était assuré la protection de certains ministres les mieux placés du gouvernement britannique. Sur la recommandation de Thomas Townshend, vicomte Sydney, qui avait alors la responsabilité des colonies, il fut assermenté, le 2 novembre 1785, comme lieutenant-gouverneur de la province de Québec, remplaçant Henry Hamilton, qui avait gouverné la colonie après le départ de Haldimand. Hope avait pour instructions d’apaiser les luttes partisanes en attendant l’arrivée d’un nouveau gouverneur. Mais il était déjà lié avec le French party dont son ami intime, le docteur Adam Mabane, était l’âme dirigeante et qui s’opposait aux intérêts des marchands anglais. Sa conception du gouvernement de la colonie fut profondément influencée par la Révolution américaine. Persuadé d’empêcher par là un empiétement dangereux sur la prérogative royale, il fut l’un des fonctionnaires responsables du retard à consacrer Jean-François Hubert coadjuteur de l’évêque de Québec. À cause de l’ « obstacle insurmontable d’avoir affaire à une Assemblée composée d’Américains », il refusa le poste de lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick. Si son insistance à conserver le caractère limitatif du droit banal au profit de la couronne offensa les Loyalistes de la province de Québec, la sincérité de l’intérêt qu’il portait à ces réfugiés apparaît dans sa décision de prolonger la période pendant laquelle le gouvernement subvenait à leurs besoins, dans sa manière de faciliter leurs démarches pour être indemnisés des pertes subies pendant la guerre, et dans l’appui qu’il accorda aux colons isolés de Gaspé. Les ministres britanniques, qui ne voulaient pas être mêlés ouvertement à l’utilisation des Indiens pour protéger la frontière occidentale de la province de Québec, lui avaient délégué beaucoup d’autorité ; il se montra perspicace dans son évaluation des dangers que représentait l’affrontement chaque jour plus vif entre les Indiens et les Américains dans la région de l’Ohio [V. Egushwa].

Hope, apparemment, avait un tempérament bouillant, mais c’était « un homme fort poli », chez qui la table était « très bonne », plus à vrai dire que ses moyens ne le lui permettaient. Il avait la réputation d’être un administrateur efficace, et, après l’arrivée du gouverneur général, lord Dorchester [Carleton*], en 1786, il conserva « la gestion de toutes les affaires, tant civiles que militaires ». Le nouveau chef du « parti des bureaucrates », le juge en chef William Smith, le dérangea beaucoup cependant. Doué de sang-froid et d’un esprit subtil, Smith, à plusieurs reprises, amena Hope à admettre son ignorance des affaires traitées au conseil dont il était pourtant le président, à modifier son vote au cours des séances et à donner l’impression qu’il manquait de maîtrise de soi et d’impartialité. Mis en état de faiblesse, Hope essaya sottement de cacher au gouvernement britannique son association avec le French party de même qu’il tenta de cacher à son parti ses compromis au sein du conseil et ses gestes conciliants à l’égard de Smith. Cependant, comme l’opposition au juge en chef grandissait, Hope, encore une fois, trouva plus facile de continuer à se faire le champion des Canadiens.

Hope se rendit en Grande-Bretagne en 1788, pour y régler des questions personnelles – et peut-être pour y retrouver sa femme qu’il n’avait pas vue depuis des années, car elle revint à Québec avec lui à l’automne. Un voyage marqué de tempêtes eut raison de sa santé : Mabane diagnostiqua une consomption avec complications – complications qui se révélèrent bientôt être une maladie vénérienne. En avril, il mourait de « ses peu reluisantes galanteries [...] objet le plus affreux que l’on puisse imaginer – les traits et la plus grande partie du visage complètement détruits ».

A. J. H. Richardson

APC, MG 23, GII,12, 14 avril 1779, 30 avril 1789 ; 21, 30 juin 1789 ; 22, 8 juill. 1785 ; HI, 8 ; MG 24, L3, p.5 201.— BL, Add. mss 21 734, ff.419–419v., 421–422 ; 21 736, ff.183–184, 232–237, 276–280, 312–314 ; 21 737, ff.87–88v., 111-111v., 112, 132–133, 204 ; 21 758, ff.679–680.— PRO, CO 42/16, p.240 ; 42/17, pp.94, 110, 119, 131, 146 ; 42/18, pp.88–93, 133 ; 42/22, p.29 (copies aux APC) ; 42/47, ff. 298–302 ; 42/48, ff. 23–24, 29–29v., 31–33, 34–34v., 168–168v., 174–174v., 176–176v., 194–199v., 209–210v., 215–216v. ; 42/49, ff. 59–67, 77–79, 104–108, 208–210v., 242–244v., 338–341, 371–373 (mfm aux APC).— APC Report, 1889, 138s., 226s.— [C. L. Baurmeister], Revolution in America : confidential letters and journals, 1776–1784 [...], B. A. Uhlendorf, édit. et trad. (New Brunswick, N.J., 1957), 395.— General Sir William Howe’s orderly book at Charlestown, Boston and Halifax, June 17, 1775, to 1776, 26 May [...], B. F. Stevens, édit., introd. par E. E. Hale (Londres, 1890 ; réimpr., Port Washington, N.Y., et Londres, 1970).— Gentleman’s Magazine, 1746, 164.— Thomas Hughes, A journal [...] 1778–1789, introd. par E. A. Benians (Cambridge, Angl., 1947), 137.— Michigan Pioneer Coll., X (1886) : 656–659.— PAO Report, 1904, 23, 1 326, 1 331, 1 357s., 1 367.— [William Smith], The diary and selected papers of Chief Justice William Smith, 1784–1793, L. F. S. Upton, édit. (2 vol., Toronto, 1963–1965), II : 157, 161–180, 197, 204, 270.— La Gazette de Québec, 16 mai 1765, 27 juin 1782, 25 sept. 1788, 9 juin. 1789.— Burke’s peerage (1967), 1 283, 1 523, 1 526.— DNB. G.-B., WO, Army list, 1763–1784.— Burt, Old prov. of Que. (1933), 352s., 360, 386s., 419–421 ; The United States, Great Britain and British North America from the revolution to the establishment of peace after the War of 1812 (Toronto et New Haven, Conn., 1940), 142.— Neatby, Quebec, 209s.— W. C. Trimble, The historical record of the 27th Inniskilling regiment [...] (Londres, 1876), 36s.— L. F. S. Upton, The loyal whig : William Smith of New York & Quebec (Toronto, 1969), 177, 180–182.

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A. J. H. Richardson, « HOPE, HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/hope_henry_4F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
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