DCB/DBC Mobile beta
+

Dans le cadre de l’accord de financement entre le Dictionnaire biographique du Canada et le Musée canadien de l’histoire, nous vous invitons à participer à un court sondage.

Je veux participer maintenant.

Je participerai plus tard.

Je ne veux pas participer.

J’ai déjà répondu au sondage

Nouvelles du DBC/DCB

Nouvelles biographies

Biographies modifiées

Biographie du jour

ROBINSON, ELIZA ARDEN – Volume XIII (1901-1910)

décédée le 19 mars 1906 à Victoria

La Confédération

Le gouvernement responsable

Sir John Alexander Macdonald

De la colonie de la Rivière-Rouge au Manitoba (1812–1870)

Sir Wilfrid Laurier

Sir George-Étienne Cartier

Sports et sportifs

Les fenians

Les femmes dans le DBC/DCB

Les conférences de Charlottetown et de Québec en 1864

Les textes introductifs du DBC/DCB

Les Acadiens

Module éducatif

La guerre de 1812

Les premiers ministres du Canada en temps de guerre

La Première Guerre mondiale

HAMILTON, HENRY, officier et administrateur colonial, né vers 1734, probablement à Dublin (République d’Irlande), cadet des deux fils de Henry Hamilton, député de la circonscription de Donegal au parlement irlandais et percepteur au port de Cork, et de Mary Dawson ; il épousa Elizabeth Lee et ils eurent au moins une fille ; décédé le 29 septembre 1796, à Antigua.

Entré en 1755 comme enseigne dans le 15e d’infanterie, où il devint lieutenant au mois de septembre 1756, Henry Hamilton servit, au cours de la guerre de Sept Ans, à Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton), à Québec et dans les Caraïbes ; il obtint le grade de capitaine à La Havane (Cuba) en 1762. Au début de 1766, Hamilton était en garnison à Trois-Rivières, puis plus tard cette même année il prit le commandement à Crown Point (New York). L’année suivante, il devint major de brigade auprès du lieutenant-gouverneur Guy Carleton*, qui parlait de lui en termes très flatteurs. Hamilton quitta l’Amérique du Nord avec son régiment en 1768, mais il était de retour en 1775 et mis en garnison à Montréal. Cette année-là, Carleton lui confia la mission d’aller calmer les habitants de Terrebonne qui s’étaient soulevés contre leur seigneur ; grâce au doigté dont il fit preuve, il s’acquitta de cette tâche avec succès. Toujours en 1775, il vendit sa commission de major de brigade. Selon ses propres souvenirs, la carrière des armes n’était pas une tradition dans sa famille ; au surplus, il avait fait des études classiques et ses intérêts étaient d’ordre politique. Sa carrière subséquente, dans la province de Québec en particulier, semble confirmer le jugement d’Alfred Leroy Burt, selon qui il « avait un esprit entièrement civil et une conception entièrement civile du gouvernement ».

Quand, en 1774, l’Acte de Québec fit reculer les frontières de la province de Québec de façon à englober le territoire triangulaire situé entre l’Ohio et le Mississippi, il devint nécessaire d’investir certains fonctionnaires des attributs de la puissance britannique afin de gouverner cette région. Il fut facile, après coup, de soutenir que ces fonctionnaires eussent dû être de hauts gradés de l’armée, mais en 1775 on décida de créer des postes de gouverneur civil ; l’on nomma à ces fonctions Hamilton, Edward Abbott et Mathew Johnson, à Détroit, Vincennes (Indiana) et Kaskaskia (Illinois), respectivement. Carleton nomma Hamilton, mais ce fut probablement lord Dartmouth, secrétaire d’État des Colonies américaines, qui en eut l’idée, à la suite de la recommandation de William Hey, juge en chef de Québec.

Naturellement, Hamilton se préoccupait beaucoup de la nature de ses fonctions et de l’étendue de ses pouvoirs, mais, à la plupart de ses questions sur ce sujet, les fonctionnaires de Québec et de Londres ne répondirent jamais. Le problème venait en partie de ce que les armées américaines étaient déjà au Canada à l’époque où Hamilton entreprit son voyage dans l’Ouest, à l’automne de 1775, de sorte que les communications entre Détroit et la vallée du Saint-Laurent se révélaient plus difficiles qu’à l’ordinaire. Son premier problème était l’administration de la justice. À cause de la guerre, la mise en vigueur de nouvelles dispositions dans ce domaine subit des retards, et Hamilton recourut à une méthode des plus insatisfaisantes comme des plus irrégulières pour régler les litiges relatifs aux biens matériels, alors que Philippe Dejean*, dont le mandat de juge à titre temporaire s’était terminé avec la proclamation de l’Acte de Québec, continuait de rendre jugement dans les causes criminelles. En 1778, le grand jury du district de Montréal accusa Hamilton de tolérer les actes illégaux de Dejean. Comme cela était à prévoir, le gouverneur Haldimand excusa tout acte arbitraire, faisant valoir qu’en temps de guerre la sécurité primait tout autre besoin. Ne sachant comment agir avec Hamilton, vu la nouveauté de son poste et l’état de guerre, le gouvernement britannique adopta la même position.

La situation de Hamilton à Détroit durant les premières années de la Révolution américaine était loin d’être enviable. Les Britanniques n’avaient pas encore établi de gouvernement approprié ni de politique ferme dans la région formée par la vallée de l’Illinois et baignée par les trois Grands Lacs les plus à l’ouest, de sorte que les Indiens et les colons canadiens n’avaient guère confiance en eux. Qui plus est, la commission de Hamilton n’étant que civile, les limites de son autorité en temps de guerre n’étaient pas clairement définies. Dès 1776, ses dépêches demandaient d’urgence une intervention militaire, mais ses supérieurs hésitèrent d’abord à adopter une telle mesure. Au début de 1778, cependant, la situation changea avec l’arrivée, dans le pays des Illinois, de George Rogers Clark et de ses miliciens de la Virginie. Philippe-François Rastel de Rocheblave leur rendit Kaskaskia en juillet, et, ce même mois, les habitants de Vincennes se déclarèrent en faveur de la Virginie, Abbott étant parti pour Détroit en février. Hamilton demanda des instructions, mais la possibilité de reprendre Vincennes était encore à l’étude à Québec quand il décida de passer à l’action. Avec quelque 60 Indiens [V. Egushwa] et 175 hommes de troupe de Détroit, comprenant des miliciens canadiens pour la plupart et environ 30 réguliers britanniques, il se mit en route, le 8 octobre 1778, pour couper le trafic américain à Vincennes et, a-t-on laissé entendre, pour échapper à la position intenable dans laquelle il s’était trouvé à Détroit au cours des trois dernières années.

Vincennes fut pris en décembre, et Hamilton décida d’attendre le printemps avant de bouger, usant de douceur pour garder les 500 résidants de la ville du côté des Britanniques. Il croyait que l’arrivée de Clark avec la nouvelle de l’alliance franco-américaine de février 1778 avait ruiné tout appui aux Britanniques de la part des Canadiens et des Indiens. De toute façon, lorsque Clark attaqua sans avertissement, on laissa la garnison libre de se rendre sans condition, le 25 février 1779. Hamilton et plusieurs de ses associés, dont Jehu Hay, furent envoyés en Virginie. Pour la puissance britannique dans le vieux Nord-Ouest (région située au nord-ouest de la rivière Ohio), c’était un sérieux échec. Hamilton attribua le désastre à la défection des volontaires canadiens et à la correspondance continuelle qu’entretenaient avec les Américains les résidants de Vincennes. « La conduite des Canadiens en général a montré qu’aucun des liens qui s’imposent aux esprits éclairés et généreux ne peut les retenir, et qu’ils préfèrent la sujétion, quelle qu’elle soit, à la liberté des Anglais », gémissait-il dans un rapport à Haldimand, rédigé en 1781, sur l’expédition de Vincennes. Dès que lui parvint la nouvelle de cette défaite, Haldimand se hâta d’expliquer que l’expédition avait été entreprise sans son autorisation spécifique, bien qu’elle respectât ses instructions générales à Hamilton. Sa critique la plus poussée concernant personnellement le gouverneur civil de Détroit, Haldimand la fit en laissant entendre, en stricte confidence, à un général de ses compagnons que la mission eût bien pu réussir si Hamilton avait eu la prudence de se retirer à temps de Vincennes.

Si l’on eut quelques velléités de censurer Hamilton, il semble qu’elles s’évanouirent devant les nouvelles que l’on eut du traitement accordé au lieutenant-gouverneur en Virginie. Détenu à Williamsburg et à Chesterfield pendant 18 mois, dont une grande partie passée dans les fers, il se vit refuser toute forme de considération, n’étant point traité comme prisonnier de guerre, mais comme le criminel de droit commun que ceux qui s’étaient emparés de lui croyaient qu’il était. Les efforts faits pour le libérer sur parole et, éventuellement, pour l’échanger, réussirent enfin, grâce à l’intervention de George Washington, mais seulement après que les autorités de la Virginie – le gouverneur Thomas Jefferson, en particulier – eurent résisté pendant plusieurs mois à toutes les demandes en ce sens.

Le traitement réservé à Hamilton par les Américains s’explique par leur crainte que leurs établissements dans l’Ouest soient attaqués par les Indiens et par leur conviction que Hamilton était le type même de l’administrateur britannique brutal et impitoyable qui n’hésitait pas à se servir des Indiens. Clark le qualifiait de « général acheteur de scalps ». La haine envers Hamilton était si vive qu’il se passa un siècle et demi avant que les historiens américains concédassent qu’il n’existait aucune preuve positive qu’il eût jamais offert de récompenses en échange de scalps. Le jugement de Milo Milton Quaife, à l’effet que Hamilton fut « un brave soldat, d’un esprit magnanime », représentatif d’une vieille tradition qu’on commençait à considérer comme inhumaine, révèle davantage la croyance de Quaife dans le progrès du sens moral et dans le leadership exercé par les Américains dans ce progrès, que la connaissance des événements qui se passèrent dans le vieux Nord-Ouest pendant les années 1770. Tout effort pour exonérer Hamilton de la responsabilité des raids indiens en s’appuyant sur le fait qu’il exécutait simplement les ordres reçus de ses supérieurs se révèle peu probant. Dès 1776, il avait, semblet-il, proposé d’employer les Indiens contre les Américains, et, en mars 1777, il fut autorisé à rassembler le plus d’Indiens possible et à s’en servir pour « faire une diversion et jeter l’alarme sur les frontières de la Virginie et de la Pennsylvanie ». Il devait, toutefois, les empêcher de perpétrer tout acte de violence contre « les habitants loyaux et inoffensifs ». Hamilton, sans aucun doute, vit la contradiction que comportaient les ordres – si l’on se servait des Indiens, les habitants, de quelque opinion politique qu’ils fussent, ne seraient pas épargnés – mais il voyait dans l’alliance avec les Indiens le seul moyen de maintenir la puissance britannique dans le vieux Nord-Ouest. Rien n’indique que leur désapprobation de cette politique eût empêché les Américains de recourir à de semblables pratiques tout au cours de la guerre.

Au début de 1781, Hamilton fut enfin libre de rentrer en Angleterre, où il apprit que, sur la recommandation de Haldimand, il avait été nommé lieutenant-gouverneur de la province de Québec, en remplacement de Hector Theophilus Cramahé. Quand, en 1777, Haldimand avait pour la première fois été nommé gouverneur, Hamilton avait dit aux Indiens de Détroit : « Je me lèverai, ou je m’assoirai, comme il me l’ordonnera. » Toutefois, et pour ainsi dire dès son arrivée à Québec en juin 1782, ses rapports avec son supérieur furent tendus. Haldimand et ses partisans au sein du French party avaient mis en vigueur une série de mesures qu’ils justifièrent tant que dura la guerre, et, simultanément, ils en étaient venus à considérer toute opposition comme essentiellement déloyale. Or, dès le mois de décembre, Hamilton donna, au Conseil législatif, son appui au groupe d’opposition que dirigeait George Allsopp*, à l’occasion d’une motion dans laquelle on critiquait des décisions antérieures. Il semblerait qu’à partir de ce moment, Haldimand perdit confiance dans l’homme qu’il avait recommandé, et qu’il ne pouvait pas immédiatement faire limoger.

Après la signature du traité de Paris, en septembre 1783, les pressions se firent plus fortes à Québec, en particulier de la part des marchands britanniques, en vue d’obtenir des changements ; à tout le moins, devrait-on faire quelques progrès dans la mise en vigueur des instructions données au gouverneur, restées lettres mortes pendant les années de guerre, soit pendant près de dix ans. Le débat qui souleva des tempêtes au conseil porta principalement sur l’introduction de l’habeas corpus et l’extension aux causes commerciales de la loi anglaise. Le French party prônait le moins de changements possible et défendait sa théorie de la charte, selon laquelle l’Acte de Québec (isolé des instructions qui l’accompagnaient) était considéré comme un document sacré qui renfermait les droits inaliénables des Canadiens. Hamilton, dès le début, combattit cette espèce de culte, désirant une libre discussion de chacune des clauses particulières de l’Acte de Québec. Les clauses d’ordre territorial étaient devenues caduques à la suite du traité de paix, et, faisait-il valoir, la société de la province de Québec avait suffisamment changé au cours des dix dernières années pour que d’autres clauses méritassent aussi d’être réexaminées. Chaque fois que cette théorie de la charte donnait lieu à une motion particulière devant le conseil, Hamilton se sentait forcé d’enregistrer sa dissidence, bien qu’il eût été plus avisé de s’abstenir de le faire pour la motion de félicitations à George III à l’occasion de la paix. Le principal partisan de Hamilton pendant la session de 1784 fut Hugh Finlay*, assistant maître général des Postes. Si le conseil adopta une ordonnance par laquelle il accordait l’habeas corpus, les deux autres qu’il approuva étaient une reprise d’ordonnances antérieures ; Hamilton et Finlay affirmèrent que les mesures adoptées restaient en deçà de ce qu’ils croyaient être « les intentions de Sa Gracieuse Majesté à l’égard de ses sujets canadiens », soit d’introduire dans une plus large mesure les institutions anglaises dans la province.

Le French party, fort de l’appui du gouverneur, put sortir vainqueur de la plupart des luttes qui marquèrent cette session, mais, au cours de l’été, ses membres s’alarmèrent quand on apprit que Haldimand était sur le point de partir pour l’Angleterre, en laissant bien à regret le gouvernement de la colonie aux mains du lieutenant-gouverneur. À plusieurs reprises, Hamilton demanda des ordres, des instructions, des copies de dépêches et d’autres documents, assez tôt pour pouvoir les examiner attentivement et pour discuter avec son supérieur les questions les plus délicates. Mais Haldimand décida de faire remettre les documents à Hamilton le jour de son départ, et même alors il omit de lui transmettre les copies de ses propres dépêches à Londres. De plus, Hamilton n’avait que des pouvoirs civils, et Haldimand s’efforça de limiter le plus possible cette autorité. Le commandement militaire fut assumé par Barrimore Matthew St Leger, l’officier le plus haut gradé après le gouverneur Haldimand, qui lui confia, de même qu’à quelques autres, une grande partie des affaires relatives aux Loyalistes et aux Indiens. Les instructions, plutôt maigres, du gouverneur comportaient une affirmation de son propre appui à l’Acte de Québec, comme charte de la province, et de sa conviction que toutes les pétitions contre cet acte étaient le fait d’intrigants. On a émis l’hypothèse qu’il espérait ainsi forcer Hamilton à entreprendre des consultations avec Adam Mabane et le French party. Hamilton avait déjà eu l’occasion de s’élever contre le favoritisme dont Haldimand faisait preuve envers Mabane. « Il a mis la barre entre les mains d’une autre personne, mais ne me confierait même pas le maniement d’une rame », se plaignait-il en novembre 1784. Pendant son mandat, Hamilton ne tolérerait aucun maire du palais. Il résolut, plutôt, d’ouvrir le conseil à la libre discussion, et son attitude encouragea divers groupes de citoyens à présenter des requêtes, soit en faveur d’une chambre d’Assemblée élue, soit contre certaines ordonnances encore en vigueur. Quand lui parvinrent ces requêtes, Hamilton, qu’il fût ou non favorable à leur contenu, résolut qu’elles devaient être transmises au roi. Il devint bientôt évident que, quelles que fussent les raisons de ses gestes, Haldimand avait préparé la scène pour une session législative tempétueuse, en 1785.

Au cours de cette session, Hugh Finlay présida un conseil divisé presque à parts égales sur chaque question portée devant lui. Les partisans de Hamilton purent faire passer une ordonnance qui introduisait le jugement par jury dans certaines causes civiles, mais le French party fut assez fort pour retarder d’une autre année tout amendement à l’ordonnance sur la milice, qui avait rétabli la corvée. Cette victoire survint au milieu d’un furieux débat dans toute la colonie. On avait présenté contre cette ordonnance une pétition (que Hamilton transmit fidèlement à Londres), dans laquelle certaines affirmations furent jugées par des militaires de la colonie comme une attaque injuste contre leur conduite passée. Le colonel Henry Hope réfuta ces affirmations dans la Gazette de Québec, mais une autre pétition circula aussitôt pour contester les remarques de Hope. Le désir de Hamilton que l’opinion publique pût s’exprimer librement ne se réalisa que trop bien.

Avec un Haldimand qui, à Londres, faisait valoir sur chaque question les vues du French party, Hamilton trouvait difficile de garder la confiance du gouvernement de Sa Majesté. Dès la fin de la session législative, en mai, il prit la décision qui allait rendre son rappel inévitable. Il avait posé à Haldimand, relativement à un nouveau bail des postes du roi, une question à laquelle, vraisemblablement, on devait apporter une réponse pendant son mandat dans la colonie. Il avait appris que l’affaire avait été portée à l’attention du gouvernement britannique, mais que rien ne se ferait avant que fût connu le bon plaisir de Sa Majesté. Le premier convoi postal de 1785 contenait plusieurs lettres adressées à des citoyens de Québec, annonçant qu’Alexander et George Davison et François Baby*, des partisans du French party, avaient été choisis pour être les nouveaux adjudicataires du bail, mais la lettre officielle en informant Hamilton n’arriva que plusieurs jours plus tard. Dans l’entretemps, et bien que la décision fût connue communément à Québec, Hamilton décida de reconduire le bail d’un groupe différent, soit Thomas Dunn* et ses associés, William Grant* (1744–1805) et Peter Stuart. Il semble que Hamilton ait été convaincu qu’une injustice se tramait contre le groupe de Dunn, qu’il était en son pouvoir de corriger ; la pureté de ses motifs ne paraît pas avoir été sérieusement mise en doute, même si Dunn et Grant avaient été ses partisans dans les débats critiques du conseil, au cours des deux dernières années. C’est son sens politique, et non pas sa probité, qui fut l’objet d’attaques. S’il espérait qu’un changement de sentiment de dernière minute se produisît en Grande-Bretagne, il se trompa dans ses calculs. En août, une lettre de révocation lui donnait sèchement l’ordre de remettre l’autorité à Hope, qui avait aussi assumé le commandement militaire au départ de St Leger, et de rentrer en Angleterre sur-le-champ.

Hamilton s’embarqua le 2 novembre 1785, le jour même où il transmit ses pouvoirs à son successeur. Pendant plus de deux ans, humilié et aux prises avec des difficultés financières, il attendit sa justification. Or, ces deux années, à Québec, permirent d’avoir une meilleure vue, en perspective, des gestes posés par Hamilton. Il avait laissé derrière lui au moins deux mesures que ses ennemis tentèrent de mettre au rancart comme étant illégales. Ils échouèrent dans l’un et l’autre cas. Le bail qu’il avait accordé au groupe de Dunn pour les postes du roi devait être reconsidéré le 1er octobre 1786 ; le gouvernement en reconnut clairement la légalité en n’accordant les postes aux Davison et à Baby qu’à partir de cette date. La conclusion semble s’imposer : le geste de Hamilton lui avait coûté son poste, mais il avait agi dans les limites de son autorité. Le second exemple est plus révélateur encore de l’animosité de ses adversaires et le rend plus sympathique. Lors de la session de 1786 du Conseil législatif, Mabane mena une tentative pour faire refuser le paiement de comptes autorisé par Hamilton l’année précédente, ce qui aurait eu pour effet de rendre Hamilton personnellement responsable des coûts engagés. Hope même, qui était l’ami de Mabane, refusa son argumentation ; dans son rapport qui accompagnait les procès-verbaux du conseil, Hope ne laissait aucun doute sur son appui à la conduite de Hamilton. Après l’arrivée du gouverneur général lord Dorchester [Carleton] et du nouveau juge en chef, William Smith, en octobre 1786, le rapport des forces fut modifié dans la province de Québec. Leur façon de voir la situation de la colonie, qui semblait faire écho à certains jugements de Hamilton, avait, en 1788, rendu le gouvernement britannique à même de réévaluer certains des problèmes qu’avait rencontrés Hamilton, et il en résulta une nouvelle affectation pour lui. Pendant six ans, il remplit les fonctions de gouverneur des Bermudes, et on donna son nom à la nouvelle capitale, fondée pendant son mandat. Ce furent des années calmes, au point de vue politique, dans cette colonie. En 1794, il devint gouverneur de la Dominique ; il y mourut à son poste deux ans plus tard.

Deux fois dans le cours de sa vie, des adversaires, dans leur acharnement, firent de Hamilton le symbole de ce qu’ils haïssaient et de ce qu’ils craignaient. Le French party, dans la province de Québec, vit en lui un innovateur qui encourageait bassement les désirs des classes inférieures, et un ennemi du type d’ordre social qu’avaient instauré Murray, Carleton et Haldimand. Les dénonciations, par ce parti, de la conduite de Hamilton à Québec furent, à leur manière, aussi excessives que la description, par Clark, de l’ « acheteur de scalps » des années de guerre. Et quand ce groupe de détracteurs accusait Hamilton de préparer, par sa conduite, la voie à une expansion américaine au Canada, ils avaient, peut-être à dessein, oublié ce qu’il avait souffert aux mains des Américains. À Québec, il incarna le changement, à une époque où les craintes devant l’avenir dominaient le parti au pouvoir, et même des amis comme Hope, qui admirait ses qualités, ou Finlay et Evan Nepean, sous-secrétaire d’État au ministère de l’Intérieur, qui étaient également sympathiques à ses aspirations, mettaient parfois en doute son jugement politique. Pour son malheur, la Révolution américaine et ses séquelles le placèrent dans des circonstances qui vouèrent à l’échec ses missions, non seulement à Détroit, mais aussi à Québec.

Elizabeth Arthur

APC, MG 11, [CO 42] Q, 12, p.212 ; 15, pp.9, 102, 105, 215 ; 18, pp.216s. ; 23, pp.389, 393–400, 438s. ; 24, p.235 ; 25, p.6 ; 26, pp.214, 419 ; MG 23, A4, 29, p.207 ; GII, 11.— BL, Add. mss 21 702, pp.32, 36 ; 21 717, p.489 ; 21 726, p.137 ; 21 733 ; 21 734 ; 21 736, p.198 ; 21 739, p.255 ; 21 755, pp.122, 200, 267 ; 21 781, pp.8, 25, 37, 40 ;21 782, pp.54, 156, 235, 506 ; 21 783, pp.53–102 ; 21 807 (copies aux APC).— PRO, CO 42/16, pp.42, 55 ; 42/17, pp.56, 97 ; 42/18, p.13 ; 42/19, pp.119, 121, 212, 226 (copies aux APC).— The capture of old Vincennes : the original narratives of George Rogers Clark and his opponent, Gov. Henry Hamilton, M. M. Quaife, édit. (Indianapolis, Ind., 1927).— Docs. relating to constitutional history, 1759–1791 (Shortt et Doughty ; 1907), 735–805.— Henry Hamilton and George Rogers Clark in the American revolution, with the unpublished journal of LieutGov. Henry Hamilton, J. D. Barnhart, édit. (Crawfordsville, Ind., 1951).— Michigan Pioneer Coll., III (1880) : 16 ; IX (1886).— The Windsor border region, Canada’s southernmost frontier [...], E. J. Lajeunesse, édit. (Toronto, 1960).— Appleton’s cyclopœdia of American biography, J. G. Wilson et al., édit. (10 vol., New York, 1887–1924).— H. J. Morgan, Sketches of celebrated Canadians, and persons connected with Canada, from the earliest period in the history of the province down to the present time (Québec et Londres, 1862).— Wallace, Macmillan dictionary. Burt, Old prov. of Que. (1968), II : 125, 129–132.— O. J. Jæbker, Henry Hamilton, British soldier and colonial governor (thèse de ph.d., Indiana University, Bloomington, 1954).— J. A. James, The life of George Rogers Clark (Chicago, 1929), 51–53, 132.— Neatby, Quebec, 183, 194–203.— Frederick Palmer, Clark on the Ohio (New York, 1929).— F.-J. Audet, L’honorable Henry Hamilton, BRH, XXXI (1925) : 487s.— J. D. Barnhart, A new evaluation of Henry Hamilton and George Rogers Clark, Mississippi Valley Hist. Rev. (Cedar Rapids, Iowa, et Lincoln, Neb.), XXXVII (1950–1951) : 643–652.— Reginald Horsman, Great Britain and the Illinois country in the era of the American revolution, Ill. State Hist. Soc., Journal (Springfield), LXIX (1976) : 100–109.— O. J. Jæbker, Henry Hamilton, 18th century governor, Bermuda Hist. Quarterly, XI, no 3 (1954) : 123–157.— N. V. Russell, The Indian policy of Henry Hamilton : a re-valuation, CHR, XI (1930) : 20–37.— D. C. Skaggs, Between the lakes and the bluegrass, Northwest Ohio Quarterly (Toledo), XLVIII (1976) : 89–101.

Bibliographie générale

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Elizabeth Arthur, « HAMILTON, HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hamilton_henry_4F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique


Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/hamilton_henry_4F.html
Auteur de l'article:    Elizabeth Arthur
Titre de l'article:    HAMILTON, HENRY
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
Date de consultation:    19 mars 2024