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LA ROCQUE, PAUL (baptisé Paul-Toussaint, il signait Paul LaRocque), prêtre catholique et évêque, né le 27 octobre 1846 à Sainte-Marie-de-Monnoir (Marieville, Québec), fils d’Albert Larocque, cultivateur, et de Geneviève Dagneau ; décédé le 15 août 1926 à Sherbrooke, Québec.

Paul La Rocque appartenait à une famille dont plusieurs membres ont tenu un rôle important dans le clergé catholique. Deux cousins de son père ont été évêques de Saint-Hyacinthe, Joseph* de 1860 à 1866 et Charles* de 1866 à 1875. Un frère cadet de Paul, Charles, a été le premier curé de Saint-Louis-de-France, à Montréal (1888-1904), tandis qu’une sœur s’est faite religieuse chez les Sœurs adoratrices du Précieux-Sang. Lui-même est devenu le deuxième évêque de Sherbrooke. Pourtant, son père n’avait pas su signer au baptême de son fils…

Paul La Rocque fréquente d’abord le petit séminaire de Sainte-Thérèse en 1858-1859, puis le séminaire de Saint-Hyacinthe de 1859 à 1862. Il revient terminer ses études classiques au petit séminaire de Sainte-Thérèse et y prend la soutane en 1865. À cause de sa santé fragile - elle le restera toute sa vie - il est « ordonné pour mourir », comme on disait alors, par Mgr Charles La Rocque, à l’Hôtel-Dieu de Montréal, le 9 mai 1869. On l’envoie ensuite missionnaire à Key West, en Floride, pour refaire sa santé. Il y passe plus de dix ans à travailler auprès des Cubains et des Noirs qui peuplent alors cette île. Ce séjour lui donne une maîtrise de l’anglais, qui lui sera fort utile dans son futur diocèse. Il revient à Saint-Hyacinthe en 1880 et son évêque, Mgr Louis-Zéphirin Moreau*, l’envoie étudier à Rome, où il obtient des doctorats en théologie et en droit canonique. De retour à Saint-Hyacinthe en 1884, La Rocque est nommé l’année suivante curé de la cathédrale ; il succède à Elphège Gravel*, choisi comme premier évêque de Nicolet. Saint-Hyacinthe est alors - et demeurera - une vraie pépinière d’évêques.

C’est en 1893 que Paul La Rocque devient le deuxième évêque de Sherbrooke ; il succède à Antoine Racine*. Sacré à Sherbrooke le 30 novembre, il restera à la tête du diocèse jusqu’à sa mort, 32 ans plus tard. Son mandat coïncide avec une période de développement pour l’Église catholique dans les Cantons-de-l’Est. Les rapports décennaux que Mgr La Rocque envoie à Rome font état de l’augmentation, de 1896 à 1924, de 60 000 à 105 000 catholiques (les non-catholiques passant de 43 000 à 32 000) et de 90 à 177 prêtres séculiers, tandis que 37 nouvelles paroisses sont érigées, portant leur total à 91 en 1924. Ces paroisses, l’évêque les visite régulièrement, sur un cycle de trois ans. C’est la visite pastorale, qui lui prend plus d’un mois, pendant laquelle il confirme les enfants, qui n’oublieront pas sa grande barbe blanche, souvenir sans doute de sa vie missionnaire. À partir de 1910, Mgr La Rocque parle beaucoup des Petits Chevaliers de la tempérance, nouveaux confirmés à qui il remet la Croix de tempérance, après qu’ils se sont engagés à « s’abstenir, jusqu’à l’âge de 21 ans, de toute boisson enivrante », comme il le précise aux curés de son diocèse. Sur le plan pastoral, l’évêque, qui entretient par ailleurs de bonnes relations avec ceux qu’il appelle « nos frères séparés », lutte vigoureusement contre les mariages mixtes et contre la fréquentation d’écoles protestantes par les catholiques.

Le développement de la religion catholique entraîne la mise sur pied d’œuvres et d’institutions diverses, et la consolidation d’autres, comme le séminaire Saint-Charles-Borromée, voisin de l’évêché. Incendié le 30 décembre 1897, l’immeuble est reconstruit et inauguré par le délégué apostolique, Mgr Diomede Falconio, en juin 1900. Parmi les instituts religieux qu’il accueille, Mgr La Rocque réserve une place de choix aux contemplatifs : Sœurs adoratrices du Précieux-Sang (1895) et Servantes du Très-Saint-Sacrement (1925) dans la ville épiscopale, et bénédictins (1912) à Saint-Benoît-du-Lac [V. Pierre-Paul Vannier*]. Il manque perdre ces derniers à la fin de la guerre, mais réussit à les retenir en 1919. Deux autres communautés féminines établissent leur maison mère dans le diocèse. Les Petites Sœurs de la Sainte-Famille, fondées par Élodie Paradis*, dite mère Marie-Léonie, arrivent à Sherbrooke en 1895 et se propagent rapidement ; elles se consacrent aux « travaux manuels exigés par la desserte matérielle intérieure des Séminaires, Collèges, Évêchés ». Dans son mandement qui institue canoniquement la communauté, le 28 janvier 1896, La Rocque spécifie qu’il veut qu’elles « se bornent exclusivement à cette œuvre et qu’elles n’en sortent jamais ». À Lennoxville, en 1919, Florina Gervais, dite Marie du Sacré-Cœur, met sur pied la communauté des Sœurs missionnaires de Notre-Dame des Anges, qui se consacre à ce que l’on appelait alors « l’Œuvre des Vierges chinoises », destinée à susciter auprès des jeunes Chinoises des vocations de catéchistes et de religieuses. À Lennoxville également, les franciscains implantent leur noviciat en 1920, imitant en cela les rédemptoristes, à qui l’évêque a confié le territoire d’une paroisse de Sherbrooke qui a pris en 1913 le nom de Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours.

Mgr La Rocque s’intéresse aussi à l’éducation. Le diocèse compte déjà quelques communautés enseignantes, dont les plus importantes numériquement sont la Congrégation de Notre-Dame, les Sœurs de la Présentation de Marie et les Frères du Sacré-Cœur. En 1907, il réussit à y attirer aussi les Filles de la charité du Sacré-Cœur de Jésus. Pour développer les œuvres hospitalières et charitables, Mgr La Rocque doit traiter avec les Sœurs de la charité de Saint-Hyacinthe (sœurs grises), responsables de l’hospice du Sacré-Cœur, à Sherbrooke, depuis 1875. Les discussions l’entraînent dans un long conflit (1895-1905) avec ces dernières, parce qu’il veut une maison mère à Sherbrooke. Les sœurs refusent et poussent l’affaire jusqu’à Rome, où elles obtiennent gain de cause. Les bonnes relations se rétablissent quand la petite-cousine de l’évêque, mère Mathilde Davignon, devient supérieure générale à Saint-Hyacinthe en 1905.

Mgr La Rocque a passé presque un an à Rome, de novembre 1904 à octobre 1905, pour régler cette affaire. C’est son deuxième voyage ad limina, où l’accompagne son grand vicaire, Hubert-Olivier Chalifoux, originaire de Saint-Hyacinthe. Au moment de son troisième et dernier voyage ad limina, en 1914, La Rocque, malade, réussit à le faire nommer évêque auxiliaire de Sherbrooke par Benoît XV, contre l’avis du délégué apostolique, Mgr Pellegrino Francesco Stagni. Mgr Chalifoux organise les fêtes jubilaires de mai 1919 pour souligner les 25 ans à titre d’évêque et les 50 ans de sacerdoce de Mgr La Rocque, véritable sommet de l’épiscopat de ce dernier ; à cette occasion, le clergé et les fidèles lui remettent une bourse qui totalisera 34 305,64 $ à la fin de la souscription le 30 juin 1920. C’est aussi en 1919 que l’évêque inaugure sa cathédrale, la chapelle Pauline (en fait, le sous-sol de la future cathédrale), et surtout son nouvel évêché, véritable palais épiscopal, œuvre de l’architecte Louis-Napoléon Audet. La chapelle, consacrée à la Vierge, sera décorée par Ozias Leduc*.

En 1922, Mgr La Rocque perd son fidèle compagnon, Mgr Chalifoux, malade depuis trois ans. L’année suivante, le supérieur du séminaire, Alphonse-Osias Gagnon, devient son auxiliaire ; il sera aussi son successeur (1927-1941). Dans les dernières années de sa vie, Mgr La Rocque se consacre surtout aux nouvelles œuvres catholiques : journal catholique (le Messager de Saint-Michel de Sherbrooke, hebdomadaire, 1917), syndicats ouvriers catholiques et nationaux, retraites fermées (Villa Saint-Alphonse, 1923), Semaine sociale (1924). Il s’éteint en 1926, dans la vénération générale.

Mgr La Rocque n’a guère participé aux grands débats nationaux, même s’il a défendu vigoureusement la position des évêques sur la question des écoles du Manitoba [V. Thomas Greenway*] et apporté aux Franco-Ontariens un soutien fervent et constant (en 1916, une quête « pour nos frères, les blessés de l’Ontario » [V. Charles Hugh Gauthier], a rapporté 2 055 $, somme la plus élevée recueillie jusque-là dans le diocèse). Très typique de l’époque, sa spiritualité reposait sur la dévotion au Sacré-Cœur, l’amour de l’Eucharistie, la dévotion à Marie et le culte de la papauté. Avec quelle ferveur n’a-t-il pas accueilli Mgr Stagni, représentant du pape, au moment de sa tournée du diocèse en 1913 !

À cause de sa santé frêle, Paul La Rocque n’a pas connu le parcours classique des évêques québécois. Ses dix ans à Key West lui ont donné un sens de la tolérance qui lui a été précieux durant son épiscopat. Il a présidé avec bonheur au développement du diocèse catholique de Sherbrooke. Figure du bon évêque, apprécié de tous, celui qu’un de ses successeurs, Mgr Philippe Desranleau*, appellera « le magnifique et somptueux Monseigneur Paul LaRocque » a réalisé pleinement sa devise : Omnibus omnia factus sum (je me suis fait tout à tous).

Guy Laperrière

Les principaux documents touchant Paul La Rocque se trouvent à l’archevêché de Sherbrooke, Québec. Les archives y sont conservées en deux lieux distincts : le Service des archives (historiques), où se trouve le fonds La Rocque (P4), qui contient une importante correspondance, et la Chancellerie, où sont conservés les dossiers administratifs et le registre des lettres. Dans les deux cas, les pièces sont si nombreuses que nous n’avons pu en consulter qu’une petite partie. La pensée pastorale de l’évêque est condensée dans ses Mandements, lettres pastorales, circulaires et autres documents publiés dans le diocèse de Sherbrooke (24 vol., Sherbrooke, 1874-1967), 4-9.

Parmi les nombreux écrits sur La Rocque, on peut citer : É.-J.[-A.] Auclair, Mgr Paul La Rocque, deuxième évêque de Sherbrooke ([Saint-Gérard, Québec], 1930) ; « les Trois évêques Larocque », SCHEC, Rapport, 13 (1945-1946) : 11-17 ; P.-J.-A. Lefebvre, Monseigneur Paul La Rocque, deuxième évêque de Sherbrooke : souvenir de 1893-94 (Montréal, 1894) ; « Mgr Paul-Stanislas La Rocque », Séminaire Saint-Charles-Borromée, Annuaire (Sherbrooke), 1926-1927 : 341-365.— Dolor Biron, Jubilé d’argent et d’or de Monseigneur Paul La Rocque, évêque de Sherbrooke, mai 1919 : 1869–1919, 1893–1918 ([Sherbrooke ?, 1919 ?]) ; C.-J. Roy, Visite de S. E. Monseigneur Stagni, délégué apostolique au Canada et à Terreneuve, dans les Cantons de l’Est : compte rendu des fêtes [...] (Québec, 1914) ; Obituaire du clergé, 1874–1993 : archidiocèse de Sherbrooke (Sherbrooke, 1993 ?), 38 ; Laurier Lacroix, « la Décoration religieuse d’Ozias Leduc à l’évêché de Sherbrooke » (mémoire de m.a., univ. de Montréal, 1973) ; [Philippe Desranleau], la Chaire de Mgr Desranleau : extraits de sermons, conférences, causeries, allocutions du premier archevêque de Sherbrooke, L.-C. O’Neil, compil. (Sherbrooke, Québec, [1953]), 33. [g. l.]

Bibliographie générale

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Guy Laperrière, « LA ROCQUE, PAUL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 18 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/la_rocque_paul_15F.html.

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Auteur de l'article:    Guy Laperrière
Titre de l'article:    LA ROCQUE, PAUL
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
Date de consultation:    18 mars 2024