LARUE, FRANÇOIS-XAVIER, fermier, notaire, fonctionnaire, homme politique, officier de milice et juge de paix, né le 28 octobre 1763 à Pointe-aux-Trembles (Neuville, Québec), fils d’Augustin Larue et de Thérèse Delisle ; le 4 octobre 1790, il épousa dans la paroisse de Saint-Augustin-de-Desmaures Marie-Magdeleine Hainse (Hains) (décédée le 24 novembre 1812), et ils eurent 17 enfants, dont 11 atteignirent l’âge adulte ; décédé le 13 juillet 1855 à Pointe-aux-Trembles.

Héritier d’une ferme de la seigneurie de Neuville, François-Xavier Larue entra quand même en 1783 comme apprenti chez un notaire de Québec, Pierre-Louis Deschenaux*. Sa formation dura cinq ans, aux termes d’une ordonnance de 1785 qui fut la première loi à régir la pratique notariale sous le Régime anglais. Commissionné le 10 mai 1788, Larue ouvrit son étude à Pointe-aux-Trembles où il se remit également à l’agriculture et agrandit ses propriétés foncières. En 1792, à l’occasion des premières élections générales du Bas-Canada, il exerça les fonctions de directeur du scrutin dans la circonscription de Hampshire, qui comprenait Neuville. Huit ans plus tard, il fut nommé commissaire chargé de recevoir les déclarations sous serment dans le comté de Hampshire.

De 1810 à 1814, Larue et François Huot* siégèrent comme députés de Hampshire à la chambre d’Assemblée. Larue, Louis Bourdages*, Joseph Papineau* et Thomas Lee, tous notaires, représentaient un groupe de députés exerçant des professions libérales, dont l’influence et l’image politiques de plus en plus importantes furent dénoncées par le gouverneur James Henry Craig*. La campagne électorale de 1810 fut dominée par la ferveur nationaliste du parti canadien, par des débats sur la question de savoir qui du gouvernement provincial ou impérial aurait le contrôle des dépenses de la liste civile, par les craintes grotesques de Craig à propos de complots napoléoniens et d’une démocratie canadienne, ainsi que par ses mesures désespérées de répression. Homme politique modéré, Larue appuya le parti canadien dans les débats importants où s’affrontaient les différents partis, notamment l’exclusion des juges comme députés (une question pendante dirigée à l’origine contre l’ancien député Pierre-Amable De Bonne*), le contrôle par l’Assemblée des dépenses de la liste civile et la procédure sans précédent d’impeachment qui fut mise de l’avant en 1814 par James Stuart contre deux des principaux opposants du parti, les juges en chef Jonathan Sewell* et James Monk*.

Comme beaucoup de ses associés en politique, Larue prit une part active à la guerre de 1812, servant comme major du bataillon de milice de Cap-Santé. Pendant ces années de guerre, il fut nommé commissaire chargé de faire prêter le serment d’allégeance. En 1815, on le nomma juge de paix du district de Québec et, quatre ans plus tard, il devint aussi représentant paroissial de la Société d’agriculture de la région. Au cours des décennies 1820 et 1830, il continua de faire de la culture et d’occuper des fonctions locales, dont celles de commissaire du recensement, commissaire chargé de la décision sommaire des petites causes, commissaire de la voirie et des ponts, et inspecteur d’écoles. De 1824 environ jusqu’en 1845, il travailla comme représentant administratif et financier du seigneur de Neuville, fonction occupée à partir de 1832 par son petit-fils Édouard-Wilbrod Larue.

Réélu député de la circonscription de Hampshire (rebaptisée Portneuf en 1829) à l’Assemblée du Bas-Canada, à l’occasion de l’élection partielle de 1826, Larue le resta jusqu’en 1838. Dans son opposition nationaliste à l’endroit du gouvernement provincial, le chef de file du parti patriote, Louis-Joseph Papineau*, comptait fortement sur l’appui de telles circonscriptions électorales canadiennes-françaises et rurales. En 1834, Larue appuya une tentative manifeste de l’Assemblée en vue de s’assurer le contrôle des dépenses de la liste civile et vota pour le soutien des fameuses Quatre-vingt-douze Résolutions. Les discours de plus en plus radicaux du parti patriote et son penchant pour la résistance armée amenèrent Larue et d’autres députés de la région de Québec à demander avec insistance la reprise de la session prorogée en décembre 1837, dans un effort infructueux pour arrêter la rébellion. Au cours du même mois, au milieu des soulèvements, Larue fut nommé commissaire chargé de faire prêter le serment d’allégeance.

Après s’être retiré de la politique, François-Xavier Larue continua de pratiquer le notariat. Il devait aussi s’intéresser à l’Association des notaires du district de Québec, qui fut créée par 25 notaires le 7 juillet 1840 après une série de vaines tentatives faites depuis 1824 en vue d’organiser la profession. Larue n’était pas parmi les membres fondateurs, mais, à titre de plus ancien notaire du district, on le nomma président. Il refusa toutefois le poste, à cause de son âge avancé. Considéré comme le « doyen » de la profession dans la province et comme « l’un des meilleurs notaires du pays », Larue rédigea son dernier acte notarial le 20 octobre 1843, puis continua de s’occuper de sa ferme jusqu’à sa mort. On l’enterra dans l’église paroissiale de Pointe-aux-Trembles le 16 juillet 1855.

David Roberts

L’auteur désire remercier Alice LaRue Grenier et feu Louis-Philippe Grenier de Neuville au Québec pour les renseignements qu’ils lui ont fournis. [d. r.]

Le minutier de François-Xavier Larue, 1788–1843, est conservé aux ANQ-Q, sous la cote CN1-147.

AP, Saint-Augustin (Saint-Augustin-de-Desmaures), Reg. des baptêmes, mariages et sépultures, 4 oct. 1790 ; Saint-François-de-Sales (Neuville), Reg. des baptêmes, mariages et sépultures, 29 oct. 1763, 25 nov. 1812, 16 juill. 1855.— APC, MG 24, B1, 32 ; B2, 2 ; RG 4, A1, 234 : 134 ; 477 : 158 ; 527 : 87 ; B8, 1 : 185–189 ; RG 9, I, A5, 4 : 23 ; RG 31, A1, 1825, 1831, 1842, 1851, Pointe-aux-Trembles.— B.-C., chambre d’Assemblée, Journaux, 1810–1837.— « Ordonnances édictées pour la province de Québec par le gouverneur et le conseil de celle-ci, de 1768–1791 [...] », APC Rapport, 1914–1915 : 168–172.— La Gazette de Québec, 24 mai 1792, 11 janv., 19 avril, 3 mai 1810, 27 avril 1812, 30 nov. 1815, 8 avril 1819, 5, 9 juill. 1821, 3 avril 1823.— Desjardins, Guide parl.— Ouellet, Bas-Canada.— J.-E. Roy, Hist. du notariat, 23.— Taft Manning, Revolt of French Canada.— André Vachon, Histoire du notariat canadien, 1621–1960 (Québec, 1962).— Mason Wade, The French Canadians, 1760–1967 (éd. rev., 2 vol., Toronto, 1968).— P.-G. Roy, « la Famille Larue », BRH, 45 (1939) : 65–71.

Bibliographie de la version modifiée :
Le minutier de François-Xavier Larue, 1788–1843, est conservé à Bibliothèque et Arch. nationales du Québec, Centre d'arch. de Québec, sous la cote CN301-S158.— Le Canadien (Québec), 25 août 1824.

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David Roberts, « LARUE, FRANÇOIS-XAVIER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 6 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/larue_francois_xavier_8F.html.

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Auteur de l'article:    David Roberts
Titre de l'article:    LARUE, FRANÇOIS-XAVIER
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    2022
Date de consultation:    6 nov. 2024