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Titre original :  Annie Caroline MacDonald, Graduation portrait, 1901.

Creator: Park Bros., Toronto

Credit: University of Toronto Archives

Provenance : Lien

MACDONALD, ANNIE CAROLINE, missionnaire, réformatrice sociale et interprète, née le 15 octobre 1874 à Wingham, Ontario, quatrième des cinq enfants de Peter Macdonald, médecin et futur député libéral, et de Margaret Ross ; décédée célibataire le 18 juillet 1931 à London, Ontario, et inhumée à Wingham.

Missionnaire chrétienne indépendante au Japon, décrite par ceux qu’elle servit comme « l’ange blanc de Tokyo », Annie Caroline Macdonald appartenait à une famille presbytérienne engagée. Sa mère participa à la mise sur pied de la section locale de la Woman’s Foreign Missionary Society de l’Église presbytérienne au Canada [V. Marjory Laing*]. Son père donnait des cours d’instruction biblique et enseignait à l’école du dimanche. Annie Caroline étudia d’abord à l’école de son village natal. Elle fréquenta ensuite les collegiate institutes de Stratford, d’Owen Sound et de London. Aux deux derniers endroits, Francis Walter Merchant, directeur et professeur de sciences, exerça sur elle de l’influence. Après avoir intégré la University of Toronto, elle devint membre active de la Young Women’s Christian Association (YWCA) et du Student Volunteer Movement for Foreign Missions, et obtint, en 1901, son diplôme avec distinction en mathématiques et en physique.

Mlle Macdonald travailla ensuite pour la YWCA à London et à Ottawa, et pour le Student Volunteer Movement for Foreign Missions pendant un moment, avant d’accepter, en février 1903, le poste de secrétaire nationale de la YWCA. À la fin de 1904, sur les instances de la World’s Young Women’s Christian Association et de la YWCA du Canada, elle alla au Japon pour participer à la fondation de l’association dans ce pays, où œuvraient depuis quelque temps des missionnaires protestants du Canada [V. George Cochran* ; Charles Samuel Eby*]. Elle y passerait le reste de sa carrière.

Une fois rendue au Japon, Mlle Macdonald entreprit son apprentissage de la langue : leçons intensives pendant six mois, suivies de cours ordinaires, puis d’études condensées durant quatre mois en 1911–1912. Elle se rendit rapidement compte de la nécessité du sens de l’humour. « Si vous ne possédez pas cette vertu, prenez le prochain bateau en partance de Yokohama », conseillerait-elle aux nouveaux arrivants. Au début de sa carrière, elle contribua à l’essor de la YWCA, non seulement à Tokyo, mais aussi à Yokohama et à ōsaka, en instaurant des camps d’été, des écoles du dimanche et des résidences destinées à fournir un logis sûr aux étudiantes et aux travailleuses célibataires. Mlle Macdonald agit à titre de secrétaire nationale de la YWCA du Japon jusqu’en 1915. De 1905 à 1923, elle enseigna la littérature anglaise et la Bible dans un établissement qui deviendrait le Tsuda College de Tokyo, école chrétienne privée pour filles fondée par Tsuda Umeko, célèbre pionnière de l’éducation des femmes. Dans son travail avec la YWCA, Mlle Macdonald bénéficia grandement de l’aide de son amie et collègue enseignante au collège, Emma Ratz Kaufman (fille de Jacob Kaufman*), employée de la YWCA arrivée du Canada en 1911.

À Tokyo, Annie Caroline Macdonald fréquentait l’église Fujimichō, congrégation presbytérienne dont le ministre était Uemura Masahisa, l’une des figures marquantes de l’histoire du protestantisme japonais. Grâce à son appartenance à ce groupe et à ses liens avec Uemura, elle rencontra de nombreux dirigeants du mouvement chrétien japonais, dont le militant ouvrier Suzuki Bunji, et l’éducateur et homme politique Tagawa Daikichirō. L’interprète quaker de la culture japonaise auprès des Occidentaux Nitobe Inazō, l’évangéliste Kagawa Toyohiko et une autre championne de l’éducation des femmes, Kawai Michi, comptaient aussi parmi ses amis chrétiens japonais illustres.

Annie Caroline Macdonald avait grandi dans la tradition du Social Gospel, éducation qui se manifesterait dans son intérêt pour la réforme pénitentiaire et son appui au mouvement ouvrier. Elle n’était pas la première missionnaire à se pencher sur le travail dans les pénitenciers du Japon : Arthur Lea, missionnaire anglican canadien, avait lancé le concept de réhabilitation des prisonniers au début des années 1900 à Gifu. Ses activités et celles d’autres femmes missionnaires firent toutefois grand bruit. Elle commença à visiter des détenus en 1913, à la suite du procès de Yamada Zen’ichi, travailleur de la Croix-Rouge qui assistait à ses cours bibliques du dimanche soir et qui, dans un accès de jalousie, avait assassiné sa femme et ses deux jeunes fils. Au cours de ses rencontres avec Yamada à la prison de Kosuge à Tokyo, elle se lia d’amitié avec Arima Shirosuke, directeur chrétien de l’établissement. Ce dernier, partisan parfois controversé de la réforme pénitentiaire, lui apporta une aide précieuse dans ses activités en milieu carcéral et, plus tard, au centre d’œuvres sociales qu’elle mit sur pied. Yamada, condamné à la détention à perpétuité, bénéficierait d’une libération en 1925, et se joindrait aux efforts de Mlle Macdonald pour la réinsertion des prisonniers.

L’expérience vécue par Mlle Macdonald avec Yamada la persuada de se consacrer entièrement au travail dans les prisons. Elle démissionna de la YWCA, et, à partir de ce moment-là, subsista grâce à ses revenus d’enseignante et à des dons. Au début de 1916, elle rencontra Ishii Tōkichi. Récidiviste, ce dernier, tandis qu’il purgeait une peine en prison pour un délit mineur, avait confessé un homicide afin d’empêcher la condamnation d’un homme innocent à sa place. Il se tourna vers le christianisme durant son procès. Avant son exécution, à l’été de 1918, Ishii réussit, aidé de Mlle Macdonald, à composer un récit autobiographique simple et touchant, dans lequel il insiste sur sa transformation par la puissance de Jésus-Christ. Ce texte parut à Tokyo avant la fin de l’année 1918. Mlle Macdonald le traduirait en anglais et en organiserait la publication aux États-Unis sous le titre A gentleman in prison.

Outre les prisonniers, Mlle Macdonald s’intéressait particulièrement aux femmes et aux filles ouvrières. En 1923, son travail social se concrétisa dans la création de Shinrinkan, centre d’œuvres communautaires planifié depuis longtemps ; le séisme qui ravagea Tokyo cette année-là en précipita l’inauguration. L’établissement fournissait un large éventail de services aux personnes sans emploi ou déplacées. On y offrait aussi des cours du soir pour les ouvriers, des ateliers de tricot pour les femmes, des leçons d’anglais, des activités pour stimuler l’intérêt des jeunes délinquants, des séances de formation pour les travailleurs sociaux, des cours d’instruction biblique et des discussions de groupe sur des problématiques sociales. Un deuxième centre, consacré au soutien du travail de Mlle Macdonald dans les pénitenciers, ouvrit ses portes en 1930. En plus de ses visites aux prisonniers, Mlle Macdonald faisait tout son possible pour faciliter leur réinsertion sociale et s’impliquait auprès de leur famille. L’inquiétude de Mlle Macdonald suscitée par les difficultés que rencontraient les ex-détenus et les employés d’usine l’amena à prendre part au mouvement syndicaliste ; à partir du début des années 1920, elle consacra de plus en plus de temps aux questions ouvrières. En 1927, par exemple, elle s’adressa à des travailleurs en grève pour s’opposer à la puissante Kikkoman Corporation ; elle les encouragea à tenir fermement leur position. Deux ans plus tard, elle servit d’interprète à Matsuoka Komakichi et d’autres délégués japonais à la conférence de l’Organisation internationale du travail à Genève.

À un certain moment, on avait élu Mlle Macdonald conseillère presbytérale de son église de Tokyo, rare distinction pour une personne étrangère. Les empereurs Yoshihito et Hirohito reconnurent son travail éducatif et social. La communauté occidentale à Tokyo lui témoigna son estime en la nommant conseillère de l’Asiatic Society of Japan. En 1925, la University of Toronto lui décerna un doctorat honorifique ; elle devenait ainsi la première femme à y obtenir un doctorat en droit. Elle fut « assez soufflée » par cet honneur, dit-elle, convaincue qu’elle n’avait « jamais rien fait pour la University of Toronto, sauf en sortir aussi vite que possible, et s’en tenir loin depuis lors ». Les honneurs qu’elle reçut, ses activités de financement en Amérique du Nord au nom de son centre d’œuvres sociales, sa participation à des conférences en Europe et, surtout, la publication du récit A gentleman in prison la rendirent célèbre chez les protestants du Canada et d’ailleurs en Occident avant la fin des années 1920.

Annie Caroline Macdonald dut rentrer au Canada en 1931 à cause d’ennuis de santé. Elle mourut peu après d’un cancer du poumon. Comme sa contemporaine Loretta Leonard Shaw, elle avait cherché à représenter son pays adoptif et le peuple japonais auprès des Canadiens et des autres. Sur sa pierre tombale figure simplement l’inscription suivante : « Caroline Macdonald du Japon 1874–1931 ». On la pleura profondément à Tokyo, où un millier de personnes assistèrent à son service commémoratif. À un service à Toronto, en septembre, l’avocat Newton Wesley Rowell*, qui avait visité les centres de Mlle Macdonald au Japon, vanta « ses idées larges » : « Elle s’employa à favoriser une meilleure compréhension entre les races, en essayant de combler le gouffre qui séparait l’Occident et l’Orient, convaincue que toutes les races étaient enfants d’un seul et même Père, et qu’elles devaient se sentir unies par un même sentiment. » « N’importe quel idiot peut voir les différences, avait-elle déclaré l’année de sa mort. Cela prend un cœur aimant et une tête sur les épaules pour percevoir que nous ne formons qu’un. »

Hamish Ion

Annie Caroline Macdonald est l’auteure de The woman movement in Japan (s.l.n.d.) et d’un certain nombre de brochures, dont The prisons of Tokyo and a social service opportunity ([Toronto ?, 1920 ?]). Elle a également publié des articles dans des périodiques tels que le Women’s International Quarterly (Londres) et le Japan Christian year-book (Tokyo). Sa traduction des mémoires d’Ishii Tōkichi a paru à New York en 1922 sous le titre A gentleman in prison : with the confessions of Tokichi Ishii written in Tokyo Prison. Le livre de Margaret Prang intitulé A heart at leisure from itself : Caroline Macdonald of Japan (Vancouver, 1995) se base sur ses papiers conservés à l’EUC, fonds n3289.

Globe, 28 sept. 1931 : 12.— Endō Koichi, Tagawa Daikichirō to sono jidai [Tagawa Daikichirō et son temps] (Tokyo, 2004).— John McNab, The white angel of Tokyo : Miss Caroline Macdonald, ll.d. ([Toronto ?, 1945 ?]).— Nihon Kirisutokyō rekishi daijiten [Dictionnaire de l’histoire du christianisme au Japon] (Tokyo, 1988).

Bibliographie générale

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Hamish Ion, « MACDONALD, ANNIE CAROLINE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 24 avril 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/macdonald_annie_caroline_16F.html.

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Auteur de l'article:    Hamish Ion
Titre de l'article:    MACDONALD, ANNIE CAROLINE
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2023
Année de la révision:    2023
Date de consultation:    24 avril 2024