DCB/DBC Mobile beta
+

Dans le cadre de l’accord de financement entre le Dictionnaire biographique du Canada et le Musée canadien de l’histoire, nous vous invitons à participer à un court sondage.

Je veux participer maintenant.

Je participerai plus tard.

Je ne veux pas participer.

J’ai déjà répondu au sondage

Nouvelles du DBC/DCB

Nouvelles biographies

Biographies modifiées

Biographie du jour

ROBINSON, ELIZA ARDEN – Volume XIII (1901-1910)

décédée le 19 mars 1906 à Victoria

La Confédération

Le gouvernement responsable

Sir John Alexander Macdonald

De la colonie de la Rivière-Rouge au Manitoba (1812–1870)

Sir Wilfrid Laurier

Sir George-Étienne Cartier

Sports et sportifs

Les fenians

Les femmes dans le DBC/DCB

Les conférences de Charlottetown et de Québec en 1864

Les textes introductifs du DBC/DCB

Les Acadiens

Module éducatif

La guerre de 1812

Les premiers ministres du Canada en temps de guerre

La Première Guerre mondiale

MANNING, ALEXANDER HENDERSON, entrepreneur, homme d’affaires et homme politique, né le 11 mai 1819 à Dublin, fils de William Manning ; le 6 février 1850, il épousa à Toronto Adeline Augusta Whittemore, puis le 1er août 1861, à Sherbrooke, Bas-Canada, Susan Celina Smith, fille de Hollis Smith*, et de ce second mariage naquirent deux fils et deux filles ; décédé le 20 octobre 1903 à Toronto.

Alexander Henderson Manning fit ses études à Dublin et immigra en 1834. D’abord charpentier à Toronto, il alla dans l’Ohio en 1838. Deux ans plus tard, il retourna à Toronto, où il se fit constructeur et devint associé dans une scierie. En 1842–1843, il fit de la sous-traitance au canal Welland. En 1845–1846, il construisit à Toronto, avec Robert Petch, l’édifice qui allait abriter le Fireman’s Hall et le Mechanic’s Institute, dont William Thomas* avait dressé les plans ; en 1847, il bâtit des magasins conçus par John George Howard* pour A. V. Brown. Apparemment, dans les débuts de sa carrière, Manning reçut l’aide de son beau-frère, le marchand torontois Ezekiel Francis Whittemore*. Il devint l’un des principaux entrepreneurs de la ville et exécuta plusieurs ouvrages imposants, dont la Toronto Normal School et la Toronto Model School en 1851–1852.

En même temps qu’il se faisait un nom, Manning s’employa à accéder au conseil municipal. L’échevinage lui échappa une première fois en 1855, mais en 1856 et en 1857, il fut élu dans le quartier St Lawrence. À la même époque, il investit massivement dans l’immobilier à Toronto – beaucoup trop pour ses moyens, selon ce que rapporta en 1860 un agent de la R. G. Dun and Company. Néanmoins, il persévéra, souvent au milieu de la controverse. Dans les années 1860, il construisit des routes dans le comté de Grey ; on le critiqua parce qu’il réclamait d’être payé pour du travail supplémentaire, exigence que ses adversaires allaient par la suite citer en exemple pour démontrer qu’il faisait preuve de cupidité, surtout quand des fonds publics étaient en jeu. De 1870 à 1874, avec le constructeur torontois William Farquhar, il exécuta les travaux de maçonnerie à la bibliothèque du Parlement d’Ottawa. On ne sait pas quel fut exactement son rôle. Les bons amis qu’il avait chez les conservateurs l’aidèrent peut-être à obtenir le contrat, mais apparemment, la situation se retourna contre lui après la victoire des libéraux en 1873. Le département des Travaux publics laissa traîner le règlement du compte et, après le retour des conservateurs au pouvoir, en 1878, Manning insista auprès d’eux pour être payé. Par ailleurs, il eut, semble-t-il, des intérêts dans la première compagnie du Toronto Street Railway, et il fit de la construction ferroviaire dans le Vermont, en Pennsylvanie, dans l’État de New York et au Canada.

Manning était retourné dans les affaires municipales en 1867 à titre d’échevin du quartier St Lawrence ; il allait occuper ce siège jusqu’en 1873. En 1870, il acheta pour 14 000 $ l’imposante résidence de feu Henry John Boulton*, Holland House ; cette acquisition démontre la richesse et le prestige dont il jouissait à cette époque. En 1872, il se présenta à la mairie (c’était alors les conseillers municipaux qui élisaient le maire), mais il fut défait. Le 20 janvier 1873, il obtint le poste. Pendant l’année de son mandat, il réalisa plusieurs des objectifs qu’il s’était fixés en entrant en fonction : nommer un commissaire des travaux publics, réformer le mode d’évaluation et de perception des taxes et faire acheter, par la municipalité, l’usine de distribution d’eau, qui appartenait à des intérêts privés. Cependant, la réforme de l’évaluation et l’acquisition de l’usine suscitèrent la controverse et créèrent des dissensions au sein du conseil et de l’électorat. En partie à cause des allégations publiques selon lesquelles il y avait eu des irrégularités dans l’adjudication des contrats de rénovation de l’usine, Manning perdit les élections de 1874, qui se firent par scrutin populaire. Tout de même, en raison de ce qu’il avait réalisé en 1873, on se souviendrait de lui comme de l’un des meilleurs maires de Toronto (titre dont lui-même ne se priverait pas de se coiffer).

Pendant son mandat, Manning avait obtenu le premier des nombreux gros contrats offerts par le gouvernement dans les années 1870 pour des travaux au canal Welland et au canal de Cornwall. En mars 1879, avec des associés cette fois, il fut chargé de construire le tronçon de voie ferrée de la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique qui devait relier deux points situés à l’ouest du lac Supérieur, Eagle River et Keewatin. La distance était de 67 milles et le terrain, difficile. Non seulement les travaux se révélèrent-ils ardus et plus coûteux que le montant de la soumission, mais de surcroît, l’adjudication du contrat éveilla des soupçons dès le début. On parlait abondamment de trafic d’influence. On connaissait bien les sympathies de Manning pour les conservateurs ; un de ses associés, John Shields, était l’un des organisateurs du parti. La commission royale d’enquête sur la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique instituée en 1880 ne découvrit aucune preuve qu’on avait soufflé le montant du contrat, mais fit état de consternantes irrégularités dans le processus d’adjudication.

Cette histoire n’était pas l’unique sujet d’inquiétude de Manning et de ses associés. Presque acculés à la faillite, ils durent renoncer au contrat en juillet 1883. Voyant que l’épisode du chemin de fer avait terni sa réputation, Manning cessa apparemment peu après d’être entrepreneur. Les accusations de conduite douteuse lancées sporadiquement contre lui dans le passé ne cessèrent jamais de le poursuivre.

Ces problèmes ne semblent pas avoir fait obstacle au retour de Manning sur la scène municipale en 1884. Certes, il s’était classé troisième dans la course à la mairie en 1879 et avait refusé d’être mis en candidature en 1881, mais il avait conservé de l’influence. Il était l’un des plus importants contribuables de la ville et occupait la présidence de la Property Owners’ Association, qui contestait les évaluations aux fins de l’impôt et gardait un œil attentif sur les extravagances du conseil. À la fin de 1884, 5 500 citoyens signèrent une pétition pour qu’il se présente à la mairie en 1885. Ayant accédé à leur demande, il fit campagne, rapporta le Globe, en se déclarant « le meilleur maire que Toronto [eût] jamais eu », prétention dont même ce journal, son critique le plus féroce, reconnaissait le bien-fondé. Il promit de l’eau pure, une administration efficace et de la retenue en matière de fiscalité. Même s’il s’était présenté comme indépendant, il reconnut, après sa victoire sur John Jacob Withrow*, que les conservateurs l’avaient beaucoup aidé en l’appuyant. À nouveau, il se montra un maire efficace. C’était un administrateur compétent, et il maintint les taxes à un faible niveau (ce que d’aucuns attribuaient simplement au fait que lui-même en payait un fort montant). En janvier 1886, il sollicita un autre mandat, mais perdit au profit de William Holmes Howland*, qui prônait la réforme et la tempérance. Pendant la campagne, le mouvement antialcoolique ne se fit pas faute de souligner que Manning était président de la Toronto Brewing and Malting Company, ce qui fit grand effet. Le Globe attribua sa défaite à son impopularité et à l’opposition de la Toronto Typographical Union, alors en guerre contre le Toronto Daily Mail, qui soutenait Manning. Sa défaite mit fin à sa carrière dans l’administration torontoise, mais il ne se désintéressa pas pour autant des affaires municipales.

Manning joua un rôle prépondérant dans nombre d’organisations torontoises, particulièrement le Home for Incurables, qu’il avait fondé pendant qu’il était maire, soit en 1873, et dont sa femme, Susan, fut secrétaire durant un certain nombre d’années. Fervents anglicans, tous deux fréquentaient assidûment la cathédrale St James. Manning fut président de l’Irish Protestant Benevolent Society, de la Société Saint-Patrice et du National Club. Par ailleurs, il appartint au Bureau de commerce de Toronto à compter de 1886, fit partie du conseil d’administration de la Traders Bank of Canada et de la Banque canadienne de commerce, et fut président de la Toronto Dry Dock and Shipbuilding Company. À sa mort, il était le président et le principal actionnaire de la North American Land Company Limited. En 1891, il fut l’un de ceux qui tentèrent de mettre la main sur la Toronto Street Railway Company. Il investissait surtout dans des terrains à Toronto et, sur certains d’entre eux, il construisit des édifices dignes de mention. En 1884, il fit dresser par Edward James Lennox* les plans de la Manning Arcade, gros immeuble à bureaux de la rue King West. Il construisit aussi, à l’angle des rues Queen et Bay, le Manning Chambers, qui abritait le cabinet d’avocat de son gendre, Edward William Hume Blake, fils de son conseiller juridique et adversaire politique Edward Blake*. Au moment de sa mort, la valeur de ses propriétés immobilières, situées pour la plupart à Toronto, se chiffrait à 537 000 $.

Mécène, Manning investit dans le Grand Opera House, qui ouvrit ses portes en 1874 [V. Charlotte Nickinson]. L’entreprise connut bientôt des difficultés financières et, en 1876, Manning acheta le théâtre aux enchères. Le 29 novembre 1879, un incendie détruisit l’édifice, ce qui lui coûta 50 000 $ parce que l’immeuble n’était pas entièrement assuré. Il fit reconstruire le théâtre en un temps record, 51 journées de travail, et l’exploita jusqu’à son décès.

Manning connut plusieurs épreuves familiales. Il perdit sa première femme, Adeline, en 1861, sa fille Blanche en 1884, son fils Alexander Frank en 1888 et sa deuxième femme, Susan, en 1893. À sa mort, en 1903, le plus gros de sa succession, qui s’élevait à 799 000 $, alla à son autre fils et à son autre fille.

Alexander Henderson Manning fut l’un des hommes d’affaires à qui le développement de Toronto profita le plus. Ayant compris tôt les possibilités que la ville offrait, il y construisit et y acquit bon nombre d’édifices, et investit la plus grande partie de ses gains dans l’immobilier. Ses relations dans les milieux politiques durent l’aider à obtenir de plus gros contrats, mais la façon dont il les rechercha et dont il s’acquitta de ses engagements ternit sa réputation et nuisit parfois à sa carrière d’homme public. En tant qu’administrateur municipal, il était représentatif des nouveaux riches de Toronto, et on l’accusa souvent de faire partie d’un réseau d’intrigants qui n’avaient en vue que leurs propres intérêts. En même temps, il prôna avec constance la saine administration des finances municipales et l’amélioration des services. Le monument imposant qu’il fit élever pour lui-même et sa famille au cimetière St James convient bien à cet homme qui était constructeur de son état et qui, avec la fortune, acquit de l’influence, un penchant pour l’ostentation et la conscience que le riche a des obligations envers ses concitoyens.

Alexander Reford

ANQ-E, CE1-46, 1er août 1861.— AN, MG 26, A ; MG 28, III 20, 4, Fraser, Manning and Company agreement, 20 mars 1879 (original) ; Van Horne letter-books, 2, 10 juill. 1883 ; 17 : 207–209 (copies) ; RG 11, 459 : 4445–4447 ; 791 : 25139, 27620.— AO, F 23, MU 472, 8 sept. 1873 ; MU 474, 14 janv. 1880 ; MU 479, 15 avril 1889 ; F 24, MU 508, Campbell à Cartwright, 17, 30 avril 1874 ; F 2104, Treasurer’s report, 13 mars 1846 ; RG 8, I-6-A, 12 : 65 ; RG 22, Ser. 305, nos 10636, 16472.— Baker Library, R. G. Dun & Co. credit ledger, Canada, 26 : 325.— Daily Colonist (Toronto), 2, 4 janv. 1855.— Daily Mail and Empire, 8 août 1896.— Globe, 2 sept. 1845, 1851–1852, 1872–1874, 1879, 27 déc. 1881, 1884–1886, 21, 24 mai 1888, 1er mars 1893.— Mail (Toronto), 30 déc. 1873, 7 janv. 1874, 10 févr. 1880.— Toronto Daily Mail, 13 déc. 1884–5 janv. 1886.

J. R. Aikens, « The rival operas : Toronto theatre, 1874–84 » (thèse de ph.d., 2 vol., Univ. of Toronto, 1975).— J. T. Angus, A respectable ditch : a history of the Trent-Severn Waterway, 1833–1920 (Kingston, Ontario, et Montréal, 1988), 168s., 408.— Annuaire, Toronto, 1887.— Armstrong et Nelles, Revenge of the Methodist bicycle company, 40s.— E. [R.] Arthur, Toronto, no mean city, S. A. Otto, rév. (3e éd., Toronto, 1986).— Canada, Commission royale d’enquête sur la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique, Rapport (3 vol., Ottawa, 1882) ; Parl., Doc. de la session, 1873, no 2 : 121 ; no 6 : 140 ; 1876, no 104 : 2–4.— Canadian album (Cochrane et Hopkins), 1 : 212.— N. F. Davin, The Irishman in Canada (Londres et Toronto, 1879 ; réimpr., Shannon, république d’Irlande, 1969), 284.— William Dendy, Lost Toronto (Toronto, 1978).— William Dendy et al., Toronto observed : its architecture, patrons and history (Toronto, 1986).— Gunter Gad et Deryck Holdsworth, « Building for city, region, and nation : office development in Toronto, 1834–1984 », Forging a consensus : historical essays on Toronto, V. L. Russell, édit. (Toronto, 1984), 299.— J. G. Howard, The journal of John George Howard, S. [G.] Morriss, édit. (éd. sur microfiche, 7 vol., [Toronto, 198- ?]), 6 : 71, 79, 91, 123, 139, 141.— G. S. Kealey, Toronto workers, 92s., 232–235.— E. L. Marsh, A history of the county of Grey (Owen Sound, Ontario, 1931), 243.— Desmond Morton, Mayor Howland : the citizens’ candidate (Toronto, 1973), 11–26.— C. P. Mulvaney, Toronto : past and present ; a handbook of the city (Toronto, 1884 ; réimpr., 1970), 117s.— Robertson’s landmarks of Toronto, 6 : 196s.— V. L. Russell, Mayors of Toronto (1 vol. paru, Erin, Ontario, 1982–  ).— Toronto, Board of Trade, « Souvenir », 148 ; City Council, Minutes of proc., 1886, app.

Bibliographie générale

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Alexander Reford, « MANNING, ALEXANDER HENDERSON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/manning_alexander_henderson_13F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique


Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/manning_alexander_henderson_13F.html
Auteur de l'article:    Alexander Reford
Titre de l'article:    MANNING, ALEXANDER HENDERSON
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
Date de consultation:    19 mars 2024