McDONELL, ALLAN, trafiquant de fourrures et homme politique, né vers 1776, probablement à Glen Garry (région de Highland, Écosse), fils de Donald MacDonell, septième héritier de Lundie, et de sa troisième femme, une dénommée MacDonald, d’Islay, Écosse ; décédé le 16 juin 1859 à Montréal.

La pauvreté ayant obligé Donald MacDonell à se départir de ses terres ancestrales, il immigra avec sa famille en Amérique du Nord britannique et s’établit à Martintown, dans le Haut-Canada. En février 1799, Allan, qui écrivait son nom McDonell, se joignit à une compagnie montréalaise de traite de fourrures, la Forsyth, Richardson and Company [V. John Forsyth* ; John Richardson*], comme apprenti commis et fut envoyé dans le Nord-Ouest. Cette firme était l’une des compagnies associées dans la New North West Company (appelée parfois la XY Company), laquelle faisait concurrence à la North West Company. Après la fusion des deux sociétés rivales en 1804 [V. sir Alexander Mackenzie*], McDonell travailla à titre de commis pour la North West Company au fort Dauphin (Manitoba), situé au lac Dauphin ; deux ans plus tard, il accompagna les Nor’Westers Alexander Henry* le jeune et Charles Chaboillez* au cours de leur expédition dans les villages mandanes situés sur le haut Missouri. Pendant les années de conflit entre sa compagnie et la Hudson’s Bay Company, il fut en poste dans les départements du fort Dauphin et de la rivière Rouge ; en 1816, il s’associa à la North West Company. En juin de cette année-là, il se trouvait dans la région de la rivière Rouge, et Peter Fidler*, fonctionnaire de la Hudson’s Bay Company, l’inscrivit sur sa liste des hommes de la North West Company qui s’étaient contentés « d’observer » tandis qu’un groupe de Métis dirigés par Cuthbert Grant saccageaient le poste de Brandon House, propriété de la Hudson’s Bay Company. Plus tard durant l’été, McDonell et d’autres associés de la North West Company furent arrêtés par lord Selkirk [Douglas*] au fort William (Thunder Bay, Ontario), comme complices du meurtre du gouverneur Robert Semple*, tué avec une vingtaine d’habitants de la colonie de lit Rivière-Rouge au cours d’une bataille avec les hommes de Grant à Seven Oaks (Winnipeg), le 19 juin. Le 22 octobre 1818, avec 13 autres personnes, il fut inculpé par le jury d’accusation à York (Toronto), mais il ne fut jamais jugé ni même apparemment détenu, tout comme de nombreux autres accusés. Il ne semble pas avoir pris une part active aux événements de Seven Oaks, quoique le témoignage de John Palmer Bourke laisse supposer qu’il avait la réputation d’être violent.

Au moment de la fusion de la Hudson’s Bay Company et de la North West Company en 1821 [V. Simon McGillivray*], McDonell fut fait chef de poste et nommé responsable du district de la rivière du Cygne, au fort Dauphin. Dans ce district, une des principales fonctions était de réunir et de transporter des provisions comme le sel, le sucre et le pemmican destinés aux postes plus éloignés du Nord-Ouest. Chaque printemps, McDonell dirigeait le transport de ces approvisionnements, descendant la rivière Assiniboine et remontant au nord jusqu’à Norway House. Il ne profita pas d’un congé qui lui fut accordé en 1823 et resta dans le district de la rivière du Cygne jusqu’à ce que le conseil du département du Nord l’affecte au district de Témiscamingue en 1826. Au début, il partagea la direction de ce district avec le chef de poste Angus Cameron* ; en 1827, il en devint le seul chef et, l’année suivante, il fut promu agent principal.

En 1834, George Simpson, gouverneur de la Hudson’s Bay Company, se montra insatisfait de la manière dont McDonell s’y prenait avec ses hommes et avec les Indiens, et de ses méthodes pour régler le problème des trafiquants de fourrures indépendants qui s’installaient dans la région. On lui accorda donc un congé d’un an, et Cameron le remplaça. En 1835, il fut nommé au district du lac à la Pluie ; il n’en partit qu’en 1841, un congé de deux ans lui ayant été accordé avant qu’il ne se retire officiellement en 1843. Au lac à la Pluie, le 20 mars 1839, il avait été nommé membre du Conseil d’Assiniboia.

Après sa retraite de la compagnie, McDonell s’établit à Montréal, sur la montagne, avec sa femme et sa famille. Sa femme, qui fut baptisée Margaret dans la colonie de la Rivière-Rouge en 1833, était la fille d’Æneas Cameron*, du district de Témiscamingue. La maison de McDonell, Lundy Cottage, qui avait vue sur les ruines de la résidence inachevée de Simon McTavish*, fut décrite par un autre trafiquant à la retraite, George Keith, comme un « magnifique manoir, avec un morceau de terrain de grande valeur bien que petit » et avec « des pièces et des meubles élégants ». En compagnie de Peter Warren Dease*, de John Clarke et d’autres, McDonell était un de ces Nor’Westers retraités dont Simpson déplorait qu’ils aillent « flâner par les rues de Montréal et laissent s’envoler en fumée le reste de la journée au Sword’s Barroom ». Pourtant, même si Angus Cameron, banquier et neveu d’Angus Cameron, ne considérait pas que l’avoir de McDonell avait été bien placé (il s’agissait surtout d’actions de chemin de fer), il déclara à son oncle que McDonell gérait ses affaires avec beaucoup d’économie. En 1848, des cataractes avaient rendu McDonell presque aveugle, et deux opérations, l’une subie à Montréal en 1851 et l’autre à Londres en 1852, n’améliorèrent guère son état. Néanmoins, en 1855, le neveu de Cameron remarqua qu’il pouvait encore « différencier la couleur d’un brandy coupé d’eau de celle de l’eau pure ». Il mourut à Montréal à l’âge de 83 ans et fut enterré dans le cimetière catholique Notre-Dame-des-Neiges, le 18 juin 1859.

Les McDonell eurent au moins sept enfants, et Mme McDonell vivait encore à Montréal en 1876. Le gouverneur Simpson décrivit Allan McDonell en 1832 comme « un homme plutôt bon qu’intelligent », opinion que semblent avoir partagée ses autres amis qui, tout comme Simpson, appréciaient aussi son amabilité, sa générosité et son humour. McDonell s’acquitta honorablement de sa tâche dans le département du Nord où il passa la majeure partie de sa carrière, mais il eut moins de succès dans le Témiscamingue où la plupart des employés étaient canadiens et où l’opposition venant du Canada grandissait rapidement. Bien qu’il ait lui-même manqué d’instruction, il fit du mieux qu’il put pour ses enfants dont l’un, Angus, fit des études de médecine, et un autre, John, devint jésuite. Ses anciens collègues et le banquier Angus Cameron parlaient tous de lui avec affection, tandis que l’agent principal Angus Cameron le surnommait « sir Allan », en hommage, peut-être, à ses ancêtres des Highlands.

Elaine Allan Mitchell

ANQ-M, CN1-29, 5 févr. 1799.— Arch. privées, E. A. Mitchell (Toronto), Fonds Æneas et Angus Cameron (mfm aux AO).— Glengarry Geneal. Soc. (Lancaster, Ontario), E. A. Mitchell, « An aspect of one branch line of the Macdonells of Lundie ».— Les Bourgeois de la Compagnie du Nord-Ouest (Masson), 1.— Docs. relating to NWC (Wallace).— Hargrave, Hargrave corr. (Glazebrook).— HBRS, 2 (Rich et Fleming) ; 3 (Fleming).— Report of the proceedings connected with the disputes between the Earl of Selkirk and the North-West Company at the assizes, held at York, in Upper Canada, October 1818, from minutes taken in court (Montréal, 1819).— Report of the trials in the courts of Canada, relative to the destruction of the Earl of Selkirk’s settlement on the Red River ; with observations, Andrew Amos, édit. (Londres, 1820).— Simpson, « Character book », HBRS, 30 (Williams), 151–236.— J. A. Macdonell, Sketches illustrating the early settlement and history of Glengarry in Canada, relating principally to the Revolutionary War of 1775–83, the War of 1812–14 and the rebellion of 1837–8 [...] (Montréal, 1893).— E. A. Mitchell, Fort Timiskaming and the fur trade (Toronto et Buffalo, N.Y., 1977).

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Elaine Allan Mitchell, « McDONELL, ALLAN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 6 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mcdonell_allan_8F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
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