NORMAND, FRANÇOIS (baptisé Nicolas-François), sculpteur, charpentier, menuisier et architecte, né le 8 décembre 1779 à Charlesbourg, Québec, fils d’Augustin-Nicolas Normand et de Marie Lessard ; décédé le 11 octobre 1854 à Trois-Rivières, Bas-Canada.

François Normand appartenait à une famille d’artisans du bois qui vivait dans la région de Québec à la fin des années 1770. Les documents ne fournissent aucun renseignement sur ses premières années ni sur sa formation, mais l’examen de ses œuvres révèle que sa technique et son style sont beaucoup plus proches de ceux de Louis Quévillon* que de ceux de François Baillairgé*. Le 2 février 1802, Normand épouse Claire Dufresne à Saint-Antoine-sur-Richelieu, où résident alors ses parents, et de ce mariage naîtront trois enfants. Ce fait donne à penser que Normand a pu entrer en contact avec Quévillon, le maître de l’atelier des Écorres, qui travaillait en 1801 dans le village voisin de Boucherville avec ses élèves.

Ayant terminé son apprentissage, Normand se voit confier à titre de sculpteur quelques travaux mineurs aux tabernacles de l’église de Saint-Denis, sur le Richelieu, en 1803. Plutôt maladroit à ses débuts, il se contente de copier certaines œuvres de Gilles Bolvin*. En 1809, il loue d’Ezekiel Hart* une maison à Trois-Rivières et, en 1811, Jean-Baptiste Boucher de Niverville lui concède un terrain au même endroit où il ne tarde pas à fixer son atelier. Cette année-là, la fabrique de La Nativité-de-Notre-Dame (à Bécancour) retient ses services : il s’engage à fournir à l’église paroissiale plusieurs pièces, dont un retable, pour lesquelles les paiements s’échelonneront jusqu’en 1827.

Ce n’est cependant que vers la fin des années 1810 et au début des années 1820 que Normand produit son œuvre la plus remarquable. Associé à François Lafontaine, menuisier et sculpteur, il commence en 1817 à décorer l’intérieur de l’église de Trois-Rivières d’un grand baldaquin ; puis il boise toute la nef, livre deux confessionnaux, un baptistère, toutes les balustrades ainsi que trois autels à la romaine. L’influence de Quévillon se fait manifestement sentir dans cette réalisation. Normand exécute ce contrat en quatre ans, période au cours de laquelle il décide de s’établir en permanence à Trois-Rivières.

Vers la même époque, Normand fournit aussi des pièces d’ornementation et de mobilier religieux à plusieurs églises des régions de Trois-Rivières et de Québec : voûte, retables, chaire, banc d’œuvre à Gentilly (Bécancour) de 1817 à 1825, corniche, fonts baptismaux à Champlain de 1819 à 1823, maître-autel à Batiscan vers 1820, voûte, corniche à Pointeaux-Trembles (Neuville) en 1826 et 1827, banc d’œuvre aux Écureuils (Donnacona) en 1828. L’un de ses fils, Hercule, qu’il a lui-même formé comme sculpteur et qu’il prend pour associé, lui apporte son aide. François Normand est alors en pleine possession de ses moyens et il ne craint pas de reproduire dans leurs grandes lignes certaines œuvres de l’équipe de François et de Thomas Baillairgé.

Lorsque les commandes pour des ouvrages de sculpture se font rares, Normand accepte des contrats de charpenterie et de menuiserie qui lui assurent des revenus intéressants. En 1818, par exemple, Normand, François Lafontaine et le menuisier François Routhier passent avec le gouvernement du Bas-Canada un contrat pour des travaux à la salle d’audience du palais de justice de Trois-Rivières.

À partir de 1830, la carrière de Normand semble sur son déclin. Cependant, en 1840, la fabrique de Notre-Dame-du-Rosaire, à Saint-Hyacinthe, le charge de réaliser des travaux de charpenterie, de menuiserie et de sculpture à la nouvelle église paroissiale. Huit ans plus tard, il en exécute d’autres au comble et au clocher de la nouvelle église de Gentilly.

En 1853, Normand, voyant sa succession assurée dans la région de Trois-Rivières par son fils Hercule qui y exerce le métier de sculpteur, fait don de ses outils à ce dernier. Quant à son autre fils, François, il est installé dans le quartier Saint-Roch, à Québec, où il travaille comme menuisier. Normand s’éteint l’année suivante à Trois-Rivières, à l’âge de 74 ans.

On ne peut dire de François Normand qu’il fut un grand novateur. Il n’en reste pas moins qu’il joua dans les environs de Trois-Rivières le même rôle, à peu de chose près, que François Baillairgé dans la région de Québec et que Louis Quévillon dans celle de Montréal. Au total, il sut doter sa région des ouvrages existant déjà ailleurs au Bas-Canada à l’époque où il les réalisa.

Raymonde Gauthier

ANQ-M, CE1-3, 2 févr. 1802 ; CN1-134, 28 mars 1808, 8 avril 1809, 1er mars 1811.— ANQ-MBF, CE1-48, 13 oct. 1854 ; CN1-6, 21 oct. 1817, 15 oct., 1er, 18 déc. 1818, 25 janv., 5 oct. 1819, 12 déc. 1821, 18 mars 1823, 17 août 1832 ; CN1-7, 17 août 1832, 24 août 1835, 18 févr. 1838, 29 nov. 1853 ; CN1-19, 22 août 1836 ; CN1-32, 3 juill. 1816, 2 déc. 1817, 19 mai, 31 oct. 1818, 28 avril 1820 ; CN1-35, 3 juill. 1816 ; CN1-47, 19 oct. 1835, 3 févr., 14, 18 mars 1848.— ANQ-Q, CE1-7, 8 févr., 8 déc. 1779 ; CN1-157, 27 déc. 1826, 3 nov. 1827.— MAC-CD, Fonds Morisset, 2, N845/F825.— Quebec directory, 1852.— Répertoire des mariages de Trois-Rivières, 1654–1900, Dominique Campagna, compil. (Cap-de-la-Madeleine, Québec, [1963]), 339.— [Prosper Cloutier], Histoire de la paroisse de Champlain (2 vol., Trois-Rivières, Québec, 1915–1917), 2 : 298–305.— Lucien Dubois, Histoire de la paroisse de Gentilly (s.l., 1935), 109.— Morisset, Coup d’ceil sur les arts, 41–42.— Luc Noppen, les Églises du Québec (1600–1850) (Québec, 1977), 152, 212.— Jean Palardy, les Meubles anciens du Canada français ([2e éd.], Montréal, 1971), 281–282.— J. R. Porter, l’Art de la dorure au Québec du XVIIe siècle à nos jours (Québec, 1975), 94.— Sculpture traditionnelle du Québec (Québec, 1967), 128.— Sulte, Mélanges hist. (Malchelosse), 18 : 72–73 ; 19 : 82–83.— Léon Roy, « Nos plus anciennes familles Normand et Normand, dit La Brière », BRH, 57 (1951) : 9–16.

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Raymonde Gauthier, « NORMAND, FRANÇOIS (baptisé Nicolas-François) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 31 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/normand_francois_8F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
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