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RITCHOT, NOËL-JOSEPH (baptisé Joseph-Noël), prêtre et missionnaire catholique, né le 25 décembre 1825 à L’Assomption, Bas-Canada, fils de Joseph-Isaïe Ritchot, fermier, et de Marie Riopelle (Riopel) ; décédé le 16 mars 1905 à Saint-Norbert, Manitoba.

Après avoir fréquenté des écoles locales, Noël-Joseph Ritchot travailla à la ferme familiale. Puis, en 1844, à l’âge de 18 ans, il s’inscrivit au collège de L’Assomption. « Il regretta toujours d’avoir attendu si longtemps pour le faire, peut-on lire dans une notice nécrologique. Parfois les larmes lui montaient aux yeux lorsqu’il parlait des difficultés qu’il avait dû affronter à cause de cela. » Ritchot se révéla néanmoins un élève doué et, une fois ses études classiques terminées, il enseigna à L’Assomption de 1852 à 1854 tout en se préparant au sacerdoce. Ordonné à L’Assomption le 22 décembre 1855, il œuvra à Berthier (Berthierville) en 1856–1857. De 1857 à 1861, il enseigna et s’occupa de la ferme modèle du collège. En 1861, on l’envoya à la mission de Sainte-Agathe-des-Monts. C’est pendant son séjour à cet endroit que Ritchot se porta volontaire pour aller servir dans le Nord-Ouest sous l’autorité de l’évêque de Saint-Boniface, Alexandre-Antonin Taché*. Arrivé dans la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba) tôt en juin 1862, il fut affecté dans une paroisse à prédominance métisse, Saint-Norbert, à une dizaine de milles au sud du lieu de résidence de l’évêque et d’Upper Fort Garry (Winnipeg), au confluent des rivières Rouge et Assiniboine. Ritchot passa les étés de 1866 et de 1867 à établir une mission dans la vallée de la Qu’Appelle, mais il allait œuvrer à Saint-Norbert jusqu’à sa mort.

Ritchot joua un rôle très important, à l’été de 1869, dans les premières phases de la résistance métisse au projet de transfert au Canada du territoire de la Hudson’s Bay Company dans le Nord-Ouest [V. Louis Riel*]. Préoccupés de ne pas avoir été consultés et inquiets d’avoir aperçu un certain nombre de Canadiens en train de planter des bornes près de Saint-Norbert, plusieurs Métis se réunirent le 5 juillet dans la paroisse et résolurent de protéger les terres métisses contre les spéculateurs. Le mouvement prit bientôt de l’ampleur. Ritchot recevait les dirigeants, dont Riel, chez lui ; il logeait les « soldats » métis dans son église. Il notait les délibérations des Métis, servait d’aumônier à leurs troupes et conseillait leurs leaders, Riel en particulier. Ce faisant, il donna de la légitimité au mouvement face à l’opposition de l’administration locale de la Hudson’s Bay Company et de bon nombre de membres de l’élite métisse, Charles Nolin par exemple. Après la prise d’Upper Fort Garry par Riel le 2 novembre et l’instauration du gouvernement provisoire dans le courant du même mois, sa participation se fit plus discrète.

Cependant, le 11 février 1870, Ritchot fut nommé délégué auprès du gouvernement du Canada à Ottawa avec John Black*, président de la Cour générale des sessions trimestrielles de l’Assiniboia, et Alfred Henry Scott*, aubergiste. Black devait représenter les anglophones de la Rivière-Rouge, Scott, les Américains, et Ritchot, les Métis. Leur mission consistait à négocier l’entrée de la colonie dans la Confédération à partir de la « Liste des droits » (en fait, la troisième) dressée par l’exécutif du gouvernement provisoire. Cette liste revendiquait entre autres la création d’une province, l’administration des terres publiques par cette dernière, l’usage du français et de l’anglais en Chambre, dans les tribunaux et dans les documents officiels, la nomination d’un lieutenant-gouverneur et d’un juge bilingues ainsi que l’amnistie de tous les membres et représentants du gouvernement provisoire. Avant de quitter la colonie le 24 mars, Ritchot reçut une quatrième version de la liste ; elle réclamait en plus des écoles séparées, probablement à la demande de Mgr Taché, et précisait la structure du nouveau gouvernement provincial.

À son arrivée à Ottawa, Ritchot fut arrêté en vertu d’un mandat privé pour complicité relative à la mort de Thomas Scott*, mais il fut relâché peu après faute de preuves. Les délégués commencèrent à discuter sérieusement avec le premier ministre sir John Alexander Macdonald* et sir George-Étienne Cartier* le 25 avril chez ce dernier. Ritchot était un homme déterminé et se révéla un habile négociateur. Il obtint bientôt le statut de province pour la colonie de même que des institutions bilingues et biculturelles. La province engloberait uniquement la colonie de la Rivière-Rouge et n’aurait pas autorité sur ses terres publiques et ses richesses naturelles, mais Ritchot réussit à faire mettre de côté 1 400 000 acres de terres pour les Métis en reconnaissance de leurs droits en tant qu’autochtones. Les résultats de ces négociations secrètes furent inscrits dans l’Acte du Manitoba, qui fut présenté aux Communes le 4 mai. Ritchot croyait avoir obtenu aussi la garantie que les fonctionnaires locaux régleraient rapidement les revendications foncières des Métis et des autres habitants. Il pensait également que ce qu’il avait posé comme une condition essentielle au début des pourparlers, à savoir l’amnistie générale des résistants, lui avait été promis. L’Acte du Manitoba fut adopté par les Communes et reçut la sanction royale le 12 mai, mais Ritchot resta à Ottawa encore un mois dans le vain espoir d’obtenir des garanties écrites de l’amnistie promise par Cartier et Macdonald et d’être rassuré sur la nature des troupes que le gouvernement du Canada devait envoyer dans la colonie sous le commandement du colonel Gamet Joseph Wolseley*. Le gouverneur général, sir John Young*, l’ayant rassuré de vive voix et Cartier lui ayant remis des notes ambiguës, Ritchot regagna la Rivière-Rouge où, le 24 juin, il exposa devant une assemblée les modalités d’entrée de la colonie dans la Confédération. Il persuada les colons de les accepter et de ne pas opposer de résistance à l’expédition militaire.

Lorsqu’il comprit que Riel et ses camarades métis ne seraient pas amnistiés et que le règlement des revendications foncières prendrait non pas des mois mais des années, Ritchot se sentit trahi. Au cours des années 1870, il retourna plusieurs fois à Ottawa afin de convaincre le gouvernement de respecter l’esprit et la lettre de l’entente. Dans la même période, il tenta d’empêcher les Métis de s’installer plus à l’ouest. Puis, voyant que ses efforts étaient inutiles, il se mit à acheter un bon nombre de leurs lots riverains situés dans sa paroisse et à les revendre à de nouveaux arrivants canadiens-français ou à d’autres catholiques. De 1867 à 1900, il acheta 45 des 256 lots riverains de Saint-Norbert. Les profits servaient à accorder des hypothèques et des prêts personnels à ses paroissiens.

Par ailleurs, au fil des ans, Ritchot dota sa paroisse d’établissements religieux et éducatifs qui, un jour, ne le céderaient qu’à ceux de Saint-Boniface. En 1883, il construisit une nouvelle église paroissiale. Ce fut surtout grâce à lui que les trappistes s’installèrent dans Saint-Norbert, car il donna des terrains et des fonds pour la construction du monastère de Notre-Dame-des-Prairies, fondé en 1892. Il encouragea l’œuvre éducative des Sœurs de la charité de l’Hôpital Général de Montréal et l’établissement, par les Sœurs de la miséricorde, d’un foyer pour jeunes enfants abandonnés, l’asile Bethléem. Même après sa mort, le produit de ses biens-fonds continua de servir à des fins éducatives et caritatives. Son exécuteur testamentaire disait avoir distribué plus de 100 000 $ de 1905 à 1925.

En 1897, Noël-Joseph Ritchot fut nommé protonotaire apostolique ; il était déjà vicaire général depuis quelque temps. Au moment de son décès, il était le doyen du clergé séculier du diocèse de Saint-Boniface. Comme bien des religieux de la Rivière-Rouge (toutes confessions confondues), il avait participé volontairement aux événements de 1869–1870. Toutefois, ses liens avec Riel, sa collaboration aux premières décisions des militants métis et son rôle de principal négociateur de l’entrée du Manitoba dans la Confédération le distinguaient des autres, y compris son évêque, plus modéré que lui. Désireux de préserver les droits des Métis et d’assurer leur avenir au sein du Canada, il avait obstinément tenté d’obtenir des garanties à propos de leurs terres, de leurs droits en tant qu’autochtones et de la sécurité physique de leurs dirigeants politiques. Les Métis le tenaient donc en haute estime, même si Ottawa et le Manitoba ne respectaient pas la lettre de l’Acte du Manitoba ni l’esprit des négociations. La publication du journal tenu par Ritchot à Ottawa de même que l’existence de quelques mentions à son sujet dans l’historiographie de la Rivière-Rouge témoignent de l’importance qu’on lui a reconnue. Mais c’est probablement Riel qui a le mieux mesuré son apport. Dans sa dernière lettre à Ritchot, le chef métis écrivait : « Et en marchant sur les traces d’un homme comme vous Monsieur le curé, je m’appliquais à bâser ma politique d’un coté sur ce que l’homme veut qu’on lui fasse, et de l’autre, sur ce que je suis tenu en conscience de faire pour autrui. »

Philippe R. Mailhot

Les lettres et les papiers de Noël-Joseph Ritchot sont dispersés aux AASB, aux Arch. paroissiales, Saint-Norbert, Manitoba, et aux PAM, MG 3, B14-1 et B14-2. Certains de ces documents ont paru dans Canada, Chambre des communes, Comité spécial sur les causes des troubles du Territoire du Nord-Ouest, en 1869–1870, Rapport (Ottawa, 1874). Le journal que Ritchot a tenu pendant son séjour à Ottawa a été publié sous le titre « Documents inédits, 1 : le journal de l’abbé N.-J. Ritchot, 1870 », introd. de G. F. G. Stanley, RHAF, 17 (1963–1964) : 537–564 ; il a été traduit en anglais par William Lewis Morton* et a paru sous le titre « The journal of Rev. N.-J. Ritchot, Match 24 to May 28, 1870 » dans Manitoba : the birth of a province, W. L. Morton, édit. (Altona, Manitoba, 1965), 131–160. Le seul ouvrage biographique sur Ritchot, en grande partie hagiographique, est cellui de L.-A. Prud’homme, Monseigneur Noël-Joseph Ritchot, vicaire général, protonotaire apostolique, curé de la paroisse de Saint-Norbert, 1825–1905 (Winnipeg, 1928). On trouve un traitement plus exhaustif dans notre étude « Ritchot’s resistance : Abbé Noël Joseph Ritchot and the creation and transformation of Manitoba » (thèse de ph.d., Univ. of Manitoba, Winnipeg, 1986). Parmi les autres sources de documentation consultées, on peut citer : AP, L’Assomption-de-la-Sainte-Vierge (L’Assomption, Québec), RBMS, 26 déc. 1825 ; Manitoba Morning Free Press, 17 mars 1905 ; et Anastase Forget, Histoire du collège de L’Assomption ; 1883 – un siècle – 1933 (Montréal, [1933]).  [p. r. m.]

Bibliographie générale

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Philippe R. Mailhot, « RITCHOT, NOËL-JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/ritchot_noel_joseph_13F.html.

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Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/ritchot_noel_joseph_13F.html
Auteur de l'article:    Philippe R. Mailhot
Titre de l'article:    RITCHOT, NOËL-JOSEPH
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
Date de consultation:    19 mars 2024