SCOTT, PATRICK J., avocat et homme politique, né le 25 décembre 1848 à St John’s ; le 2 décembre 1882, il épousa au même endroit Eleanor Margaret Little, de Charlottetown, sœur de Philip Francis et de Joseph Ignatius* Little ; décédé le 22 octobre 1899 à St John’s.

Patrick J. Scott fréquenta le St Bonaventure’s College et étudia le droit, d’abord avec George James Hogsett* en 1867, puis avec John Little. Admis au barreau de Terre-Neuve le 25 mars 1872, il commençait l’année suivante sa longue carrière politique dans le parti libéral, opposé à la Confédération et composé surtout de catholiques. Avec Maurice Fenelon et Lewis Tessier, il fut élu sans opposition dans le district de St John’s West, représenté par trois députés, exploit que les trois hommes répéteraient d’ailleurs en 1874 et en 1878. Membre du gouvernement antifédéraliste de Charles James Fox Bennet* en 1873, Scott fit partie de l’opposition libérale après 1874. Il se tailla une solide réputation d’orateur ainsi que de critique financier des gouvernements conservateurs de Frederic Bowker Terrington Carter et de William Vallance Whiteway*, qui avaient mis de côté la question de la Confédération pour promouvoir la mise en valeur des ressources par la construction d’un chemin de fer. Les libéraux en vinrent eux aussi à adopter cette position et, en 1882, ils s’allièrent à Whiteway pour remporter les élections générales où ils affrontaient une coalition de marchands de la rue Water, réunis sous la bannière du New Party et opposés à la construction du chemin de fer.

Au début de l’année 1885 cependant, cette alliance s’effondra par suite du retrait de certains libéraux, dont Scott, ennuyés que Whiteway n’ait pas réussi à l’Assemblée à se détacher d’une proposition dans laquelle le New Party critiquait les verdicts rendus aux procès des catholiques impliqués dans un violent conflit sectaire à Harbour Grace en décembre 1883 [V. Robert John Kent]. Whiteway, à qui l’on avait promis une charge de juge, démissionna en faveur d’un marchand de la rue Water, Robert Thorburn*, qui mena un groupe uni de protestants à la victoire contre le parti libéral aux élections générales du 31 octobre 1885. Bien qu’il ait promis pendant la campagne qu’il n’y aurait « pas de fusion avec les libéraux », Thorburn informa en privé les libéraux les plus influents qu’il chercherait leur appui après les élections. Scott se fit élire dans St John’s West mais, fait révélateur, il n’obtint pas le plus grand nombre de voix. Cet honneur revint à un avocat ambitieux et populiste de 26 ans, Edward Patrick Morris*, candidat indépendant.

Le 26 juillet 1886, Thorburn conclut avec des dirigeants catholiques une entente politique qui entraîna la nomination de Fenelon et de William J. S. Donnelly à son cabinet. Comme Kent et sir Ambrose Shea* s’étaient retirés de la politique active, Scott devint, à l’Assemblée, le porte-parole des députés libéraux qui demeuraient officiellement dans l’opposition mais appuyaient néanmoins le gouvernement de Thorburn dans l’ensemble. Malgré son opposition ouverte à la Confédération, Scott accepta en 1888, sur l’invitation de Thorburn, de faire partie du groupe de délégués qui iraient à Ottawa pour s’informer des conditions d’union que le Canada offrirait peut-être à Terre-Neuve. Mais Whiteway dénonça cette initiative et les antifédéralistes mobilisèrent les opposants catholiques à la Confédération ; en septembre, Thorburn dut annuler la rencontre. Scott justifia plus tard qu’on l’ait choisi comme délégué par le fait qu’il n’avait pas plus le droit de dire : « nous n’entrerons pas dans la Confédération » que celui de dire « nous y entrerons ».

En août 1888, Scott s’associa politiquement à l’important marchand Moses Monroe, gros employeur de l’ouest de St John’s qu’il aida à se faire élire au premier conseil municipal de cette ville le 30 août. Il se trouvait ainsi mêlé à la rivalité croissante entre Monroe et Morris, qui cherchaient tous deux à exercer une influence à St John’s par l’intermédiaire du favoritisme municipal. Aux élections générales du 6 novembre 1889, Scott et plusieurs autres députés libéraux suivirent Monroe dans les rangs du parti ministériel, et Morris se joignit au groupe d’opposition de Whiteway qui, ayant repris de la vigueur, remporta une écrasante victoire. Dans St John’s West, Morris et ses deux coéquipiers eurent facilement raison des candidats du gouvernement menés par Scott. Ces élections allaient mettre fin au parti libéral tel qu’il était constitué depuis les années 1830 – en misant sur l’appui des catholiques et des nationalistes irlandais – et voir naître des loyautés catholiques déterminées par les questions économiques, un processus interrompu depuis que les libéraux avaient quitté le gouvernement de Whiteway en 1885. Cependant, malgré les protestations de Scott, Morris et Whiteway revendiquaient maintenant le titre de libéral pour leur parti.

Après 1889, Scott continua à œuvrer dans l’opposition conservatrice. En 1890, il fut l’un des deux délégués que les tories envoyèrent en Angleterre pour protester contre la politique impopulaire du gouvernement impérial concernant les droits de pêche des Français sur la côte ouest de Terre-Neuve [V. Moses Monroe]. Le 6 novembre de la même année, il se présenta, mais sans succès, contre un candidat de Morris dans St John’s East, circonscription vacante depuis la mort de John Joseph Dearin* en juillet. Après avoir tenté sans grande conviction de joindre les rangs libéraux en juillet 1893, et y avoir apparemment renoncé à cause de malentendus de part et d’autre, il retourna dans son district natal de St John’s West aux élections générales du 6 novembre suivant pour se présenter avec Monroe sous la bannière conservatrice. Il fut de nouveau défait.

Après sa défaite aux élections de 1893, l’opposition déposa des requêtes à la Cour suprême en vertu du Corrupt Practices Act de 1889, dans lesquelles elle accusait 17 membres du parti ministériel d’avoir fait un emploi illégal des fonds publics durant la campagne. Whiteway, Morris et d’autres ministériels perdirent leur siège, et le gouvernement dut démissionner le 11 avril 1894. Un nouveau gouvernement dirigé par le marchand conservateur Augustus Frederick Goodridge prit le pouvoir. Les élections partielles qui se tiendraient plus tard dans l’année, dans les districts laissés vacants par le départ des libéraux, détermineraient qui aurait la majorité à l’Assemblée.

Scott avait agi à titre de conseiller juridique des pétitionnaires désireux de déloger Morris dans St John’s West, mais il démissionna à la fin d’avril 1894, soutenant que le gouvernement de Goodridge restait au pouvoir malgré la volonté du peuple. Il se joignit ensuite à l’opposition libérale et, avec l’appui de Morris, remporta l’élection partielle du 10 novembre dans St John’s West. Les libéraux, qui avaient gagné presque toutes les élections partielles, formèrent un nouveau gouvernement dirigé par Daniel Joseph Greene le 13 décembre et, le lendemain, Scott devint receveur général. Aux élections générales du 28 octobre 1897, il décida de se porter candidat dans le district de Placentia and St Mary’s plutôt que dans celui de St John’s West, car son parti souhaitait y présenter un candidat sérieux contre le conservateur William J. S. Donnelly. Scott et Morris démentirent tous deux la rumeur voulant que Morris se soit opposé à ce que Scott se présente dans St John’s West mais, quoi qu’il en soit, s’il l’avait fait il aurait probablement été réélu comme Morris. Dans Placentia and St Mary’s, il essuya une amère défaite, à l’instar des membres du parti ministériel dans l’ensemble de l’île.

Patrick J. Scott mourut subitement d’un arrêt du cœur en octobre 1899, au moment où il se proposait de se porter candidat dans St John’s East à la prochaine élection partielle. Aimé tant par ses amis que par ses adversaires politiques, il avait été un « brillant orateur » et un « maître de la tactique parlementaire ». Ses premiers succès politiques avaient beaucoup tenu à l’influence des dirigeants de l’Église catholique et de la collectivité, et, s’il avait connu des échecs au début des années 1890, c’est que Morris était parvenu à trouver des appuis dans St John’s à l’extérieur de l’Église. Après 1894, Scott dut sa survie politique à Morris mais, des deux hommes, c’est Morris qui avait la personnalité la plus forte.

Melvin Baker

Basilica of St John the Baptist (Roman Catholic) (St John’s), Reg. of marriages, 2 oct. 1882 (mfm aux PANL).— PRO, CO 199/90 (copie aux PANL).— Daily News (St John’s), 23 oct. 1899.— Evening Herald (St John’s), 23 oct. 1899.— Evening Mercury (St John’s), 11 nov. 1889.— Evening Telegram (St John’s), 23 oct. 1899.— Newfoundlander, 11 nov. 1873, 3 nov. 1874, 4 nov. 1878.— Nfld. men (Mott), 37.— Melvin Baker, « The government of St. John’s, Newfoundland, 1800–1921 » (thèse de ph.d., Univ. of Western Ontario, London, 1981).— Hiller, « Hist. of Nfld ».— S. J. R. Noel, Politics in Newfoundland (Toronto, 1971).

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Melvin Baker, « SCOTT, PATRICK J. », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 11 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/scott_patrick_j_12F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
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