STEVENSON, DAVID BARKER, homme d’affaires, juge de paix, fonctionnaire et homme politique, né le 17 novembre 1801 à Clinton (Hyde Park, New York), fils de Timothy Stevenson et de Phoebe Barker ; le 14 décembre 1830, il épousa Agnes Rébecca Dougall, de Hallowell (Picton, Ontario), et ils eurent une fille ; décédé le 3 mars 1859 à Picton.

David Barker Stevenson avait dix ans lorsque son père mourut, laissant une veuve et trois jeunes enfants. Après avoir reçu une « brève formation à [...] Poughkeepsie », dans l’état de New York, il se rendit en 1824 à Hallowell où il obtint un emploi au magasin général de son oncle, Abraham Barker. À la mort de ce dernier, en 1828, Stevenson se chargea de l’entreprise avec sa tante jusqu’en 1833. Ensuite il exploita seul le magasin jusqu’en 1848, puis il s’associa à Thomas W. Nichol.

À la fin des années 1830, les activités commerciales de Stevenson se diversifièrent de plus en plus. Comme la plupart des marchands généraux de l’époque, il tenait des comptes de crédit, et ses clients le payaient souvent en nature. Cet arrangement s’étendait à ses échanges commerciaux avec des grossistes de Montréal et des transitaires tels que George Moffatt* et Samuel Crans, qui lui envoyaient des lettres de crédit pour qu’il achète et leur fasse parvenir des grains, ou qui acceptaient des livraisons de porc et de farine comme paiement partiel de leurs marchandises sèches. En outre, Stevenson envoyait des trains de flottage à Québec, faisait le commerce des biens immobiliers et exploitait une distillerie et une fabrique de potasse à Picton. Il était l’un des actionnaires de la Compagnie d’assurance et de transport à l’intérieur du Canada, dont les bureaux se trouvaient à Montréal, et, en 1836, il devint le premier président de la Mutual Fire Insurance Company of the Prince Edward District. Malgré la diversité de ses entreprises, Stevenson subit de nombreux revers financiers, en plus de voir son magasin de Picton détruit par le feu à deux reprises ; aussi, à sa mort, sa situation financière était-elle modeste. La principale source de ses difficultés fut la stagnation du commerce durant les années 1847–1849, qu’il eut à subir tout comme les commerçants et les transitaires montréalais, et de laquelle il ne put jamais se rétablir.

Stevenson entreprit une carrière dans la vie publique en 1834 ; il fut alors nommé juge de paix dans le district de Prince Edward, qui venait d’être créé. Il représenta le canton de Hallowell au conseil du district, de 1842 à 1849, et il exerça les fonctions de préfet du district de 1847 à 1849. Après l’adoption de la loi sur les corps municipaux, il devint président du conseil municipal de Picton de 1850 à 1853, préfet du comté de 1851 à 1853, et maire de Picton en 1854. Tory modéré, Stevenson fut élu député de la circonscription de Prince Edward à l’Assemblée législative en 1848 et réélu en 1851 et 1854 avec l’aide et l’encouragement d’un jeune homme qui s’affirmait sur la scène politique, John Alexander Macdonald*. Avant les élections de 1851, Macdonald écrivit à Stevenson que « les radicaux travaill[aient] furieusement » et il l’exhorta à « mener une campagne vigoureuse ». Il lui promit en retour de rencontrer tous les habitants de Kingston qui avaient droit de vote dans Picton et de « les [lui] envoyer ». Fidèle à sa parole, Macdonald et un groupe de personnes, parmi lesquelles se trouvaient Alexander Campbell* et Henry Smith*, traversèrent à pied la baie de Quinte recouverte d’une glace traîtresse dans le but de voter pour Stevenson. La victoire de celui-ci permit aux conservateurs de balayer la région.

À l’Assemblée, Stevenson accorda un appui indéfectible à Macdonald, notamment sur des questions qui étaient impopulaires dans le Haut-Canada. Membre de l’église anglicane du révérend William Macaulay*, il se déclara en faveur du système des écoles séparées pour le Haut-Canada. Il se prononça et vota contre la représentation basée sur la population et il appuya le choix de Kingston comme siège du gouvernement. En 1856, il se joignit de mauvais gré au comité chargé de faire la lumière sur les accusations de Macdonald, suivant lesquelles George Brown* avait falsifié des preuves et corrompu des témoins lorsqu’il était secrétaire d’une commission chargée de faire enquête, en 1848–1849, sur des abus qui auraient été commis à la prison de Kingston. Stevenson rédigea un rapport majoritaire qui blâmait légèrement Macdonald pour avoir porté ces accusations, mais ne déclarait pas Brown innocent. Le débat qui s’ensuivit à l’Assemblée donna lieu à une série d’échanges acerbes entre Stevenson et Brown, celui-ci déclarant que le député de Prince Edward était l’un de ses « ennemis les plus implacables dans la chambre ». L’année suivante, Stevenson vit son siège passer aux mains de Willet Casey Dorland, et le Globe de Toronto nota avec joie la défaite de « la plus méprisable créature ministérielle [du] dernier Parlement ».

David Barker Stevenson ne connut pas une carrière remarquable comme parlementaire. Ses principaux discours reflétaient ses préoccupations d’homme d’affaires : ils portaient sur les échanges et les tarifs qui exerçaient une influence sur le commerce du Saint-Laurent. Il dénonçait les « théories libre-échangistes » des réformistes et « la tendance [des] lois commerciales [...] à diriger tout le commerce de Montréal vers New York et Toronto, ou Hamilton ». Même en 1856, il croyait encore que le Saint-Laurent « était destiné à devenir rapidement une voie importante de transport pour le commerce de l’Ouest en direction de la mer ». Sans jouer un rôle important en qualité d’homme politique ou de commerçant, Stevenson fit partie d’un petit groupe de tories modérés qui furent les premiers à donner leur appui à Macdonald. Sa carrière dans le domaine des affaires fut un reflet, à une échelle réduite, du déclin de l’empire commercial du Saint-Laurent.

James A. Eadie

AO, MU 479, Alexander Campbell à Parker Allen, 3 mai 1892 ; Allen à Campbell, 6 mai 1892 ; MU 2884–2890 ; RG 21, Prince Edward District, minutes, 1842–1856 ; RG 22, sér. 83, 1.— APC, MG 26, A.— ÉÉC-O, St Mary Magdalene Anglican Church (Picton, Ontario), reg. of marriages, 1830.— QUA, D. B. Stevenson papers.— Canada, prov. du, Assemblée législative, Select Committee Appointed to Inquire into Certain Charges Against George Brown, Proceedings and minutes of evidence [...] (Toronto, 1856), 145–146.— Debates of the Legislative Assembly of United Canada (Abbott Gibbs et al.), 8.— « Parl. debates », 1854 ; 1856.— Globe, 1er janv. 1858.— Hallowell Free Press (Hallowell [Picton]), 4 janv. 1831, 24 juill. 1832, 23 juill., 12 août 1833, 31 mars 1834.— Picton Gazette (Picton), 15 juill., 12 août 1836, 9 juill., 3 sept. 1847, 14 juill. 1848, 18 mars 1859 (cette dernière référence se trouve sous forme de transcription au Lennox and Addington County Museum (Napanee, Ontario), Lennox and Addington Hist. Soc. coll., T. W. Casey papers).— Pioneer life on the Bay of Quinte, including genealogies of old families and biographical sketches of representative citizens (Toronto, 1904 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1972).— J. M. S. Careless, Brown of The Globe (2 vol., Toronto, 1959–1963 ; réimpr., 1972), 1 : 218–227.— D.[G.] Creighton, John A. Macdonald, the young politician (Toronto, 1952 ; réimpr., 1965).— Canniff Haight, Country life in Canada fifty years ago [...] (Toronto, 1885 ; réimpr., Belleville, 1971), 297–298.— J. S. Barker, « A brief history of David Barker, a United Empire Loyalist », OH, 3 (1901) : 168–170.

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James A. Eadie, « STEVENSON, DAVID BARKER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 6 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/stevenson_david_barker_8F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
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