WRIGHT, THOMAS, arpenteur, astronome, homme politique et juge, né vers 1740, probablement à Londres, fils de Thomas Wright et de Martha Bisse ; le 6 décembre 1769, il épousa Susanna Turner, de Cumberland, Nouvelle-Écosse, et ils eurent dix enfants ; décédé le 7 décembre 1812 à l’Île-du-Prince-Édouard.

On connaît peu de chose de l’enfance de Thomas Wright. Selon son propre témoignage, il étudia le dessin et les mathématiques au Christ’s Hospital à Londres et, en 1758, il vint en Amérique du Nord où il acquit de nouvelles connaissances pratiques en travaillant sous la direction de l’arpenteur général de la colonie de la Georgie. Il retourna en Angleterre en 1763 et, l’année suivante, il revint à titre d’adjoint au capitaine Samuel Johannes Holland, arpenteur général du district nord de l’Amérique du Nord. Il travailla au levé topographique de l’île Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard) et de l’île du Cap-Breton, et dirigea le levé topographique de l’île d’Anticosti. Il retourna en Angleterre en 1767 pour remettre des levés qu’il avait préparés et, deux ans plus tard, il revint en Amérique du Nord pour observer à Québec le passage de Vénus au méridien. Les travaux de topographie du district nord se poursuivirent et Wright travailla avec Holland le long de la côte de la baie de Fundy et en Nouvelle-Angleterre. Au cours de cette période, il sollicita une commission dans l’armée, mais sans succès ; aussi il se dit prêt à accepter tout emploi de fonctionnaire dans les colonies qui lui permettrait de continuer son travail de topographe.

En 1769, l’île Saint-Jean devint une colonie distincte de la Nouvelle-Écosse, et lorsque le gouverneur Walter Patterson* arriva l’année suivante, il nomma Wright au Conseil de l’île Saint-Jean, même si ce dernier devait s’absenter une grande partie de l’année pour son travail de topographe. À la demande de Patterson, Wright fut nommé arpenteur général de la colonie en 1773, mais il se peut qu’il ait continué à travailler avec Holland. L’année suivante, il devint juge de la Cour suprême à la mort du juge en chef John Duport et il demeura juge adjoint après l’arrivée du successeur de Duport, Peter Stewart. C’est parce qu’il était l’un des plus anciens membres du gouvernement que des corsaires américains le firent prisonnier en 1775 lorsqu’ils attaquèrent Charlottetown. Cependant, par ordre du général George Washington, il fut libéré rapidement en même temps que l’administrateur Phillips Callbeck*.

En tant que membre du conseil, Wright ne put éviter d’être mêlé à la controverse soulevée par le problème des terres. Le gouvernement britannique avait donné son accord à l’établissement d’une administration distincte pour l’île Saint-Jean, à la condition qu’elle puisse se financer grâce à la perception des redevances sur les terres. Or, les propriétaires ne voulant ou ne pouvant pas payer, la colonie se trouva rapidement en difficulté financière. En 1781, le gouverneur Patterson saisit plusieurs cantons pour des arrérages de redevances et les fit vendre à l’encan. La majeure partie des membres de l’administration profita du déroulement irrégulier de cette vente pour acquérir des terres, mais rien ne laisse croire que Wright profita de la décision du gouverneur. Cependant, il fut plus tard impliqué dans cette affaire : le ministère de l’Intérieur, à la suite des plaintes des propriétaires, demanda officiellement un projet de loi pour contrer ces ventes, et Wright se joignit au groupe qui fit campagne contre l’adoption d’une telle loi. En 1786, le gouvernement britannique, désireux de régler cette dispute, ordonna à Patterson de rentrer en Angleterre et envoya le lieutenant-gouverneur Edmund Fanning pour le remplacer. Patterson refusa de quitter son poste à l’arrivée de Fanning et, durant l’hiver de 1786–1787, l’île eut deux gouverneurs, tous deux revendiquant le titre de représentant de la couronne. Wright, en compagnie de certains autres membres du gouvernement, continua d’appuyer Patterson et refusa de collaborer avec Fanning. Les communications avec la Grande-Bretagne ayant repris au printemps de 1787, Patterson fut destitué officiellement et Wright, suspendu de ses fonctions au conseil et à titre d’arpenteur général. Ces suspensions ne durèrent que quelques mois, mais le retour de Wright dans l’administration fut aussi de courte durée. Sous la conduite du capitaine John MacDonald of Glenaladale et de Robert Clark*, les propriétaires intentèrent des poursuites criminelles contre Patterson et les membres de son gouvernement, et la cause fut portée devant le Conseil privé de Londres en 1789. Au cours du procès, Wright assura sa propre défense et, selon MacDonald, « jamais un homme ne fut autant ridicule ». Wright fut renvoyé du conseil ; mais ce n’est que parce qu’il avait une famille nombreuse et qu’il était pauvre qu’on lui permit de conserver son poste d’arpenteur général. Ce procès semble avoir mis fin à sa participation active dans l’administration de la colonie, même si un Thomas Wright – soit lui-même, soit son fils aîné – siégea à la chambre d’Assemblée de 1797 à 1802.

Wright connut plus de succès dans sa vie professionnelle. En 1788, l’Assemblée lui vota des remerciements pour son travail d’arpenteur et pour avoir rempli les fonctions de juge, lesquelles n’étaient pas rémunérées. Mais Wright constata rapidement que son travail d’arpenteur général était devenu routinier parce que le système d’allocation de terres pour la colonisation n’avait laissé que très peu de terres à la couronne. Plusieurs de ses fils se lancèrent dans l’arpentage, si bien qu’en 1791 Wright se plaignit à lord Grenville, secrétaire d’État à l’Intérieur, en ces termes : « Mon plus cher désir est d’être au service du public aussi bien que de ma famille, mais, ici, j’accomplis si peu, ni pour l’un, ni pour l’autre. » Tout au long de sa carrière, Wright éprouva des difficultés à toucher son salaire qui, à l’origine, devait être pris à même les redevances. Lorsqu’on se rendit compte qu’il était impossible de prélever les salaires à même les redevances, on fit les rajustements nécessaires et Wright fit valoir que son traitement avait été réduit par erreur. Vers 1790, il allégua que sa famille et lui-même se trouvaient dans une situation très pénible, et il demanda un poste dans la future colonie du Haut-Canada ou ailleurs. Sa demande resta lettre morte et son salaire ne fut pas rajusté avant 1806.

En 1797, un an après l’établissement d’une commission chàrgée de délimiter la frontière entre le Nouveau-Brunswick et le district du Maine, faisant alors partie du Massachusetts, Wright fut nommé astronome pour le compte de la Grande-Bretagne ; Thomas Barclay* était le représentant de la Grande-Bretagne auprès de la commission, Edward Winslow agissait à titre de secrétaire, et Ward Chipman* plaidait la cause britannique. Wright avait fait des levés topographiques de toute la région en 1772, et, en compagnie de Samuel Webber, astronome américain, il dut raffiner ses pointages topographiques avec précision, de façon à délimiter l’emplacement précis de quelques rivières réputées frontalières. Au cours de l’été de 1797, Wright et Robert Pagan* firent des fouilles dans une petite île de la rivière Sainte-Croix ou Scoodic, et ils découvrirent les ruines d’une construction faite en 1604 par Pierre Du Gua* de Monts et Samuel de Champlain*. En précisant laquelle des trois rivières était vraiment la rivière Sainte-Croix décrite à l’époque de l’exploration, ils mirent fin, dans une grande mesure, à la dispute des frontières.

Jusqu’à sa mort survenue en 1812, Wright participa très activement, pendant presque 50 ans, à la topographie de la côte atlantique de l’Amérique du Nord. Il travailla sur toute la côte devenue aujourd’hui les provinces Maritimes du Canada et se rendit aussi loin au sud que la Georgie. Des arpenteurs beaucoup plus célèbres, tels Holland et Joseph Frederick Wallet DesBarres*, se servirent de ses rapports pour préparer les premières cartes géographiques précises de la région. Mais de nos jours Wright est beaucoup plus connu comme homme politique que comme cartographe. Sa mise en cause dans la question des terres l’avait presque ruiné et, après cette « fâcheuse affaire », il s’était juré « d’avoir [une] conduite irréprochable dans l’avenir ». Il n’y manqua sûrement pas.

Après la mort de Thomas Wright, le poste d’arpenteur général fut attribué à tour de rôle à ses fils Charles* et George*, et à son petit-fils George* qui occupa cette fonction jusqu’en 1854. Pendant une période de 80 ans, le poste d’arpenteur général de l’île fut assumé exclusivement par des membres de la famille Wright. Le fait qu’ils conservèrent le poste aussi longtemps, tout comme le firent Charles Morris* et sa famille en Nouvelle-Écosse, est à souligner, même si le népotisme allait de soi à cette époque.

H. T. Holman

Thomas Wright est l’auteur de Description of the Island of Anticosti (Londres, 1768). Les observations qu’il a communiquées à l’astronome royal, Nevil Maskelyne, forment la base de l’article de ce dernier, « Immersions and emersions of Jupiter’s first satellite, observed at Jupiter’s Inlet, on the island of Anticosti, North America, by Mr. Thomas Wright, deputy surveyor-general of lands for the Northern District of America [...] », Royal Soc. of London, Philosophical Trans., 64 (1774) : 190–193.

APC, MG 24, K2, 6 : 53, 61, 121, 151, 260, 284 (transcriptions).— Arch. privées, Mme J. T. McIntyre (Calgary), Charles Wright papers, pp.1–4 (photocopies aux APC).— PAPEI, Acc. 2702, Smith-Alley coll., Thomas Wright docs. ; RG 3, House of Assembly, Journals, 1788 ; RG 5, Minutes, 11, 18, 24 avril, 23 mai, 29 oct. 1787, 15 sept. 1790 ; RG 16, Land registry records, Conveyance reg., liber 1234 : ff.2–5, 7–9, 15.— PRO, CO 5/115 : 20s. ; 5/154 : 202s. (mfm aux APC) ; CO 226/1 : 15, 23, 35, 53, 83 ; 226/10 : 176s., 331s. ; 226/13 : 337s. ; 226/14 : 341, 370, 380s. ; 226/18 : 118, 128, 131s., 211, 219 ; 226/21 : 145, 149s., 157 ; 226/22 : 219s. ; CO 227/2 : 26, 35, 43, 50s., 61s. ; 227/21 : 26 ; CO 323/24 :623.— Supreme Court of P.E.I. (Charlottetown), Estates Division, Administrations, file 23, Thomas Wright.— [John MacDonald], Remarks on the conduct of the governor and Council of the Island of St. John’s, in passing an act of assembly in April of 1786 to confirm the sales of the lands in 1781 [...] (s.l., [1789]).— Stewart, Account of P.E.1., 181–203.— Canada’s smallest prov. (Bolger), 45, 52–65.— R. D. et J. I. Tallman, « The diplomatic search for the St. Croix River, 1796–1798 », Acadiensis (Fredericton), 1 (1971–1972), no 2 : 59–71.

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H. T. Holman, « WRIGHT, THOMAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/wright_thomas_5F.html.

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Auteur de l'article:    H. T. Holman
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
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