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Titre original :  Office of Lieutenant Governor: Lieutenant Governors gallery

Provenance : Lien

BANNERMAN, sir ALEXANDER, marchand, banquier, manufacturier, homme politique et administrateur colonial, né le 7 octobre 1788 à Aberdeen, Écosse, fils aîné de Thomas Bannerman, marchand de vin aisé ; décédé le 30 décembre 1864 à Londres, Angleterre.

Alexander Bannerman, après son cours secondaire, poursuivit ses études au Marischal College, à Aberdeen, où il passa deux années. Dans sa jeunesse, il semble qu’il fut remarqué pour ses vues réformistes bien tranchées et son faible pour les mauvais tours, qu’il n’abandonna jamais totalement. Après la mort de son père en 1820, avec son frère Thomas, il s’occupa du commerce de vin familial. Ses intérêts dans d’autres entreprises comme la banque, la pêche à la baleine, la métallurgie et la filature de coton, firent d’Alexander un homme d’affaires avantageusement connu à Aberdeen. En 1832, il fut élu sans concurrent député d’Aberdeen à la chambre des Communes nouvellement réformée. Il continua de siéger sous l’étiquette whig jusqu’à ce qu’il démissionne au début de 1847, sans avoir jamais affronté un adversaire sérieux.

À Londres le 14 janvier 1825, Bannerman avait épousé Margaret Gordon, plus tard qualifiée de « premier amour de Carlyle ». Elle était une femme remarquable, née à Charlottetown, Île-du-Prince-Édouard, petite-fille de Margaret Hyde et de Walter Patterson*, premier lieutenant-gouverneur de l’île. À l’école de Kirkcaldy, Écosse, Margaret Gordon vint à connaître le jeune professeur Thomas Carlyle, qui fut séduit par son intelligence et son esprit. Cependant, elle choisit d’épouser son parent éloigné « Sandy » Bannerman, que le biographe de Margaret, Raymond Clare Archibald, décrivit comme étant « un jeune homme fortuné et en vue, qui lui était intellectuellement inférieur ». Aux yeux de Carlyle, Bannerman était un « individu quelconque et riche d’Aberdeen ». Soulignant les dons intellectuels et les aspirations sociales de Margaret, Archibald présuma que vraisemblablement « l’entière carrière publique » de Bannerman « fut largement façonnée par sa femme ». Cela peut fort bien être une appréciation juste, parce que la différence entre ses capacités et celles de Margaret était prononcée. Ses dépêches ne démontrent aucune connaissance littéraire ou finesse d’esprit particulière et, dans ses entreprises commerciales, il ne réussit presque jamais.

À la fin de 1850, Bannerman accepta le poste de lieutenant-gouverneur de la colonie d’origine de sa femme, après avoir décliné précédemment des offres de situations aux Indes occidentales par crainte pour la santé de sa femme. Il fut fait chevalier en février 1851, avant son départ pour l’Île-du-Prince-Édouard. Le ministre des Colonies, lord Grey, lui donna instruction d’établir le gouvernement responsable, projet qui en ce temps-là avait l’appui massif de la population de l’île. Bannerman s’y employa et, aidé par ses tendances whigs et ses manières joviales, établit rapidement des relations personnelles chaleureuses avec les membres du nouveau gouvernement réformiste dirigé par George Coles*. Quand l’orangisme se révéla au grand jour dans la colonie sous la forme du serment d’Orange que publia l’Islander en 1852, Bannerman, se préoccupant de la susceptibilité des tenanciers irlandais catholiques qui appuyaient les réformistes, émit une proclamation pour condamner l’ordre d’Orange. Il se querella également avec plusieurs de ses anciens conseillers exécutifs tories, dont Edward Palmer*, John Myrie Holl, Thomas Heath Haviland et Daniel Brenan*, au sujet du rang et de la préséance qui leur revenaient. Dorénavant, on le reconnut comme un partisan de la réforme, largement appuyé par une partie du peuple, mais carrément rejeté par une autre.

C’est dans ce contexte que Bannerman donna des raisons au ministre des Colonies de douter de sa sagesse politique et de son utilité à long terme dans l’Île-du-Prince-Édouard. Le gouvernement réformiste fut battu aux élections, à l’été de 1853, par les conservateurs dirigés par Holl et Palmer, mais il ne démissionna pas. Quand les candidats tories victorieux présentèrent une requête pour obtenir une session au plus tôt, Bannerman refusa d’acquiescer à leur demande. Le nouveau gouvernement, finalement mis en place en février 1854, fut bientôt impliqué dans un débat amer avec Bannerman. Comme la nouvelle loi concernant le droit de vote n’avait reçu la sanction royale qu’après les élections de 1853, il prétendit que l’Assemblée ne représentait plus les électeurs ; advenant des élections partielles, les nouveaux membres, élus par un électorat plus large, siégeraient aux côtés de représentants élus sous le système de l’ancien droit de vote restreint. Pour ces raisons et bien d’autres, Bannerman insista sur la nécessité d’une autre dissolution de l’Assemblée et, contre l’avis unanime du Conseil exécutif, annonça des élections pour juin 1854. Les libéraux, qui avaient réclamé la tenue d’autres élections, même avant de quitter le pouvoir, récoltèrent les avantages du droit de vote élargi et gagnèrent facilement.

Le ministère des Colonies avait déjà décidé de déplacer Bannerman aux Bahamas, où le gouvernement responsable n’était pas institué. Bannerman voulut demeurer à l’Île-du-Prince-Édouard jusqu’en septembre, mais ses supérieurs se rendirent compte qu’il n’y avait plus chez lui cette impartialité qu’on devait trouver chez un lieutenant-gouverneur. On ne lui permit pas de demeurer en fonction pour accueillir Coles lors de son retour au pouvoir en 1854. Néanmoins, il put séjourner dans la région de Boston jusqu’à l’automne afin que sa femme n’eût pas à souffrir des rigueurs du climat à son arrivée. Cependant, elle démontra qu’elle pouvait supporter les tropiques et fut deux ans sans retourner en Angleterre.

Au milieu de 1857, Bannerman, en qualité de gouverneur, retourna dans une région située plus au nord, Terre-Neuve, où Margaret le rejoignit. Quelques mois plus tôt, Terre-Neuve avait amené la Grande-Bretagne à abroger un projet de convention ayant pour but d’étendre les privilèges de pêche de la France dans la colonie et à promettre que « le consentement de la population de Terre-Neuve [était] [...] le préalable essentiel à toute modification de ses droits maritimes et territoriaux ». Les chefs politiques, dans une colonie dépendant largement des pêcheries, trouvèrent que cette promesse était une suite logique du système de gouvernement responsable qui avait été accordé deux ans plus tôt. Le climat politique était tellement à la confiance que l’installation de Bannerman créa peu de réactions dans le public. La nomination d’un nouveau gouverneur, souligna le Newfoundlander pro-gouvernemental, ne fut accompagnée d’aucune crainte, comme c’était le cas « sous le défunt système de gouvernement irresponsable » alors que le gouverneur était tout-puissant ; puis il souligna le rôle positif de Bannerman dans l’avènement du gouvernement responsable dans l’Île-du-Prince-Édouard.

Cependant, Bannerman soutenait que « le gouvernement responsable [...] accroissait plutôt qu’il ne diminuait les responsabilités du gouverneur ». Un gouverneur pouvait être mis en accusation, mais « ses ministres ne pouvaient l’être [...] ni ne possédaient une parcelle de responsabilité [...] sauf vis-à-vis de leurs propres électeurs ». Il admettait qu’un gouverneur devait choisir son conseil parmi ceux qui ont la confiance du peuple et les consulter, mais que « rien ne l’obligeait à suivre leur avis s’il considérait que ce dernier était irrecevable ». Bannerman fut stupéfié d’apprendre que son prédécesseur, le gouverneur sir Charles Henry Darling, même sur une question relevant du gouvernement impérial comme la convention sur les pêcheries, avait admis qu’il était impuissant à imposer les vues de la métropole. Dès août 1858, Bannerman expliqua avec vigueur ses vues sur les prérogatives du gouverneur au chef du parti libéral, John Kent*.

Le gouvernement de Bannerman commença sur une note personnellement vexatoire. Peu après son arrivée à St John’s, on « s’attaqua » à son serment d’office comme étant offensant pour les catholiques, qui formaient près de la moitié de la population de la colonie et dominaient le parti libéral au pouvoir. Le débat au sujet de son traitement fut plus sérieux. En 1855, l’Assemblée avait réduit le traitement du gouverneur de £3 000 à £2 000 annuellement. La loi, au sujet de laquelle Bannerman n’avait évidemment pas été prévenu, entra en vigueur au moment de sa nomination seulement. De plus, le gouvernement commença à lui verser son traitement en devises terre-neuviennes, dont le cours était légèrement inférieur à celui de la livre anglaise. Bannerman jugea cette action « non seulement irrégulière mais illégale » et en appela aux conseillers juridiques du ministère des Colonies. Ils se prononcèrent en sa faveur et le gouvernement de Terre-Neuve accepta le verdict.

L’irritante question monétaire, doublée des vues exagérées de Bannerman sur ses prérogatives, devait créer la discorde entre le gouverneur et le Conseil exécutif à l’esprit indépendant. La perspective du conflit s’accrut quand le premier ministre Philip Francis Little*, chef politique astucieux et expérimenté, démissionna en 1858, et fut remplacé par le bouillant et immodéré John Kent. Manifestement dégoûté de la politique coloniale et peu confiant à l’idée que les procédés démocratiques puissent fonctionner dans la société sectaire, divisée et à moitié illettrée de Terre-Neuve, Bannerman fut bientôt convaincu que Kent et ses ministres étaient inaptes à gouverner.

Le refus du gouvernement de Terre-Neuve d’accéder à la requête britannique en faveur de propositions positives afin de régler l’épineuse question des droits de pêche de la France sur les côtes occidentales contraria Bannerman, de même que l’insistance de ce même gouvernement en faveur d’un veto sur toute décision des autorités impériales. Il était persuadé que le Conseil exécutif exploitait la question d’une façon mesquine pour retirer des gains politiques et avertit Kent qu’il ne suivrait jamais le précédent de Darling qui informait son Conseil exécutif des dépêches confidentielles de Londres sur la question des pêcheries françaises. Les hommes politiques de Terre-Neuve s’alarmèrent quand ils apprirent, au milieu de 1860, que les négociations étaient en cours entre la Grande-Bretagne et la France. Kent, qui avait été retiré de la commission anglo-française sur les pêcheries au printemps de cette année, s’en plaignit amèrement bien qu’en réalité le gouverneur lui-même était peu informé à ce sujet.

Quoiqu’incapable sur le plan diplomatique, Bannerman se trouvait sur un terrain constitutionnel solide en protégeant la prérogative de la couronne sur une question d’intérêt aussi vital pour l’empire que celle des pêcheries. Mais il arriva souvent qu’il eut des discussions avec ses ministres sur des questions internes. À une occasion en 1858, Bannerman avait insisté pour mener sa propre enquête avant d’agir, à la suite d’une résolution du conseil aux fins de démettre le secrétaire aux Finances James Tobin* pour ses critiques de l’influence du clergé à la Cour suprême. En colère, Kent menaça de démissionner. Lors d’une autre occasion en 1860, Bannerman démit un magistrat de la baie de la Trinité récemment nommé par le Conseil exécutif, qui brandit alors la menace de la démission. Le conseil se ravisa et se contenta de censurer formellement Bannerman pour ne pas avoir donné au magistrat l’occasion de répondre aux accusations. Le ministre des Colonies approuva cette démarche et critiqua les procédés de Bannerman, tout en l’appuyant dans ce cas. Cependant, de telles critiques n’étaient pas de nature à décourager Bannerman.

À la fin dé 1859, il démontra encore sa détermination d’être à la barre quand le Conseil exécutif omit de l’informer des troubles électoraux survenus peu de jours auparavant à Harbour Grace. Après avoir reçu un rapport directement du magistrat local, il accusa son conseil d’avoir délibérément « supprimé et retenu » des documents qui lui étaient destinés. Advenant la répétition d’un tel incident, il avertit les membres du conseil qu’il se « passerait de leurs services ». Les rapports au sujet de Harbour Grace convainquirent Bannerman que les troubles avaient été causés par les tentatives des prêtres catholiques pour manœuvrer l’électorat. Puisque le gouvernement libéral était majoritairement catholique, Bannerman assurément soupçonna son conseil de partialité. Il était désireux de mettre en échec l’influence politique du clergé catholique aussi bien que de maintenir la loi et l’ordre. Il n’avait pas dissous le conseil libéral se rendant bien compte que les libéraux n’auraient pas alors été défaits dans des élections.

À la grande joie de Bannerman, la situation politique devait se renverser bientôt de façon dramatique. Au printemps de 1860, John Thomas Mullock, l’influent évêque catholique de St John’s et jusqu’alors chaud partisan des libéraux, critiqua publiquement le gouvernement pour avoir renié la promesse d’établir un service de navigation à vapeur autour de l’île et pour son administration présumément corrompue d’assistance publique. Bannerman partagea de tout cœur cette opinion et se réjouit que Mullock reconnût enfin l’incompétence et la corruption du gouvernement de Kent.

Grâce à Mgr Mullock, maintenant opposé au gouvernement, et avec le parti libéral sérieusement divisé sur les règlements de contrôle de l’assistance publique, Bannerman était libre d’agir d’une façon plus décisive contre ses ministres. Pendant un débat à l’Assemblée le 25 février 1861, le receveur général, Thomas Glen*, annonça le retrait d’un projet de loi pour légaliser l’usage de la devise terre-neuvienne dans toutes les transactions officielles, sauf pour le paiement des traitements du gouverneur et du juge en chef. Le projet de loi fut retiré parce que Bannerman insista sur le fait qu’il ne pourrait être en vigueur jusqu’à ce qu’il fut sanctionné formellement par le gouvernement britannique. Le projet de loi aurait aussi annulé un cas en instance à la cour, présenté par deux juges adjoints qui désiraient recevoir le paiement de leur traitement en livres sterling britanniques. Hugh William Hoyles*, chef de l’opposition tory protestante, informa la chambre que, sur son avis, les deux juges avaient adressé une requête au gouverneur contre le projet de loi. Kent, qui n’avait pas été mis au courant de la requête, allégua que le projet de loi avait été défait « par la minorité en accord avec les juges et le gouverneur ».

Quand Bannerman lut les rapports sur la déclaration de Kent, il chercha à savoir aussitôt si on avait rapporté fidèlement les propos du premier ministre. Kent répliqua brusquement que le gouverneur n’avait pas le droit constitutionnel de le mettre en question au sujet de ses déclarations à l’Assemblée. Bannerman avait maintenant le prétexte qu’il désirait et, après avoir pris l’avis juridique de Hoyles, il démit immédiatement le gouvernement et invita Hoyles à en former un nouveau. Bannerman, que Kent et ses collègues furent prompts à accuser, agit avec célérité et despotisme. Il en résulta que l’île fut plongée dans sa pire crise politique depuis l’avènement des institutions représentatives en 1832.

Suivant les conseils de Bannerman, Hoyles réserva trois postes dans le conseil pour les catholiques, de façon à éviter la violence sectaire, mais ne réussit à convaincre que Laurence O’Brien, le président du Conseil législatif, de se rallier à son ministère. Les positions dans l’Assemblée demeurèrent inchangées, et le gouvernement minoritaire de Hoyles fut rapidement défait par une motion de défiance libérale. Il est évident que Bannerman comprit l’importance pour lui-même d’une victoire tory lors des élections générales, mais les enjeux étaient plus élevés qu’il croyait. Le duc de Newcastle, ministre des Colonies, déclara que « rien ne pouvait justifier cette décision extrême sauf [...] la réussite ». Si une majorité conservatrice était élue, Bannerman serait justifié, mais si Kent et les libéraux gagnaient, le gouverneur « devrait probablement démissionner ou être révoqué ».

Bannerman comptait vraisemblablement sur l’appui de Mgr Mullock, mais après plusieurs semaines de silence, ce dernier condamna vigoureusement la nouvelle affirmation du pouvoir tory protestant à Terre-Neuve. Pour aggraver davantage les choses, l’évêque anglican, Edward Feild*, donna publiquement son appui à Bannerman. Des élections furent tenues dans seulement quatre circonscriptions – les autres sièges ayant été remplis sans opposition – et, malgré les précautions militaires de Bannerman, il y eut beaucoup de violence, particulièrement à Carbonear, Harbour Grace, St John’s et Harbour Main [V. Mullock, Hogsett]. Le résultat général, en attendant le dénouement dans les deux circonscriptions contestées de Harbour Grace et Harbour Main, donna 14 sièges aux tories et 12 aux libéraux. Pour l’instant, Bannerman avait satisfait au critère de réussite de Newcastle. Mais c’était une victoire fragile, menacée par d’autres manifestations de violence à St John’s à l’occasion de l’ouverture de la nouvelle session. Bannerman était convaincu que la question fondamentale à Terre-Neuve était de savoir si la colonie devait être gouvernée par le représentant de la reine ou par ce que Hoyles décrivit comme un « véritable despotisme papiste, sous le signe d’institutions qui n’étaient libres que de nom ». En conséquence, il était impérieux de remporter au moins l’une des circonscriptions privées du droit électoral et de maintenir ainsi une majorité tory protestante. Dans le cas de Harbour Main, un comité de l’Assemblée, dominé par les tories, étudia les résultats de l’élection et décida en faveur des candidats libéraux indépendants de l’appui du clergé. Dans Harbour Grace, lors des élections complémentaires de novembre, le scrutin fut paisible et deux tories protestants furent élus, accordant au gouvernement Hoyles une majorité sûre.

Le ministère des Colonies refusa d’intervenir à la suite d’une pétition de quelque 8 000 catholiques, y compris Mgr Mullock, laquelle accusait Bannerman d’avoir abusé de ses pouvoirs avant les élections et d’être responsable des désordres qui s’ensuivirent. Cependant, le ministère critiqua certaines actions du gouverneur tout en faisant ressortir la précarité de la situation dans laquelle il se serait trouvé si les libéraux avaient été élus. Cette désapprobation impériale, la période de tension qu’il traversa en 1861 et le respect de Bannerman pour Hoyles ont pu inciter le gouverneur à être plus circonspect dans l’usage de ses prérogatives. Quand il se retira en septembre 1864, Bannerman fit valoir avec fierté qu’il n’y avait jamais eu de mésentente entre lui-même et le gouvernement conservateur. Dix ans plus tôt, il avait écrit la même chose au sujet de ses relations avec les libéraux de l’Île-du-Prince-Édouard quand ils quittèrent le pouvoir.

Bannerman se proposait de mettre ordre à ses affaires au ministère des Colonies et de passer le reste de sa vie à Aberdeen. Mais à Londres, il contracta un mauvais rhume et, affaibli, il dégringola dans un escalier. Atteint de paralysie, il mourut environ 14 ans avant sa femme, le 30 décembre 1864. Ils n’avaient pas eu d’enfants, et comme Bannerman n’avait jamais été soucieux de ses finances personnelles, sa veuve passa le reste de ses jours dans une situation pécuniaire embarrassante. L’influence que cette femme volontaire et douée exerça sur lui dans l’exercice de ses fonctions de gouverneur demeure matière à conjecture. En conclusion, on peut dire que Bannerman, d’ex-député whig au parlement anglais devint un gouverneur colonial animé d’une ferme conviction dans la prérogative de ses fonctions et que, dans ses interventions politiques, il fit preuve d’une ténacité remarquable. À l’Île-du-Prince-Édouard comme à Terre-Neuve, près de la moitié de la population vint à le considérer comme un administrateur colonial à l’esprit partisan, attitude incompatible avec ses fonctions.

Edward C. Moulton et Ian Ross Robertson

PANL, GN 1/3A, 1856–1862 ; GN 1/3B, 1855–1858 ; GN 9/1, 1861–1869.— PRO, CO 194/150–165 ; CO 226/79–83, especially 226/79, 28–35, 42, 76s., 84s., 89s. ; 226/80, 172–174, 213–260, 387, 620–623 ; 226/81, 14, 47, 138s., 142s., 270s. ; 226/82, 45–49, 68s., 222–231 ; 226/83, 18, 41–43, 78s., 87–93, 99–103, 119, 123–129, 141s., 148–155, 182s., 186, 189–194.— Grand Orange Lodge of P.E.I., Annual report, 1867, 11s.— I.-P.-É., House of Assembly, Journal, 1854, 8 ; app.L.— Examiner (Charlottetown), 14, 18 déc. 1850, 4 janv. 1851, 30 janv. 1865.— Islander, 8, 15 août 1851, 30 avril, 14 mai, 4 juin, 10, 17, 24 sept., 1, 15 oct. 1852, 10 févr., 26 mai, 9, 16, 23 juin 1854, 27 janv. 1865.— Newfoundlander, 1857–1861.— Patriot (St John’s), 1860–1861.— Protestant and Evangelical Witness, 28 janv. 1865.— Public Ledger (St John’s), 1861.— Royal Gazette (Charlottetown), 17 déc. 1850, 21 juill. 1851, 24 oct. 1853, 30 mai 1854.— Royal Gazette (St John’s), 1861.— St. John’s Daily News and Newfoundland Journal of Commerce, 1861.

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Edward C. Moulton et Ian Ross Robertson, « BANNERMAN, sir ALEXANDER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bannerman_alexander_9F.html.

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Auteur de l'article:    Edward C. Moulton et Ian Ross Robertson
Titre de l'article:    BANNERMAN, sir ALEXANDER
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
Date de consultation:    19 mars 2024