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PRITCHARD, JOHN, trafiquant de fourrures, homme politique, fermier, auteur, homme d’affaires et instituteur, né le 1er janvier 1777 à Shrewsbury, Angleterre, fils de Samuel Pritchard, chapelier, et de Mary Harris ; il épousa à la façon du pays une Autochtone, possiblement Métisse et prénommée Marie, et ils eurent au moins un fils, William, et peut-être un autre prénommé John, puis, le 11 mai 1815, il épousa Catherine McGilvray (décédée le 20 octobre 1854), veuve d’Hector McLean, et de ce mariage naquirent au moins neuf enfants ; décédé le 14 octobre 1855 dans la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba).
John Pritchard arriva aux Canadas en 1800 et, le 20 février 1801, il s’engagea pour une période de cinq ans à titre de commis au service de la Forsyth, Richardson and Company, une des actionnaires de l’éphémère New North West Company (appelée parfois la XY Company). Il fut affecté à l’un des postes de la rivière Rouge, près du lac Winnipeg (Manitoba), jusqu’à la fusion de la New North West Company et de la North West Company en 1804. L’année suivante, il travailla à titre de commis pour le compte de la North West Company dans la région de la rivière Souris. En juin 1805, il se perdit dans la partie des Prairies qui couvre aujourd’hui le sud-ouest du Manitoba et le sud-est de la Saskatchewan ; il erra durant 40 jours sans fusil, sans couteau, sans provisions et sans vêtements. Des Autochtones qui passaient par là le secoururent et il fut soigné par un ami, John McKay*, qui travaillait pour la compagnie rivale, la Hudson’s Bay Company. Probablement à la fin de 1805, Pritchard fut envoyé dans la région du lac Nipigon, où il resta quatre ans avant d’être affecté de nouveau au département de la rivière Rouge.
Au printemps de 1814, Pritchard opposa peu de résistance au groupe d’hommes envoyés par Miles Macdonell*, gouverneur d’Assiniboia, qui s’emparèrent d’une bonne partie des provisions de pemmican du fort La Souris (Manitoba) pour en faire profiter les colons de la Rivière-Rouge. Il fut qualifié de lâche par son supérieur de la North West Company, probablement Duncan Cameron*, et quitta la compagnie peu de temps après. Il avait décidé de s’établir à la Rivière-Rouge, mais il commença par se rendre à Montréal ; pendant son séjour dans cette ville, il envisagea d’aller à Londres pour avertir lord Selkirk [Douglas*], fondateur de la Rivière-Rouge, de la situation périlleuse de cette colonie. Il s’adressa à Colin Robertson*, de la Hudson’s Bay Company, dans le but d’obtenir de l’aide pour aller à Londres ou encore pour retourner à la Rivière-Rouge afin de prévenir les colons que des membres des Premières Nations et des Métis, agissant à l’instigation de la North West Company, étaient sur le point de les attaquer. Pritchard quitta Montréal à destination de la Rivière-Rouge en compagnie de trois bûcherons américains le 17 octobre 1814 ; il accomplirait le difficile trajet qui passait par Moose Factory (Ontario), York Factory (Manitoba) et Norway House, principalement en raquettes.
Pendant que Pritchard était en route, Selkirk le nomma au Conseil d’Assiniboia. Pritchard arriva à la Rivière-Rouge en avril 1815 avec un seul compagnon, juste à temps pour assister à l’arrestation du gouverneur Macdonell et pour voir la North West Company procéder à la dispersion d’un grand nombre de colons. Il demeura malgré tout sur place et tenta de cultiver le lot qu’il venait d’acquérir. Mais les pillages que commettaient les Métis commandés par Alexander Greenfield Macdonell* le forcèrent finalement à partir, comme le firent d’ailleurs les autres colons. Avec Robertson, Pritchard réussit par la suite à persuader quelques-uns des colons qui s’étaient réfugiés à Jack River House de retourner dans la colonie abandonnée. Lui-même fit de la culture et de la chasse à la Rivière-Rouge pendant un an avant d’être fait prisonnier par les Métis au cours de la bataille de Seven Oaks (Winnipeg) en 1816 [V. Cuthbert Grant]. Après le combat, il fut dépêché au fort Douglas (Winnipeg) pour y porter un message des Métis demandant la reddition du fort. Les colons furent évacués et le fort livré.
Pritchard fut emmené au fort William (Thunder Bay, Ontario), siège principal de la North West Company, mais il fut relâché après l’arrivée de Selkirk à cet endroit. Il présenta à Selkirk une pétition de 13 colons de la Rivière-Rouge au sujet du pillage de la colonie et de la protection, qu’ils jugeaient insuffisante, contre la North West Company. En s’en retournant à la Rivière-Rouge, il fut arrêté au lac à la Pluie (Ontario) par des hommes de la North West Company qui l’avertirent que, « s’il continuait, il serait assassiné ». Il se rendit plutôt à Montréal, où il témoigna au procès de Robertson en mai 1818. Il fut aussi cité comme témoin au procès de deux Nor’Westers accusés du meurtre de Robert Semple*, procès qui se tint à York (Toronto) au mois d’octobre. De retour à Montréal en décembre, il fit des préparatifs pour aller à Londres afin de porter le cas de la colonie de la Rivière-Rouge devant le Parlement.
Pritchard arriva à Londres dès le 8 mai 1819. Le mois suivant, il présenta au Parlement sa pétition dans laquelle il demandait que la colonie de la Rivière-Rouge soit protégée contre de nouveaux actes d’hostilité de la North West Company. Cette année-là, on publia dans la métropole un ouvrage où Pritchard, Pierre-Chrysologue Pambrun* et Frederick Damien Heurter relataient les attaques de la North West Company. Pendant son séjour à Londres, Pritchard chercha en vain un instituteur pour la Rivière-Rouge et jeta les bases de la Buffalo Wool Company avec le gouverneur et le comité de Londres de la Hudson’s Bay Company. Cette entreprise devait être créée comme filiale de la Hudson’s Bay Company et financée par la vente de 100 actions à £20 chacune ; Pritchard fut nommé directeur général de la compagnie. Puis il s’embarqua sur le navire qui allait à York Factory une fois l’an et arriva à la Rivière-Rouge en 1820. Un an plus tard, il avait construit à Pembina (Dakota du Nord), près des régions où vivaient les bisons, des bâtiments qui devaient servir à la « fabrication » de la laine de bison et au tannage des peaux de bison, produits destinés aux marchés intérieur et étranger. Même si George Simpson, gouverneur du département du Nord de la Hudson’s Bay Company, était persuadé que ce projet était réalisable, il avait peu confiance en Pritchard ; en 1821, il écrivait à Andrew Colvile, l’un des directeurs de la compagnie, que Pritchard était « un être excessif, un visionnaire, un rêveur [qui n’avait] pas une parcelle de solidité et [qui ne possédait] qu’une dose moyenne de jugement ». La Buffalo Wool Company, sous la direction de Pritchard, pataugea durant cinq ans avant que l’importante inondation de 1826 ne détruise une bonne partie de ses stocks et ne convainque ses associés d’abandonner la partie. La Hudson’s Bay Company couvrit la dette de la compagnie, qui s’élevait à £4 500.
De retour à la Rivière-Rouge après son voyage en Angleterre, Pritchard était devenu un des membres importants de cette jeune colonie. Dans un petit recueil publié en 1892 sous le titre de Glimpses of the past in the Red River settlement [...], 1805–1836, qui réunit une partie de la correspondance de Pritchard, celui-ci décrit sa ferme en 1825 comme pouvant « presque suffire à [assurer] la subsistance et l’habillement ». Pritchard enseigna aussi à l’école du dimanche et on dit qu’il ouvrit des écoles pour les enfants des deux sexes à Middlechurch et à East Kildonan, sans prendre en considération la capacité de payer des parents. La Hudson’s Bay Company lui donnait £25 par année pour ces services. On ne sait pas quand il cessa d’enseigner, mais il resta membre du Conseil d’Assiniboia jusqu’en 1848 : il faisait partie des comités d’économie et de finances. Il joua aussi un rôle dans une compagnie de suif créée à la Rivière-Rouge en 1832, entreprise qui fut un échec financier.
John Pritchard, homme de petite taille, ne craignait pas de faire œuvre de pionnier. La première moitié de sa vie fut certainement plus aventureuse que la seconde, mais il manifesta toujours un vif intérêt pour les colons de la Rivière-Rouge et s’employa à assurer leur bien-être.
John Pritchard est un des auteurs de : Narratives of John Pritchard, Pierre Chrysologue Pambrun, and Frederick Damien Heurter, respecting the aggressions of the North-West Company, against the Earl of Selkirk’s settlement upon Red River (Londres, 1819). La pétition qu’il présenta à la chambre des Communes parut dans Substance of the speech of Sir James Montgomery, bart., in the House of Commons, on the 24th of June 1819, on bringing forward his motion relative to the petition of Mr. John Pritchard, of the Red River settlement (Londres, 1819). Des lettres écrites par Pritchard furent publiées sous le titre de Glimpses of the past in the Red River settlement from letters of Mr John Pritchard, 1805–1836, George Bryce, édit. (Middlechurch, Man., 1892). Une de ces lettres, « Lost on the prairies », parut dans le Beaver, outfit 273 (juin 1942) : 36–39.
APC, MG 19, E1, sér. 1, 3 : 1255, 1257 ; 4 : 1492, 1501 ; 8 : 3260 ; 9 : 3597 ; 14 : 5518, 5578 ; 16 : 6171 ; 18 : 6967 ; 23 : 8902 ; 24 : 9178 ; 52 : 20151.— PAM, HBCA, A.1/52 : fo 74 ; D.5/1 : fos 243, 263 ; E.10/1, 1 ; MG 7, B7 ; MG 9, A76, file 102.— Andrew Amos, Report of trials in the courts of Canada, relative to the destruction of the Earl of Selkirk’s settlement on the Red River ; with observations (Londres, 1820).— Canadian North-West (Oliver), 1.— S. H. Wilcocke, Report of the proceedings connected with the disputes between the Earl of Selkirk, and the North-West Company, at the assizes, held at York in Upper Canada, October 1818 (Montréal, 1819).— H. V. Neufeld, « John Pritchard – unsung hero of the Red River settlement », Winnipeg Free Press, 18 janv. 1964 : 18.— Ray Tulloch, « Manitoba – the terrible, turbulent years ; « a little toad » they called him », Winnipeg Free Press, 21 sept. 1963 : 28.
Bibliographie de la version modifiée :
AM, HBCA, Biog. sheets, Pritchard, John Sr.— Find a Grave, « Memorial no 62098970 » : www.findagrave.com (consulté le 14 oct. 2020).— Findmypast, « Shropshire baptisms » ; « Shropshire marriages » : www.findmypast.co.uk (consulté le 14 oct. 2020).— Times (Londres), 17 janv. 1856.
Carol M. Judd, « PRITCHARD, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 6 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/pritchard_john_8F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/pritchard_john_8F.html |
Auteur de l'article: | Carol M. Judd |
Titre de l'article: | PRITCHARD, JOHN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 2024 |
Date de consultation: | 6 nov. 2024 |