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RÉMY DE COURCELLE (Courcelles), DANIEL DE, sieur de Montigny, de La Fresnaye et de Courcelle, seigneur de Rouvray et Du Bourg ; né en 1626, fils d’Adrien de Rémy de Montigny et d’Eslami de Nolant ; mort le 24 octobre 1698 et inhumé deux jours plus tard à Toulon, en France.

Courcelle succéda à Saffray de Mézy au poste de gouverneur de la Nouvelle-France en 1665 et, de concert avec Prouville de Tracy, contribua à soumettre les Iroquois qui ravageaient périodiquement la colonie depuis le temps de Champlain. Avant sa nomination à titre de gouverneur général de la Nouvelle-France le 23 mars 1665, il était gouverneur de Thionville, en Lorraine. Il arriva à Québec avec l’intendant Jean Talon le 12 septembre. Tracy, lieutenant général de toutes les possessions françaises en Amérique du Nord, était arrivé au mois de juin précédent avec le régiment de Carignan-Salières, envoyé pour écraser les Iroquois. Dès son débarquement, Courcelle, « ne respirant que la guerre », s’occupa de construire et de garnir de troupes les forts dont Tracy avait ordonné la construction le long du Richelieu, route d’invasion dont se servaient les Agniers pour attaquer les établissements français.

À cette époque, la confédération iroquoise subissait les assauts répétés de ses ennemis des Premières Nations et elle avait été décimée par une épidémie de petite vérole. Quand les peuples qui la composaient apprirent que les Français avaient reçu de grands renforts de troupes et de colons, leurs chefs s’empressèrent de s’enquérir auprès des missionnaires des possibilités d’un accord de paix. Toutefois, Tracy, Courcelle et Talon étaient convaincus qu’on ne pourrait espérer jouir d’une paix durable tant que les Iroquois n’auraient pas été battus à plate couture. Ils décidèrent donc d’envahir le pays des Agniers au cours de l’hiver, alors que l’ennemi s’y attendrait le moins.

Le 9 janvier 1666, Courcelle partait de Québec à la tête de 600 hommes. Quand ils arrivèrent aux forts du Richelieu, plusieurs des hommes souffraient de fortes engelures aux membres et à la figure. On comptait sur un parti d’Algonquins pour guider l’armée, mais il ne se présenta pas et, le 29 janvier, Courcelle donna l’ordre de marcher sans eux. Les hommes, portant leurs armes et leurs approvisionnements sur le dos et peu habitués à la marche en raquettes dans la neige épaisse, se trouvèrent vite épuisés. Le froid intense aggravait leur embarras. À cause de l’absence de guides, ils suivirent plusieurs pistes fausses, de sorte qu’ils durent souvent revenir sur leurs pas. Le 15 février, ne sachant guère où ils se dirigeaient, ils aboutirent près de l’établissement hollandais de Schenectady, à trois jours de marche des villages agniers. Jusque-là, les seuls Agniers qu’ils avaient rencontrés avaient dressé une embuscade au détachement envoyé à leur poursuite, tuant un officier et dix hommes.

Quand les autorités d’Albany apprirent qu’une forte troupe de Français se trouvait dans les environs, ils envoyèrent une délégation demander pourquoi les Français avaient amené une armée dans le territoire du roi d’Angleterre sans d’abord en informer le gouverneur de la province de New York. (Il était sans doute heureux pour tous les intéressés que ni Courcelle ni les autorités d’Albany ne sachent que l’Angleterre et la France se trouvaient en guerre depuis une quinzaine de jours.) En réalité, Courcelle fut étonné d’apprendre que les Hollandais avaient cédé la Nouvelle-Amsterdam (New York) aux Anglais et il fit la remarque désabusée « que le roi d’Angleterre mettait la main sur toute l’Amérique ». Il assura aux délégués d’Albany qu’il n’avait aucunement l’intention de molester les sujets de Sa Majesté britannique, ni d’envahir son territoire. Il acheta des vivres à Schenectady, mais, quand on l’invita avec ses hommes à profiter de l’hospitalité de cette bourgade, il déclina cette offre, craignant que, si ses hommes s’approchaient d’un coin de cheminée, il serait bien difficile de les en arracher. On porta sept des blessés à Albany, où les colons hollandais en prirent bien soin.

Un dégel soudain et de fortes pluies obligèrent Courcelle à abandonner la campagne. Le 21 février, il reprit la longue marche du retour, harcelé par des partis de guerre agniers. Plus de 60 hommes, affaiblis par le froid et la faim, périrent en route.

Cette campagne avait frôlé le désastre complet. Courcelle voulut rejeter sur les Jésuites la responsabilité de ce triste résultat, prétendant que c’était à cause d’eux que les guides algonquins n’avaient pas rejoint l’expédition. Privés de ces guides, les Français n’avaient pu atteindre les bourgades des Agniers. Le marquis de Salières, colonel au régiment de Carignan-Salières, avec qui Rémy de Courcelle avait déjà eu des démêlés, rejetait nettement le blâme sur ce dernier, soutenant que le gouverneur avait négligé de fournir à ses hommes l’équipement et les vêtements d’hiver nécessaires pour une telle expédition. Quels qu’en fussent les responsables, l’expédition n’avait pas atteint son but. Les Agniers n’avaient plus grand sujet de craindre les Français. Une autre campagne s’imposait pour rétablir le prestige des Français et mettre un terme aux attaques des Iroquois contre la colonie.

À la fin de septembre 1666, Tracy et Courcelle, à la tête de 1 400 hommes, accompagnés de 100 Hurons et Algonquins, quittaient le fort Sainte-Anne, au pied du lac Champlain, pour envahir le territoire des Agniers. Ceux-ci s’enfuirent devant cette armée, la plus forte qu’on eût jamais vue dans cette partie du monde, et qui s’avançait, intrépide, bannières au vent et tambours battant. On mit la torche aux quatre bourgades des Agniers et l’on détruisit tous les approvisionnements de vivres. On planta une grande croix et un poteau portant les armoiries de la France sur l’emplacement du principal village. On prit ensuite possession des terres des Agniers au nom de Louis XIV par droit de conquête, et l’armée rentra dans ses quartiers. Les Iroquois acceptèrent alors les conditions de paix des Français et, cette fois, ils les respectèrent. Il était toutefois évident qu’ils ne resteraient en paix que tant que les Français pourraient les tenir « dans un état de crainte ». Le maintien de cette paix devait constituer la tâche principale de Courcelle pendant les six années suivantes.

Le 6 décembre 1666, Courcelle, Talon et Tracy reconstituaient le Conseil souverain. Auparavant, l’intendant Talon rendait lui-même la justice. Par suite de l’augmentation rapide de la population, le nombre des causes soumises au conseil augmentait considérablement. En août 1667, désireux de hâter les choses, le conseil convint que Talon examinerait tous les litiges au préalable, puis les répartirait à son gré entre le Conseil souverain et la cour de Prévôté, ou les retiendrait pour les régler lui-même d’une façon expéditive. Courcelle refusa d’approuver cet édit sous prétexte qu’il contrevenait à l’autorité dont il était investi à titre de gouverneur, et qu’il n’était pas dans l’intérêt public. En janvier, il rejetait encore cette proposition. Il pensait apparemment qu’il lui appartenait, en sa qualité de gouverneur, et non pas à l’intendant, de tenir les rênes du pouvoir dans la colonie. Il était toujours en bons termes avec le lieutenant général, mais Tracy quitta la colonie en août 1667 et, à partir de ce moment, les relations de Courcelle avec Talon et avec Bouteroue, qui remplaça Talon au poste d’intendant pendant deux ans, allèrent de mal en pis. En 1669, Colbert lui faisait sévèrement observer qu’un homme dans sa situation devait se montrer tolérant envers les fautes des autres et tirer le meilleur parti possible de leurs bonnes qualités pour réaliser les intentions du roi à l’égard de la colonie. En 1670, au retour de Talon en Nouvelle-France, ses relations avec Courcelle devinrent fort tendues. Au mois de novembre cette année-là, Talon informa Colbert que le gouverneur paraissait fort jaloux de l’influence que lui, Talon, possédait auprès du ministre et manifestait une grande irritation chaque fois que l’intendant ne partageait pas son avis. L’année suivante, Talon se plaignit que Courcelle le traitât en inférieur, presque en valet, et agît de façon à nuire à la réalisation de ses plans relatifs à la colonie. Par malheur, la correspondance de Courcelle n’est pas parvenue jusqu’à nous, et les dépêches de Talon au ministre ne présentent, naturellement, que son interprétation du différend.

Dans un domaine qui relevait proprement de lui, c’est-à-dire celui de ses relations avec les Premières Nations, Courcelle fit preuve d’une grande habileté et s’attira le respect aussi bien de celles-ci que des Français. Quand, en 1669, trois soldats de la garnison de Montréal assassinèrent un chef tsonnontouan, Courcelle agit avec rapidité, de crainte que les Iroquois ne considèrent l’incident comme un casus belli. Les trois soldats furent rapidement arrêtés, jugés et exécutés, avant l’arrivée d’un fort groupe d’Iroquois qui venaient à Montréal pour la traite. Les Iroquois furent très impressionnés de ce que les Français eussent condamné à mort trois des leurs pour le meurtre d’un seul Iroquois et la paix fut maintenue. Toutefois, l’année suivante, les Iroquois reprirent la guerre contre les Algonquins, en tuant plusieurs et en emmenant certains en captivité. La riposte des Algonquins ne se fit pas attendre. Il semblait que les hostilités dussent s’étendre à toutes les nations alliées aux Français et, en fin de compte, aux Français eux-mêmes. Courcelle ordonna aux deux côtés d’arrêter les combats et de rendre les prisonniers. Les Iroquois se montrant peu disposés à obtempérer, Courcelle menaça de conduire une armée dans leur pays. Les Iroquois de l’Ouest le défièrent, confiants que leurs villages étaient trop éloignés pour qu’une armée française pût les atteindre. Ils répondirent avec hauteur : « Le gouverneur nous menace de ruiner notre pays ? Nous verrons s’il aura les bras assez longs, pour enlever la peau & la chevelure de nos têtes ».

L’année suivante, le gouverneur fit construire à Montréal un grand bateau plat capable de transporter une plus grande quantité d’approvisionnements que les canots ; il réunit 56 volontaires et, le 2 juin, se lança dans les rapides turbulents du Saint-Laurent pour démontrer aux Iroquois de l’Ouest que leur pays n’était pas hors de sa portée. Dix jours plus tard, sa troupe arrivait au lac Ontario, à la grande consternation des Iroquois qu’ils rencontrèrent sur leur chemin. Courcelle leur dit que, s’ils voulaient continuer à se battre contre les Algonquins et attaquer les Français, comme certains les en avaient menacés, ils étaient parfaitement libres de le faire ; toutefois, s’ils agissaient ainsi, ajouta-t-il, il mènerait une armée au lac Ontario dans de grandes barques pour les détruire. Ce geste audacieux impressionna si fort les Iroquois qu’ils cessèrent de parler de guerre et firent la paix avec les Algonquins.

Pendant qu’il se trouvait sur les lieux, Courcelle explora l’extrémité orientale du lac Ontario afin d’y trouver un emplacement convenable pour un fort et un poste de traite, pour obtenir des Iroquois les pelleteries qu’ils réunissaient sur la rive nord du lac et dont ils faisaient la traite avec les Hollandais à Albany. Il proposa d’établir un fort près de l’embouchure du lac Ontario, mais Colbert rejeta cette proposition. Talon proposa aussi d’établir deux postes de traite au lac Ontario, l’un sur la rive nord et l’autre au sud. Courcelle désirait un fort militaire, mais son successeur, Buade de Frontenac, deux ans plus tard, établit un poste de traite à l’embouchure de la Cataracoui, là où s’élèverait la ville de Kingston. Quand Louis XIV finit par voir une carte de la région, il s’étonna qu’on ait pu avoir l’idée de placer un « fort » au lieu que Frontenac avait choisi, puisque, du point de vue militaire, l’emplacement qui s’imposait devait commander le Saint-Laurent.

Courcelle se préoccupait aussi des tentatives que faisaient les Outaouais, principaux fournisseurs de fourrures des Français, pour traiter avec les Hollandais et les Anglais, soit à Albany même, soit par l’intermédiaire des Iroquois. Il réussit à semer la suspicion dans l’esprit et des Iroquois et des Outaouais, déclarant que chaque nation entendait se servir de ce commerce comme d’un appât pour attirer l’autre dans un piège et l’y détruire. Il sauvegarda de cette façon la traite des pelleteries à laquelle les Français se livraient dans l’Ouest.

Courcelle favorisa activement l’exploration de l’Ouest par Cavelier de La Salle, Daumont de Saint-Lusson, Peré*, Jolliet, Dollier* de Casson et Bréhant de Galinée. De vastes régions, inconnues jusque-là, étaient désormais réclamées pour la France et des relations commerciales établies avec les peuples des Premières Nations de ces régions. C’est aussi sous le régime de Courcelle, agissant selon les ordres de Louis XIV, que furent instituées les milices de la Nouvelle-France qui permirent d’exercer au maniement des armes les hommes valides de 16 à 60 ans. Cette milice devait supporter le poids du combat dans les guerres futures de la colonie.

En 1671, Courcelle, désireux de rentrer en France, demanda son rappel en invoquant le mauvais état de sa santé. L’année suivante, on fit droit à sa requête. Un de ses derniers gestes dans la colonie consista à faire un don de 1 000# à Dollier de Casson, supérieur du séminaire de Montréal, en faveur d’une petite Iroquoise de six ans qu’il avait adoptée et confiée aux soins des sœurs de la Congrégation. Vers la fin de novembre 1672, il s’embarqua pour la France où il reçut le commandement de la citadelle d’Arras. Le 19 janvier 1675, il signa un contrat de mariage à Paris avec Marie-Anne Dabancourt ; le couple eut au moins deux fils. On pense que Courcelle était gouverneur de Toulon au moment de sa mort, survenue le 24 octobre 1698.

En tant que gouverneur de la Nouvelle-France, Courcelle eut avec certains de ses subordonnés des relations qui laissaient peut-être parfois à désirer, mais, si sa correspondance avait été conservée, elle pourrait révéler qu’ils avaient tort autant que lui. Certes, l’administration de la colonie n’a pas souffert de ces querelles, comme ce fut le cas sous le régime de son prédécesseur et de son successeur. En tant que commandant des troupes, son expédition d’hiver contre les Agniers n’a guère servi sa réputation, mais c’était la première campagne jamais menée par les Français et ils en tirèrent des leçons utiles. Sa réalisation la plus notable, qui est grandement à son honneur, c’est qu’il enraya les attaques des Iroquois contre les Premières Nations alliées des Français. Il les détourna de s’en prendre aux établissements français et il atteignit son but sans effusion de sang. Quand il rentra en France, il laissa la colonie en paix et le prestige de la France rehaussé de beaucoup aux yeux aussi bien de ses alliés des Premières Nations que des Iroquois.

W. J. Eccles

Ainsi qu’il est mentionné dans l’article qui précède, la correspondance de Courcelle ne nous est pas parvenue.— « Sur le voyage de Monsieur de Courcelles gouverneur et lieutenant général pour le Roy en la Nouvelle France en l’année 1666 », poème satirique relatif à sa première expédition dans le pays des Agniers qui fit le tour de la France, se trouve dans BRH, XXXIII (1927) : 264–282.— NYCD (O’Callaghan and Fernow), III : passim.— PRO, CSP, Col., 1661–68, 349, 392s., 404, 438–441, 462s., 470s.— Chapais, Talon.— Faillon, Histoire de la colonie française, III.— Parkman, The old régime in Canada (25th ed.), 176, 186–190.

Bibliographie de la version révisée :
Arch. départementales, Var (Draguignan, France), « Reg. de l’état civil », Toulon, paroisse Sainte-Marie, 24 oct. 1680, 18 avril 1682, 26 oct. 1698 : archives.var.fr/article.php?larub=97 (consulté le 2 mai 2018).— Arch. nationales (Paris, Fontainebleau et Pierrefitte-sur-Seine), MC/ET/LXXXIII/156, 19 janv. 1675.

Bibliographie générale

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W. J. Eccles, « RÉMY DE COURCELLE (Courcelles), DANIEL DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/remy_de_courcelle_daniel_de_1F.html.

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Auteur de l'article:    W. J. Eccles
Titre de l'article:    RÉMY DE COURCELLE (Courcelles), DANIEL DE
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
Année de la révision:    2018
Date de consultation:    19 mars 2024