LAUSON DE CHARNY, CHARLES DE, gouverneur intérimaire de la Nouvelle-France, puis prêtre, official, vicaire général, supérieur ecclésiastique de l’Hôtel-Dieu de Québec, né probablement à Paris, vers 1629, de Jean de Lauson, gouverneur de la Nouvelle-France, et de Marie Gaudar, décédé en France après 1689.

La famille de Lauson, d’ascendance poitevine, s’était établie à Paris. Le surnom donné à Charles lui échut d’un bisaïeul, seigneur de Charny, dans le département de l’Yonne. Jean de Lauson s’était procuré d’immenses domaines en Nouvelle-France ; mais c’était pour en faire profiter les trois fils qu’il fit venir auprès de lui et qui, de fait, se marièrent et s’établirent au pays dans l’intention d’y rester. Charles arriva en dernier lieu, le 1er juillet 1652, sur un navire qui échoua à l’île aux Coudres. À son arrivée, son père lui donna le titre de grand maître des Eaux et Forêts, titre plus ronflant que significatif dans une colonie encore si jeune. Peu après, il lui céda sa part (un huitième) de la seigneurie de Beaupré et des fiefs Charny et Lirec, à l’île d’Orléans.

Le 12 août 1652, six semaines à peine après son arrivée, Charles de Lauson épousait Louise Giffard, âgée de 13 ans, fille de Robert Giffard, seigneur de Beauport. Le père Jérôme Lalemant leur donna la bénédiction nuptiale en présence de M. Guillemot, dit Du Plessis-Kerbodot, gouverneur de Trois-Rivières, et de M. Le Vieux de Hauteville, lieutenant général de la Sénéchaussée.

En juin 1656, Jean de Lauson, dégoûté de l’administration, retourna en France en laissant comme gouverneur intérimaire son fils Charles, qui porta le titre d’administrateur ou de commandant de la Nouvelle-France jusqu’au 20 août de l’année suivante, alors qu’il reçut une commission du roi comme gouverneur, en attendant la venue de M. Voyer* d’Argenson qui était destiné à ce poste. Par la suite, il s’intitula : « Charles de Lauson, chevalier, seigneur de Charny, gouverneur et Lieutenant général pour le Roy en la Nouvelle France » avec les « pouvoirs, autorités et droits qu’il à plu au Roy nous honorer ». Mais lui-même, le 26 août 1657 (MSRC, XXVI (1932) sect. i : 91), déléguait à l’ancien gouverneur Louis d’Ailleboust la charge d’administrateur temporaire et s’embarquait pour la France.

Le 30 octobre 1656, sa jeune femme était décédée à l’Hôtel-Dieu, deux semaines après lui avoir donné une fille. Par considération pour la famille de Lauson et pour celle de Giffard, qui venait de donner à l’Hôtel-Dieu sa première religieuse canadienne, on avait inhumé la défunte dans le caveau du monastère, comme elle l’avait demandé. Pour le repos de l’âme de sa femme, M. de Lauson de Charny demanda à l’Hôtel-Dieu qu’on célèbre chaque année l’office des morts et une grand-messe, en retour d’une concession de terre à la côte de Lauzon, valant alors « deux cents livres de rente, à cause de la pêche d’anguille qui était fort abondante ».

Ayant mis sa fille en nourrice, le gouverneur intérimaire quitta Québec le 18 septembre 1657 à destination de la France, où il entra dans les ordres. On avait déjà reconnu ‘sa piété en le nommant, le 24 février 1657, premier préfet de la congrégation que les Jésuites venaient de fonder à Québec. Devenu prêtre le 12 avril 1659, M. de Lauson de Charny n’eut rien de plus pressé que de revenir au Canada. Il fit la traversée avec le nouveau vicaire apostolique, Mgr de Laval*, qui arriva à Québec le 16 juin 1659. Dès le 27 septembre, le nouveau prêtre fut nommé official. L’année suivante, il devint vicaire général et accompagna l’évêque dans la visite pastorale à Trois-Rivières et à Montréal. Il demeura au collège des Jésuites depuis son arrivée jusqu’au printemps de 1664, alors qu’il alla habiter au séminaire avec l’évêque et les autres prêtres séculiers. Officiellement, toutefois, il ne fut jamais membre du séminaire de Québec. Le 15 juillet 1664, il devint supérieur ecclésiastique de l’Hôtel-Dieu de Québec, où il exerça le ministère avec beaucoup de zèle.

Tout en servant le diocèse, il continuait à administrer ses fiefs et même ceux de sa famille. Après la mort de son frère, le grand sénéchal Jean de Lauson, tué par les Iroquois le 22 juin 1661, il dut prendre la tutelle de ses enfants mineurs et s’occuper de la seigneurie de Lauson, qui faisait partie des biens de la succession. M. de Lauson (père) mourut à Paris, le 16 février 1666, et l’abbé dut s’embarquer le 17 octobre pour régler les affaires de sa famille qui possédait de grands biens. Mgr de Laval, par acte du 21 octobre, le chargea en plus de veiller en France aux intérêts de l’Hôtel-Dieu de Montréal. M. de Lauson de Charny fut de retour dès 1668.

Avant de partir pour se faire prêtre, il avait déjà vendu sa part dans les seigneuries de Beaupré et de l’île d’Orléans à Julien Fortin, dit Bellefontaine. Avec la vente de son arrière-fief à Mgr de Laval, il se départissait de sa dernière terre en Nouvelle-France. À l’automne de 1671, il retournait définitivement en France. On connaît les deux principales raisons de son départ. La première venait de sa fonction de vicaire général, qui l’impliquait dans les frictions entre Mgr de Laval et le pouvoir civil ; la seconde concernait l’avenir de sa fille, née en 1656, qui désirait se faire religieuse. Les sœurs de l’Hôtel-Dieu la gardaient pensionnaire depuis l’âge de six ans et appréciaient ses belles qualités ; mais elles ne voulurent pas accepter, malgré l’assurance de 12 000# de dot, la condition posée par le père de donner à sa fille un menu particulier à cause de sa complexion délicate. Ce que voyant, M. de Lauson de Charny l’emmena en France, avec une de ses cousines, et toutes deux devinrent religieuses de l’Hôtel-Dieu de La Rochelle, alors que l’abbé demeura au collège des Jésuites de cette ville jusqu’à sa mort, survenue après 1689.

Honorius Provost

AJQ, Greffe de Romain Becquet, 2 sept. 1666.— ASQ, Album Gaspé, p.121 ; Carton Plante, 60, Fonds Verreau, Saberdache rouge, L, pp.196ss. MSS, 17, Documents relatifs à Mgr de Laval, p.125 Polygraphie, III : 14 ; XIX : 12.— Juchercau, Annales (Jamet), passim.— Amédée-E. Gosselin, Notes et Documents concernant les gouverneurs d’Ailleboust, de Lauzon et de Lauzon-Charny, MSRC, XXVI (1932), sect. i : 83–96.— J.-E. Roy, Hist. seign. Lauzon, 1.

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Honorius Provost, « LAUSON DE CHARNY, CHARLES DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 11 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/lauson_de_charny_charles_de_1F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
Année de la révision:    1986
Date de consultation:    11 déc. 2024