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LALEMANT, JÉRÔME (appelé Achiendassé par les Hurons), prêtre, jésuite, supérieur de la mission huronne (1638–1645), supérieur des Jésuites du Canada (1645–1650 et 1659–1665), né à Paris le 27 avril 1593, décédé à Québec le 26 janvier 1673. Frère de Charles et oncle de Gabriel Lalemant.

Jérôme Lalemant entre au noviciat des Jésuites à Paris le 20 octobre 1610 ; il étudie la philosophie à Pont-à-Mousson (1612–1615) et la théologie au collège de Clermont (1619–1623). Entre-temps, il a été préfet du pensionnat de Verdun (1615–1616) et professeur au collège d’Amiens (1616–1619) ; après sa théologie, il enseigne la philosophie et les sciences au collège de Clermont (1623–1626) et fait sa troisième année de probation à Rouen (1626–1627) ; puis il devient ministre du collège de Clermont (1627–1629) et principal du pensionnat de ce même collège (1629–1632), recteur du collège de Blois (1632–1636) ; de 1636 à 1638, il est de nouveau au collège de Clermont, en qualité de père spirituel cette fois. Peu de jésuites ont eu avant leur venue au Canada une expérience aussi vaste que le père Jérôme Lalemant ; et cela atteste en quelle haute estime il était tenu par ses supérieurs.

Après cela, il n’est pas étonnant qu’il ait été nommé supérieur de la mission huronne en 1638, l’année même de son arrivée au pays. Il succède à Brébeuf. Son premier geste est de faire le dénombrement de la population contenue dans les limites de la Huronie : 12 000 personnes réparties en 32 bourgs ou bourgades.

Son nom reste attaché à la résidence centrale des missionnaires : Sainte-Marie-des-Hurons. Commencé en 1639, ce premier établissement important des pays d’en haut s’est développé au rythme même de la mission. Il contenait en 1649 une chapelle, la résidence des pères, celle du personnel laïque, des ateliers de menuiserie et de forge, un hôpital, une maison de retraite pour les néophytes, une hôtellerie pour les non-chrétiens de passage, un cimetière, une ferme avec basse-cour et animaux domestiques. Base d’opération apostolique, Sainte-Marie-des-Hurons fut, de 1639 à 1649, et dans tous les sens du mot, la place forte de la mission.

Ce haut lieu de notre histoire religieuse méritait mieux que l’oubli qui fut son partage pendant deux siècles. La collaboration des Jésuites de la province du Haut-Canada et des archéologues Kidd et Jury, dans les années 1960, en le faisant revivre à nos yeux, nous permet de mieux comprendre son importance stratégique.

La réalisation matérielle de Sainte-Marie-des-Hurons eût été impossible sans une institution introduite au Canada par le père Jérôme Lalemant : les donnés. Les frères coadjuteurs, chargés des travaux domestiques, étaient trop peu nombreux pour répondre aux progrès constants de la mission. De plus, leur condition de religieux leur interdisait le port des armes ; et il n’était pas prudent pour les missionnaires de rester sans défense en Huronie. Les donnés, qui consacraient leur vie à la mission, mais sans émettre de vœux de religion, suppléaient les frères coadjuteurs et pouvaient, au besoin, faire le coup de feu. Il serait difficile d’exagérer leur importance dans le progrès de la mission. Ainsi, pour ne prendre qu’un exemple, en 1649, il y avait en Huronie 16 pères, 4 frères coadjuteurs et 22 donnés.

En 1644, le père Jérôme Lalemant était nommé supérieur des Jésuites du Canada avec résidence à Québec. Le courrier qui lui apportait cette nouvelle ayant été intercepté par les Iroquois, il ne rejoignit son poste qu’en septembre 1645. Cette première administration (1645–1650) lui réservait de bien dures épreuves. C’est alors, en effet, qu’eut lieu le martyre d’Isaac Jogues, Antoine Daniel, Jean de Brébeuf, Gabriel Lalemant, Charles Garnier, Noël Chabanel et Jean de La Lande. Ajoutons à cela la destruction de la mission huronne qu’il avait si bien organisée et si bien dirigée. Il en fut profondément ému ; mais il était trop soumis à la volonté de Dieu pour en être abattu. Ce lui fut une grande consolation, à l’été de 1650, de vénérer les restes de Brébeuf et de son neveu Gabriel, qu’on venait d’apporter à Québec. À l’automne de la même année, il s’embarque pour la France, afin de plaider là-bas la cause des missions canadiennes. Quand il revient en 1651, il obéit avec la simplicité d’un novice à son successeur, le père Paul Ragueneau. En 1656, il est rappelé en France, et deux ans plus tard, il est nommé recteur du collège royal de La Flèche.

À la demande instante de Mgr de Laval*, récemment nommé vicaire apostolique de la Nouvelle-France, il revient à Québec comme supérieur des Jésuites en 1659. Il est reçu avec enthousiasme par ses confrères ; et c’est le point de départ d’une seconde époque de gloire pour les missions de la compagnie au Canada. Homme d’une prudence consommée, il sut, dans les difficultés qui agitaient alors le Canada, garder l’estime de Mgr de Laval et la confiance des gouverneurs de la colonie. Il était le directeur spirituel de Marie de l’Incarnation [V. Guyart], qui en parle souvent avec éloge dans ses lettres. Elle écrivait à son fils, le 30 octobre 1650 : « C’est le pere des pauvres tant François que Sauvages : C’est le Zelateur de l’Eglise, qui semble avoir été élevé dans toutes les ceremomies, ce qui n’est pas ordinaire à un Jesuite. Enfin c’est le plus saint Homme que j’aye connu depuis que je suis au monde. » C’est lui qui, en 1646, avait rédigé les constitutions des Ursulines de Québec. C’est sous l’administration du père Jérôme Lalemant que des familles huronnes furent établies sur les terres des Jésuites à Beauport.

Nous devons au père Jérôme Lalemant les Relations des Hurons de 1639 à 1644. On lui attribue également celles qui ont été publiées sous ses deux administrations à Québec. Un manuscrit du père Félix Martin, conservé aux Archives du séminaire de Québec, nous apprend que le père Lalemant « aurait mis la dernière main à un catéchisme huron où il aurait réuni les principales vérités de la religion ». Les chercheurs lui sont reconnaissants pour la part immense qui lui revient dans ce qui a survécu du Journal des Jésuites. Ces entrées, au jour le jour, des petits ou des grands événements relatifs à l’histoire de la colonie, sont le complément nécessaire des Relations ; elles nous font pénétrer plus avant dans la vie sociale, politique et religieuse du Canada d’alors.

Les Hurons avaient surnommé le père Lalemant Achiendassé. Il nous dit lui-même les origines de cet usage : « La raison de ces surnoms vient, de ce que les Sauvages ne pouvant ordinairement prononcer ny nos noms, ny nos surnoms, pour n’avoir en leur langue l’usage de plusieurs consonantes qui s’y rencontrent, ils font le possible pour en approcher, que si ils n’en peuvent venir à bout, ils cherchent en la place des mots usitez ; dans le païs qu’ils puissent facilement prononcer, et qui ayent quelque rapport où à nos noms, ou à leur signification. Mais d’autant qu’il arrive quelquefois qu’il rencontrent assez mal à propos, la confirmation ou le changement des noms qu’ils ont donné pendant le voyage, se faict dans le païs ». Au témoignage du père Simon Le Moyne, le nom d’Achiendassé désigna dans la suite les supérieurs des Jésuites de Québec, comme celui d’Onontio, donné d’abord à Huault de Montmagny, désignait les gouverneurs de la colonie.

Léon Pouliot

ASQ, MSS, 43, Étude sur les Relations des Jésuites, par Félix Martin.— Marie Guyart de l’Incarnation, Écrits (Jamet), IV : 307 ; Lettres de la Vénérable Mère Marie de l’Incarnation, Première Supérieure des Ursulines de la Nouvelle-France, divisées en deux parties, éd. Dom Claude Martin (Paris, 1681), 451.— JJ (Laverdière et Casgrain), passim.— JR (Thwaites), passim.— J.-O. Bégin, Le Père Jérôme Lalemant, supérieur de la mission huronne : étude critique sur la valeur historique des Relations des Hurons (1639–1644), thèse de maîtrise présentée à l’institut d’Histoire de l’université de Montréal, 1952.— Campbell, Pioneer priests, II : 279–324.— Pour une meilleure connaissance de Sainte-Marie-des-Hurons, on lira avec profit ce qui suit : Jean Côté, Bibliographie : L’Institution des donnés à Sainte-Marie-des-Hurons, RHAF, X (1956–57) : 448–453 ; Domestique séculier d’habit, mais religieux de cœur, RHAF, X (1956–57) : 183–190 ; L’institution des donnés, RHAF, XV (1961–62) : 344–378.— Wilfrid Jury and Elsie McLeod Jury, Sainte-Marie among the Hurons (Toronto, 1954).— Kenneth E. Kidd, The excavation of Ste Marie I (Toronto, 1949).— Rochemonteix, Les Jésuites et la N.-F. au XVIIe siècle, I, II.

Bibliographie générale

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Léon Pouliot, « LALEMANT, JÉRÔME (Achiendassé) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lalemant_jerome_1F.html.

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Auteur de l'article:    Léon Pouliot
Titre de l'article:    LALEMANT, JÉRÔME (Achiendassé)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
Année de la révision:    2020
Date de consultation:    19 mars 2024