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LANGELIER, sir FRANÇOIS (baptisé François-Xavier), avocat, professeur, journaliste, homme politique, lieutenant-gouverneur et auteur, né le 24 décembre 1838 à Sainte-Rosalie, Bas-Canada, fils de Louis-Sébastien Langelier, cultivateur, et de Julie-Esther Casault ; le 2 février 1864, il épousa dans la paroisse Saint-Roch de Québec Virginie Légaré, et ils eurent quatre enfants, dont trois moururent en bas âge, puis le 31 mai 1892, dans la paroisse Notre-Dame de Québec, Marie-Louise Braün, nièce de Charles-Alphonse-Pantaléon Pelletier, et de ce second mariage naquirent trois fils et deux filles ; décédé le 8 février 1915 à Spencer Wood, Sillery, Québec, et inhumé le 11, au cimetière Saint-Charles, Québec.

Après avoir étudié au séminaire de Saint-Hyacinthe de 1851 à 1858, François Langelier entre à l’université Laval à Québec, où il obtient un baccalauréat en droit en 1860 et une licence en droit avec grande distinction en 1861. Admis au Barreau du Bas-Canada le 10 octobre 1861, il ne pratique pas tout de suite sa profession puisqu’il poursuit, de 1861 à 1863, à la suggestion de son oncle l’abbé Louis-Jacques Casault*, des études de droit à l’université de Paris.

Un des rares juristes de sa génération à être allé étudier à l’étranger, Langelier est nommé, dès son retour en 1863, professeur extraordinaire (agrégé) à la faculté de droit de l’université Laval, puis professeur ordinaire (titulaire) en 1865. Il enseigne l’introduction au droit civil de 1863 à 1866, le droit romain de 1865 à 1873, le droit administratif de 1866 à 1888 et le droit civil de 1872 à 1915. De plus, à titre de professeur agrégé, il enseigne l’économie politique à la faculté des arts, de 1871 à 1915. Les cours du professeur Langelier sont fort courus. Son langage est clair, précis, simple, à la portée des étudiants. Il a « le talent supérieur et merveilleux de bien concevoir le droit et de le faire aimer par les autres », selon Joseph-Mathias Tellier*, un de ses élèves. La publication de deux ouvrages savants viendra couronner son activité professorale : De la preuve en matière civile et commerciale (Québec, 1894) et Cours de droit civil de la province de Québec (6 volumes, Montréal, 1905–1911). Ce dernier ouvrage, plus proche du commentaire que du traité, est une analyse minutieuse, parfois audacieuse, des articles du Code civil ; de nos jours, praticiens et juges y ont encore recours.

Langelier participe aussi pendant longtemps à l’administration de l’université Laval. De 1863 à 1866, il est secrétaire de la faculté de droit puis, de 1892 à 1915, il en est le doyen. Il fait partie du conseil de l’université de 1872 jusqu’à sa mort.

Langelier pratique le droit avec son frère Charles de 1876 jusqu’à son accession à la magistrature en 1898. Didier Montambault se joint à eux en 1878, puis, de 1886 à 1892, Joseph-Édouard Taschereau est le quatrième associé ; il sera remplacé par Charles Archer en 1892 et 1893. Langelier plaide dans plusieurs procès instruits devant les tribunaux civils pour ingérence cléricale à l’occasion d’une élection. Il s’illustre particulièrement dans la cause visant à faire annuler l’élection d’Hector-Louis Langevin* dans Charlevoix en janvier 1876, sans doute la plus célèbre et la plus importante de ces contestations d’élection. Avocat du candidat défait, Pierre-Alexis Tremblay*, Langelier plaide devant le juge Adolphe-Basile Routhier, un ultramontain. Dix-sept chefs d’accusation sont invoqués. Cent soixante-quinze témoins défilent à la barre durant 35 jours. Dans une impressionnante et brillante plaidoirie, Langelier met en preuve que les curés ont rappelé les horreurs de la Révolution française, le massacre des prêtres, la destruction de la religion ; ils ont fait craindre à leurs fidèles les dangers d’une mort subite, ils leur ont signalé les faux prophètes, les faux christs, les serpents venimeux, ils ont fait apparaître « à leurs yeux effrayés des fantômes terribles, des abîmes menaçant de les engloutir ».

Le 15 novembre 1876, le juge Routhier rejette la pétition demandant l’annulation de l’élection parce que selon lui le clergé jouit de l’immunité quand il s’agit de morale, comme dans une élection, et que ces actes échappent au contrôle de l’État. La cause est portée devant la Cour suprême du Canada. Langelier, qui est assisté de James Béthune, plaide pendant trois heures. Le 28 février 1877, à l’unanimité des cinq juges, dont Jean-Thomas Taschereau*, frère de l’archevêque de Québec, Elzéar-Alexandre Taschereau*, la cour annule la décision du juge Routhier et admet qu’une « influence indue » a été exercée en contravention de la loi électorale fédérale. Les évêques expriment leur « douleur profonde » à la suite de ce jugement. Ce procès vaut à Langelier d’être accusé de traîner les prêtres devant les tribunaux de la manière la plus injuste et la plus indigne. Les journaux conservateurs y voient « une impiété, une hérésie, une révolte contre l’Église », et les ultramontains réclament le renvoi de Langelier de l’université. Celui-ci admettra quelques mois plus tard dans une lettre à Mgr George Conroy*, délégué apostolique au Canada, que, s’il avait su que cette cause allait avoir une telle répercussion, il ne l’aurait pas acceptée. Langelier doit même s’expliquer devant Mgr Taschereau, qui lui donne finalement raison.

Vrai libéral, à la fois sur le plan politique et sur le plan économique, Langelier n’a pas tardé à se lancer dans l’arène politique provinciale. Défait dans Bagot aux élections générales de 1871 par le notaire Pierre-Samuel Gendron*, il se fait élire dans Montmagny à l’élection partielle du 16 décembre 1873, battant Philippe Landry. Jeune député de l’opposition à l’Assemblée législative de Québec, il prend la parole à plusieurs reprises. Il aborde des sujets comme l’éducation, l’immigration, qui coûte plus qu’elle ne rapporte, le scrutin secret où « tout le monde est libre » et la liberté individuelle. Ses interventions sont toujours bien documentées ; il puise dans l’histoire parlementaire de l’Angleterre ou de la France, et souvent dans la Bible. Aux élections de 1875, il est toutefois défait, toujours dans Montmagny, par Landry. Les ultramontains ont tout mis en œuvre pour le faire battre. Langelier entame une poursuite pour ingérence cléricale ; en mai 1876, la Cour de revision annule l’élection, mais Langelier ne se représente pas à l’élection partielle qui suit. Il attend les élections générales de 1878 pour briguer, avec succès, les suffrages dans Portneuf. Henri-Gustave Joly* lui confie alors le poste de commissaire des Terres de la couronne, qu’il occupera du 8 mars 1878 au 19 mars 1879. Puis, « sans y avoir été [...] préparé par des années d’étude patiente et suivie des affaires financières de la province », Langelier est amené à remplacer, au pied levé, le trésorier Pierre Bachand*, mort en fonction. Il occupe du 12 mars au 31 octobre 1879. Le trésorier Joseph Gibb Robertson*, qui lui succédera, a une piètre opinion de ses talents financiers. La chute du ministère Joly amène à nouveau Langelier sur les bancs de l’opposition. À Québec, on l’aurait aimé comme chef en remplacement de Joly. Sa carrière politique provinciale prend fin en 1881, avec sa défaite dans Portneuf.

Entre-temps, Langelier, comme plusieurs hommes politiques de son époque, a aussi tâté du journalisme. En 1871 et 1872, dans le but d’aider son frère Jean-Chrysostome qui en était le rédacteur en chef, il a rédigé une chronique parlementaire « assez audacieuse » dans la Nation de Saint-Hyacinthe. En 1880, il a participé à Québec à la fondation de l’Électeur [V. Ernest Pacaud*], dont il sera un collaborateur et un inspirateur régulier. Il aurait également collaboré à l’Opinion publique, publié à Montréal de 1870 à 1883. Langelier publie aussi des articles dans l’Événement, de même que dans la Revue légale de 1895 à 1897.

Langelier ne reste pas longtemps éloigné de la politique. Intéressé très tôt par la scène municipale, ainsi qu’en témoigne sa première publication, Lettres sur les affaires municipales de la cité de Québec, parue en 1868 et dans laquelle il prenait la défense des administrateurs de la ville, il réussit, après avoir été défait dans le quartier Saint-Louis en 1880 contre Jean-Docile Brousseau*, à se faire élire conseiller de la ville de Québec dans le quartier Saint-Jean en 1882 et en 1884, puis dans le quartier Saint-Roch en 1886 et dans le quartier du Palais en 1890. Il est élu à l’unanimité maire de Québec par le conseil municipal le 1er mai 1882 et occupe ce poste jusqu’au 1er mars 1890, date à laquelle il se retire, voulant sans doute éviter les attaques d’un conseil devenu plus hostile et qui souhaite son départ.

Le passage de Langelier à la mairie de la capitale est remarquable. Sous son administration, Québec change de visage. Langelier passe tous ses après-midi à l’hôtel de ville, « négligeant sa clientèle et ses affaires privées ». Durant son mandat, on construit et restaure des trottoirs, on pave et l’on élargit les rues. La côte d’Abraham, les rues de la Montagne (côte de la Montagne), Saint-Paul et Saint-Joseph sont macadamisées. En 1887, l’éclairage à l’électricité remplace l’éclairage au gaz. Le dossier d’un nouvel hôtel de ville, qui regrouperait tous les services municipaux, connaît son dénouement : le 3 mai 1889, le maire signe avec le gouvernement provincial le contrat d’achat de l’ancien emplacement du collège des jésuites pour la somme de 20 000 $. L’une des clauses de ce contrat prévoit la construction d’un hôtel de ville avant cinq ans, mais ce projet si cher à Langelier n’aboutira que six ans après son départ de la mairie. C’est sous son administration que l’aqueduc municipal est amélioré [V. Horace Jansen Beemer] et que le service de protection contre les incendies est réorganisé, deux mesures qui entraînent une baisse des primes d’assurance. Il assainit la comptabilité municipale, fort mal en point à son arrivée, crée en 1884 un service municipal de santé et, en 1885, un bureau local de santé, qui donnera naissance au premier hôpital municipal affecté aux maladies contagieuses. En 1889, Québec s’agrandit avec l’annexion de Saint-Sauveur (le nom de Langelier est d’ailleurs attaché à une rue de ce quartier, le boulevard Langelier) et des pourparlers sont entrepris avec les municipalités de Limoilou et de Notre-Dame de Québec.

Langelier ne se contente pas toutefois longtemps de la scène municipale. Dès 1884, il décide de tenter sa chance sur la scène fédérale. Élu dans Mégantic à l’élection partielle du 10 juillet, il est réélu dans Québec-Centre en 1887, 1891 et 1896. Langelier, qui siège dans l’opposition jusqu’en 1896, est un bon « debater » intéressé surtout aux questions constitutionnelles et à la procédure parlementaire. Comme plusieurs collègues francophones élus à Ottawa, Langelier, pour être compris des représentants des autres provinces, prononce régulièrement ses discours en anglais avec un léger accent. Parlant d’Ottawa, il considère cette ville comme un « abominable trou », où il se sent hors de son milieu. En 1886, il se porte à la défense de Louis Riel* : « Si la rébellion a été fomentée, déclare-t-il, ça été par le gouvernement actuel et non par Riel. C’est la condition à laquelle la négligence du gouvernement avait réduit les métis qui a été la cause première de tous les troubles du Nord-Ouest. » Il se prononce contre la peine de mort pour crime politique, même si à ses yeux Riel était un « fou dangereux » qui aurait dû être interné dans un asile ou envoyé au pénitencier plutôt qu’au gibet. À l’occasion de ce débat, Langelier ne ménage pas ses attaques. Il traite le ministre de la Milice et de la Défense, sir Adolphe-Philippe Caron*, de « Judas Iscariote ». Il intervient en 1893 sur la loi électorale, pour dénoncer ceux qui achètent des électeurs et les électeurs qui offrent de vendre leur vote, et en 1895 sur l’émigration aux États-Unis, qui selon lui a des conséquences tragiques. Il déplore le fait que, dans la publicité faite par le gouvernement fédéral à Londres, on ne parle pas de la province de Québec.

En avril 1896, Langelier prend part au débat sur le projet d’une loi réparatrice concernant les écoles du Manitoba. À ce propos, il déclare : « je n’ai jamais vu de bill aussi important, si mal rédigé. Il est évident que ceux qui l’ont rédigé n’ont jamais dû avoir la moindre intention de mettre ce bill à effet. » Les pressions sur Langelier pour qu’il se range du côté des évêques qui appuient ce projet de loi se font très fortes. Ainsi, le recteur de l’université Laval, Mgr Joseph-Clovis-Kemner Laflamme*, lui demande le 30 mai d’endosser la position des évêques sur cette question. Langelier répond que, tant que le projet de loi ne sera pas amendé, il sera contre, car ce dernier est « positivement nuisible » à la minorité catholique du Manitoba. Les attaques répétées contre Langelier, où le nom de l’université Laval est souvent invoqué, amènent Mgr Laflamme à intervenir, notamment auprès de Thomas Chapais* à la suite des articles du Courrier du Canada (Québec) qui dénoncent la position de ce « professeur d’une université catholique » sur le projet de loi réparatrice. Le recteur écrit en Janvier 1897 que ces attaques sont de « nature à nuire à l’université ». Chapais en réfère à Mgr Louis-Nazaire Bégin*, coadjuteur de l’archevêque de Québec, qui lui répond : « les journalistes peuvent attaquer l’homme politique, le citoyen tant qu’ils voudront. L’Université n’a rien à y voir, pourvu qu’on ne mentionne pas son titre de professeur. » Il concède même : « je suis loin d’approuver la conduite de M. Langelier en cette affaire ».

Le dévouement de Langelier à la cause libérale est indéniable. Ainsi, en 1891, il a pris la responsabilité d’un billet de 10 000 $ – ce n’était pas la première fois – qu’il a dû payer seul en vendant sa « maison peuplée de chers souvenirs ». Langelier jouit de l’estime des membres du parti et entretient de bonnes relations avec son chef Wilfrid Laurier. Toutefois, les relations entre les deux hommes se sont détériorées après les élections de 1896, quand Laurier a ignoré Langelier au moment de la formation de son cabinet. Langelier et ses amis se sentent écartés du pouvoir au profit des anciens conservateurs, tel Joseph-Israël Tarte*. Dans une entrevue choc au Daily Witness de Montréal, le 9 décembre 1897, Langelier invoque les sacrifices et ses 30 années de service au Parti libéral pour dénoncer l’immoralité des accointances des libéraux et des conservateurs. Finalement, pour calmer la colère des partisans de Langelier, Laurier propose un compromis : Louis-Amable Jetté sera nommé lieutenant-gouverneur et Langelier sera nommé juge à Montréal à sa place. Langelier refuse d’abord et songe à demeurer en politique comme libéral indépendant, mais il cède finalement pour l’unité et l’intérêt supérieur du parti afin de ne pas lui causer « un dommage irréparable ».

Le député Langelier démissionne le 14 janvier 1898 et il est nommé juge puîné à la Cour supérieure de la province de Québec pour le district de Montréal. Résidant à Montréal, il doit se faire remplacer temporairement à l’université Laval. Il continue toutefois de siéger au Conseil de l’instruction publique (du 22 décembre 1888 au 4 novembre 1911), où il défend un enseignement plus pratique et plus utilitaire – il suggère notamment de substituer, dans les couvents, l’enseignement de la sténographie, de la dactylographie et de la télégraphie à la musique – et insiste pour qu’on accorde plus d’attention aux écoles primaires. Langelier est enfin nommé juge en chef suppléant à la Cour supérieure pour le district de Québec le 6 juin 1906. Durant ses années dans la magistrature, Langelier entend en moyenne une douzaine de causes annuellement, qui touchent à tous les domaines du droit, mais en particulier au droit matrimonial, au droit municipal et au droit électoral. Drôle de retour des choses, lui qui avait suscité un débat à l’Assemblée pour un article qu’il avait publié dans la Nation de Saint-Hyacinthe en 1871, où il accusait le député Gendron de fraude, est appelé à présider deux procès ayant pour objet la liberté de la presse. L’un d’eux met en cause Jules Fournier pour son article du 9 mai 1909 dans le Nationaliste (Montréal) intitulé « la Prostitution de la justice », qui ridiculise la magistrature. Parlant des nominations politiques, Fournier a écrit : « ils restent sous l’hermine les fanatiques qu’ils ont toujours été, les esclaves inconscients de l’esprit de parti ». Langelier, qui se sent visé par cette attaque, dénonce dans son jugement le compte rendu qu’il a fait d’une cause qu’il avait présidée, « un véritable travestissement de la décision d’un juge », et condamne Fournier à trois mois de prison. Henri Bourassa* l’accuse d’abus d’autorité et Olivar Asselin* s’insurge contre « l’acte le plus révoltant dont fassent mention [les] annales judiciaires » de la province. Ces attaques sont très dures et elles ne sont pas les seules. Armand La Vergne* a mis en doute la crédibilité de Langelier : il aurait favorisé ses neveux avocats dans certaines causes. Ces opinions ne sont pas unanimes. À la mort de Langelier, Joseph-Mathias Tellier dira qu’il laisse « la réputation d’un magistrat éclairé, instruit et consciencieux » et Edmund James Flynn* notera qu’il « a toujours été plus guidé par la loi et une saine doctrine que par ce qu’on appelle la jurisprudence des arrêts, souvent très contradictoire et incertaine ».

Prétendant au titre pendant une quinzaine d’années, Langelier est enfin assermenté lieutenant-gouverneur de la province de Québec le 6 mai 1911. L’ensemble de sa carrière tout autant que les services rendus au Parti libéral légitiment sa nomination. Langelier est alors conseiller de la reine pour le Québec (9 mars 1878) et le Canada (11 octobre 1880), détenteur de doctorats honorifiques en droit de Paris (1878), de l’université Laval (1878) et du Bishop’s College (1903), ex-bâtonnier du barreau de Québec (1885, 1887 et 1888), ancien président de l’Institut canadien de Québec (1867–1869), du Conseil des arts et manufactures de la province de Québec (1891 et 1892), des fêtes du troisième centenaire de la ville de Québec [V. Albert Henry George Grey] et de la première ligue antialcoolique de Québec, chevalier (1907), membre de la Société royale du Canada (1909) et président de sa section française depuis septembre 1910. Même si la fonction de lieutenant-gouverneur exige une intense activité sociale, il n’en goûte pas moins les douceurs de Spencer Wood. Il consacre ses loisirs à sa passion favorite, la lecture, et apprécie les nouveaux honneurs qui couronnent sa carrière : chevalier de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem en Angleterre en 1912 et chevalier de l’ordre de Saint-Michel et Saint-Georges le 31 décembre 1913.

Malade depuis un an, sir François Langelier décède en fonction à Spencer Wood, le 8 février 1915, à l’âge de 76 ans. Contrairement à l’habitude, et selon son désir, il n’est pas exposé au Parlement mais à Spencer Wood. De haute stature, une tête remarquable, Langelier était considéré comme un orateur au style brillant, à la parole aisée, animée et élégante. Il était d’une grande sociabilité. Infatigable aussi, en dépit de ses multiples activités, il fut « un véritable éducateur public ». Même ses adversaires l’estimaient ; Tarte aurait déclaré en privé : « C’est dommage qu’il ne soit pas conservateur. » Né « dans une humble maison de paysan », mort « sous les somptueux lambris du château de Spencer Wood », Langelier a été au dire de son collègue à la Société royale du Canada, Ernest Choquette, « l’un des produits les plus parfaits que la race canadienne-française pouvait donner, il y a trois-quarts de siècle ».

Jocelyn Saint-Pierre

On trouve des renseignements sur la vie et la carrière de sir François Langelier dans plusieurs dépôts d’archives canadiens, notamment aux AAQ, aux AN, aux ANQ-Q, aux Arch. de la ville de Québec et aux ASQ.

      Le Canadien, 27, 29 juill. 1870, 3 janv. 1873, 20 avril, 30 oct. 1876, 2 févr. 1877, 9 févr. 1889.— Le Courrier du Canada (Québec), 13 août 1875, 20, 22, 24 nov. 1876, 10, 17 janv. 1877, 18 janv. 1897.— Daily Witness (Montréal), 9 déc. 1897.— L’Électeur (Québec), 3 mars 1890, 21 juin 1893.— L’Événement, 25 nov. 1873, 7 sept. 1874, 31 juill., 23 sept. 1876, 2 avril 1877.— Globe, 14 juill. 1896.— Le Journal des Trois-Rivières (Trois-Rivières, Québec), 13, 16 nov. 1876.— Le Nationaliste (Montréal), 9 mai, 13, 20 juin 1909.— Le Patriote (Sorel, Québec), 20 mai 1891.— Le Soleil, 22 févr. 1897, 12–14 janv. 1898, 10 déc. 1901, 15 juill. 1903, 2 févr. 1907, 4 mai 1911, 24 déc. 1913, 6 mai, 24 déc. 1914, 10–11 févr. 1915, 20 mars 1920, 6 mai 1922, 18 avril 1973.— La Vérité (Québec), 12 janv. 1889.

     L’Acte des élections fédérales contestées, 1874, district électoral de Charlevoix ; O. Brassard et al., pétitionnaires vs l’Hon. H.-L. Langevin, défendeur ; preuve de la part du défendeur ([Québec, 1876]).— F.-J. Audet et al., « les Lieutenants-Gouverneurs de la province de Québec », Cahiers des Dix, 27 (1962) : 239–241.— Noël Bélanger, « Une introduction au problème de l’influence indue, illustrée par la contestation de l’élection de 1876 dans le comté de Charlevoix » (mémoire de licence, univ. Laval, 1960).— Georges Bellerive, Orateurs canadiens-français aux États-Unis ; conférences et discours (Québec, 1908), 35–40.— Canada, Chambre des communes, Débats, 1886, 1893, 1895–1896.— Canada Gazette, 22 janv. 1898 : 1548 ; 16 juin 1906 : 2804.— Canadian directory of parl. (Johnson).— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— Ernest Choquette, « Sir François Langelier », SRC, Mémoires, 3e sér., 9 (1915), proc. : iv–vii.— P.-A. Choquette, Un demi-siècle de vie politique (Montréal, 1936), 124–133.— Alfred Cloutier, Sir François Langelier, k.c.m.g., chevalier de l’ordre de Jérusalem, professeur de droit ; étude sur sa carrière comme professeur (Québec, 1915).— L.-M. Côté et al., les Maires de la vieille capitale (Québec, 1980).— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 1 ; 3.— Andrée Désilets, Hector-Louis Langevin, un Père de la Confédération canadienne (1826–1906) (Québec, 1969), 268s., 294–301, 360s., 400.— I.-J. Deslauriers, la Cour supérieure du Québec et ses juges, 1849–1er janvier 1980 (Québec, 1980), 200.— DPQ.— Gazette officielle de Québec, 1888 : 2340 ; 1890 : 1898 ; 1911 : 1884.— J. Hamelin et al., la Presse québécoise, 2 : 96, 131, 147, 175s. ; 3 : 12, 215.— M. Hamelin, Premières Années du parlementarisme québécois.— Françoise Lagasse, « Sir Hector-Louis Langevin et l’influence indue dans l’élection du comté de Charlevoix de 1876 » (mémoire de m.a., Bishop’s Univ., Lennoxville, Québec, 1964).— Charles Langelier, Souvenirs politiques ; récits, études et portraits (2 vol., Québec, 1909–1912).— Mandements, lettres pastorales et circulaires des évêques de Québec, Henri Têtu et C.-O. Gagnon, édit. (19 vol. parus, Québec, 1887–  ), [2].— Sylvio Normand, « le Doyen François Langelier (1838–1915) », Laval/Droit (Sainte-Foy, Québec), 1, no 2 (automne 1991) : 7.— Prominent men of Canada (Adam), 140–143.— Québec, Assemblée législative, Débats, 1873–1875, 1878–1879, 1889, 1908, 1910–1911 (ainsi que le texte manuscrit des débats de la sessions de 1915 conservé au Service de la reconstitution des débats) ; Journaux, 1908 : 51.— Rapport du surintendant de l’Instruction publique de la province de Québec (Québec), 1887–1910.— Rapports judiciaires de Québec : Cour supérieure (Montréal), 1899–1911.— Reports of the Supreme Court of Canada, George Duval et al., compil. (64 vol., Ottawa, 1878–1923), 1.— P.-G. Roy, les Avocats de la région de Québec ; les Juges de la prov. de Québec.— Robert Rumilly, Hist. de la prov. de Québec, 1–4 ;;; 12 ; 19 ; Honoré Mercier et son temps (2 vol., Montréal, 1975).— Joseph Schull, Laurier, H.-J. Gagnon, trad. ([Montréal], 1968), 414.— O. D. Skelton, Life and letters of Sir Wilfrid Laurier (2 vol., Toronto, 1921).— Univ. Laval, Annuaire, 1859–1915.— René Vincent, « Sir François Langelier, 1838–1915 », Concorde (Québec), 10 (1959), nos11–12 : 34s.— J. S. Willison, Sir Wilfrid Laurier and the Liberal party : a political history (2 vol., Toronto, 1903), 2 : 34s.

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Jocelyn Saint-Pierre, « LANGELIER, sir FRANÇOIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/langelier_francois_14F.html.

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Auteur de l'article:    Jocelyn Saint-Pierre
Titre de l'article:    LANGELIER, sir FRANÇOIS
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
Date de consultation:    19 mars 2024