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NELLES, SAMUEL SOBIESKI, ministre méthodiste et éducateur, né le 17 octobre 1823 à Mount Pleasant, Haut-Canada, fils aîné de William Nelles et de Mary Hardy ; le 3 juillet 1851, il épousa Mary Bakewell Wood, fille du révérend Enoch Wood, et ils eurent six enfants ; décédé le 17 octobre 1887 à Cobourg, Ontario.

Les parents de Samuel Sobieski Nelles avaient quitté l’état de New York pour venir s’établir au Haut-Canada après la guerre de 1812. Nelles y fréquenta des écoles locales avant d’aller étudier à la Lewiston Academy et à la Frederica Academy, dans l’état de New York, et au Genesee Wesleyan Seminary à Lima, dans le même état. De 1842 à 1844, il fit partie de la première classe d’étudiants inscrits au baccalauréat ès arts au Victoria College, à Cobourg, et, en 1846, il obtint son diplôme de la Wesleyan University de Middletown, Connecticut. Après avoir occupé pendant un an le poste de principal à la Newburgh Academy, dans le comté de Lennox, Haut-Canada, il entra dans le clergé, œuvrant comme ministre à l’essai à Port Hope et à Toronto. Ordonné ministre de l’Église méthodiste wesleyenne en Canada, en 1850, il fut nommé, la même année, professeur d’humanités et principal intérimaire du Victoria College. En 1851, il devint principal, et, en 1854, directeur, succédant à son mentor et ami, Egerton Ryerson. Il détint ce poste jusqu’en 1884, année où le collège prit le nom de Victoria University ; il exerça alors les fonctions de chancelier et de recteur jusqu’en 1887.

Quoiqu’il se dépensât sans relâche comme ministre méthodiste, c’est au Victoria College que Nelles apporta sa principale contribution. Il joua le rôle de second fondateur du collège et de principal artisan de sa période de formation, dans des circonstances à la fois décourageantes et stimulantes. Le Victoria College avait été fondé en 1841 comme prolongement de l’Upper Canada Academy, école préparatoire méthodiste qui avait obtenu sa charte en 1836. Le but des fondateurs du Victoria College, notamment Anson Green*, John* et William Ryerson*, n’était pas d’établir un grand séminaire ; ils pensaient plutôt que l’établissement gagnerait à « adopter le style et le statut privilégié d’un collège et à jouir de la générosité de l’Assemblée ». Mais la Conférence méthodiste wesleyenne n’était pas tout à fait prête à soutenir financièrement l’enseignement supérieur. Les efforts résolus du gouvernement de Louis-Hippolyte La Fontaine* et de Robert Baldwin* en 1849–1850, visant à consolider et à séculariser le système universitaire naissant, joints aux moyens financiers modestes des méthodistes, engendrèrent un climat lourd d’incertitude quant au sort du Victoria College.

Le collège acquit une stabilité certaine sous la direction de Nelles, mais sa situation financière demeura précaire, ce qui reflétait la controverse persistante, quoique intermittente, entre les partisans d’une université provinciale unique et les défenseurs des institutions confessionnelles. Dans ce conflit, les méthodistes se retrouvaient souvent face à leurs coreligionnaires ainsi qu’aux membres d’autres Églises. Nelles, comme ses collègues à la tête des autres collèges confessionnels de la province, lutta continuellement pour obtenir des subventions gouvernementales et constituer une fondation. Les subventions cessèrent en 1868, et une campagne pour recueillir des fonds fut lancée par William Morley Punshon ; dix ans plus tard, les pertes avaient été comblées par des revenus de placements. Mais ce n’est que grâce à la stricte économie et au non-remplacement d’installations inadéquates que le Victoria College put survivre. Nelles et ses collègues durent faire face, par ailleurs, à un problème plus redoutable, celui de répondre d’une manière constructive à la révolution intellectuelle en train de s’opérer sous l’influence des écrits de Charles Darwin et du renouvellement des études bibliques.

Nelles était un homme tranquille et prudent, ainsi qu’un orateur et un auteur concis, dont les convictions et les objectifs doivent être distingués de ses actions et de ses quelques rares déclarations. À titre de ministre méthodiste, il professait un christianisme évangélique reposant principalement sur l’expérience religieuse et il acceptait l’amalgame de théologie traditionnelle et de recherche ardente de la sainteté sur cette terre préconisé par John Wesley. En tant qu’érudit, Nelles croyait que sa fonction première consistait à démontrer qu’une « étude bien menée du monde de la nature, physique ou humaine, révélerait l’œuvre merveilleuse de Dieu », et protégerait de ce fait la tradition morale, à la base de la culture canadienne, contre l’action corrosive de l’esprit critique.

Mais ce qui caractérisait tout d’abord la vision de chrétien et d’universitaire de Nelles, c’était sa tolérance et son ouverture face aux courants changeants de l’opinion. Il fit valoir en 1853 que le « christianisme lui-même n’apport[ait] le bonheur aux hommes que dans la mesure où il corrige[ait] leur nature désordonnée et éclair[ait] l’entendement ». Mais l’Évangile ne pouvait être pleinement compris sans préparation intellectuelle. Nelles affirmait : « nous ne sommes pas appelés à choisir entre l’étude et la prière. L’étude sans la prière est arrogance, la prière sans l’étude est fanatisme ; et ni l’arrogance ni le fanatisme ne conduisent à la véritable sagesse. » Dans ses dernières années, il devait faire la remarque que « l’image de la Grèce tenant le Nouveau Testament dans ses mains [pouvait] être considérée [...] comme un symbole approprié d’une véritable université : la Grèce [...] en un mot [représentait] toute la culture humaine sous son aspect profane ; le Nouveau Testament [incarnait] le progrès humain et la perfection sous son aspect spirituel ou divin ». Les sciences et l’histoire « jettent des flots de lumière, et parfois un éclairage oblique très troublant, sur les œuvres et les voies de Dieu ; [...] leur étude est devenue nécessaire ».

De telles convictions amenèrent Nelles à donner aux écrits des philosophes écossais du « sens commun » une place centrale dans le programme d’études du Victoria College, à promouvoir la spécialisation, afin que les étudiants apprennent « un petit nombre de choses à fond », et à encourager l’étude des sciences et de la théologie. En 1877, le Faraday Hall, premier pavillon de sciences de la province, ouvrit ses portes au Victoria College ; il faisait l’orgueil d’Eugene Emil Felix Richard Haanel, l’un des premiers hommes de science européens à enseigner au Canada. Nelles chercha avec circonspection des chargés de cours pour le collège « qui tout en manifestant un amour authentique de l’étude [...] continu[aient] de professer la foi chrétienne [...] Il y [avait] bien peu de chances aussi que de tels hommes enseignent comme science ce qui n’[était] encore que du domaine de la conjecture. » Il contribua de façon décisive, en 1873, à la fondation d’une faculté de théologie au Victoria College, assurant ainsi de façon formelle la formation de ministres méthodistes. Fait significatif, le premier doyen fut le collègue de Nelles, Nathanael Burwash*, qui, dès le début, entreprit de réconcilier la théologie chrétienne et les progrès de la science et initia ses étudiants aux nouvelles méthodes de recherche biblique. Nelles n’était pas moins préoccupé de la qualité de l’enseignement au Victoria College que de voir le collège utiliser ses pleins pouvoirs comme université. Dès lors, en plus des facultés des arts et de théologie, on créa les facultés de médecine [V. John Rolph*] et de droit en 1854 et 1862 respectivement. Il est vrai que celles-ci n’avaient qu’un rapport assez lointain avec le collège, mais leurs nombreux finissants devinrent très influents dans les carrières libérales.

En 1887, l’établissement comptait 697 étudiants (180 en arts, dont 32 finissants, comparativement à deux finissants en 1854). Nelles et ses collègues admettaient toujours cependant que la situation était précaire. Aussi, dès le départ, Nelles accueillit-il favorablement les projets de regroupement des divers collèges confessionnels et de l’University of Toronto en une seule université provinciale. Il fit part de ses convictions profondes sur le sujet en 1885 dans un discours prononcé lors de la collation des diplômes. Reconnaissant que le progrès des sciences et d’autres disciplines avait créé une situation entièrement nouvelle, il souligna la nécessité d’avoir « un endroit où tous les moyens valables de discipline [pouvaient] être utilisés et toutes les formes de savoir, cultivées, avec les meilleures installations de l’époque ». Chaque dénomination ne pouvait avoir une « véritable université », et le gouvernement ne pourrait « reconnaître les revendications d’une secte de préférence à une autre ». La solution consistait à établir une seule université nationale. « Mais une telle université pour un peuple chrétien devrait utiliser de quelque manière [...] la puissance de la foi chrétienne. » La fédération semblait fournir l’occasion de conférer « un caractère chrétien plus positif à [l’]enseignement supérieur ». Nelles fit remarquer qu’il était dur pour lui de considérer la fédération dans le cas de l’établissement auquel il avait consacré les « meilleurs efforts de [sa] vie », mais il appuierait une solution qui mènerait à la « refonte libérale et chrétienne de [l’]université provinciale ».

La loi créant la fédération fut votée en avril 1887, six mois avant la mort de Nelles, bien que sa mise en vigueur fût retardée jusqu’en novembre 1890 [V. William Gooderham fils]. À la Conférence générale de l’Église méthodiste en 1886, Nelles vota contre l’acceptation de l’entente proposée, non pas qu’il eût changé de position, mais parce qu’il croyait que les conditions de l’entente n’assureraient pas la continuation de la Victoria University en tant qu’établissement visant à la « formation libérale chrétienne des laïques comme des ministres ». Ce fut en grande partie son insistance opiniâtre et sa défense attentive de ces principes qui assurèrent à l’université et à d’autres établissements de la fédération un rôle bien défini dans le programme d’études universitaires ainsi que le pouvoir de statuer sur le mode de vie et le comportement de leurs étudiants. Reconnaissant avant tout que la Victoria University avait besoin d’augmenter les revenus de sa fondation afin de maintenir la qualité de son personnel et de ses installations, il chercha vaillamment, mais sans grand succès, à recueillir des fonds. Son vif souci de servir les fins de l’université et de la communauté méthodiste ainsi que sa vision anticipée du déclin de l’institution, si elle demeurait à Cobourg, ou de l’absorption éventuelle de celle-ci par l’University of Toronto contribuèrent assurément à sa dernière maladie.

La mort de Nelles fut accueillie par une immense manifestation de chagrin et de respect de la part des étudiants, des anciens et du corps enseignant de la Victoria University, ainsi que de l’Église méthodiste et des citoyens ontariens. Le Queen’s College lui avait décerné, en 1860, un doctorat honorifique en théologie, et le Victoria College un doctorat en droit en 1873. Bien qu’il n’occupât aucun poste important dans l’Église, il fut délégué à de nombreuses occasions auprès d’autres conférences. Il exerça les fonctions de président de l’Ontario Teachers’ Association en 1869 et 1870. N’ayant laissé derrière lui aucun autre ouvrage d’érudition que quelques rares sermons, lettres et discours lors des collations de diplômes, son héritage était constitué en grande partie des étudiants auxquels il avait inspiré « un amour sincère de la vérité », une certaine dose de tolérance et un souci de continuité entre les croyances anciennes et le nouveau savoir. La Victoria University amena dans la fédération un personnel restreint mais compétent, une masse de diplômés loyaux et une vision intellectuelle imprégnée de tradition chrétienne, ouverte aux exigences des sciences et de la recherche critique, tout en étant soucieuse d’établir un lien entre l’enseignement supérieur et les besoins de la société. En tant que ministre, Nelles s’attira beaucoup d’affection et un profond respect, non pas comme orateur mais comme quelqu’un qui permettait aux autres de découvrir de nouvelles perspectives. Comme homme, il était réfléchi, spirituel, paternel dans ses rapports avec les étudiants et dévoué envers ses enfants. Son dernier message pour les étudiants fut : « Faites[-leur] mes amitiés. » Sa conférence lui rendit ainsi témoignage : « l’Église entière pleure la perte d’un serviteur des plus fidèles, d’un orateur des plus doués et d’un éducateur des plus éminents ».

G. S. French

Victoria Univ. Arch. (Toronto), Board of Regents, Minutes, 18841889 ; Victoria College Board, Minutes, 18571884.— Victoria Univ. Library (Toronto), Nathanael Burwash papers ; Samuel S. Nelles papers.— Acta Victoriana (Cobourg, Ontario), 1 (18781879)11 (18871888).— Methodist Church (Canada, Newfoundland, Bermuda), Bay of Quinte Conference, Minutes (Toronto), 1884 ; 1888.— Wesleyan Methodist Church in Canada, Minutes (Toronto), 1850 ; 1851 ; 1855.— Christian Guardian, 18501887.— Canadian biog. dict., I : 85–87.— Cornish, Cyclopædia of Methodism.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose), II : 363s.— Dent, Canadian portrait gallery, III : 45–47.— Nathanael Burwash, The history of Victoria College (Toronto, 1927).— A. B. McKillop, « A disciplined intelligence : intellectual enquiry and the moral imperative in Anglo-Canadian thought, 18501890 » (thèse de ph.d., Queen’s Univ., Kingston, Ontario, 1976) ; publié sous le titre A disciplined intelligence : critical inquiry and Canadian thought in the Victorian era (Montréal, 1979).— Hilda Neatby, Queen’s University : to strive, to seek, to find, and not to yield, F. W. Gibson et Roger Graham, édit. (1 vol. paru, Montréal, 1978  ).— C. B. Sissons, A history of Victoria University (Toronto, 1952).— R. J. Taylor, « The Darwinian revolution : the responses of four Canadian scholars » (thèse de ph.d., McMaster Univ., Hamilton, Ontario, 1976).— [A. H.] Reynar, « Samuel Sobieski Nelles, D.D., LL.D. », Canadian Methodist Magazine, 27 (janv.–juin 1888) : 526–534.

Bibliographie générale

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G. S. French, « NELLES, SAMUEL SOBIESKI », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/nelles_samuel_sobieski_11F.html.

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Auteur de l'article:    G. S. French
Titre de l'article:    NELLES, SAMUEL SOBIESKI
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
Date de consultation:    19 mars 2024