Provenance : Bibliothèque et Archives Canada/MIKAN 3433866
MACDONALD (Sandfield), DONALD ALEXANDER, homme d’affaires, homme politique et fonctionnaire, né le 17 février 1817 à St Raphaels, Haut-Canada, quatrième fils d’Alexander Macdonald (Sandfield) et de Nancy Macdonald ; il épousa en 1843 Margaret Josephine MacDonell (décédée en 1844), puis Catherine Fraser, fille d’Alexander Fraser*, et ils eurent au moins neuf enfants ; décédé le 10 juin 1896 à Montréal.
Le père de Donald Alexander Macdonald était un Écossais catholique des Highlands ; il faisait partie du groupe qui avait immigré dans le haut Saint-Laurent en 1786 sous la direction du révérend Alexander MacDonell* of Scothouse. Après avoir terminé ses études à l’Iona College de St Raphaels, Donald s’installa aux États-Unis, où il participa en 1840 à la construction du canal Illinois. De retour dans le Haut-Canada, il obtint un contrat dans le cadre des travaux du canal de Beauharnois, qui débutèrent en 1841. Quand les ouvriers irlandais du canal se rebellèrent contre leurs conditions de travail, ils s’en prirent à Macdonald, même s’il n’était pas responsable. Pour échapper à la mort, il sauta « dans un canot et descendit les rapides des Cèdres, un exploit très périlleux ». Il se chargea aussi de la construction d’un aqueduc pour l’usine montréalaise de distribution d’eau ; en 1855, 500 employés travaillaient sur ce chantier.
À l’âge de 26 ans, en 1844, Macdonald s’était installé avec sa première femme, Margaret Josephine MacDonell, à Alexandria, village situé à l’arrière du comté de Glengarry. Il y établit un domaine, Gary Fenn, et y construisit un moulin à farine, une scierie, un magasin général, un moulin à carder et à foulon ainsi qu’une fabrique de potasse. Grâce à ces entreprises diverses, il jouissait dès 1850 d’une fortune considérable.
Macdonald bénéficiait en outre de bonnes relations parmi l’élite montréalaise des affaires et il était lié au milieu politique par son frère John Sandfield Macdonald*, célèbre député de la circonscription de Glengarry à l’Assemblée législative. Tous deux réformistes indépendants, ils nourrissaient une franche hostilité envers le copremier ministre Francis Hincks*. Au début des années 1850, le gouvernement de Hincks et d’Augustin-Norbert Morin* présenta plusieurs projets de loi sur l’éducation, auxquels s’opposa Donald Alexander Macdonald. L’un d’eux, adopté en avril 1853, réformait la University of Toronto, jusqu’alors laïque [V. Robert Baldwin*], et créait le University College pour l’enseignement, ne laissant à l’université que le soin de faire passer les examens et de conférer les diplômes. Il prévoyait aussi que des collèges confessionnels pourraient s’affilier à l’université en tant qu’unités d’enseignement et recevoir de l’aide financière. Toujours en 1853, sous les pressions des Irlandais et des catholiques francophones, une loi étendit au Haut-Canada les dispositions sur les écoles séparées. Même s’il était écossais catholique, Macdonald s’opposait à l’instauration de systèmes scolaires confessionnels distincts. Dans Glengarry, il n’était pas le seul à maintenir cette position : bien des colons écossais se montraient très satisfaits de ne pas avoir d’écoles séparées. Par contre, Patrick Phelan*, évêque du diocèse de Kingston, qui englobait le comté de Glengarry, et les administrateurs du diocèse, surtout des Irlandais, bataillaient ferme pour les obtenir. Leur détermination ne fit que raidir l’opposition des catholiques écossais de Glengarry. À titre de président du conseil du canton de Kenyon, Macdonald, qui n’était pas homme à éviter les questions litigieuses, prit la tête de la lutte contre Phelan. En 1853, il convainquit les membres du conseil des comtés de Stormont, Dundas et Glengarry d’adopter à l’unanimité une résolution qui condamnait la loi sur l’université, et il dénonça publiquement Phelan et les Irlandais parce qu’ils tentaient de promouvoir l’instruction confessionnelle.
En 1854, pour miner l’influence des frères Macdonald, Phelan affecta à Alexandria le père « Spanish » John McLachlan qui, même s’il était écossais, s’était rangé de son côté dans le débat sur les écoles séparées. Glengarry comptait alors 61 écoles publiques et aucune école séparée, et l’instituteur d’Alexandria était protestant. Le dimanche de Pâques 1854, McLachlan lut en chaire un mandement pastoral qui exhortait les catholiques à créer leurs propres écoles et il prononça un sermon sur le sujet. À la fin de la messe, furieux, Donald Alexander Macdonald, s’arrêta sur le parvis pour haranguer les villageois sur l’absurdité de l’instruction séparée. Le dimanche suivant, en son absence, McLachlan stigmatisa ce « petit meunier », ce médiocre « suppôt de Satan » qui avait « surgi du néant [...] comme des champignons sur un tas de fumier ». Macdonald répliqua en accusant le prêtre de diffamation, mais il perdit son procès.
Macdonald devint préfet de Stormont, Dundas et Glengarry en 1856. L’année suivante, comme son frère John Sandfield avait décidé de se présenter dans la circonscription de Cornwall, il brigua les suffrages dans celle de Glengarry, sous la bannière réformiste, et remporta la victoire. On allait le réélire en 1861 et 1863. Au congrès des réformistes grits, à Toronto [V. George Brown*] en 1859, il prononça un discours qui donna le ton à la réunion ; les comtés de l’est du Haut-Canada, disait-il, dépendaient trop de Montréal pour accepter la dissolution de l’Union. Cinq ans plus tard, il s’opposa avec son frère aux Résolutions de Québec sur la Confédération, car il avait la certitude que la dissolution de l’union du Haut et du Bas-Canada ruinerait la région du Saint-Laurent. La Confédération ne l’empêcha pas de se présenter à la chambre des Communes, où on l’élut en 1867, 1872 et 1874. L’alliance politique que John Sandfield conclut en 1867 avec sir John Alexander Macdonald et qui lui permit de devenir le premier des premiers ministres de l’Ontario jeta un froid entre les deux frères. Donald Alexander préféra occuper une place de premier plan parmi les grits à Ottawa. Toutefois, certains de ses collègues se méfiaient de lui en raison de l’alliance de son frère avec John Alexander Macdonald. La mort de John Sandfield, en 1872, élimina ce problème. L’année suivante, Donald Alexander devint maître général des Postes dans le cabinet d’Alexander Mackenzie, qui ne croyait guère en ses qualités de ministre mais ne pouvait l’écarter vu qu’il était le doyen des libéraux de l’est de l’Ontario. Il quitta le cabinet en 1875 pour devenir lieutenant-gouverneur de l’Ontario, nomination obtenue en partie parce qu’il fallait libérer un siège de ministre pour Edward Blake*. Il exerça la fonction vice-royale jusqu’en 1880.
Les trois comtés auxquels il s’intéressait depuis longtemps, Macdonald voulait aussi les doter de chemins de fer. Ayant compris combien il serait avantageux d’en construire un qui traverserait le nord de Glengarry, l’homme d’affaires d’Alexandria déploya des efforts dans ce sens dès les années 1850. Il fit pression, sans succès, pour que le Grand Tronc desserve cette région. Cependant, en 1854, la compagnie lui adjugea ainsi qu’à ses frères Ranald Sandfield et John Sandfield le marché de construction du tronçon de Farran Point, situé dans Stormont, jusqu’à Montréal.
Ce contrat, la compagnie le leur donna probablement pour apaiser l’hostilité de la famille à son égard ; c’est du moins ce que suggèrent les détracteurs de Macdonald. Cependant, il n’en demeura pas moins sévère envers le Grand Tronc, tout comme envers Hincks. Le fait que l’on ait confié une si grande partie des travaux à des entrepreneurs britanniques l’irritait plus que tout. Dans un discours prononcé en avril 1855, il souligna que les fonds de la compagnie étaient mal gérés et que le chemin de fer était de piètre qualité, sauf la portion « laissée [... aux] pauvres sous-traitants canadiens ».
Aucun chemin de fer ne desservait encore Alexandrie en 1871 ; Macdonald décida donc d’en construire un. Il dirigea un groupe de 14 investisseurs, dont 7 de la région de Glengarry, qui obtint du Parlement l’autorisation de former la Compagnie du chemin de fer de jonction entre Montréal et la cité d’Ottawa. La ligne partirait des environs de Coteau-Landing, où passait le Grand Tronc, et se rendrait jusqu’à Ottawa par Alexandria. Puis, en 1872, avec un groupe de six investisseurs, Macdonald fonda la Coteau and Province Line Railway and Bridge Company afin de prolonger cette ligne vers le sud, jusque dans l’État de New York, et ouvrir ainsi les marchés américains au bois et autres produits de la vallée de l’Outaouais.
La dépression de 1873 obligea Macdonald à renoncer temporairement à ses projets ferroviaires. En 1879, les deux compagnies fusionnèrent sous le nom de Compagnie du chemin de fer Atlantique canadien. John Rudolphus Booth*, magnat du bois de l’Outaouais, la soutint financièrement. Macdonald devint président, mais ses liens avec la nouvelle compagnie ne durèrent pas. Il quitta la présidence en 1881 et ne faisait même plus partie du conseil d’administration l’année suivante.
En 1882, comme il n’exerçait plus de charge publique, Macdonald se présenta dans son ancienne circonscription, mais il fut défait. Il avait eu une longue carrière politique – en bonne partie, a-t-on dit, parce qu’il était le frère de John Sandfield. Aux élections générales de 1872, un analyste de la région, Donald McMillan, avança une explication plus convaincante dans une lettre à Alexander Campbell, administrateur de l’aile ontarienne du parti conservateur. La famille Sandfield, disait-il, avait dominé politiquement la région durant 32 ans. Ensuite, Donald Macdonald avait une « grosse fortune, possédant, comme il le disait [lui-même], 1 600 billets en circulation dans [le comté de Glengarry], levier sans doute utilisé sans retenue cette fois ». En outre, selon McMillan, les emplois dans la construction du chemin de fer que Macdonald pouvait distribuer étaient une forme de favoritisme en temps d’élections. Sa défaite électorale de 1882 semble reliée au fait que le chemin de fer était encore inachevé. Les fermiers et hommes d’affaires de la région avaient espéré sa construction. Pour la faciliter, ils avaient appuyé le projet des cantons de Kenyon et de Lochiel, qui consistait à verser une subvention de 50 000 $ au chemin de fer. Même si les travaux ne furent pas terminés, l’argent fut dépensé ; les citoyens durent donc assumer la subvention avec leurs taxes. Avant et après la fusion de 1879, on accusa les compagnies de chemin de fer de malhonnêteté. La colère était si forte qu’en décembre 1881 l’auditoire hua Macdonald au cours d’une assemblée à l’hôtel de ville de Kenyon.
Un petit scandale survenu pendant le mandat de lieutenant-gouverneur de Macdonald pouvait aussi avoir influencé le résultat des élections de 1882. Il avait dirigé une tournée officielle de Toronto à Kingston dont le Parlement provincial avait beaucoup critiqué les frais (au delà de 5 500 $). On créa une commission pour enquêter sur la tournée (baptisée « brigade des tire-bouchons » à cause de la somme versée pour ces objets), et Macdonald offrit de rembourser 350 $ pour ses dépenses personnelles.
Donald Alexander Macdonald ne retourna jamais en politique après 1882. Il se retira dans son domaine d’Alexandria pour veiller à ses nombreux intérêts commerciaux. Il mourut à Montréal en 1896. En 15 mois, aux alentours des années 1863–1865, la diphtérie avait emporté sa femme et quatre de leurs enfants. Une fille survivante, Margaret Josephine, épousa le célèbre chirurgien et maire de Montréal William Hales Hingston*.
Paul W. White souhaite exprimer sa gratitude à Eugene Macdonald d’Alexandria, Ontario, petit-fils du sujet, qui lui a accordé une entrevue en mai 1987.
AN, MG 24, B30 ; B40 ; MG 26, A.— AO, RG 22, sér. 194, reg. K (1894–1897) : 348–355.— MTRL, Robert Baldwin papers.— Canada, prov. du, Assemblée législative, Journaux ; Parl., Débats parl. sur la Confédération.— Ontario, Legislature, Journals, 1867–1872.— D. B. Read, The lieutenant-governors of Upper Canada and Ontario, 1792–1899 (Toronto, 1900).— Globe, 1844–1872, 11 juin 1896.— True Witness and Catholic Chronicle (Montréal), 27 oct., 10 nov., 8 déc. 1854.— Witness and Canadian Homestead (Montréal), 10 juin 1896.— Canadien biog. dict.— J. M. S. Careless, Brown of The Globe (2 vol., Toronto, 1959–1963 ; réimpr., 1972), 1.— Charles Clarke, Sixty years in Upper Canada, with autobiographical recollections (Toronto, 1908).— J. G. Harkness, Stormont, Dundas and Glengarry ; a history, 1784–1945 (Oshawa, Ontario, 1946).— B. W. Hodgins, « John Sandfield Macdonald », The pre-confederation premiers : Ontario government leaders, 1841–1867, J. M. S. Careless, édit. (Toronto, 1980), 246–314 ; John Sandfield Macdonald, 1812–1872 (Toronto, 1971) ; « The political career of John Sandfield Macdonald to the fall of his administration in March, 1864 : a study in Canadian politics » (thèse de
Bruce W. Hodgins et Paul W. White, « MACDONALD (Sandfeld), DONALD ALEXANDER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/macdonald_donald_alexander_12F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/macdonald_donald_alexander_12F.html |
Auteur de l'article: | Bruce W. Hodgins et Paul W. White |
Titre de l'article: | MACDONALD (Sandfeld), DONALD ALEXANDER |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 2 oct. 2024 |