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ROBINSON, WILLIAM BENJAMIN, homme politique, né le 22 décembre 1797 à Kingston, Haut-Canada, le plus jeune fils de Christopher Robinson* et d’Esther Sayre, tous deux loyalistes, décédé à Toronto, Ont., le 18 juillet 1873.
L’année qui suivit la naissance de William Benjamin, ses parents ainsi que ses deux frères plus âgés, Peter* et John Beverley*, vinrent s’installer à York (Toronto), mais le père mourut alors que William Benjamin n’avait pas encore un an. Il semble qu’alors la famille ait vécu dans la gêne mais, en 1802, Esther épousa Elisha Beman, propriétaire de moulins et marchand à Newmarket, qui avait été auparavant tavernier à York. C’est à Newmarket que William fut élevé et éduqué par sa mère.
Dans sa jeunesse, il subit l’influence de son frère Peter qui s’intéressait particulièrement à lui. En 1816, Peter écrivait : « William est un très bon garçon. Il est avec moi actuellement et j’ai l’intention de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour l’aider à se perfectionner. » Lorsque Peter quitta Newmarket pour Holland Landing, ce fut William qui se chargea de diriger les moulins et les entrepôts construits par son beau-père. Le 5 mai 1822, il épousa Elisabeth Ann Jarvis, fille de William Jarvis*, secrétaire de la province du Haut-Canada. Le ménage n’eut pas d’enfant. En 1833, les époux s’installèrent à Holland Landing, dans la demeure que Peter y avait construite. L’endroit devint l’étape habituelle des voyageurs qui se rendaient vers le nord.
À l’instar de Peter, William se lança dans le commerce des fourrures et les deux frères fondèrent la maison P. et W. Robinson. Il établit deux postes de traite dans le district de Muskoka, l’un dans une île, qui fut nommée par la suite Yoho, dans le lac Joseph, et l’autre dans la baie Georgienne, à l’embouchure de la rivière Muskoka. On a décrit William comme étant « un des principaux commerçants faisant la traite avec les Indiens dans le nord de l’Ontario, un homme des plus intelligents et des mieux informés ». Grâce à sa réputation d’honnêteté en affaires, il eut une grande influence sur les Indiens.
En 1828, William, qui était un tory convaincu, tout comme ses frères, se présenta aux élections législatives qui avaient lieu pour la première fois dans le comté de Simcoe, après que ce dernier eut été séparé du comté de York. John Cawthra le battit par neuf voix, mais William fut élu en 1830 et en 1834. Juste avant les élections de 1836, dont le thème fut « le pain et le beurre », le gouvernement de Francis Bond Head accorda avec prodigalité des concessions de terre à ses partisans tories dans les comtés de Medonte et de Nottawasaga. On prétendit alors que ces largesses avaient aidé Robinson à battre Samuel Lount* qui, peu après, soutint l’agitation fomentée par William Lyon Mackenzie*. À l’Assemblée, Robinson parvint à faire adopter une loi prévoyant le macadamisage des routes du comté de York, et obtint un prêt de £10 000 destiné à des travaux publics dans sa circonscription.
En 1833, un nouveau champ d’activité s’ouvrit pour Robinson, alors que John Macaulay*, Absolom Shade* et lui-même furent nommés par l’Assemblée membres d’une commission chargée de contrôler l’affectation d’une subvention en vue d’améliorer le canal de Welland. Pendant plusieurs années, Robinson eut un rôle de surveillant dans l’administration du canal ; selon les instructions reçues, il devait « s’occuper personnellement du canal jusqu’à ce qu’il soit devenu navigable ». Il s’acquitta de sa tâche avec zèle et prit la charge de toutes les adjudications et de tous les paiements. De 1837 à 1843 il habita St Catharines.
Au cours de la première élection qui eut lieu après l’Union du Haut et du Bas-Canada en 1841, Robinson fut battu à Simcoe par Elmes Steele*, de Medonte, après une lutte acharnée au cours de laquelle la milice fut mise en état d’alerte. Libéré de ses fonctions de député, Robinson négocia avec les Indiens en 1843 le premier des accords connus sous le nom de « Robinson Treaties ». Aux termes de ce traité, dont le chef William Yellowhead* fut l’un des signataires, plus de 700 acres de terre du district de Simcoe étaient « mises à part et confiées à un fidéicommissaire pour l’usage de la tribu des Sauteux du lac Simcoe ».
En 1844, Robinson fut réélu à l’Assemblée dans la circonscription de Simcoe et conserva son siège jusqu’en 1854. Le 20 décembre 1844, il fut nommé inspecteur général dans le gouvernement de William Henry Draper et siégea au Conseil exécutif. Cependant, en 1845, Robinson s’opposa fermement au projet de loi de Draper, qui prévoyait l’établissement par le gouvernement provincial d’une « University of Upper Canada » dotée partiellement grâce aux subventions accordées à King’s College, l’université de l’Église d’Angleterre. Bien que Draper ait été disposé à retarder l’adoption du projet de loi, Robinson, qui en faisait une question de principe, démissionna du Conseil exécutif en mars 1845. Son geste lui valut l’éloge du Globe et des autres journaux réformistes qui saluèrent en lui « le seul homme honnête » du ministère. Après que le projet de loi présenté par Draper eut connu l’échec, Robinson refusa de réintégrer le Conseil exécutif mais, en 1846, il accepta le poste de commissaire en chef des Travaux publics qu’il conserva jusqu’à la formation du ministère réformiste dirigé par Robert Baldwin* et Louis-Hippolyte La Fontaine*. Sa situation lui permit alors de faire exécuter de nombreux travaux dans sa circonscription, comme la route de Penetanguishene en 1846, la route Ridge entre Barrie et Orillia en 1848, ainsi que des relevés topographiques du comté.
En 1850, le gouverneur général lord Elgin [Bruce*], sur les instances du juge en chef John Beverley Robinson et de l’évêque John Strachan*, voulut nommer William commissaire adjoint des Travaux publics pour l’aider à sortir de ses difficultés financières. Baldwin repoussa cette suggestion, disant qu’elle constituait une violation du principe selon lequel il ne favorisait que ses partisans. Au lieu de cela, le ministère, par un arrêté en conseil du 11 janvier 1850, chargea Robinson, qui était déjà bien connu des Indiens, des négociations « en vue de la délimitation des terres occupées par les Indiens dans les régions du lac Supérieur et du lac Huron, ou des parties de ces terres qui pourraient servir à l’exploitation minière ». Vers la fin des années 1840, les Indiens qui vivaient sur les rives nord du lac Huron et du lac Supérieur s’inquiétèrent de ce que le gouvernement, bien qu’il n’eût signé aucun traité avec les tribus, accordait des concessions à des sociétés minières. En 1848, à la suite d’une escarmouche qui eut lieu sur l’une des exploitations de la Quebec Mining Company, le gouvernement fut forcé d’agir et, en décembre 1849, Alexander Vidal et Thomas Gummersall Anderson remirent un rapport sur un éventuel traité.
Robinson, qui avait soumis précédemment un mémoire au gouvernement sur les possibilités de régler la question en suspens concernant la région des lacs Supérieur et Huron, se rendit deux fois dans les régions de Sault-Sainte-Marie et de Michipicoten, en avril et en mai 1850, afin de sonder les chefs indiens et les hauts fonctionnaires de la Hudson’s Bay Company. Les dernières négociations eurent lieu à Sault-Sainte-Marie où deux traités furent signés. Le 7 septembre, les Indiens du lac Supérieur cédèrent le territoire allant de la baie Batchawana à la rivière Pigeon et, le 9 septembre, les Indiens du lac Huron, avec, à leur tête, le chef Shinguacouse, cédèrent la région comprise entre la baie Batchawana et Penetanguishene. Les « Robinson Treaties » mirent un terme aux difficultés que l’on avait connues dans les régions des lacs Supérieur et Huron ; ils servirent, par la suite, de modèles, mais Robinson considérait qu’ils étaient « établis sur les mêmes principes que les précédents ». Les traités prévoyaient d’abord un versement comptant, c’est-à-dire le traditionnel « argent du traité » (£2 000 dans chacun des cas) plus une rente annuelle de £1 par Indien, ainsi que l’établissement de réserves et le maintien des droits de chasse et de pêche dans tous les territoires cédés. Les Indiens ne devaient pas faire obstacle à l’exploitation minière et avaient droit de percevoir des redevances provenant de l’exploitation de tout gisement minier découvert dans leurs propres réserves. Une clause du traité prévoyait une « échelle mobile » selon laquelle on réajusterait les rentes annuelles si la valeur des territoires cédés venait à augmenter considérablement ; c’était là une disposition unique en son genre.
Après 1845, Robinson s’intéressa, à l’Assemblée, aux affaires de l’Église d’Angleterre et aux mesures à prendre pour améliorer les transports dans la colonie. En 1849, il s’opposa au projet de loi de Baldwin sur l’University of Toronto, projet de loi qui sécularisait King’s College ; l’année suivante, il signa une pétition adressée à la reine Victoria et réclamant une charte royale pour un nouveau collège de l’Église d’Angleterre. En 1850 et en 1851, il vota contre les résolutions présentées par le gouvernement réformiste prévoyant la sécularisation des « réserves » du clergé et, toujours en 1851, il prit une part active aux pourparlers en vue de la construction d’un chemin de fer intercolonial reliant la province du Canada aux provinces maritimes. Lorsque le premier projet de loi sur les écoles confessionnelles du Canada-Ouest, présenté au Conseil législatif par Étienne-Paschal Taché*, en 1855, fit l’objet d’un débat à l’Assemblée, Robinson vota comme les autres tories, et avec George Brown et Mackenzie, pour y faire opposition, bien qu’il eût donné son appui de principe au gouvernement libéral-conservateur d’Allan Napier MacNab* et de Taché. Il fut toujours favorable à la conservation des liens avec la Grande-Bretagne : bien qu’il lui soit arrivé de parler contre l’Union des deux Canadas, avant et après la venue de lord Durham [Lambton*], et bien qu’il vota pour la dissolution de l’Union en 1851, il présenta à l’Assemblée des résolutions exprimant la fidélité à la couronne et à la constitution, pendant la crise provoquée par les projets d’annexion du Canada aux États-Unis en 1850. En 1852, il devint un des commissaires de la Canada Company, puis commissaire principal à la mort de Frederick Widder*, en 1865.
Aux termes de la loi de 1853 sur la représentation électorale, le comté de Simcoe fut divisé en deux. En 1854, Robinson fut élu sans opposition dans Simcoe-Sud mais, en 1857, il fut battu par l’un de ses adversaires de longue date, Thomas Roberts Ferguson ; il ne posera jamais plus sa candidature. Après la mort de sa femme survenue en 1865, il voyagea à l’étranger et, à son retour, en 1867, vint se fixer à Toronto.
William Benjamin Robinson ne parvint pas à la même notoriété que ses frères aînés, mais il assuma les diverses responsabilités auxquelles il eut à faire face de façon énergique et habile et fit toujours honneur à ses principes. Il était doué de ce qu’on appelait alors « le charme des Robinson » ; il joignait à cela un rare sens de l’humour et une joie de vivre qui faisait de lui un compagnon charmant.
APC, FO 10, A8, 266, 511–514.— PAO, Charles Clarke papers ; Sir Aemilius Irving papers ; Jarvis-Powell papers ; Sir John Beverley Robinson papers.— Barrie Herald, 12 juill. 1854.— Christian Guardian (Toronto), 26 mars, 17 sept. 1845.— Church (Toronto), 3 juill. 1851.— Cornwall Observer, 10 avril 1845.— Globe (Toronto), 25 mars 1845, 22 mai 1855.— Kingston Herald, 25 mars 1845.— Mail (Toronto), 19 juill. 1873.— Toronto Herald, 31 mars, 3 avril 1845.— Toronto Mirror, 20 juin 1856.— Appendix to journal of the House of Assembly of Upper Canada, 1836.— [Bruce et Grey], Collection Elgin-Grey (Doughty).— Canada : Indian treaties and surrenders [...] (3 vol., Ottawa, 1891–1912), I, II.— Robina et K. M. Lizars, In the days of the Canada Company : the story of the settlement of the Huron tract and a view of the social life of the period, 1825–1850 (Toronto, Montréal, 1896).— Armstrong, Handbook of Upper Canadian chronology.— Political appointments, 1841–1865 (J.-O. Coté).— Wallace, Macmillan dictionary.— Dent, Last forty years.— R. K. Gordon, John Galt (« University of Toronto Studies, Philological series », 5, Toronto, 1920).— Hunter, Hist. of Simcoe County.— Julia Jarvis, Three centuries of Robinsons : the story of a family (Toronto, 1967).— C. W. Robinson, Life of Sir John Beverley Robinson, bart., C.B., D.C.L., chief justice of Upper Canada (Toronto, 1904).— The University of Toronto and its colleges, 1827–1906, W. J. Alexander, édit. (Toronto, 1906).— [Julia Lambert], An American lady in old Toronto : the letters of Julia Lambert, 1821–1854, S. A. Heward et W. S. Wallace, édit., MSRC, 3e sér., XL (1946), sect.ii : 101–142.
Julia Jarvis, « ROBINSON, WILLIAM BENJAMIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/robinson_william_benjamin_10F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/robinson_william_benjamin_10F.html |
Auteur de l'article: | Julia Jarvis |
Titre de l'article: | ROBINSON, WILLIAM BENJAMIN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 1972 |
Date de consultation: | 8 nov. 2024 |